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France: la pandémie a fortement creusé le déficit commercial en 2020 #

2/5/2021, 10:21 AM

Plombé par l'aéronautique, atout traditionnel de l'industrie tricolore, mais aussi par les importations de masques pour cause de pandémie, le déficit commercial de la France s'est creusé en 2020, à 65,2 milliards d'euros, mais le redressement de fin d'année laisse espérer un rebond en 2021.

La balance commerciale se détériore ainsi de 7,3 milliards d'euros par rapport à 2019, pénalisée par "une diminution généralisée des exportations, en particulier dans les secteurs aéronautique et automobile", selon les Douanes.

"En lien avec les effets du premier confinement, la dégradation des échanges est particulièrement marquée au premier semestre - le mois d'avril connaissant un recul historique de 43,9% par rapport à avril 2019, avant une reprise progressive au cours de la seconde moitié de l'année, jusqu'à atteindre un niveau proche de celui de 2019 en fin d'année", a commenté le ministre délégué au Commerce extérieur, Franck Riester, dans un communiqué distinct.

Si la France a été pénalisée par sa spécialisation sectorielle - aéronautique, automobile et tourisme -, elle a aussi payé le prix de la désindustrialisation engagée il y a 20 ans dans le secteur du textile, par exemple. Ainsi, les importations de masques de protection ont pesé lourd dans la balance - à hauteur de 5,9 milliards d'euros - et contribué à aggraver le déficit français avec l'Asie : il atteint 9,6 milliards d'euros, dont 6,6 milliards avec la Chine.

Certes, la baisse des prix du pétrole et la chute de l'activité entraînée par les restrictions ont permis d'alléger la facture énergétique de 19 milliards.

Mais cela n'a pas suffi à compenser "la chute d'ampleur inédite", selon les Douanes, des livraisons d'avions ou de moteurs : après "le record historique des ventes" de 2019 (64,3 milliards d'euros), elles ont diminué de 45,5% pour s'établir à 35 milliards d'euros. Ou de l'automobile (-18,7%, à 40 milliards d'euros), qui remontait pourtant la pente depuis 2014.

En réalité, du côté des exportations, seules les ventes de produits pharmaceutiques ont progressé (de 4,7%), pour atteindre le "record historique" de 35,5 milliards d'euros.

- Le tourisme en berne -

Un déficit des biens qui s'alourdit d'un côté, un excédent des services qui se réduit de l'autre : résultat, le déficit des transactions courantes a atteint 53,3 milliards d'euros, "après une détérioration historique de 37 milliards d'euros par rapport à 2019", selon la Banque de France.

Autre atour de la France, "le tourisme international est tout particulièrement affecté avec une perte d'excédent annuel de près de 7 milliards d'euros", note la banque centrale.

Si tous les pays ont subi le ralentissement des échanges commerciaux mondiaux en 2020 (de 9,6%, selon le FMI), certains ont tiré leur épingle du jeu. C'est le cas de la Chine, dont les exportations de produits sanitaires contre le Covid-19 et électroniques ont augmenté.

L'Hexagone, en revanche, "a perdu des parts de marché en 2020", comme en témoigne la baisse de 11% de la demande mondiale adressée à la France, selon les Douanes.

Le gouvernement reste cependant optimiste, au vu notamment des chiffres du quatrième trimestre, qui a vu le déficit commercial se réduire de 7,7 milliards par rapport à 2019.

"Sur septembre, octobre et novembre, on a vu mois après mois une réduction mensuelle du déficit commercial des biens, alors même qu'il y avait une augmentation importante de l'activité commerciale", a commenté le ministre Franck Riester lors d'une conférence de presse.

Au niveau sectoriel, les exportations de biens aéronautiques sont fortement reparties à la hausse au 3e trimestre.

"Sur les marchés export, la France reste très compétitive en matière agroalimentaire" et, avec l'aéronautique et l'automobile, "ce sont les trois grands secteurs qui portent l'espoir en ce moment", a abondé Guillaume Vanderheyden, sous-directeur des douanes.

evs-boc/ico/spi

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