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Présidentielle au Kenya: inquiétude face à la désinformation, le dépouillement continue #

Des observateurs internationaux ont exprimé jeudi leur inquiétude face à la propagation de la désinformation au Kenya durant l'attente des résultats de l'élection présidentielle, qui s'annonce comme la plus serrée de l'histoire du pays.

Deux jours après que 22,1 millions de Kényans ont été appelés aux urnes, les opérations de comptage et de vérification des votes se poursuivaient jeudi. Les résultats officiels sont attendus dans les prochains jours, le 16 août au plus tard.

Mais déjà des médias kényans diffusent des décomptes provisoires qui annoncent un duel au coude à coude entre les deux favoris, le vice-président sortant William Ruto et Raila Odinga, figure historique de l'opposition qui a reçu le soutien du président sortant Uhuru Kenyatta.

Durant cette période d'attente, les réseaux sociaux sont inondés de désinformation contre laquelle des observateurs électoraux du Commonwealth ont mis en garde, y voyant une source potentielle de tensions dangereuses dans un pays qui a connu plusieurs épisodes de violences post-électorales ces deux dernières décennies.

"Le décalage entre l'annonce des résultats officiels par l'IEBC (la commission électorale indépendante, ndlr) et ceux provisoires, et parfois contradictoires, annoncés par les médias sont une source d'inquiétude", a déclaré à la presse le chef de la mission d'observation du Commonwealth, le Jamaïcain Bruce Golding.

"La désinformation et les incitations à la haine en particulier en ligne" sont "des appels à la violence par les hommes politiques et leurs partisans", a-t-il ajouté.

- "Une affaire de confiance" -

Des observateurs de l'organisation américaine Institut national démocratique (NDI) ont également fait part de leur préoccupation. "Il est important qu'il y ait des informations précises et exactes et que tous les citoyens y aient accès", a commenté l'une des ses membres, Donna Brazile, lors d'une conférence de presse.

"C'est une affaire de confiance des citoyens dans le système et sa capacité à fonctionner correctement. Il ne s'agit pas de poursuivre la campagne", a-t-elle estimé.

La veille, Amnesty International et plusieurs ONG kényanes avaient également alerté sur "l'augmentation des niveaux d'informations fausses ou trompeuses" sur les réseaux sociaux.

Selon elles, candidats et partisans des deux camps ont "intentionnellement cherché à désinformer l'électorat et le public" sur le processus et les résultats électoraux.

Tous les scrutins ont été contestés depuis 2002 au Kenya , donnant parfois lieu à des violences meurtrières.

En 2007-2008, la contestation des résultats par Raila Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires faisant plus de 1.100 morts et des centaines de milliers de déplacés, les pires violences post-électorales depuis l'indépendance du pays en 1963.

Cette année, l'IEBC fait face à une forte pression, après l'annulation par la Cour suprême de la dernière présidentielle en 2017. Un nouveau scrutin avait été ordonné, prolongeant une période électorale marquée par des dizaines de morts dans des répressions policières.

L'ensemble des observateurs, locaux ou étrangers, ont souligné que les opérations de vote s'étaient globalement déroulées sans accroc et de manière pacifique mardi.

- Participation en baisse -

Les Kényans ont voté pour choisir leur nouveau président pour les cinq prochaines années, mais aussi leurs gouverneurs, parlementaires et plus de 1.500 élus locaux.

L'IEBC n'a pas encore publié de chiffres définitifs sur la participation mais mercredi, elle s'élevait selon elle à un peu plus de 65%, un taux qui apparaît en baisse par rapport aux 78% lors des élections d'août 2017.

Des observateurs de la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC) se sont inquiétés de cette faible participation, notamment parmi les moins de 35 ans.

"Cela devrait préoccuper tout le monde que les jeunes ne participent pas au processus", a déclaré Jakaya Kikwete, chef de la mission d'observation de l'EAC.

Face aux difficultés économiques dans ce pays de 50 millions d'habitants qui connaît une flambée des prix de la nourriture et du carburant, de nombreux Kényans, comme Ruth Musyoki, ont déclaré ne plus se déplacer pour élire des dirigeants qui n'ont guère amélioré les choses.

"J'ai voté deux fois dans ma vie", explique cette Nairobienne de 40 ans, "et après les dernières élections, j'ai décidé que je ne voterais même pas parce que c'est une perte de temps".

bur-amu/sva/al/cpy

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AUG 11

Elections au Kenya: les observateurs inquiets de la désinformation en ligne #

8/11/2022, 1:16 PM
Nairobi, KEN

Des observateurs internationaux ont mis en garde jeudi contre la désinformation en ligne au Kenya , alors que le dépouillement se poursuivait deux jours après la présidentielle à forts enjeux pour ce pays d'Afrique de l'Est.

Dans l'attente des résultats définitifs de ce qui s'annonce un duel serré entre les deux favoris William Ruto et Raila Odinga, les réseaux sociaux été inondés de fausses informations sur l'issue du scrutin, inquiétant également ONG et organisations de la société civile qui accusent les deux camps de colporter des messages fallacieux.

"Le laps de temps entre l'annonce des résultats officiels par l'IEBC (la commission électorale indépendante, ndlr) et ceux provisoires, et parfois contradictoires, annoncés par les médias sont une source d'inquiétude", a déclaré jeudi devant la presse le chef de la mission d'observateurs du Commonwealth, le Jamaïcain Bruce Golding.

"La désinformation et les incitations à la haine en particulier en ligne" sont "des appels à la violence par les hommes politiques et leurs partisans", a-t-il ajouté.

Raila Odinga, figure historique de l'opposition qui a reçu le soutien du président pour l'élection, et Wiliam Ruto, vice-président sortant, semblent au coude à coude, selon des décomptes provisoires, et fluctuants, des médias kényans.

Selon l'IEBC, les quelques 46.000 bureaux de vote continuaient de transmettre leurs procès-verbaux, qui devaient ensuite être collectés et vérifiés.

C'est un "exercice important" et "nous nous efforcerons de terminer le plus tôt possible", a déclaré son chef Wafula Chebukati.

Tous les scrutins ont été contestés depuis 2002 au Kenya , donnant parfois lieu à de violences sanglantes.

La présidentielle de 2017 avait été invalidée par la justice pour "irrégularités", puis reprogrammée, prolongeant une période électorale marquée par des dizaines de morts dans des répressions policières.

Dix ans plus tôt, la contestation des résultats par M. Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires faisant plus de 1.100 morts.

"Il est important qu'il y ait des informations précises et exactes et que tous les citoyens y aient accès", a commenté jeudi Donna Brazile, de l'Institut national démocratique, dans un point de presse distinct.

C'est aussi "une affaire de confiance des citoyens dans le système et sa capacité à fonctionner correctement. Il ne s'agit pas de poursuivre la campagne", a-t-elle ajouté

L'IEBC avait été vivement critiquée lors de la présidentielle de 2017, notamment pour sa gestion des transmissions électroniques.

Mardi, environ 65% des 22,1 millions d'électeurs se sont rendus aux urnes pour élire le successeur d'Uhuru Kenyatta, dans l'impossibilité de briguer un troisième mandat, ainsi que des centaines de parlementaires et quelque 1.500 élus locaux. La participation est en forte baisse par rapport au 78% de 2017.

ho/amu/al/sva/cpy

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AUG 10

Kenya: le dépouillement de l'élection se poursuit, sur fond d'abstention en hausse #

Les Kényans attendaient mercredi les résultats des élections générales de la veille, marquées par une hausse de l'abstention, pour savoir qui sortira vainqueur d'un duel s'annonçant serré entre le vétéran Raila Odinga et le vice-président sortant William Ruto.

Sur fond de désillusion envers la classe politique et de flambée du coût de la vie, environ 65% des 22,1 millions d'électeurs se sont rendus aux urnes pour élire président, députés et élus locaux selon la Commission électorale indépendante (IEBC). Une forte chute par rapport à la participation de 78% aux précédentes élections en 2017.

"Les gens ne sont pas venus (voter) comparé au passé parce qu'ils y a eu de fausses promesses" pendant des années, a déploré auprès de l'AFP Anthony Kemboi, un étudiant de 24 ans vivant à Eldoret (ouest).

