Sri Lanka: la communauté internationale condamne la détention de militants #
Le nouveau gouvernement du Sri Lanka a fait l'objet d'une condamnation internationale lundi en raison de son recours aux lois antiterroristes pour détenir des manifestants qui ont contribué à chasser Gotabaya Rajapaksa de la présidence en juillet.
Trois militants étudiants, dont le leader estudiantin Wasantha Mudalige, arrêtés la semaine dernière lors du premier rassemblement antigouvernemental après l"expiration de l'état d'urgence, sont détenus en vertu de la loi sur la prévention du terrorisme (PTA), ont déclaré les autorités dimanche.
Cette loi permet de détenir les suspects pendant 90 jours sans contrôle judiciaire. L'Union européenne s'est déclarée "préoccupée" par cette évolution, et le bureau de l'UE à Colombo a rappelé sur Twitter l'existence qu'un "moratoire de facto sur l'utilisation de la #PTA".
L'ambassadrice des États-Unis au Sri Lanka, Julie Chung, a prévenu que le recours à cette loi sapait la démocratie.
"L'utilisation de lois qui ne sont pas conformes aux normes internationales en matière de droits humains - comme la PTA - érode la démocratie au Sri Lanka", a souligné Mme Chung sur Twitter.
"Nous encourageons le gouvernement à faire respecter les droits du peuple à exprimer ses opinions", a-t-elle ajouté.
Treize autres manifestants arrêtés, dans la manifestation de jeudi, ont eux été libérés sous caution ou sont détenus dans le cadre de procédures normales.
Amnesty International, dont le siège est à Londres, a déclaré que le recours aux lois antiterroristes contre des manifestants pacifiques était le signe que les autorités "ne sont pas disposées à supporter la moindre forme de critique et étouffent systématiquement les voix dissidentes".
"Les accusations de terrorisme sont sans commune mesure avec les infractions que les manifestants sont supposés avoir commises", a déclaré Yamini Mishra, directrice d'Amnesty International pour l'Asie du Sud.
"À maintes reprises, cette loi a été utilisée comme un outil dans le but de faire taire les critiques du gouvernement, les journalistes et les minorités", a-t-elle souligné.
Le pays de 22 millions d'habitants, est ravagé par une crise économique historique, marquée par des mois de pénuries de nourriture, de carburant et de médicaments, faute de devises pour financer les importations.
M. Rajapaksa a fui l'île le 13 juillet, quatre jours après l'assaut de sa résidence par des dizaines de milliers de manifestants exaspérés par des mois de privations.
Plusieurs mois d'agitation réclamant sa démission ont abouti à sa fuite à bord d'un avion militaire. Il s'est d'abord réfugié aux Maldives, puis à Singapour où il a annoncé sa démission.
Désormais en Thaïlande, le président déchu a demandé à son successeur Ranil Wickremesinghe, de prendre des dispositions pour qu'il puisse retourner en sécurité au Sri Lanka.
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