Logo

Japon: les murs anti-tsunami, massif héritage de la catastrophe de 2011 #

3/5/2021, 5:15 AM
Taro, JPN

Les imposants murs anti-tsunami étaient censés protéger la petite ville côtière de Taro de la fureur de l'océan, mais les vagues qui ont frappé le nord-est du Japon le 11 mars 2011 y ont malgré tout semé la mort et la destruction.

Dix ans après l'une des pires catastrophes naturelles de l'histoire, la douloureuse leçon --construire plus haut-- a été retenue dans toute la région, dont les côtes sont aujourd'hui parées de centaines de kilomètres de ces remparts de béton, sauf quand les habitants les ont rejetés.

Jusqu'à 2011, les habitants de Taro, dans le département d'Iwate, se croyaient en sécurité. Nous avions "bâti la ville parfaite pour se protéger des catastrophes", déclare à l'AFP Kumiko Motoda, une guide touristique locale.

Taro, déjà ravagée par des tsunamis en 1896 et 1933, s'était équipée dès 1934 de remparts de béton. Hauts de 10 mètres et s'étalant sur 2,4 kilomètres le long de la mer, ils étaient surnommés "la Grande Muraille" par les gens du coin.

Pour parfaire le tout, 44 routes d'évacuation, éclairées grâce à des panneaux solaires, devaient permettre aux habitants de se mettre à l'abri des flots en 10 minutes, explique Mme Motoda.

Mais il y a dix ans, une vague de 16 mètres a balayé ces certitudes, détruisant le mur et emportant maisons et voitures.

Le bilan officiel à Taro s'est établi à 140 morts et 41 disparus.

- 430 km de digues -

Après la catastrophe, le gouvernement japonais a incité les régions côtières à construire ou reconstruire ces digues protectrices, avec à l'appui l'équivalent de 10 milliards d'euros de fonds publics.

Au total, un rempart discontinu de 430 kilomètres est censé être achevé prochainement sur les côtes des trois départements du nord-est frappés par la catastrophe: Fukushima, Miyagi et Iwate.

Ces structures ont transformé le littoral, obstruant la vue sur la mer.

Les habitants de Taro, où trois murs allant jusqu'à 14,7 mètres de haut s'étendent sur plus de deux kilomètres, doivent se tordre le cou pour en distinguer le sommet et gravir un escalier d'une trentaine de marches pour apercevoir l'océan.

Mais, selon les experts, la présence de ces fortifications est justifiée par la double protection qu'elles offrent en repoussant la force des vagues, ce qui réduit les dégâts, et en accordant aux habitants un sursis pour se mettre hors de portée des flots.

En 2011, "ces quelques minutes ont souvent fait la différence entre ceux qui ont pu évacuer et ceux qui ont été pris dans le tsunami", rappelle Tomoya Shibayama, professeur en génie civil et environnemental à l'université Waseda de Tokyo.

Les murs les plus récents ont des bases plus larges et sont renforcés à l'intérieur pour mieux résister à la puissance des vagues. Leur hauteur a aussi été ajustée en fonction des dernières simulations, leur permettant en théorie de faire face même à des tsunamis exceptionnels.

Les systèmes d'alerte ont aussi été améliorés et des simulations informatiques ont permis notamment d'optimiser les routes d'évacuation.

Mais les murs sont toujours la clé de voûte, estime M. Shibayama, car "il y aura toujours un risque de catastrophe naturelle" au Japon.

- "C'est chez moi" -

A Taro, la catastrophe a cependant montré qu'un mur seul ne suffisait pas. "Il y a des gens qui n'ont pas évacué, pensant que le tsunami ne les atteindrait pas", se souvient Mme Motoda.

La première alerte faisait état d'une vague de trois mètres et, en raison des coupures d'électricité qui ont suivi, beaucoup d'habitants n'ont pas été prévenus quand la prévision a été révisée à dix mètres.

Un fort séisme deux jours plus tôt avait aussi entraîné un petit tsunami, faisant naître une fausse sensation de sécurité.

"Les murs visent à gagner du temps pour évacuer, pas à arrêter les tsunamis", note Mme Motoda, dont la mère est portée disparue depuis 2011.

Pour elle, ces parois doivent aussi servir à empêcher les corps d'être emportés vers le large. "Je pense qu'elle serait revenue à la maison si les murs n'avaient pas été détruits", dit-elle en pensant à celui de sa mère.

Mais ces édifices de béton sont parfois impopulaires et certaines communautés ont refusé d'être coupées de la mer, quels que soient les risques.

Le village de pêcheurs de Mone (département de Miyagi) --où le tsunami de 2011 a fait quatre morts et détruit 42 des 55 maisons-- a ainsi préféré déménager plus loin, à 40 mètres au-dessus du niveau de la mer.

"La seule manière de sauver nos vies quand un tsunami frappe est d'évacuer en hauteur. Qu'il y ait un mur ou non n'a pas d'importance", pense Makoto Hatakeyama, un ostréiculteur de Mone.

Il y a dix ans, comme d'autres pêcheurs, il s'est précipité vers la mer pour tenter de sauver son bateau et a survécu en gagnant une île voisine à la nage.

"On ne peut rien faire contre" les tsunamis et les séismes qui se produisent régulièrement, estime cet homme de 42 ans.