Selon les premières estimations des télévisions, Raila Odinga, 77 ans, leader historique de l'opposition désormais soutenu par le pouvoir, et William Ruto, 55 ans, qui fait figure de challenger, sont au coude à coude. Les deux autres candidats en lice ne devraient pas obtenir plus de quelques pour cent.

Si aucun des deux favoris ne recueille plus de 50% des voix, le Kenya connaîtra pour la première fois un second tour à la présidentielle.

MM. Odinga et Ruto ont tout deux assuré durant la campagne qu'ils reconnaîtraient les résultats. Mais le pays redoutait mercredi d'être une nouvelle fois happé dans une saga post-électorale dont il est familier, tous les scrutins ayant été contestés depuis 2002 dans ce pays considéré comme un point d'ancrage démocratique en Afrique de l'Est.

La présidentielle d'août 2017 avait été invalidée par la justice pour "irrégularités", puis reprogrammée, écornant la réputation de l'IEBC et prolongeant un processus marqué par des dizaines de morts dans des répressions policières.

Et surtout, en 2007-2008, la contestation des résultats par M. Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires ayant fait plus de 1.100 morts.

Mercredi soir, Amnesty International et plusieurs organisations kényanes de la société civile se sont dits préoccupés par "l'augmentation du nombre d'informations fausses ou trompeuses" diffusées sur les médias sociaux.

Plusieurs messages de candidats et de leurs partisans dans les camps d'Odinga et de Ruto avaient "intentionnellement cherché à mal informer l'électorat et le public sur le processus électoral et les résultats des élections", ont-elles souligné dans un communiqué commun.

- Pression -

La pression s'accroît donc sur la commission électorale, qui doit déclarer les résultats au plus tard le 16 août. Ses agents travaillent d'arrache-pied pour dépouiller les millions de bulletins et dissiper les craintes de truquage.

"Nous faisons tout notre possible pour que le processus soit accompli le plus tôt possible", a déclaré mercredi Wafula Chebukati, président de l'IEBC.

L'attente durera d'autant plus que mercredi quelques Kényans votaient encore dans deux circonscriptions où des bureaux de vote n'ont pu ouvrir à temps mardi, en raison de problèmes techniques notamment.

Après le dépouillement manuel dans le bureau de vote, les résultats sont transmis électroniquement à l'échelon de la circonscription pour être compilés, puis au niveau national pour aboutir au résultat final.

Les procès-verbaux dressés dans chaque bureau de vote doivent également être authentifiés après avoir été transmis sous forme de photo.

"Ce n'est pas un processus rapide", a commenté depuis Eldoret Gabrielle Lynch, professeure à l'Université de Warwick (Grande-Bretagne). Les documents doivent être "traités, comptabilisés, recoupés" à Nairobi, "cela prendra au moins quelques jours".

- "Aucun changement" -

Poids lourd économique de 50 millions d'habitants, le Kenya a été durement touché par les conséquences de la pandémie, puis de la guerre en Ukraine et d'une sécheresse record. Le pays connaît actuellement une flambée du coût de la vie.

Les promesses de campagne de MM. Odinga et Ruto - deux puissants et riches hommes d'affaires -, axées sur le pouvoir d'achat et la lutte contre la corruption, n'ont pas nécessairement convaincu la population qui, pour environ un tiers, vit dans la pauvreté.

"Je n'ai même pas voté parce que je m'en fiche, parce que ce sont les mêmes vieux qui racontent les mêmes vieilles histoires et ils ne font rien pour nous", a estimé Caroline Mwangi, 31 ans, serveuse dans un restaurant de Nairobi.

Odinga comme Ruto ont notamment promis un avenir économique plus radieux pour les jeunes, les moins de 34 ans représentant les trois quarts de la population mais étant particulièrement touchés par le chômage.

A Kisumu, Eldoret, tout comme dans la capitale, la vie n'avait pas encore repris son cours normal, des magasins restaient fermés et les rues semblaient en partie endormies. La présence policière était discrète.

al-bur/md/cpy

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AUG 10

Kenya: le dépouillement de l'élection se poursuit, sur fond d'abstention en hausse #

Les Kényans attendaient mercredi les résultats des élections générales de la veille, marquées par une hausse de l'abstention, pour savoir qui sortira vainqueur d'un duel s'annonçant serré entre le vétéran Raila Odinga et le vice-président sortant William Ruto.

Sur fond de désillusion envers la classe politique et de flambée du coût de la vie, environ 65% des 22,1 millions d'électeurs se sont rendus aux urnes pour élire président, députés et élus locaux selon la Commission électorale indépendante (IEBC). Une forte chute par rapport à la participation de 78% aux précédentes élections en 2017.

"Les gens ne sont pas venus (voter) comparé au passé parce qu'ils y a eu de fausses promesses" pendant des années, a déploré auprès de l'AFP Anthony Kemboi, un étudiant de 24 ans vivant à Eldoret (ouest).

Selon les premières estimations des télévisions, Raila Odinga, 77 ans, leader historique de l'opposition désormais soutenu par le pouvoir, et William Ruto, 55 ans, qui fait figure de challenger, sont au coude à coude. Les deux autres candidats en lice ne devraient pas obtenir plus de quelques pour cent.

Si aucun des deux favoris ne recueille plus de 50% des voix, le Kenya connaîtra pour la première fois un second tour à la présidentielle.

MM. Odinga et Ruto ont tout deux assuré durant la campagne qu'ils reconnaîtraient les résultats. Mais le pays redoutait mercredi d'être une nouvelle fois happé dans une saga post-électorale dont il est familier, tous les scrutins ayant été contestés depuis 2002 dans ce pays considéré comme un point d'ancrage démocratique en Afrique de l'Est.

La présidentielle d'août 2017 avait été invalidée par la justice pour "irrégularités", puis reprogrammée, écornant la réputation de l'IEBC et prolongeant un processus marqué par des dizaines de morts dans des répressions policières.

Et surtout, en 2007-2008, la contestation des résultats par M. Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires ayant fait plus de 1.100 morts.

- Pression -

La pression s'accroît donc sur la commission électorale, qui doit déclarer les résultats au plus tard le 16 août. Ses agents travaillent d'arrache-pied pour dépouiller les millions de bulletins et dissiper les craintes de truquage.

"Nous faisons tout notre possible pour que le processus soit accompli le plus tôt possible", a déclaré mercredi Wafula Chebukati, président de l'IEBC.

L'attente durera d'autant plus que mercredi quelques Kényans votaient encore dans deux circonscriptions où des bureaux de vote n'ont pu ouvrir à temps mardi, en raison de problèmes techniques notamment.

Après le dépouillement manuel dans le bureau de vote, les résultats sont transmis électroniquement à l'échelon de la circonscription pour être compilés, puis au niveau national pour aboutir au résultat final.

Les procès-verbaux dressés dans chaque bureau de vote doivent également être authentifiés après avoir été transmis sous forme de photo.

"Ce n'est pas un processus rapide", a commenté depuis Eldoret Gabrielle Lynch, professeure à l'Université de Warwick (Grande-Bretagne). Les documents doivent être "traités, comptabilisés, recoupés" à Nairobi, "cela prendra au moins quelques jours".

- "Aucun changement" -

Poids lourd économique de 50 millions d'habitants, le Kenya a été durement touché par les conséquences de la pandémie, puis de la guerre en Ukraine et d'une sécheresse record. Le pays connaît actuellement une flambée du coût de la vie.

Les promesses de campagne de MM. Odinga et Ruto - deux puissants et riches hommes d'affaires -, axées sur le pouvoir d'achat et la lutte contre la corruption, n'ont pas nécessairement convaincu la population qui, pour environ un tiers, vit dans la pauvreté.

"Je n'ai même pas voté parce que je m'en fiche, parce que ce sont les mêmes vieux qui racontent les mêmes vieilles histoires et ils ne font rien pour nous", a estimé Caroline Mwangi, 31 ans, serveuse dans un restaurant de Nairobi.

