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Dans les cendres de l'incendie du Caire, la difficile question des églises d'Egypte #

8/17/2022, 8:22 AM
Le Caire, EGY

L'incendie meurtrier d'une petite église d'un quartier populaire du Caire a remis en lumière une question lancinante pour les coptes: celle de leurs lieux de culte dans un pays à écrasante majorité musulmane où ils s'estiment lésés.

Dimanche, quand un générateur en surchauffe a mis le feu à un climatiseur, 200 fidèles assistaient à la messe en l'église d'Abu Sifine, raconte à l'AFP le père Yohanna.

En tout, 41 personnes sont mortes, asphyxiées par la fumée alors que les secours tardaient à venir.

Le père Yohanna a perdu dans l'incendie six proches, dont des jumeaux de cinq ans et leur petit frère de quatre ans.

Règles de sécurité, service d'urgences adéquats, locaux adaptés... Il reste beaucoup à faire, reconnaît le prêtre.

Mais construire ou rénover une église est "devenu plus simple" grâce à une loi votée en 2016, assure-t-il.

L'Etat affirme que ce texte a permis de "légaliser" 1.077 églises et se targue d'être un "modèle multiconfessionnel unique de coexistence et d'unité nationale".

Un argument d'autorité qui permet de taxer les militants qui dénoncent des discriminations à l'encontre des coptes "de comportement anti-patriotique", accuse l'historienne Amy Fallas.

L'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR), l'ONG des droits humains la plus en vue d'Egypte, accuse même cette nouvelle loi d'avoir creusé un peu plus le fossé.

Selon elle, seules 40% des demandes de construction ou de rénovation d'église ont obtenu un accord préliminaire des autorités et 20% un accord définitif.

L'église Abou Sifine incarne ces déboires: nichée dans un immeuble du dédale de ruelles du quartier d'Imbaba, à peine assez large pour laisser passer une voiture, elle n'avait qu'une entrée, rapidement barrée par les flammes, selon les témoins.

Dans les étages, les escaliers étroits qui menaient aux salles pour l'enseignement et autres services proposés par l'église sont rapidement devenus des nasses forçant des fidèles à se "jeter par les fenêtres", a raconté un témoin à l'AFP.

L'église ne faisait "que 120 mètres carrés", a rapporté le pape Tawadros II, chef de l'Eglise copte orthodoxe.

Il faut "la relocaliser dans un espace plus grand", a-t-il plaidé, parce que nombre des 10 à 15 millions de Coptes d'Egypte vivent à Imbaba.

Mais dans une mégalopole de plus de 20 millions d'habitants, la tentation est grande de construire là où il y a de la place: dans la grande banlieue.

"Ce n'est pas pratique", répond le père Yohanna. "Les lieux de culte doivent être proches des zones où habitent" les coptes, majoritairement installés dans les quartiers anciens du centre du Caire.

Tawadros II lui-même --pourtant partisan déclaré du président Abdel Fattah al-Sissi-- l'a reconnu: les coptes doivent souvent faire avec "de petites églises dans des endroits inadéquats", souvent des maisons ou des immeubles des quartiers populaires sans détecteur de fumée ni issue de secours.

Après Abou Sifine, deux autres églises ont été endommagées par des incendies nés de court-circuits.

"A chaque fois, c'est une question de vie ou de mort qui touche de façon disproportionnée des églises de quartiers pauvres", affirme Mme Fallas à l'AFP.

Mais évoquer la discrimination des coptes, qui se plaignent régulièrement d'être tenus à l'écart en Egypte, n'est pas sans risque.

En janvier, neuf coptes sont sortis de trois mois de prison pour avoir réclamé la reconstruction de la seule église de leur village, Ezbet Faragallah, au sud du Caire.

En 2016, l'église Saint Joseph était partie en fumée dans un incendie --"volontaire" selon l'EIPR, alors que les coptes subissaient aussi des attaques d'islamistes radicaux notamment après le renversement par l'armée en 2013 du président islamiste Mohamed Morsi.

Largement endommagée, Saint Joseph a été officiellement démolie en 2021 mais les autorités n'ont toujours pas délivré de permis de reconstruire alors qu'elles devaient répondre, selon la loi de 2016, sous quatre mois.