Il n'est pas prêt en revanche à renoncer à son lien avec la mer. "Cette vue, cette brise, cette atmosphère (...) Il ne reste presque plus d'endroits comme ça au Japon".

La mer, "c'est mon identité. Elle m'apaise. C'est chez moi".

nf/sah/mac/ras/uh

permalink
MAR 4

Dix ans après Fukushima, le nucléaire toujours moribond au Japon #

3/4/2021, 5:15 AM
Centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, JPN

Dix ans après la catastrophe de Fukushima, la filière nucléaire japonaise bat toujours de l'aile, avec une grande partie des réacteurs du pays à l'arrêt ou en voie de démantèlement.

Le gouvernement est cependant favorable à une relance de la filière, pour réduire l'importante dépendance énergétique du pays, et aussi ses émissions de CO2 en vue de son nouvel objectif de neutralité carbone d'ici 2050.

- Où en est le chantier à Fukushima?

Environ 5.000 personnes travaillent quotidiennement sur le site de la centrale de Fukushima Daiichi, dont les réacteurs 1 à 4 avaient été gravement endommagés après le tsunami du 11 mars 2011.

Des enchevêtrements de ferraille çà et là, comme au sommet du réacteur numéro 1 au toit toujours décapité, rappellent la violence de la catastrophe. Et avec leurs signaux sonores stridents, les dosimètres mobiles disposés un peu partout ne rassurent guère.Depuis dix ans, les pourtours des réacteurs ont été déblayés, de nouvelles digues construites, des barres de combustible intactes retirées avec des grues géantes.

Mais le plus dur reste à faire: extraire près de 900 tonnes de combustible fondu avec d'autres débris devenus eux aussi hautement radioactifs.

Le développement au Royaume-Uni d'un bras robotique spécial ayant été retardé par la pandémie, le démarrage du retrait du combustible fondu a été repoussé d'un an, à 2022: presque une bagatelle pour un démantèlement devant encore durer 30 à 40 ans, au mieux.

Par chance, le puissant séisme qui a de nouveau secoué le nord-est du Japon le 13 février dernier n'a pas provoqué de tsunami ni causé de dégâts majeurs, y compris à Fukushima Daiichi.

Cela a toutefois accéléré l'écoulement de l'eau de refroidissement dans plusieurs réacteurs, a constaté l'opérateur Tepco. Mais la situation est sous contrôle, assure le groupe, comme cette eau est maintenue en circuit fermé et pompée.

L'eau souterraine des montagnes voisines, devenant radioactive en s'infiltrant dans le sous-sol des réacteurs, a longtemps été un gros problème, désormais atténué par un "mur de glace" de 30 mètres de profondeur et 1,5 kilomètre de longueur sous les réacteurs.

Mais à cause de la pluie également, environ 140 m3 d'eau radioactive par jour en moyenne ont été générées en 2020 sur le site.

Ces eaux contaminées, filtrées mais contenant toujours du tritium, s'accumulent actuellement dans un millier de citernes bleues, grises et blanches sur le site.

Les capacités de stockage sur place arrivant à saturation à l'été 2022, la solution d'un rejet progressif en mer s'est imposée, mais le gouvernement japonais n'a pas encore officialisé cette décision politiquement très sensible.

- Quel rôle joue encore le nucléaire?

Seuls neuf réacteurs nucléaires sont opérationnels actuellement au Japon, contre 54 avant mars 2011, et le démantèlement de 24 réacteurs est déjà acté.

Tous les réacteurs japonais avaient été mis à l'arrêt après l'accident, pour renforcer drastiquement les normes nationales de sécurité nucléaire.

La part de l'atome dans la production d'électricité du pays représentait seulement 6,2% en 2019, contre 30% avant 2011, selon des données officielles.

L'objectif actuel du gouvernement est de la porter à 20-22% d'ici 2030. Cet objectif, en cours de révision, paraît toutefois impossible à atteindre aux yeux de nombreux experts.

- Pourquoi la relance du secteur patine?

Une majorité de Japonais sont hostiles au nucléaire depuis le traumatisme de Fukushima. Et des dizaines de contentieux, initiés par des riverains de centrales pour s'opposer à leur réouverture, sont toujours en cours.

Les nouvelles normes de sécurité nucléaire, les démantèlements et la maintenance des centrales entraînent par ailleurs des coûts astronomiques.

Début 2020, l'agence de presse japonaise Kyodo avait chiffré ces coûts à 13.460 milliards de yens (plus de 106 milliards d'euros). Cette estimation n'incluait pas les coûts du démantèlement de Fukushima Daiichi et des travaux de décontamination de la zone, probablement encore plus élevés.

"L'avenir du nucléaire est très sombre" au Japon, a estimé ce mois-ci Takeo Kikkawa, un expert universitaire conseillant le gouvernement en matière de programmation énergétique. Ce sera au mieux une énergie de transition car le renouvellement du parc nucléaire n'est pas prévu, a-t-il ajouté.

Les acteurs nippons de la filière préfèrent ainsi davantage investir dans les énergies renouvelables, un secteur bien plus rentable et dans lequel le Japon veut désormais accélérer.