Odinga comme Ruto ont notamment promis un avenir économique plus radieux pour les jeunes, les moins de 34 ans représentant les trois quarts de la population mais étant particulièrement touchés par le chômage.

A Kisumu, Eldoret, tout comme dans la capitale, la vie n'avait pas encore repris son cours normal, des magasins restaient fermés et les rues semblaient en partie endormies. La présence policière était discrète.

"De manière générale, l'atmosphère politique a été neutre en quelque sorte, et donc la tension est moins intense", résume Benson Juma, un travailleur social de 38 ans d'Eldoret. "Je sais que la paix prévaudra".

al-bur/md/cpy

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AUG 10

Elections au Kenya: les étapes d'après #

8/10/2022, 3:14 PM
Nairobi, KEN

Le Kenya scrutait mercredi les résultats de la présidentielle de la veille qui s'est déroulée dans le calme, émaillée par quelques problèmes techniques, retards de vote ou incidents sécuritaires à la marge.

Mais alors que le dépouillement est en cours, et ne permet pas de dégager de tendance dans le duel serré entre les deux favoris Raila Odinga et William Ruto, les risques d'une énième bataille post-électorale sont élevés.

Il faut remonter à 2002 pour trouver une présidentielle dont les résultats n'ont pas été contestés, et la mémoire du sang coulé lors de ces disputes électorales est encore vive.

- Le comptage -

La Commission électorale indépendante (IEBC) a jusqu'au 16 août maximum pour annoncer les résultats. Plus elle prendra de temps, plus le risque de tensions est important, selon des analystes.

Dans cette perspective, "la Commission appelle à la patience", a exhorté à nouveau mercredi Wafula Chebukati, président de l'IEBC.

Il faut en effet à l'IEBC dépouiller plus de 130 millions de bulletins qui ont été déposés dans plus de 46.000 bureaux de vote, puis transmettre et consolider les résultats.

Au total, six scrutins étaient convoqués mardi, les 22,1 millions d'électeurs devant aussi choisir leurs parlementaires, gouverneurs et 1.500 élus locaux.

Les résultats définitifs seront annoncés au centre Bomas, lieu touristique de la capitale transformé temporairement en forteresse hautement surveillée où personne ne peut pénétrer sans accréditation.

Pour l'emporter, un candidat doit recueillir 50% des voix plus un vote, ainsi que 25% des voix dans la moitié des 47 comtés. Si ces conditions ne sont pas remplies, un second tour doit être organisé dans les 30 jours, ce qui n'est jusqu'alors jamais arrivé au Kenya .

- Action en justice -

Tout recours en justice doit être déposé auprès de la Cour suprême dans les sept jours après l'annonce des résultats. La plus haute instance judiciaire du pays dispose ensuite de 14 jours pour rendre sa décision, et, en cas d'annulation du scrutin comme en août 2017, une nouvelle élection doit se tenir dans les 60 jours.

Si personne ne saisit la justice, le nouveau président élu prend ses fonctions dans les deux semaines suivant l'annonce des résultats.

Dans le pire des scénario, les bras de fer judiciaires pourraient durer jusqu'à avril ou début mai 2023. Mais ce cas de figure est fortement improbable.

Selon Ben Hunter, de l'institut d'analyse Verisk Maplecroft, le système judiciaire au Kenya est l'un des plus "robustes" de la région.

"Si le résultat est contesté, et qu'un candidat dépose une requête auprès de la Cour suprême, ce serait une étape positive car sinon l'alternative est d'appeler les partisans à protester."

"La Cour jouit d'une forte crédibilité et un processus judiciaire agirait comme une soupape pour les tensions politiques."

L'Union africaine, l'Union européenne et le Commonwealth entre autres ont envoyé des observateurs pour surveiller les élections, aux côtés de milliers de représentants de la société civile.

- Disputes passées -

Raila Odinga, 77 ans s'est déjà lancé quatre fois dans la course présidentielle, sans succès: en 1997, 2007, 2013 et 2017, et a affirmé s'être fait voler la victoire lors de ces trois derniers scrutins.

En août 2017, il a saisi la justice criant au piratage du système électoral. La Cour suprême avait, dans une décision inédite en Afrique, ordonné l'annulation du scrutin en raison "d'irrégularités" en grande partie imputée à l'IEBC.

La nouvelle présidentielle s'était tenue en octobre, boycottée par Odinga et remportée par Uhuru Kenyatta.

Des dizaines de personnes étaient mortes dans la répression des manifestations.

Dix ans plus tôt, en 2007, la lenteur et l'opacité du dépouillement de la présidentielle avaient renforcé les soupçons de fraude chez les partisans du candidat Odinga.

L'annonce de la victoire du président sortant Mwai Kibaki avait alors déclenché une violente contestation. Plus d'un millier de personnes avaient été tuées dans des affrontements politico-ethniques sans précédent et plus de 600.000 avaient été déplacées.

txw/amu/al/md/cpy

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AUG 10

Kenya: le dépouillement de l'élection se poursuit, sur fond d'abstention en hausse #

Les Kényans attendaient mercredi les résultats des élections générales de la veille, marquées par une hausse de l'abstention, pour savoir qui sortira vainqueur d'un duel s'annonçant serré entre le vétéran Raila Odinga et le vice-président sortant William Ruto.

Sur fond de désillusion envers la classe politique et de flambée du coût de la vie, environ 65% des 22,1 millions d'électeurs se sont rendus aux urnes pour élire président, députés et élus locaux selon la Commission électorale indépendante (IEBC). Une forte chute par rapport à la participation de 78% aux précédentes élections en 2017.

"Les gens ne sont pas venus (voter) comparé au passé parce qu'ils y a eu de fausses promesses" pendant des années, a déploré auprès de l'AFP Anthony Kemboi, un étudiant de 24 ans vivant à Eldoret (ouest).

Selon les premières estimations des télévisions, Raila Odinga, 77 ans, leader historique de l'opposition désormais soutenu par le pouvoir, et William Ruto, 55 ans, qui fait figure de challenger, sont au coude à coude. Les deux autres candidats en lice ne devraient pas obtenir plus de quelques pour cent.

Si aucun des deux favoris ne recueille plus de 50% des voix, le Kenya connaîtra pour la première fois un second tour à la présidentielle.

MM. Odinga et Ruto ont tout deux assuré durant la campagne qu'ils reconnaîtraient les résultats. Mais le pays redoutait mercredi d'être une nouvelle fois happé dans une saga post-électorale dont il est familier, tous les scrutins ayant été contestés depuis 2002 dans ce pays considéré comme un point d'ancrage démocratique en Afrique de l'Est.

La présidentielle d'août 2017 avait été invalidée par la justice pour "irrégularités", puis reprogrammée, écornant la réputation de l'IEBC et prolongeant un processus marqué par des dizaines de morts dans des répressions policières.

Et surtout, en 2007-2008, la contestation des résultats par M. Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires ayant fait plus de 1.100 morts.

- Pression -

La pression s'accroît donc sur la commission électorale, qui doit déclarer les résultats au plus tard le 16 août. Ses agents travaillent d'arrache-pied pour dépouiller les millions de bulletins et dissiper les craintes de truquage.

"Nous faisons tout notre possible pour que le processus soit accompli le plus tôt possible", a déclaré mercredi Wafula Chebukati, président de l'IEBC.

L'attente durera d'autant plus que mercredi quelques Kényans votaient encore dans deux circonscriptions où des bureaux de vote n'ont pu ouvrir à temps mardi, en raison de problèmes techniques notamment.

Après le dépouillement manuel dans le bureau de vote, les résultats sont transmis électroniquement à l'échelon de la circonscription pour être compilés, puis au niveau national pour aboutir au résultat final.

Les procès-verbaux dressés dans chaque bureau de vote doivent également être authentifiés après avoir été transmis sous forme de photo.

"Ce n'est pas un processus rapide", a commenté depuis Eldoret Gabrielle Lynch, professeure à l'Université de Warwick (Grande-Bretagne). Les documents doivent être "traités, comptabilisés, recoupés" à Nairobi, "cela prendra au moins quelques jours".

