Elections en Equateur: les indigènes à Quito pour exiger un nouveau décompte des voix #
La marche de centaines d'indigènes, partie il y a une semaine du sud de l'Equateur, est arrivée mardi à Quito pour exiger un nouveau décompte du scrutin du 7 février, après l'exclusion de leur candidat présidentiel du second tour pour une différence minime.
"Nous avons recensé plus de 16.000 actes électoraux comportant des inconsistances, sur un total de 39.000", a déclaré à la presse Yaku Perez, premier Amérindien à parvenir aussi loin à une élection présidentielle dans ce pays.
Entouré de ses partisans marchant en cortège sur plusieurs centaines de mètres, cet avocat écologiste de 51 ans est allé à pied au Conseil national électoral (CNE) pour déposer son recours demandant la révision de ces actes établis par les bureaux de vote.
Au cri de "Yaku, ami, le peuple est avec toi", les manifestants brandissaient les bannières arc-en-ciel du mouvement indigène, sans se confronter aux forces de l'ordre qui cernaient le siège du CNE.
La marche avait débuté mercredi dernier à Loja, ville frontalière du Pérou, à près de 600 km de la capitale.
Le candidat du parti Pachakutik, bras politique du mouvement indigène, "a présenté au Conseil national électoral un droit d'objection", afin que "soit vérifié ce qui a été fait par l'administration électorale", a expliqué à la presse Santiago Vallejo, secrétaire du CNE.
Le CNE dispose de trois jours pour décider s'il accepte ou non le recours de Yaku Perez, qui a obtenu 19,39% des suffrages contre 19,74% à l'ex-banquier de droite Guillermo Lasso, 65 ans, selon les résultats définitifs annoncés dans la nuit de samedi à dimanche, deux semaines après le scrutin.
Le leader indigène a manqué d'à peine 32.600 voix l'opportunité de disputer le second tour prévu le 11 avril face à l'économiste Andrés Arauz, 36 ans, poulain de l'ex-président socialiste Rafael Correa (2007-2017), arrivé en tête le 7 févier avec 32,72% des suffrages.
"Nous demandons seulement que le processus électoral soit transparent", a ajouté Yaku Perez, en déposant les actes électoraux contenus dans 14 cartons.
Le CNE a rejeté mardi une requête de l'entité de contrôle public et du candidat indigène demandant de réviser le système informatique électoral avant le second tour.
pld/sp/vel/fpp/ybl
Equateur: marche des indigènes "invaincus" pour un nouveau décompte des votes #
Sur son vélo en bambou, Yaku Perez a pris la tête des indigènes en marche vers Quito pour exiger un nouveau décompte de ses voix au premier tour des élections, convaincu qu'il lui ouvrira les portes de la présidence.
"Nous ne permettrons pas la fraude électorale!" Le cri de guerre de ses partisans insuffle de l'énergie à l'avocat écologiste en poncho rouge, premier amérindien à parvenir aussi loin dans un scrutin présidentiel en Equateur.
Les indigènes sont partis il y a six jours du sud du pays pour dénoncer le fait que leur historique passage au second tour leur soit confisqué. Leur candidat les a rejoints le lendemain et ils étaient lundi près de 500, certains en véhicules, d'autres à pied.
Cette "marche pour la paix en démocratie" est passée par Salcedo, l'une de ses dernières étapes avant l'arrivée mardi à Quito, où ceux qui s'estiment "invaincus" espèrent être légion afin de démontrer leur force acquise dans les urnes, après des décennies de protestation dans la rue.
Yaku Perez, 51 ans, a été déclaré troisième avec 19,39% des voix au premier tour du 7 février. Bien qu'il ait à un moment devancé Guillermo Lasso, 65 ans, dans les décomptes partiels, l'ex-banquier de droite l'a finalement dépassé avec 19,74% des suffrages.
Cette différence d'à peine 32.600 voix va permettre au conservateur de disputer le second tour au socialiste Andrés Arauz, 36 ans, poulain de l'ex-président Rafael Correa, arrivé en tête avec 32,72%.
Candidat du parti Pachakutik, bras politique du mouvement indigène, Yaku Perez ne s'avoue pas vaincu. Juché sur sa bicyclette, usée au long de la campagne électorale, il marque des pauses pour remercier ses sympathisants qui scandent "Le vote du peuple doit être respecté!"
"Nous ne nous rendrons pas", avertit Luz Namicela, indigène kichwa de Saraguro, village proche de Loja, à la frontière du Pérou et point de départ de cette marche de 600 km jusqu'à Quito.
Dans une ambiance festive, les marcheurs soutiennent la réclamation de Yaku Perez pour un nouveau décompte des votes dans 17 des 24 provinces de ce pays, où les amérindiens représentent 7% des 17,4 millions d'habitants.
La possibilité de recours a été ouverte par le Conseil national électoral (CNE) après qu'il ait proclamé dans la nuit de samedi à dimanche les résultats définitifs l'excluant du second tour, prévu le 11 avril.
"Ce n'est pas qu'un vol visant Yaku Perez. C'est un vol de l'espérance, de tout un rêve non seulement du mouvement indigène, mais aussi des écologistes, des travailleurs, des secteurs populaires qui ont l'espoir d'un changement radical", a-t-il déclaré à l'AFP.
Issu du peuple millénaire Kañari, qui habite le sud andin du pays, ce défenseur de l'environnement affirme que "plus d'un demi-million de voix" lui ont été volées lors du dépouillement.
"La fraude se fait de deux façons: lors du décompte et de l'altération des bulletins, et au sein du système informatique électoral (...) manipulable pour migrer les voix d'un candidat à un autre", assure-t-il.
L'entité de contrôle public ainsi que le parquet ont demandé à réviser le système informatique du CNE.
"Avec fraude, nous avons (près de) 20%. Sans fraude, nous aurions dépassé les 25% et le triomphe était quasiment acquis au second tour", ajoute Yaku Perez, ex-préfet (gouverneur) de la province d'Azuay (sud).
En vue du 11 avril, il promettait une grande alliance afin d'éviter que le courant de l'ex-président Rafael Correa (2007-2017) récupère le pouvoir via son dauphin.
Yaku Perez attire ses partisans comme un aimant. Ils se massent autour de sa voiture, avant qu'il en descende pour enfourcher son vélo.
"Fraude non, transparence oui!" Le slogan le fait sourire. Et si à cause de la pandémie de covid-19, il ne quitte pas son masque et frappe leurs poings des siens plutôt que de serrer des mains, il ne rechigne pas aux accolades.
"Nous sommes indestructibles, nous sommes un peuple indomptable", lance-t-il.
En octobre 2019, les indigènes ont initié un soulèvement populaire, qui s'est soldé par 11 morts et plus de 1.300 blessés. Ils étaient aussi partie prenante des révoltes qui ont renversé trois présidents entre 1997 et 2005.
"Le mouvement a eu dans l'histoire 10 députés, aujourd'hui il en a 27" sur 137, se félicite dans tous les cas Yaku Perez, en revendiquant le caractère pacifique de l'actuelle mobilisation.
"Ces votes n'ont pas été faciles à obtenir, mais ne doivent pas être faciles à voler", lance le candidat de Pachakutik, qui pourrait constituer l'une des premières forces politiques au sein d'un parlement monocaméral fragmenté.
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