En juin dernier, Tepco a notamment annoncé son intention d'investir environ 2.000 milliards de yens (près de 16 milliards d'euros) sur dix ans pour se renforcer dans les énergies vertes. Toshiba et Hitachi ont quant à eux abandonné ces dernières années leurs projets de centrales nucléaires au Royaume-Uni.

etb-kaf/ras

HITACHI

TOSHIBA

TEPCO - TOKYO ELECTRIC POWER

permalink
MAR 4

Dix ans après Fukushima, le nucléaire toujours moribond au Japon #

3/4/2021, 5:15 AM
Centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, JPN

Dix ans après la catastrophe de Fukushima, la filière nucléaire japonaise bat toujours de l'aile, avec une grande partie des réacteurs du pays à l'arrêt ou en voie de démantèlement.

Le gouvernement est cependant favorable à une relance de la filière, pour réduire l'importante dépendance énergétique du pays, et aussi ses émissions de CO2 en vue de son nouvel objectif de neutralité carbone d'ici 2050.

- Où en est le chantier à Fukushima?

Environ 5.000 personnes travaillent quotidiennement sur le site de la centrale de Fukushima Daiichi, dont les réacteurs 1 à 4 avaient été gravement endommagés après le tsunami du 11 mars 2011.

Des enchevêtrements de ferraille çà et là, comme au sommet du réacteur numéro 1 au toit toujours décapité, rappellent la violence de la catastrophe. Et avec leurs signaux sonores stridents, les dosimètres mobiles disposés un peu partout ne rassurent guère.Depuis dix ans, les pourtours des réacteurs ont été déblayés, de nouvelles digues construites, des barres de combustible intactes retirées avec des grues géantes.

Mais le plus dur reste à faire: extraire près de 900 tonnes de combustible fondu avec d'autres débris devenus eux aussi hautement radioactifs.

Le développement au Royaume-Uni d'un bras robotique spécial ayant été retardé par la pandémie, le démarrage du retrait du combustible fondu a été repoussé d'un an, à 2022: presque une bagatelle pour un démantèlement devant encore durer 30 à 40 ans, au mieux.

Par chance, le puissant séisme qui a de nouveau secoué le nord-est du Japon le 13 février dernier n'a pas provoqué de tsunami ni causé de dégâts majeurs, y compris à Fukushima Daiichi.

Cela a toutefois accéléré l'écoulement de l'eau de refroidissement dans plusieurs réacteurs, a constaté l'opérateur Tepco. Mais la situation est sous contrôle, assure le groupe, comme cette eau est maintenue en circuit fermé et pompée.

L'eau souterraine des montagnes voisines, devenant radioactive en s'infiltrant dans le sous-sol des réacteurs, a longtemps été un gros problème, désormais atténué par un "mur de glace" de 30 mètres de profondeur et 1,5 kilomètre de longueur sous les réacteurs.

Mais à cause de la pluie également, environ 140 m3 d'eau radioactive par jour en moyenne ont été générées en 2020 sur le site.

Ces eaux contaminées, filtrées mais contenant toujours du tritium, s'accumulent actuellement dans un millier de citernes bleues, grises et blanches sur le site.

Les capacités de stockage sur place arrivant à saturation à l'été 2022, la solution d'un rejet progressif en mer s'est imposée, mais le gouvernement japonais n'a pas encore officialisé cette décision politiquement très sensible.

- Quel rôle joue encore le nucléaire?

Seuls neuf réacteurs nucléaires sont opérationnels actuellement au Japon, contre 54 avant mars 2011, et le démantèlement de 24 réacteurs est déjà acté.

Tous les réacteurs japonais avaient été mis à l'arrêt après l'accident, pour renforcer drastiquement les normes nationales de sécurité nucléaire.

La part de l'atome dans la production d'électricité du pays représentait seulement 6,2% en 2019, contre 30% avant 2011, selon des données officielles.

L'objectif actuel du gouvernement est de la porter à 20-22% d'ici 2030. Cet objectif, en cours de révision, paraît toutefois impossible à atteindre aux yeux de nombreux experts.

- Pourquoi la relance du secteur patine?

Une majorité de Japonais sont hostiles au nucléaire depuis le traumatisme de Fukushima. Et des dizaines de contentieux, initiés par des riverains de centrales pour s'opposer à leur réouverture, sont toujours en cours.

Les nouvelles normes de sécurité nucléaire, les démantèlements et la maintenance des centrales entraînent par ailleurs des coûts astronomiques.

Début 2020, l'agence de presse japonaise Kyodo avait chiffré ces coûts à 13.460 milliards de yens (plus de 106 milliards d'euros). Cette estimation n'incluait pas les coûts du démantèlement de Fukushima Daiichi et des travaux de décontamination de la zone, probablement encore plus élevés.

"L'avenir du nucléaire est très sombre" au Japon, a estimé ce mois-ci Takeo Kikkawa, un expert universitaire conseillant le gouvernement en matière de programmation énergétique. Ce sera au mieux une énergie de transition car le renouvellement du parc nucléaire n'est pas prévu, a-t-il ajouté.

Les acteurs nippons de la filière préfèrent ainsi davantage investir dans les énergies renouvelables, un secteur bien plus rentable et dans lequel le Japon veut désormais accélérer.