- "Aucun changement" -

Poids lourd économique de 50 millions d'habitants, le Kenya a été durement touché par les conséquences de la pandémie, puis de la guerre en Ukraine et d'une sécheresse record. Le pays connaît actuellement une flambée du coût de la vie.

Les promesses de campagne de MM. Odinga et Ruto - deux puissants et riches hommes d'affaires -, axées sur le pouvoir d'achat et la lutte contre la corruption, n'ont pas nécessairement convaincu la population qui, pour environ un tiers, vit dans la pauvreté.

"Je n'ai même pas voté parce que je m'en fiche, parce que ce sont les mêmes vieux qui racontent les mêmes vieilles histoires et ils ne font rien pour nous", a estimé Caroline Mwangi, 31 ans, serveuse dans un restaurant de Nairobi.

Odinga comme Ruto ont notamment promis un avenir économique plus radieux pour les jeunes, les moins de 34 ans représentant les trois quarts de la population mais étant particulièrement touchés par le chômage.

A Kisumu, Eldoret, tout comme dans la capitale, la vie n'avait pas encore repris son cours normal, des magasins restaient fermés et les rues semblaient en partie endormies. La présence policière était discrète.

"De manière générale, l'atmosphère politique a été neutre en quelque sorte, et donc la tension est moins intense", résume Benson Juma, un travailleur social de 38 ans d'Eldoret. "Je sais que la paix prévaudra".

al-bur/md/cpy

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AUG 10

Kenya: après le calme de l'élection, l'attente des résultats #

8/10/2022, 9:42 AM
Nairobi, KEN

Les Kényans attendaient avec impatience mercredi les résultats des élections tenues la veille dans le calme, pour savoir qui du vétéran Raila Odinga ou du vice-président sortant William Ruto sera leur prochain président.

Ces deux favoris, sur les quatre candidats en lice, ont assuré durant la campagne qu'ils reconnaîtraient les résultats. Mais le pays redoutait mercredi d'être une nouvelle fois happé dans une saga post-électorale dont il est familier, tous les scrutins ayant été contestés depuis 2002 dans ce pays d'Afrique de l'Est considéré comme un point d'ancrage démocratique dans la région.

A Kisumu (ouest), les magasins sont fermés le long de la principale rue commerçante. Aux coins des rues, les débats vont bon train, la presse du jour est épluchée. "Les résultats (provisoires) sont au coude à coude, donc on ne sait jamais", commente Koga Edward, 65 ans.

A Eldoret, une ville de la vallée du Rift (ouest) où une discrète présence policière est visible, Hillary Cheplong, 36 ans, un agent de la sécurité sociale, est impatient de connaître les résultats. "Je veux un président que j'ai élu pour qu'il puisse changer le coût de la vie, l'économie et améliorer la vie de beaucoup de gens".

A moins qu'un des candidats ne recueille plus de 50% des voix et soit directement élu, les deux candidats qui arriveront en tête s'affronteront lors d'un second tour dans les 30 jours suivants, ce qui serait une première au Kenya.

La pression s'accroît donc sur la Commission électorale indépendante (IEBC), qui doit déclarer les résultats au plus tard le 16 août. Ses agents travaillent d'arrache-pied pour dépouiller les millions de bulletins pour certains encore précieusement enfermés dans des urnes en plastique, et dissiper les craintes de truquage.

Après le dépouillement manuel dans le bureau de vote, les résultats sont transmis électroniquement à l'échelon de la circonscription pour être compilés, puis au niveau national pour aboutir au résultat final.

"Nous nous efforçons de terminer" le dépouillement et la vérification des résultats "dès que possible", a déclaré mardi soir le président de l'IEBC, Wafula Chebukati, prévenant toutefois que les Kényans devraient s'armer de patience.

L'IEBC, d'autant plus sous pression qu'elle a déjà été lourdement critiquée en 2017, devra aussi s'expliquer sur les défaillances technologiques et autres incidents survenus depuis lundi et qui ont notamment entraîné l'annulation de six scrutins locaux.

- "Aucun changement" -

Les Kényans se sont rendus aux urnes pour choisir le successeur d'Uhuru Kenyatta, membre de l'influente communauté kikuyu au pouvoir depuis 2013, mais aussi leurs parlementaires, gouverneurs et élus locaux.

La journée du vote a été "relativement calme et pacifique", selon la police.

Malgré les longues queues qui s'étiraient dans la matinée, la participation semblait dans certaines régions à la baisse. Sur les 22,1 millions d'électeurs, un peu plus de la moitié avaient voté à 16H00 (13H00 GMT).

Deux favoris se sont dégagés dans la course à la présidentielle.

Le premier, Raila Odinga, 77 ans et membre de l'ethnie luo, était un opposant historique jusqu'à 2018 et son rapprochement avec Kenyatta, un pacte surprenant mais typique de la très versatile politique kényane.

Le second, William Ruto, homme d'affaire sulfureux de 55 ans, un Kalenjin qui se présente en opposition aux "dynasties" incarnées par MM. Kenyatta et Odinga, héritiers de deux familles au coeur de la politique kényane depuis l'indépendance en 1963.

Leurs promesses de campagne, axées sur le pouvoir d'achat et la lutte contre la corruption, n'ont pas nécessairement convaincu des Kényans qui, pour environ un tiers d'entre eux, vivent dans la pauvreté.

"Je n'ai même pas voté parce que je m'en fiche, parce que ce sont les mêmes vieux qui racontent les mêmes vieilles histoires et ils ne font rien pour nous", a estimé Caroline Mwangi, 31 ans, serveuse dans un restaurant de Nairobi.

En 2017, la participation frôlait les 80%. Mais la présidentielle d'août 2017 avait été invalidée par la justice pour "irrégularités", puis reprogrammée, écornant la réputation de l'IEBC.

Depuis, les alliances politiques ont changé. Mais la corruption est restée endémique et les effets de la pandémie, de la guerre en Ukraine et de la sécheresse en cours sont venus accentuer des inégalités déjà criantes et dominer la campagne. Cette flambée du coût de la vie pourrait aussi avoir supplanté le traditionnel vote tribal dans l'isoloir, selon certains analystes.

Odinga comme Ruto ont notamment promis un avenir économique plus radieux pour les jeunes, les moins de 34 ans représentant les trois quarts de la population mais étant particulièrement touchés par le chômage.

al-bur/md/jhd

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AUG 10

Kenya: après le calme de l'élection, l'attente fébrile des résultats #

Les Kényans attendaient fébrilement mercredi les résultats des élections tenues la veille dans le calme, pour savoir qui du vétéran Raila Odinga ou du vice-président sortant William Ruto sera leur prochain président.

Ces deux favoris, sur les quatre candidats en lice, ont assuré qu'ils reconnaîtraient les résultats. Mais le pays redoutait mercredi d'être une nouvelle fois happé dans une saga post-électorale dont il est familier, tous les scrutins ayant été contestés depuis 2002 dans ce pays d'Afrique de l'Est considéré comme un point d'ancrage démocratique dans la région.

A moins qu'un des candidats ne recueille plus de 50% des voix et soit directement élu, les deux candidats qui arriveront en tête s'affronteront lors d'un second tour dans les 30 jours suivants.

La pression s'accroît donc sur la Commission électorale indépendante (ICBC), qui doit déclarer les résultats au plus tard le 16 août.

Ses agents ont travaillé d'arrache-pied toute la nuit, sous l'oeil de milliers d'observateurs, pour poursuivre le dépouillement et dissiper les craintes de truquage.

A 06H00 (03H00 GMT), plus de 90% des formulaires de résultats à la présidentielle avaient été reçus et les deux poids-lourds semblaient au coude à coude.

Le processus pourrait cependant être long avant les résultats définitifs, et l'IEBC a prévenu dès mardi soir que les Kényans devraient s'armer de patience.

"Nous nous efforçons de terminer" le dépouillement et la vérification des résultats "dès que possible", a déclaré le président de l'IEBC, Wafula Chebukati.

L'IEBC, d'autant plus sous pression qu'elle a déjà été incriminée pour des irrégularités lors du scrutin de 2017, devra aussi s'expliquer sur les défaillances technologiques et autres incidents survenus depuis lundi et qui ont notamment entraîné l'annulation de six scrutins locaux.

