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  • La France au Rwanda: des lanceurs d'alerte "courageux" mais très minoritaires (fr)
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  • Dans la "faillite" qui a marqué la politique française au Rwanda entre 1990 et 1994, "une minorité d'hommes libres" indépendants et courageux au sein de l'Etat a fait preuve de lucidité et "refusé les dérives". En vain.

    "Cette minorité non seulement n'a pas été écoutée mais a de plus été écartée de la décision comme de l'exécution des ordres", souligne le rapport des historiens de la Commission Duclert publié vendredi. "Il est temps maintenant que la parole se libère pleinement", ajoute-t-il.

    Voici les principaux protagonistes qui sont allés à contre-courant de la politique française.

    PIERRE JOXE

    Ministre socialiste de la Défense de 1991 à 1993, il s'oppose à la politique menée par l'Elysée au Rwanda, jugeant peu fiable le président Habyarimana. Il critique surtout les graves dysfonctionnements de la prise de décision militaro-diplomatique à l'Elysée.

    Le rapport relate un épisode révélateur. Dans une note écrite le 9 février 1993, Joxe demande une réflexion sur les processus de prise des décisions opérationnelles majeures, proposant notamment des traces écrites. Le secrétaire général de l'Elysée, Hubert Védrine, ne remettra pas la note au président Mitterrand. "Par peur de déplaire", commente Joxe sur la note qui n'a pas été transmise.

    LE COLONEL RENE GALINIE

    Attaché de défense à l'ambassade française de Kigali de 1988 à juillet 1991, il symbolise "l'évolution de la réflexion d'un officier supérieur français ayant acquis une solide connaissance des arcanes du pouvoir rwandais" et ses télégrammes diplomatiques montrent qu'il a pris "par touches successives" la mesure des dangers.

    C'est littéralement un lanceur d'alerte: dès octobre 1990, il met en garde les autorités françaises et évoque dans un télégramme diplomatique le risque d'élimination physique de "500.000 à 700.000" Tutsi du Rwanda.

    Le colonel s'est retrouvé "placé dans un conflit de loyauté", souligne le rapport. Il commence à obéir aux directives de l'EMP, l'état-major particulier du président Mitterrand, "puis il en comprend les dangers et finit par s'opposer jusqu'à se résigner à demander, probablement, son départ volontaire du Rwanda".

    La DGSE (services de renseignement)

    De 1990 à 1994, elle a régulièrement été à contre-courant, comme l'attestent notes et rapports.

    Dès 1990, elle "ne craint pas de décevoir les autorités françaises" en affirmant que la rébellion tutsi du FPR ne bénéficie pas d'un soutien institutionnel de l'Ouganda, comme veut à toute force le croire Paris.

    En 1993, elle critique et émet des doutes sur la fiabilité du président rwandais Juvénal Habyarimana, et pointe sa responsabilité dans les massacres de Tutsi.

    Dès le début du génocide de 1994, elle alerte sur la "nature réactionnaire" du gouvernement intérimaire formé après l'attentat contre le président Habyarimana.

    Et lors de l'opération Turquoise, elle avertit, visionnaire: "le danger est grand pour la France de passer pour complice de l'actuel gouvernement rwandais".

    Ses analyses "ne semblent pas avoir eu une grande influence", assène le rapport.

    YANNICK GERARD

    Nommé ambassadeur de France à Kampala en 1990, ce diplomate infirme dès le début "les grilles dominantes d'analyse du Rwanda retenues par le Quai d'Orsay" et se bat pour "la vérité des faits", écrit le rapport.

    "Alors que son collègue de Kigali, Georges Martres, pose un regard systématiquement négatif sur le FPR (Front patriotique rwandais, le mouvement rebelle tutsi basé en Ouganda), Yannick Gérard n'hésite pas à faire très tôt des propositions d'ouverture" vers ce mouvement.

    Lors de l'opération militaro humanitaire Turquoise au Rwanda de juin à août 1994, Yannick Gérard demandera avec insistance à Paris des "instructions claires" sur ce qu'il faut faire des membres du gouvernement génocidaire hutu réfugiés dans la zone française, préconisant leur arrestation, en vain.

    LES PARLEMENTAIRES

    Lorsque la France s'engage militairement au Rwanda en 1990 avec l'opération Noroit, elle commence à susciter la curiosité des députés, et "des questions de plus en plus critiques sur le rôle de l'armée" sont posées à l'Assemblée nationale.

    En 1992, le député communiste André Duroméa interpelle le gouvernement en estimant que "l'armée française participe, par sa présence, à la poursuite des massacres et atrocités qui se commettent au Rwanda".

    Des députés de droite, Roland Nungesser ou Alain Cousin, s'interrogent également et relaient des informations sur la situation au Rwanda.

    Les réponses données aux élus par le quai d'Orsay sont "lénifiantes", écrit le rapport.

    JEAN CARBONARE

    Président de l'association Survie, il ne fait pas partie des lanceurs d'alerte au sein de l'Etat, mais son témoignage puissant a marqué l'histoire de la France au Rwanda.

    De retour d'une mission d'enquête organisée par la FIDH (Fédération internationale des droits de l'Homme) début 1993 au Rwanda il dénonce sur France 2, le 24 janvier une "politique organisée" de massacres. "Il y a un mécanisme qui se met en route", insiste-t-il, au bord des larmes, évoquant des "crimes contre l'humanité", une "purification ethnique" et un "génocide". "Notre pays peut peser sur cette situation", martèle-t-il.

    cf/fz/sba

    (fr)
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