En juin dernier, Tepco a notamment annoncé son intention d'investir environ 2.000 milliards de yens (près de 16 milliards d'euros) sur dix ans pour se renforcer dans les énergies vertes. Toshiba et Hitachi ont quant à eux abandonné ces dernières années leurs projets de centrales nucléaires au Royaume-Uni.

etb-kaf/ras

HITACHI

TOSHIBA

TEPCO - TOKYO ELECTRIC POWER

permalink
MAR 4

Dix ans après Fukushima, le nucléaire toujours moribond au Japon #

3/4/2021, 5:15 AM
Centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, JPN

Dix ans après la catastrophe de Fukushima, la filière nucléaire japonaise bat toujours de l'aile, avec une grande partie des réacteurs du pays à l'arrêt ou en voie de démantèlement.

Le gouvernement est cependant favorable à une relance de la filière, pour réduire l'importante dépendance énergétique du pays, et aussi ses émissions de CO2 en vue de son nouvel objectif de neutralité carbone d'ici 2050.

- Où en est le chantier à Fukushima?

Environ 5.000 personnes travaillent quotidiennement sur le site de la centrale de Fukushima Daiichi, dont les réacteurs 1 à 4 avaient été gravement endommagés après le tsunami du 11 mars 2011.

Des enchevêtrements de ferraille çà et là, comme au sommet du réacteur numéro 1 au toit toujours décapité, rappellent la violence de la catastrophe. Et avec leurs signaux sonores stridents, les dosimètres mobiles disposés un peu partout ne rassurent guère.Depuis dix ans, les pourtours des réacteurs ont été déblayés, de nouvelles digues construites, des barres de combustible intactes retirées avec des grues géantes.

Mais le plus dur reste à faire: extraire près de 900 tonnes de combustible fondu avec d'autres débris devenus eux aussi hautement radioactifs.

Le développement au Royaume-Uni d'un bras robotique spécial ayant été retardé par la pandémie, le démarrage du retrait du combustible fondu a été repoussé d'un an, à 2022: presque une bagatelle pour un démantèlement devant encore durer 30 à 40 ans, au mieux.

Par chance, le puissant séisme qui a de nouveau secoué le nord-est du Japon le 13 février dernier n'a pas provoqué de tsunami ni causé de dégâts majeurs, y compris à Fukushima Daiichi.

Cela a toutefois accéléré l'écoulement de l'eau de refroidissement dans plusieurs réacteurs, a constaté l'opérateur Tepco. Mais la situation est sous contrôle, assure le groupe, comme cette eau est maintenue en circuit fermé et pompée.

L'eau souterraine des montagnes voisines, devenant radioactive en s'infiltrant dans le sous-sol des réacteurs, a longtemps été un gros problème, désormais atténué par un "mur de glace" de 30 mètres de profondeur et 1,5 kilomètre de longueur sous les réacteurs.

Mais à cause de la pluie également, environ 140 m3 d'eau radioactive par jour en moyenne ont été générées en 2020 sur le site.

Ces eaux contaminées, filtrées mais contenant toujours du tritium, s'accumulent actuellement dans un millier de citernes bleues, grises et blanches sur le site.

Les capacités de stockage sur place arrivant à saturation à l'été 2022, la solution d'un rejet progressif en mer s'est imposée, mais le gouvernement japonais n'a pas encore officialisé cette décision politiquement très sensible.

- Quel rôle joue encore le nucléaire?

Seuls neuf réacteurs nucléaires sont opérationnels actuellement au Japon, contre 54 avant mars 2011, et le démantèlement de 24 réacteurs est déjà acté.

Tous les réacteurs japonais avaient été mis à l'arrêt après l'accident, pour renforcer drastiquement les normes nationales de sécurité nucléaire.

La part de l'atome dans la production d'électricité du pays représentait seulement 6,2% en 2019, contre 30% avant 2011, selon des données officielles.

L'objectif actuel du gouvernement est de la porter à 20-22% d'ici 2030. Cet objectif, en cours de révision, paraît toutefois impossible à atteindre aux yeux de nombreux experts.

- Pourquoi la relance du secteur patine?

Une majorité de Japonais sont hostiles au nucléaire depuis le traumatisme de Fukushima. Et des dizaines de contentieux, initiés par des riverains de centrales pour s'opposer à leur réouverture, sont toujours en cours.

Les nouvelles normes de sécurité nucléaire, les démantèlements et la maintenance des centrales entraînent par ailleurs des coûts astronomiques.

Début 2020, l'agence de presse japonaise Kyodo avait chiffré ces coûts à 13.460 milliards de yens (plus de 106 milliards d'euros). Cette estimation n'incluait pas les coûts du démantèlement de Fukushima Daiichi et des travaux de décontamination de la zone, probablement encore plus élevés.

"L'avenir du nucléaire est très sombre" au Japon, a estimé ce mois-ci Takeo Kikkawa, un expert universitaire conseillant le gouvernement en matière de programmation énergétique. Ce sera au mieux une énergie de transition car le renouvellement du parc nucléaire n'est pas prévu, a-t-il ajouté.

Les acteurs nippons de la filière préfèrent ainsi davantage investir dans les énergies renouvelables, un secteur bien plus rentable et dans lequel le Japon veut désormais accélérer.