- "Aucun changement" -

Les Kényans se sont rendus aux urnes pour choisir le successeur d'Uhuru Kenyatta -- membre de l'influente communauté kikuyu au pouvoir depuis 2013, mais aussi leurs parlementaires, gouverneurs et élus locaux.

La journée du vote a été "relativement calme et pacifique", selon la police.

Malgré les longues queues qui s'étiraient dans la matinée, souvent avant l'aube, la participation semblait dans certaines régions à la baisse. Sur les 22,1 millions d'électeurs, un peu plus de la moitié avaient voté à 16H00 (13H00 GMT).

Deux favoris se sont dégagés dans la course à la présidentielle.

Le premier, Raila Odinga, 77 ans et membre de l'ethnie luo, est le leader de l'opposition soutenu depuis 2018 par le parti de Kenyatta, lors d'un rapprochement surprenant mais typique de la très versatile politique kényane.

Le second, William Ruto, homme d'affaire sulfureux de 55 ans, un Kalenjin qui se présente en opposition aux "dynasties" incarnées par MM. Kenyatta et Odinga, héritiers de deux familles au coeur de la politique kényane depuis l'indépendance en 1963.

Leur promesses de campagne, axée sur le pouvoir d'achat et la lutte contre la corruption, n'ont pas nécessairement convaincu des Kényans qui, pour environ un tiers d'entre eux, vivent dans la pauvreté.

"Nous avons des élections, nous obtenons des promesses mais nous ne voyons aucun changement", déplorait George Otieno Henry, un artisan de 56 ans. "J'espère que cette fois, ce sera mieux", plaidait-il depuis Kibera, un immense bidonville de Nairobi.

En 2017, la participation frôlait les 80%. Mais la présidentielle d'août 2017 avait été invalidée par la justice pour "irrégularités", puis reprogrammée, écornant la réputation de l'IEBC.

Depuis, les alliances politiques ont changé. Mais la corruption est restée endémique et les effets de la pandémie, de la guerre en Ukraine et de la sécheresse en cours sont venus accentuer des inégalités déjà criantes et dominer la campagne. Cette flambée du coût de la vie pourrait aussi avoir supplanté le traditionnel vote tribal dans l'isoloir, selon des analystes.

Odinga comme Ruto ont notamment promis un avenir économique plus radieux pour les moins de 34 ans, qui représentent les trois quarts de la population mais sont particulièrement touchés par le chômage.

Or, beaucoup parmi eux se détournent d'un jeu politique qu'ils jugent vicié par la corruption. Ils étaient 5% de moins qu'en 2017 à s'être inscrits sur les listes électorales, selon l'IEBC.

al-bur/emd/jhd

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AUG 10

Kenya: après le calme de l'élection, l'attente fébrile des résultats #

Les Kényans attendaient fébrilement mercredi les résultats des élections tenues la veille dans le calme, pour savoir qui du vétéran Raila Odinga ou du vice-président sortant William Ruto sera leur prochain président.

Ces deux favoris, sur les quatre candidats en lice, ont assuré qu'ils reconnaîtraient les résultats. Mais le pays redoutait mercredi d'être une nouvelle fois happé dans une saga post-électorale dont il est familier, tous les scrutins ayant été contestés depuis 2002 dans ce pays d'Afrique de l'Est considéré comme un point d'ancrage démocratique dans la région.

A moins qu'un des candidats ne recueille plus de 50% des voix et soit directement élu, les deux candidats qui arriveront en tête s'affronteront lors d'un second tour dans les 30 jours suivants.

La pression s'accroît donc sur la Commission électorale indépendante (ICBC), qui doit déclarer les résultats au plus tard le 16 août.

Ses agents ont travaillé d'arrache-pied toute la nuit, sous l'oeil de milliers d'observateurs, pour poursuivre le dépouillement et dissiper les craintes de truquage.

A 06H00 (03H00 GMT), plus de 90% des formulaires de résultats à la présidentielle avaient été reçus et les deux poids-lourds semblaient au coude à coude.

Le processus pourrait cependant être long avant les résultats définitifs, et l'IEBC a prévenu dès mardi soir que les Kényans devraient s'armer de patience.

"Nous nous efforçons de terminer" le dépouillement et la vérification des résultats "dès que possible", a déclaré le président de l'IEBC, Wafula Chebukati.

L'IEBC, d'autant plus sous pression qu'elle a déjà été incriminée pour des irrégularités lors du scrutin de 2017, devra aussi s'expliquer sur les défaillances technologiques et autres incidents survenus depuis lundi et qui ont notamment entraîné l'annulation de six scrutins locaux.

- "Aucun changement" -

Les Kényans se sont rendus aux urnes pour choisir le successeur d'Uhuru Kenyatta -- membre de l'influente communauté kikuyu au pouvoir depuis 2013, mais aussi leurs parlementaires, gouverneurs et élus locaux.

La journée du vote a été "relativement calme et pacifique", selon la police.

Malgré les longues queues qui s'étiraient dans la matinée, souvent avant l'aube, la participation semblait dans certaines régions à la baisse. Sur les 22,1 millions d'électeurs, un peu plus de la moitié avaient voté à 16H00 (13H00 GMT).

Deux favoris se sont dégagés dans la course à la présidentielle.

Le premier, Raila Odinga, 77 ans et membre de l'ethnie luo, est le leader de l'opposition soutenu depuis 2018 par le parti de Kenyatta, lors d'un rapprochement surprenant mais typique de la très versatile politique kényane.

Le second, William Ruto, homme d'affaire sulfureux de 55 ans, un Kalenjin qui se présente en opposition aux "dynasties" incarnées par MM. Kenyatta et Odinga, héritiers de deux familles au coeur de la politique kényane depuis l'indépendance en 1963.

Leur promesses de campagne, axée sur le pouvoir d'achat et la lutte contre la corruption, n'ont pas nécessairement convaincu des Kényans qui, pour environ un tiers d'entre eux, vivent dans la pauvreté.

"Nous avons des élections, nous obtenons des promesses mais nous ne voyons aucun changement", déplorait George Otieno Henry, un artisan de 56 ans. "J'espère que cette fois, ce sera mieux", plaidait-il depuis Kibera, un immense bidonville de Nairobi.

En 2017, la participation frôlait les 80%. Mais la présidentielle d'août 2017 avait été invalidée par la justice pour "irrégularités", puis reprogrammée, écornant la réputation de l'IEBC.

Depuis, les alliances politiques ont changé. Mais la corruption est restée endémique et les effets de la pandémie, de la guerre en Ukraine et de la sécheresse en cours sont venus accentuer des inégalités déjà criantes et dominer la campagne. Cette flambée du coût de la vie pourrait aussi avoir supplanté le traditionnel vote tribal dans l'isoloir, selon des analystes.

Odinga comme Ruto ont notamment promis un avenir économique plus radieux pour les moins de 34 ans, qui représentent les trois quarts de la population mais sont particulièrement touchés par le chômage.

Or, beaucoup parmi eux se détournent d'un jeu politique qu'ils jugent vicié par la corruption. Ils étaient 5% de moins qu'en 2017 à s'être inscrits sur les listes électorales, selon l'IEBC.

al-bur/emd/jhd

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AUG 9

Présidentielle au Kenya: dépouillement en cours et appel à la patience avant les résultats #

8/9/2022, 8:08 PM
Nairobi, KEN

Les opérations de dépouillement ont débuté mardi soir au Kenya où les électeurs se sont déplacés dans le calme pour désigner leur nouveau président, sur fond de flambée du coût de la vie et de frustration à l'égard de l'élite politique.

A 22H00 locales (19H00 GMT), soit cinq heures après le scellement des premières urnes, "la majorité des bureaux de vote" étaient fermés, a indiqué la Commission indépendante électorale (IEBC). Seuls restaient ouverts ceux qui avaient dû décaler le début de leurs opérations en raison de problèmes techniques ou de matériel.

L'IEBC a annoncé que 56,1% des 22,1 millions d'électeurs avaient voté à 16H00 (13H00 GMT) et, dans la soirée, elle a appelé "les Kényans à la patience".

L'"exercice rigoureux" de comptage et de vérification des transmissions des résultats sera terminé "aussi vite que possible", a assuré l'IEBC qui a jusqu'au 16 août pour annoncer les résultats.

Les Kényans ont voté pour désigner le successeur du président Uhuru Kenyatta, en poste depuis 2013 mais empêché constitutionnellement de briguer un troisième mandat. Mais aussi pour élire leurs députés et élus locaux.

Les résultats de la présidentielle s'annoncent serrés entre les deux principaux candidats: Raila Odinga, 77 ans, vétéran de l'opposition soutenu par le pouvoir, affronte William Ruto, 55 ans, vice-président qui fait figure de challenger.

Dans ce pays marqué par la suspicion de fraudes, des sources diplomatiques ont pointé l'enjeu crucial de la rapidité dans la publication des résultats.

L'issue de scrutin est d'autant plus scrutée que le Kenya a été secoué dans le passé par des contestations et violences post-électorales, et que le pays, moteur économique en Afrique de l'est, est considéré comme un îlot démocratique dans une région instable.

- démocratie qui "fonctionne" -

Des milliers d'observateurs ont été déployés mardi, par les candidats mais aussi par la société civile kényane et des organisations internationales. Ivan Stefanec, chef de la mission d'observation de l'Union européenne, a constaté dans la matinée qu'il y avait "beaucoup beaucoup de gens qui faisaient la queue patiemment", signe selon lui que "la démocratie fonctionne".

Les longues files d'attente s'étaient formées avant l'aube et l'ouverture des bureaux de vote à 06H00 (03H00 GMT), souvent pleines d'enthousiasme pour cette élection "différente des autres", "calme et paisible", selon les termes de Joyce Kosgei, 52 ans, électrice à Kosachei, un village de la vallée du Rift.

Festive à Kisumu (ouest), un bastion d'Odinga, l'ambiance est restée calme ailleurs, notamment à Nairobi où les rues habituellement animées étaient presque désertes pour cette journée déclarée fériée.

- Nouvelle ère -

Si aucun des deux adversaires, qui se connaissent bien pour avoir été alliés dans le passé, n'obtient plus de 50% des voix, le Kenya connaîtra pour la toute première fois un second tour dans une élection présidentielle.

Quelle que soit l'issue, le nouveau président marquera l'histoire en n'appartenant pas à la communauté kikuyu, la première du pays, qui contrôle le sommet de l'Etat depuis vingt ans et dont est issu le sortant.

M. Odinga, allié à Kenyatta depuis un pacte surprise en 2018, est un Luo tandis que M. Ruto est un Kalenjin - deux autres importantes communautés.

Alors que le Kenya est historiquement marqué par le vote tribal, certains experts estiment que ce facteur pourrait s'estomper face aux enjeux économiques, tant la flambée du coût de la vie domine les esprits des quelque 50 millions d'habitants.

La corruption endémique, mais aussi les effets de la pandémie, de la guerre en Ukraine et de la sécheresse en cours sont venus accentuer les inégalités.

Face aux Kényans qui manifestaient en juillet scandant "pas de nourriture, pas d'élections", William Ruto a martelé son ambition de "réduire le coût de la vie", Raila Odinga celle de faire du Kenya "une économie dynamique et mondiale".

- Kits électroniques -

Historiquement, la composante ethnique a nourri les conflits électoraux, comme en 2007-2008 quand la contestation des résultats par M. Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires faisant plus de 1.100 morts.

En 2017, des dizaines de personnes étaient mortes dans la répression de manifestations.

Mardi, la police a indiqué dans la soirée n'avoir recensé aucun "incident majeur" lors de cette journée qui, selon elle, s'est déroulée de manière "relativement calme et pacifique".

La Commission électorale, soumise à une pression extrême car largement critiquée en 2017 après l'annulation de la présidentielle pour "irrégularités", a elle admis des incidents, notamment des défaillances de kits biométriques qu'elle utilise pour l'identification des électeurs, dans 200 bureaux de vote sur un total de 46.000.

"La logistique a été un peu difficile", a reconnu Marjan Hussein, patron de l'IEBC, mais "nous nous en sortons bien".

Une décision de justice tombée lundi n'a pas aidé selon lui à faciliter le processus. Elle concernait l'utilisation des registres manuels en cas de problèmes électroniques, un point déjà au coeur des critiques mardi soir.

md-al-bur/blb

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AUG 9

Le Kenya a voté pour la présidentielle sur fond de flambée du coût de la vie #

8/9/2022, 2:59 PM
Nairobi, KEN

Les bureaux de vote ont commencé à fermer mardi au Kenya à l'issue d'une journée électorale pour désigner un nouveau président qui s'est majoritairement déroulée dans le calme, sur fond de flambée du coût de la vie et d'un certain désenchantement vis-à-vis de l'élite politique.

A 17H00 (14H00 GMT), le scellement des urnes a débuté dans certains des 46.000 bureaux de vote du territoire. Ailleurs, les électeurs encore dans les files d'attente avaient toutefois le droit de glisser leurs bulletins, de même que ceux ayant fait face à des retards ou à des perturbations.

Au total, 22,1 millions d'électeurs devaient voter six fois (élisant leur président, mais aussi leurs députés et élus locaux) pour déterminer l'avenir politique de ce pays, locomotive économique d'Afrique de l'est et considéré comme un îlot démocratique dans une région instable - mais qui fut lui même le théâtre de violences et de contestations électorales.

Pour la présidentielle, le duel s'annonce serré entre les deux principaux candidats, des figures du paysage politique. Raila Odinga, 77 ans, vétéran de l'opposition soutenu par le pouvoir, affronte William Ruto, 55 ans, vice-président qui fait figure de challenger.

"Cette élection est différente des autres, elle est calme et paisible", affirme Joyce Kosgei, 52 ans, électrice à Kosachei, un village de la vallée du Rift, une région qui fut autrefois à l'épicentre de troubles.

Festive à Kisumu (ouest), un bastion d'Odinga, l'ambiance était calme ailleurs, notamment à Nairobi où les rues habituellement animées étaient presque désertes en ce jour déclaré férié.

A travers ce pays où le vote est traditionnellement matinal, de longues files d'attente s'étaient formées avant l'aube et l'ouverture des bureaux de vote à 06H00 (03H00 GMT).

Parmi les milliers d'observateurs déployés, Ivan Stefanec, chef de la mission d'observation de l'Union européenne, a constaté qu'il y avait "beaucoup beaucoup de gens qui faisaient la queue patiemment", signe selon lui que "la démocratie fonctionne".

Dans l'après-midi, l'attente semblait moins longue.

La Commission électorale a annoncé que 56,1% des électeurs avaient voté à 16H00 locales (13H00 GMT).

- Nouvelle ère -

Si aucun des deux adversaires, qui se connaissent bien pour avoir été alliés dans le passé, n'obtient plus de 50% des voix, le Kenya connaîtra pour la toute première fois un second tour dans une élection présidentielle.

Quelle que soit l'issue, le nouveau président marquera l'histoire en n'appartenant pas à la communauté kikuyu, la première du pays, qui contrôle le sommet de l'Etat depuis vingt ans et dont est issu le sortant Uhuru Kenyatta - que la Constitution empêchait de se représenter après deux mandats.

M. Odinga, allié à Kenyatta depuis un pacte surprise en 2018, est un Luo tandis que M. Ruto est un Kalenjin - deux autres importantes communautés.

Dans ce pays historiquement marqué par le vote tribal, certains experts estiment que ce facteur pourrait s'estomper face aux enjeux économiques, tant la flambée du coût de la vie domine les esprits des quelque 50 millions d'habitants.

La pandémie, puis la guerre en Ukraine ainsi qu'une sécheresse record, ont durement touché ce poids lourd du continent, qui malgré une croissance dynamique (7,5% en 2021) reste très corrompu et inégalitaire.

William Ruto a martelé son ambition de "réduire le coût de la vie". Raila Odinga a promis de faire du Kenya "une économie dynamique et mondiale".