En juin dernier, Tepco a notamment annoncé son intention d'investir environ 2.000 milliards de yens (près de 16 milliards d'euros) sur dix ans pour se renforcer dans les énergies vertes. Toshiba et Hitachi ont quant à eux abandonné ces dernières années leurs projets de centrales nucléaires au Royaume-Uni.

etb-kaf/ras

HITACHI

TOSHIBA

TEPCO - TOKYO ELECTRIC POWER

permalink
MAR 4

Dix ans après Fukushima, le nucléaire toujours moribond au Japon #

3/4/2021, 5:15 AM
Centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, JPN

Dix ans après la catastrophe de Fukushima, la filière nucléaire japonaise bat toujours de l'aile, avec une grande partie des réacteurs du pays à l'arrêt ou en voie de démantèlement.

Le gouvernement est cependant favorable à une relance de la filière, pour réduire l'importante dépendance énergétique du pays, et aussi ses émissions de CO2 en vue de son nouvel objectif de neutralité carbone d'ici 2050.

- Où en est le chantier à Fukushima?

Environ 5.000 personnes travaillent quotidiennement sur le site de la centrale de Fukushima Daiichi, dont les réacteurs 1 à 4 avaient été gravement endommagés après le tsunami du 11 mars 2011.

Des enchevêtrements de ferraille çà et là, comme au sommet du réacteur numéro 1 au toit toujours décapité, rappellent la violence de la catastrophe. Et avec leurs signaux sonores stridents, les dosimètres mobiles disposés un peu partout ne rassurent guère.Depuis dix ans, les pourtours des réacteurs ont été déblayés, de nouvelles digues construites, des barres de combustible intactes retirées avec des grues géantes.

Mais le plus dur reste à faire: extraire près de 900 tonnes de combustible fondu avec d'autres débris devenus eux aussi hautement radioactifs.

Le développement au Royaume-Uni d'un bras robotique spécial ayant été retardé par la pandémie, le démarrage du retrait du combustible fondu a été repoussé d'un an, à 2022: presque une bagatelle pour un démantèlement devant encore durer 30 à 40 ans, au mieux.

Par chance, le puissant séisme qui a de nouveau secoué le nord-est du Japon le 13 février dernier n'a pas provoqué de tsunami ni causé de dégâts majeurs, y compris à Fukushima Daiichi.

Cela a toutefois accéléré l'écoulement de l'eau de refroidissement dans plusieurs réacteurs, a constaté l'opérateur Tepco. Mais la situation est sous contrôle, assure le groupe, comme cette eau est maintenue en circuit fermé et pompée.

L'eau souterraine des montagnes voisines, devenant radioactive en s'infiltrant dans le sous-sol des réacteurs, a longtemps été un gros problème, désormais atténué par un "mur de glace" de 30 mètres de profondeur et 1,5 kilomètre de longueur sous les réacteurs.

Mais à cause de la pluie également, environ 140 m3 d'eau radioactive par jour en moyenne ont été générées en 2020 sur le site.

Ces eaux contaminées, filtrées mais contenant toujours du tritium, s'accumulent actuellement dans un millier de citernes bleues, grises et blanches sur le site.

Les capacités de stockage sur place arrivant à saturation à l'été 2022, la solution d'un rejet progressif en mer s'est imposée, mais le gouvernement japonais n'a pas encore officialisé cette décision politiquement très sensible.

- Quel rôle joue encore le nucléaire?

Seuls neuf réacteurs nucléaires sont opérationnels actuellement au Japon, contre 54 avant mars 2011, et le démantèlement de 24 réacteurs est déjà acté.

Tous les réacteurs japonais avaient été mis à l'arrêt après l'accident, pour renforcer drastiquement les normes nationales de sécurité nucléaire.

La part de l'atome dans la production d'électricité du pays représentait seulement 6,2% en 2019, contre 30% avant 2011, selon des données officielles.

L'objectif actuel du gouvernement est de la porter à 20-22% d'ici 2030. Cet objectif, en cours de révision, paraît toutefois impossible à atteindre aux yeux de nombreux experts.

- Pourquoi la relance du secteur patine?

Une majorité de Japonais sont hostiles au nucléaire depuis le traumatisme de Fukushima. Et des dizaines de contentieux, initiés par des riverains de centrales pour s'opposer à leur réouverture, sont toujours en cours.

Les nouvelles normes de sécurité nucléaire, les démantèlements et la maintenance des centrales entraînent par ailleurs des coûts astronomiques.

Début 2020, l'agence de presse japonaise Kyodo avait chiffré ces coûts à 13.460 milliards de yens (plus de 106 milliards d'euros). Cette estimation n'incluait pas les coûts du démantèlement de Fukushima Daiichi et des travaux de décontamination de la zone, probablement encore plus élevés.

"L'avenir du nucléaire est très sombre" au Japon, a estimé ce mois-ci Takeo Kikkawa, un expert universitaire conseillant le gouvernement en matière de programmation énergétique. Ce sera au mieux une énergie de transition car le renouvellement du parc nucléaire n'est pas prévu, a-t-il ajouté.

Les acteurs nippons de la filière préfèrent ainsi davantage investir dans les énergies renouvelables, un secteur bien plus rentable et dans lequel le Japon veut désormais accélérer.

En juin dernier, Tepco a notamment annoncé son intention d'investir environ 2.000 milliards de yens (près de 16 milliards d'euros) sur dix ans pour se renforcer dans les énergies vertes. Toshiba et Hitachi ont quant à eux abandonné ces dernières années leurs projets de centrales nucléaires au Royaume-Uni.

etb-kaf/ras

HITACHI

TOSHIBA

TEPCO - TOKYO ELECTRIC POWER

permalink
MAR 4

Dix ans après Fukushima, le nucléaire toujours moribond au Japon #

3/4/2021, 5:15 AM
Centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, JPN

Dix ans après la catastrophe de Fukushima, la filière nucléaire japonaise bat toujours de l'aile, avec une grande partie des réacteurs du pays à l'arrêt ou en voie de démantèlement.