- Kits électroniques -

Historiquement, la composante ethnique a nourri les conflits électoraux, comme en 2007-2008 quand la contestation des résultats par M. Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires faisant plus de 1.100 morts. Quinze ans ont passé depuis ces violences mais leur spectre continue de planer.

En 2017, des dizaines de personnes étaient mortes dans la répression de manifestations.

"Les gens ne devraient pas perturber (le vote). Votez, rentrez chez vous et détendez-vous", a appelé à Kibera Ibrahim Ahmed Hussein, étudiant de 23 ans.

De rares incidents ont été signalés à travers le pays, où quelque 150.000 officiers de sécurité ont été déployés. Une manifestation a été dispersée au gaz lacrymogène dans le comté de Nakuru (ouest) tandis que l'élection a été reportée en raison de coups de feux la veille dans une circonscription de Wajir (est), près de la Somalie.

La Commission électorale, soumise à une pression extrême car largement critiquée en 2017, a elle admis des défaillances de kits biométriques qu'elle utilise pour l'identification des électeurs, dans 200 bureaux de vote sur un total de 46.000.

"Il ne s'agit pas d'une défaillance étendue. Les technologies tombent en panne et quand c'est le cas nous avons des moyens de régler ça", a déclaré Justus Nyang'aya, l'un des commissaires.

Dans ce pays marqué par la suspicion de fraudes, des sources diplomatiques ont pointé l'enjeu crucial de la rapidité dans la publication des résultats. La Commission a jusqu'au 16 août pour les annoncer.

md-bur/al/ blb

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AUG 9

Le Kenya élit son président sur fond de flambée du coût de la vie #

8/9/2022, 1:39 PM
Nairobi, KEN

L'élection du prochain président se déroulait majoritairement dans le calme mardi au Kenya , locomotive économique d'Afrique de l'Est frappée par une flambée du coût de la vie, où ce scrutin revêt de forts enjeux.

Le duel s'annonce serré entre les deux principaux candidats à la présidence, des figures du paysage politique. Raila Odinga, 77 ans, vétéran de l'opposition soutenu par le pouvoir, affronte William Ruto, 55 ans, vice-président qui fait figure de challenger.

Les 22,1 millions d'électeurs doivent voter six fois au total - élisant également leurs députés et élus locaux - pour déterminer l'avenir politique de ce pays considéré comme un îlot démocratique dans une région instable, mais qui fut lui même le théâtre de violences et de contestations électorales.

"Cette élection est différente des autres, elle est calme et paisible", affirme Joyce Kosgei, 52 ans, électrice à Kosachei, un village de la vallée du Rift, une région qui fut autrefois à l'épicentre de troubles.

Festive à Kisumu (ouest), un bastion d'Odinga, l'ambiance était calme ailleurs, notamment à Nairobi où les rues habituellement animées étaient presque désertes en ce jour déclaré férié.

A travers ce pays où le vote est traditionnellement matinal, de longues files d'attente s'étaient formées avant l'aube, dans la pénombre, devant les bureaux de vote ouverts entre 06H00 et 17H00 (03H00 et 14H00 GMT). L'attente semblait moins longue dans l'après-midi.

"Lors de ma visite dans des bureaux de vote ce matin, il y avait beaucoup beaucoup de gens qui faisaient la queue patiemment. Cela montre que la démocratie fonctionne", s'est félicité Ivan Stefanec, chef de la mission d'observation de l'Union européenne.

La Commission électorale a annoncé que 30% des 22,1 millions d'électeurs avaient voté à midi.

Parmi eux, le fervent chrétien William Ruto a glissé son bulletin dans l'urne après une courte prière à Kosachei, suivi quelques heures plus tard par un Raila Odinga tout de bleu vêtu - couleur de son parti - à Kibera.

- Nouvelle ère -

Si aucun des deux adversaires, qui se connaissent bien pour avoir été alliés dans le passé, n'obtient mardi plus de 50% des voix, le Kenya connaîtra pour la toute première fois un second tour dans une élection présidentielle.

Quelle que soit l'issue, le nouveau président marquera l'histoire en n'appartenant pas à la communauté kikuyu, la première du pays, qui contrôle le sommet de l'Etat depuis vingt ans et dont est issu le sortant Uhuru Kenyatta - que la Constitution empêchait de se représenter après deux mandats.

M. Odinga, allié à Kenyatta depuis un pacte surprise en 2018, est un Luo tandis que M. Ruto est un Kalenjin - deux autres importantes communautés.

Dans ce pays historiquement marqué par le vote tribal, certains experts estiment que ce facteur pourrait s'estomper cette année face aux enjeux économiques, tant la flambée du coût de la vie domine les esprits des quelque 50 millions d'habitants.

La pandémie, puis la guerre en Ukraine ainsi qu'une sécheresse record, ont durement touché ce poids lourd du continent, qui malgré une croissance dynamique (7,5% en 2021) reste très corrompu et inégalitaire.

William Ruto, qui s'érige en défenseur des "débrouillards", a martelé son ambition de "réduire le coût de la vie".

M. Odinga a lui promis de faire du Kenya "une économie dynamique et mondiale", composée d'une seule "grande tribu".

- Kits électroniques -

Historiquement, la composante ethnique a nourri les conflits électoraux, comme en 2007-2008 quand la contestation des résultats par M. Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires faisant plus de 1.100 morts.

Quinze ans ont passé depuis ces violences mais leur spectre continue de planer.

En 2017, des dizaines de personnes étaient mortes dans la répression de manifestations.

"Les gens ne devraient pas perturber (le vote). Votez, rentrez chez vous et détendez-vous", a appelé à Kibera Ibrahim Ahmed Hussein, étudiant de 23 ans portant une traditionnelle tunique blanche et des écouteurs aux oreilles.

De rares incidents ont été signalés à travers le pays, où quelques 150.000 officiers de sécurité ont été déployés. Une manifestation a été dispersée au gaz lacrymogène dans le comté de Nakuru (ouest) tandis que l'élection a été reportée en raison de coups de feux la veille dans une circonscription de Wajir (est), près de la Somalie.

La Commission électorale, soumise à une pression extrême car largement critiquée en 2017, a elle admis des défaillances de kits biométriques qu'elle utilise pour l'identification des électeurs, dans 200 bureaux de vote sur un total de 46.000.

"Il ne s'agit pas d'une défaillance étendue. Les technologies tombent en panne et quand c'est le cas nous avons des moyens de régler ça", a déclaré Justus Nyang'aya, l'un des commissaires.

Dans ce pays marqué par la suspicion de fraudes, des sources diplomatiques ont pointé l'enjeu crucial de la rapidité dans la publication des résultats. La Commission a jusqu'au 16 août pour les annoncer, mais elle pourrait le faire plus tôt.

md-bur/al/blb

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AUG 9

"Votez, rentrez chez vous et détendez-vous", plaident les électeurs au Kenya #

8/9/2022, 12:05 PM
Kisumu, KEN

Qu'importe l'attente, le froid matinal ou le soleil de midi, les Kényans votaient mardi, des rives du lac Victoria aux bidonvilles de Nairobi, animés par l'espoir d'un scrutin "libre et équitable" et qui portera au pouvoir un président capable d'améliorer leurs conditions de vie.

Dans la vallée du Rift, terre natale du candidat William Ruto, l'ambiance est sereine et tranquille, à l'image de la campagne. Il y a bien des policiers à l'entrée des bureaux de vote, équipés de longues matraques ou de fusils, mais les tensions et violences qui ont accompagné les précédents scrutins semblent lointaines.

Dans le calme, une partie des 22,1 millions d'électeurs attendent dans le calme, déterminés à peser lors de ces élections générales pour élire leurs parlementaires, leurs élus locaux mais aussi le cinquième président de la République du Kenya fondée après l'indépendance de 1963.

"Cette élection est différente des autres, elle est calme et paisible", commente Joyce Kosgei, 52 ans et mère de cinq enfants, postée dans la queue devant le bureau de vote de l'école primaire de Kosachei, un village du Rift. Alors que le soleil poursuit sa course, les électeurs troquent leurs shuka - couvertures colorées à carreaux - contre des parapluies.