Le gouvernement est cependant favorable à une relance de la filière, pour réduire l'importante dépendance énergétique du pays, et aussi ses émissions de CO2 en vue de son nouvel objectif de neutralité carbone d'ici 2050.

- Où en est le chantier à Fukushima?

Environ 5.000 personnes travaillent quotidiennement sur le site de la centrale de Fukushima Daiichi, dont les réacteurs 1 à 4 avaient été gravement endommagés après le tsunami du 11 mars 2011.

Des enchevêtrements de ferraille çà et là, comme au sommet du réacteur numéro 1 au toit toujours décapité, rappellent la violence de la catastrophe. Et avec leurs signaux sonores stridents, les dosimètres mobiles disposés un peu partout ne rassurent guère.Depuis dix ans, les pourtours des réacteurs ont été déblayés, de nouvelles digues construites, des barres de combustible intactes retirées avec des grues géantes.

Mais le plus dur reste à faire: extraire près de 900 tonnes de combustible fondu avec d'autres débris devenus eux aussi hautement radioactifs.

Le développement au Royaume-Uni d'un bras robotique spécial ayant été retardé par la pandémie, le démarrage du retrait du combustible fondu a été repoussé d'un an, à 2022: presque une bagatelle pour un démantèlement devant encore durer 30 à 40 ans, au mieux.

Par chance, le puissant séisme qui a de nouveau secoué le nord-est du Japon le 13 février dernier n'a pas provoqué de tsunami ni causé de dégâts majeurs, y compris à Fukushima Daiichi.

Cela a toutefois accéléré l'écoulement de l'eau de refroidissement dans plusieurs réacteurs, a constaté l'opérateur Tepco. Mais la situation est sous contrôle, assure le groupe, comme cette eau est maintenue en circuit fermé et pompée.

L'eau souterraine des montagnes voisines, devenant radioactive en s'infiltrant dans le sous-sol des réacteurs, a longtemps été un gros problème, désormais atténué par un "mur de glace" de 30 mètres de profondeur et 1,5 kilomètre de longueur sous les réacteurs.

Mais à cause de la pluie également, environ 140 m3 d'eau radioactive par jour en moyenne ont été générées en 2020 sur le site.

Ces eaux contaminées, filtrées mais contenant toujours du tritium, s'accumulent actuellement dans un millier de citernes bleues, grises et blanches sur le site.

Les capacités de stockage sur place arrivant à saturation à l'été 2022, la solution d'un rejet progressif en mer s'est imposée, mais le gouvernement japonais n'a pas encore officialisé cette décision politiquement très sensible.

- Quel rôle joue encore le nucléaire?

Seuls neuf réacteurs nucléaires sont opérationnels actuellement au Japon, contre 54 avant mars 2011, et le démantèlement de 24 réacteurs est déjà acté.

Tous les réacteurs japonais avaient été mis à l'arrêt après l'accident, pour renforcer drastiquement les normes nationales de sécurité nucléaire.

La part de l'atome dans la production d'électricité du pays représentait seulement 6,2% en 2019, contre 30% avant 2011, selon des données officielles.

L'objectif actuel du gouvernement est de la porter à 20-22% d'ici 2030. Cet objectif, en cours de révision, paraît toutefois impossible à atteindre aux yeux de nombreux experts.

- Pourquoi la relance du secteur patine?

Une majorité de Japonais sont hostiles au nucléaire depuis le traumatisme de Fukushima. Et des dizaines de contentieux, initiés par des riverains de centrales pour s'opposer à leur réouverture, sont toujours en cours.

Les nouvelles normes de sécurité nucléaire, les démantèlements et la maintenance des centrales entraînent par ailleurs des coûts astronomiques.

Début 2020, l'agence de presse japonaise Kyodo avait chiffré ces coûts à 13.460 milliards de yens (plus de 106 milliards d'euros). Cette estimation n'incluait pas les coûts du démantèlement de Fukushima Daiichi et des travaux de décontamination de la zone, probablement encore plus élevés.

"L'avenir du nucléaire est très sombre" au Japon, a estimé ce mois-ci Takeo Kikkawa, un expert universitaire conseillant le gouvernement en matière de programmation énergétique. Ce sera au mieux une énergie de transition car le renouvellement du parc nucléaire n'est pas prévu, a-t-il ajouté.

Les acteurs nippons de la filière préfèrent ainsi davantage investir dans les énergies renouvelables, un secteur bien plus rentable et dans lequel le Japon veut désormais accélérer.

En juin dernier, Tepco a notamment annoncé son intention d'investir environ 2.000 milliards de yens (près de 16 milliards d'euros) sur dix ans pour se renforcer dans les énergies vertes. Toshiba et Hitachi ont quant à eux abandonné ces dernières années leurs projets de centrales nucléaires au Royaume-Uni.

etb-kaf/ras

HITACHI

TOSHIBA

TEPCO - TOKYO ELECTRIC POWER

permalink
MAR 4

Japon: les enfants du tsunami de 2011 marqués à jamais #

3/4/2021, 5:15 AM
Ishinomaki, JPN

Yuto Naganuma, 26 ans, regarde en silence des ruines balayées par un vent glacial: celles de l'école primaire où son petit frère a perdu la vie lors du tsunami du 11 mars 2011 dans le nord-est du Japon.

Dix ans après, Yuto et d'autres jeunes comme lui forment une génération hantée par la triple catastrophe ayant fait 18.500 morts et disparus: un puissant séisme qui a déclenché un tsunami dévastateur et le pire accident nucléaire au monde depuis Tchernobyl en 1986.

"J'ai perdu ma famille, ma communauté. Des choses qui m'ont construit. C'est comme si le tsunami avait coupé la moitié de mon corps", raconte-t-il à l'AFP devant les ruines de l'école Okawa à Ishinomaki, dans le département de Miyagi, où son petit frère est mort à l'âge de huit ans.

Son frère faisait partie des 74 enfants et 10 cadres qui ont perdu la vie dans cette école, faute d'avoir évacué à temps dans les hauteurs voisines.

Yuto, qui n'avait pourtant que 16 ans à l'époque, s'en veut de n'avoir pas pu empêcher cette tragédie. Deux jours avant le séisme de magnitude 9, il avait ressenti une forte secousse sur une plage locale, qu'il a considérée a posteriori comme un avertissement ignoré.

"Mon frère ne devait peut-être pas mourir. Si j'avais averti les gens de la communauté, peut-être ne seraient-ils pas morts", pense-t-il encore aujourd'hui. "Je suis plein de regrets. J'ai laissé ce jour venir sans rien faire".

Il a aussi perdu sa grand-mère et son arrière-grand-mère dans le tsunami.

- "Entre deux catastrophes" -

Dans les années suivantes, Yuto s'est efforcé de mener une vie normale, s'inscrivant d'abord à l'université dans un autre département du nord du Japon afin de devenir enseignant.

Mais, tourmenté par la culpabilité du survivant, il a finalement décidé de retourner à Miyagi pour étudier la gestion des catastrophes naturelles.

Il organise désormais des visites sur le site de l'école Okawa ravagée, pour méditer sur les leçons de ce drame, et donne des conférences sur la préparation aux désastres. "Nous vivons tous dans une sorte d'intervalle entre deux catastrophes", dit-il.

Ailleurs dans le même département de Miyagi, Nayuta Ganbe, 21 ans aujourd'hui, s'était réfugié dans son école avec sa mère et sa soeur après le déclenchement de l'alerte tsunami.

Ils étaient tous censés se réfugier au troisième étage, mais le garçon est allé récupérer en bas ses chaussures, que les élèves au Japon laissent à l'entrée.

Alors qu'il tenait la porte ouverte pour cinq hommes qui s'approchaient de l'école, ces derniers ont été pris au piège par un torrent d'eau boueuse charriant des débris et des véhicules.

Nayuta était sur le palier légèrement surélevé de l'école mais l'eau, "épaisse comme de la mayonnaise", l'a rapidement encerclé. "C'était comme si l'eau m'avait attrapé les chevilles".

L'un des hommes devant l'école lui a désespérément tendu la main. Mais la puissance du courant était "trop forte" et la personne a été rapidement submergée sous ses yeux. "Je n'ai juste rien pu faire, même pas tendre le bras", dit Nayuta.

Quelques jours après la catastrophe, il a découvert un cadavre, puis un membre humain, une horrible expérience partagée par d'autres enfants des zones dévastées.

Et alors que la couverture médiatique japonaise à l'époque mettait l'accent sur la discipline des évacués et la solidarité nationale, Nayuta dit avoir vu des adultes tricher dans la queue pour de la nourriture en écartant les plus jeunes.

Pendant plusieurs jours après le tsunami, il n'a rien mangé. En classe, les enfants étaient dissuadés de parler de leurs amis "disparus" et certains ont connu des crises de panique. "Il était devenu normal de ne pas en parler", se souvient le jeune homme.

- "Très isolée" -

Nayuta étudie maintenant la sociologie des catastrophes, analysant ce qui rend les gens susceptibles de prendre les bonnes décisions en situation de crise. Il témoigne aussi dans tout le Japon pour préserver la mémoire de la catastrophe, qui s'efface selon lui.

Les adultes de l'époque sont souvent réticents à évoquer ce terrible passé, estime-t-il, tandis que les plus jeunes, comme sa petite soeur, ne se souviennent que de sensations fragmentées de peur.

Il y a dix ans, Hazuki Shimizu, 27 ans aujourd'hui, vivait à Namie, non loin de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, dont les coeurs de plusieurs réacteurs ont fondu quand le tsunami a brisé leurs systèmes de refroidissement.

Elle a fui le lendemain avec sa mère et sa soeur jusqu'à Chiba, près de Tokyo. "J'étais littéralement déchirée" en suivant l'évolution de la catastrophe de loin et avec un sentiment d'impuissance, se souvient-elle.

Comme de nombreux autres évacués de Fukushima, elle et ses proches ont subi des vexations. Beaucoup de Japonais croyaient à tort que des personnes éventuellement irradiées étaient contagieuses.

Sa famille a par exemple dû rester sur un parking et être inspectée avec des compteurs Geiger quand Hazuki s'est inscrite à sa nouvelle école.