A quelque 300 km de là, dans le bidonville de Kibera, à Nairobi, aux murs tapissés de portraits sur fond bleu de Raila Odinga, l'autre favori, l'atmosphère est au bain de foule, festive et chargée d'une excitation que même la lenteur ponctuelle du processus n'altère pas.

Ici comme ailleurs, certains kits électroniques utilisés pour identifier les électeurs se montrent capricieux. "Pourquoi est-ce si long?", entend-on parfois dans les files qui s'étirent à travers le pays devant les 46.000 bureaux de vote.

- "Vivre en paix" -

A Kisumu, autre bastion d'Odinga dans l'ouest du pays et baigné d'euphorie, Kenneth Otieno, 24 ans, est fier de montrer l'ongle de son doigt recouvert d'une encre indélébile violette. Il vient juste de déposer dans les urnes en plastique les six grands bulletins de couleur correspondant aux six scrutins convoqués. Il a voté pour la première fois, satisfait d'"appartenir à l'histoire" et il croit au "changement".

Pour beaucoup, ce changement doit passer par l'amélioration du pouvoir d'achat. Car dans ce moteur économique de l'Afrique de l'Est, pourtant porté par une croissance dynamique, nombre de Kényans ont du mal à joindre les deux bouts.

Les prix des aliments de base ont explosé, à commencer par celui de la farine de maïs, utilisé pour fabriquer l'incontournable ugali. Le vote de mardi est donc "important", souligne Nancy Sandi, depuis l'école primaire de Kilimani, un quartier aisé de la capitale, vidée de son agitation habituelle et où nombre de magasins avaient baissé leurs rideaux de fer mardi - déclaré jour férié.

Emmitouflée dans une shuka marron, cette femme de 56 ans sans emploi veut que le chef de l'Etat pour les cinq prochaines années "aide au niveau social tous les citoyens, et pas seulement les membres de sa tribu", explique-t-elle avec une pointe de lassitude. "Nous voulons manger correctement, et vivre en paix".

Perdue comme d'autres électeurs et ne sachant pas dans quel bâtiment est situé son bureau de vote, elle est accompagnée par des assesseurs devant la bonne salle de classe. Là, la devise des élèves, écrite à la main, trône au-dessus du tableau noir: "Travailler dur et fort paiera".

Pourtant au Kenya, la jeunesse qui représente les trois-quarts de la population, peine à s'insérer sur le marché du travail, et 5 millions étaient au chômage, selon des chiffres officiels publiés en 2020.

"Notre pays est aujourd'hui rempli de corruption", déplore Ibrahim Ahmed Hussein, vêtu d'une tunique blanche. "Nous voulons voir du changement pour la nouvelle génération", affirme cet étudiant de 23 ans, écouteurs sur les oreilles. Et de plaider pour une issue pacifique: "Votez, rentrez chez vous et détendez-vous."

bu-al/md/jhd

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AUG 9

Le Kenya a commencé à élire son président, sur fond de flambée du coût de la vie #

Les Kényans ont afflué dès l'aube dans les bureaux de vote pour élire mardi un nouveau président, mais aussi des députés et élus locaux lors de scrutins à forts enjeux pour la locomotive économique d'Afrique de l'Est, frappée par une flambée du coût de la vie.

Les 22,1 millions d'électeurs doivent voter six fois pour déterminer l'avenir politique de ce pays considéré comme un îlot démocratique dans une région instable, mais qui fut aussi le théâtre de graves violences il y a quinze ans.

Le duel s'annonce serré entre les deux principaux candidats à la présidence, des figures du paysage politique. Raila Odinga, 77 ans, vétéran de l'opposition soutenu par le pouvoir, affronte William Ruto, 55 ans, vice-président qui fait figure de challenger.

Depuis le centre financier jusqu'à des bidonvilles de Nairobi, ainsi que dans plusieurs régions du pays, de longues files d'attentes se sont formées dans la pénombre devant les bureaux de vote, qui ouvraient à 06h00 (03h00 GMT).

Le scrutin se déroulait majoritairement dans le calme en cette journée déclarée fériée. L'ambiance était même festive à Kisumu, grande ville de l'Ouest et bastion d'Odinga, où les motos-taxis faisant hurler leur klaxon et les passants leurs vuvuzelas.

"Je suis venue ici à 04h00 (01h00 GMT) du matin pour voter, avec beaucoup d'espoir et de foi", a déclaré dans le centre de Kisumu Clara Otieno Opiyo, une vendeuse de légumes de 35 ans, son fils de 5 ans drapé dans le dos.

Raila Odinga a voté en milieu de matinée dans le bidonville de Kibera, à Nairobi, un autre de ses fiefs, tandis que son adversaire a glissé son bulletin peu après l'ouverture des bureaux dans le village de Kosachei, près d'Eldoret, au coeur de sa natale vallée du Rift.

- Nouvelle ère -

Si aucun des deux adversaires, qui se connaissent bien pour avoir été alliés dans le passé, n'obtient mardi plus de 50% des voix, le Kenya connaîtra pour la toute première fois un second tour dans une élection présidentielle.

Quelle que soit l'issue, le nouveau président marquera l'histoire en n'appartenant pas à la communauté kikuyu, la première du pays, qui contrôle le sommet de l'Etat depuis vingt ans et dont est issu le sortant Uhuru Kenyatta - que la Constitution empêchait de se représenter après deux mandats.

M. Odinga, allié à Kenyatta depuis un pacte surprise en 2018, est un Luo tandis que M. Ruto est un Kalenjin - deux autres importantes communautés.

Dans ce pays historiquement marqué par le vote tribal, certains experts estiment que ce facteur pourrait s'estomper cette année face aux enjeux économiques, tant la flambée du coût de la vie domine les esprits des quelques 50 millions d'habitants.

La pandémie, puis la guerre en Ukraine ainsi qu'une sécheresse record, ont durement touché ce poids lourd du continent, qui malgré une croissance dynamique (7,5% en 2021) reste très corrompu et inégalitaire.

"Nous souffrons tellement à cause de l'inflation. Actuellement nous ne pouvons même pas cuisiner notre aliment de base qui est l'ugali parce qu'il n'y a pas de farine de maïs dans les supermarchés", a déclaré Alice Waithera, assistante sociale de 56 ans et électrice dans le centre financier de Nairobi.

William Ruto, qui s'érige en défenseur des "débrouillards", a martelé son ambition de "réduire le coût de la vie". M. Odinga a lui promis de faire du Kenya "une économie dynamique et mondiale", composée d'une seule "grande tribu".

- Spectre des violences -

Historiquement, la composante ethnique a nourri les conflits électoraux, comme en 2007-2008 quand la contestation des résultats par M. Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires faisant plus de 1.100 morts.

Quinze ans ont passé depuis ces violences mais leur spectre continue de planer.

En 2017, des dizaines de personnes étaient mortes dans la répression de manifestations, après une nouvelle contestation par M. Odinga des résultats du vote - finalement annulé par la Cour suprême dans une décision historique.

"Le vote ne doit pas être une question de vie ou de mort, il est grand temps que le Kenya réalise que le vote est comme les autres exercices. Dans chaque compétition, il y a un gagnant et un perdant", a déclaré à Eldoret Hussein Kassim, un exportateur de carburants de 35 ans.

Excepté un impressionnant flux de désinformation sur les réseaux sociaux, la campagne fut globalement paisible. Quelque 150.000 officiers doivent cependant être déployés à travers le pays.

Mardi matin, quelques rares cas de perturbations liées à l'usage des kits biométriques d'identification des électeurs ont été signalées notamment à Nairobi.

Des sources diplomatiques ont affirmé à l'AFP avoir bon espoir que le calme prévaudrait mardi mais ont insisté, dans ce pays marqué par la suspicion de fraudes, sur l'enjeu de la rapidité dans la publication des résultats.

La Commission électorale, soumise à une pression extrême, a jusqu'au 16 août pour déclarer les résultats.

Les quelque 46.000 bureaux de vote doivent fermer à 17H00 (14h00 GMT).

md-bur/al/jhd

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LocationNairobi - KEN
Date8/9/2022, 8:38 AM
Country
Kenya
Applies to jurisdiction
Kenya