Et ses nouveaux camarades de classe se taisaient sur la catastrophe. "Je ne savais pas pourquoi les gens ne parlaient pas de ça (...). Pourquoi ne s'en souciaient-ils pas? Je me sentais très isolée", se souvient-elle.

Une fois adulte, Hazuki est retournée dans le nord-est du Japon et travaille maintenant pour un groupe de préservation de la mémoire du tsunami.

"De nombreuses personnes ont eu des expériences difficiles, traumatisantes et ce n'était pas facile à l'époque d'en parler (...). Nous devons entendre leurs voix et les soutenir".

hih/sah/ras/etb/ybl

permalink
MAR 4

Japon: la catastrophe du 11 mars 2011 en chiffres #

3/4/2021, 5:15 AM

Le Japon commémorera la semaine prochaine les dix ans de la plus grave catastrophe naturelle de son histoire récente: un séisme record, suivi d'un tsunami et d'un accident nucléaire survenus le 11 mars 2011. Voici quelques chiffres qui permettent de se faire une idée de l'échelle du désastre.

Magnitude 9,0

Le 11 mars 2011 à 14H46 au Japon (05H46 GMT), le terrible séisme sous-marin de magnitude 9,0 qui ébranle le nord-est du pays est l'un des plus puissants jamais enregistrés au monde.

Parti à une profondeur de 24 kilomètres, à 130 km environ de la côte du département japonais de Miyagi, il est ressenti dans une grande partie du pays.

Sa puissance est telle qu'il déplace Honshu, la principale île nippone, de 2,4 mètres vers l'est. Il aurait même décalé l'axe de rotation de la Terre de plus d'une dizaine de centimètres.

16,7 mètres

Le tremblement de terre déclenche un tsunami qui commence à atteindre les côtes japonaises 30 minutes plus tard.

Les instruments de mesure de l'Agence météorologique japonaise (JMA) enregistrent une vague culminant à une hauteur de "9,3 mètres ou plus" à Soma, dans le département de Fukushima.

En réalité, les flots ont déferlé à des hauteurs bien plus importantes, gravissant des collines, débordant des murs anti-tsunami, arrachant des maisons de leurs fondations et dévastant durablement des pans entiers de territoire.

A Ofunato, dans le département d'Iwate, la JMA a ainsi calculé a posteriori que les vagues avaient atteint 16,7 mètres de hauteur, en étudiant les traces laissées sur les bâtiments.

18.426 morts et disparus

Le très lourd bilan humain de la catastrophe a été causé principalement par le tsunami. En décembre 2020, la police nippone recensait 15.899 décès et 2.527 disparus.

Plus de 6.000 personnes ont été blessées, et d'autres sont décédées pendant et après l'évacuation.

Les trois départements de Fukushima, Miyagi et Iwate, le long de la côte nord-est, ont déploré le plus grand nombre de décès.

3 réacteurs en fusion

Située juste en face de l'océan, la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi est heurtée le 11 mars 2011 par un mur d'eau de près de 15 mètres de haut.

La centrale est alors privée de courant, et ses groupes électrogènes de secours, noyés, ne fonctionnent plus. Ne pouvant plus être refroidis, les coeurs de trois de ses six réacteurs entrent en fusion. Plusieurs explosions d'hydrogène ravagent les réacteurs les jours suivants.

Dix ans plus tard, le démantèlement de la centrale avance très lentement, et devrait prendre encore trois à quatre décennies au mieux.

Au-delà du retrait du combustible fondu, l'un des autres casse-tête à résoudre est celui de l'eau contaminée, dont 1,23 million de tonnes sont actuellement stockées sur le site de la centrale.

Un processus de filtration permet de retirer la majorité de la radioactivité, mais le rejet progressif de cette eau dans l'océan, une solution privilégiée par les autorités mais pas encore officialisée, reste très controversé.

Encore 36.800 personnes déplacées

Immédiatement après la catastrophe de Fukushima, le gouvernement déclare une zone d'évacuation de 20 km autour de la centrale.

Ceux qui vivent à l'intérieur de cette "zone interdite" reçoivent l'ordre de quitter leurs logements, mais beaucoup de personnes résidant hors de ce périmètre décident aussi de partir.

Un peu plus d'un an plus tard, en mai 2012, le département de Fukushima recensait 164.865 personnes déplacées, par obligation ou par choix. En 2020, il en restait toujours 36.811.

337 km2 interdits d'accès

La "zone interdite" déclarée après l'accident nucléaire représentait environ 12% de la superficie du département de Fukushima.

Après les travaux intensifs de décontamination entrepris par le gouvernement depuis dix ans, cette proportion est tombée à 2,4%, soit 337 kilomètres carré.

Mais les personnes évacuées sont parfois réticentes à revenir dans les zones que les autorités disent sûres, par peur des radiations (de nombreuses zones forestières et montagneuses ne sont toujours pas décontaminées) ou parce qu'elles ont refait leur vie ailleurs.

430 km de digues

Les digues contre les raz-de-marée étaient déjà nombreuses au Japon avant 2011, mais le tsunami a encore accéléré leur construction. Au total, un rempart discontinu de 430 kilomètres est censé être achevé prochainement sur les côtes des trois départements de Fukushima, Miyagi et Iwate.

sah-mac/etb/ybl

permalink