L'église Abou Sifine d'Imbaba, elle, a obtenu un traitement différent. Avec tous les regards braqués sur les petits cercueils des victimes emportées dimanche par le feu, le génie militaire a annoncé qu'il la rénoverait --sur ordre de M. Sissi en personne.

D'ici là, comme à Ezbet Faragallah, ses fidèles risquent de devoir se contenter d'une maison ou d'un appartement. Ces fameuses "petites églises dans des endroits inadéquats".

bha/sar/sbh/feb

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AUG 16

L'Egypte pleure des enfants morts dans l'incendie d'une église #

8/16/2022, 2:32 PM
Le Caire, EGY

Une messe a réuni mardi au Caire les proches de six enfants d'une même famille, dont des soeurs jumelles et leur frère, morts dans l'incendie dimanche d'une église copte dans la capitale égyptienne, selon un correspondant de l'AFP.

Cet incendie, causé par un court-circuit, a eu lieu lors d'une messe à l'église Abou Sifine, située dans une ruelle étroite d'Imbaba, quartier populaire densément peuplé de la rive gauche du Nil.

D'après les autorités, 41 personnes sont mortes et 14 autres ont été blessées.

"Ma tante Magda et ses filles Mirna et Irina, ainsi que les trois enfants d'Irina" sont morts asphyxiés dans l'incendie, a déclaré à l'AFP Sandy George dans l'Eglise de la vierge Marie, dans le centre du Caire, où se tenait la messe mardi.

Barthina et Mariam, des jumelles, étaient âgées de cinq ans et leur frère Ibram de quatre ans.

Si les autorités n'ont pas dit combien d'enfants avaient péri dans le sinistre, un média local a publié la liste de l'hôpital d'Imbaba avec l'identité de dix enfants de moins de 16 ans décédés. Une autre fratrie, des triplés, figure sur cette liste.

Des journalistes de l'AFP ont assisté dimanche aux funérailles de victimes et vu plusieurs cercueils d'enfants.

La "messe du troisième jour", célébrée par les chrétiens d'Egypte, marque la montée de l'âme des défunts vers le ciel, a déclaré l'évêque Martyros dans l'église. "Le pays entier souffre" a-t-il affirmé à l'assemblée.

Mardi, dans une église voisine, un correspondant de l'AFP a vu près de 200 personnes réunies en mémoire du père Abd al-Messih Bekheit, mort alors qu'il essayait de sauver des membres de sa congrégation coincés par les flammes.

D'après des résidents, d'autres personnes ont bravé les flammes et la fumée pour sauver des enfants.

Des témoins du drame ont pointé du doigt les autorités, accusées d'avoir mis plus d'une heure pour réagir, malgré la version officielle.

bha/sar/vl

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AUG 15

Egypte: colère après l'incendie ayant fait 41 morts dans une église du Caire #

Au lendemain de l'incendie ayant coûté la vie à 41 personnes dans une église copte du Caire, les témoins du drame pointent lundi du doigt les autorités égyptiennes, accusées d'avoir mis plus d'une heure pour réagir, malgré la version officielle.

Cet incendie, causé par un court-circuit, s'est déclenché au beau milieu d'une messe à l'église Abou Sifine, coincée dans une ruelle étroite d'Imbaba, quartier populaire densément peuplé de la rive gauche du Nil.

D'après les autorités et l'Eglise copte égyptienne, 41 personnes sont mortes et 14 autres ont été blessées.

Après que plusieurs témoins se sont insurgés contre la lenteur des services d'urgence, arrivés "une heure et demie" plus tard, la colère s'est étendue aux résidents du quartier puis aux réseaux sociaux, les Egyptiens fustigeant la "négligence" des autorités et demandant justice.

Selon un communiqué du ministre de la Santé, Khaled Abdel Ghaffar, "les ambulanciers ont été informés de l'incendie à 8H57" et la première ambulance "est arrivée sur les lieux à exactement 8H59", ce que réfutent des témoins.

"Non, l'ambulance n'est pas arrivée en deux minutes", assure à l'AFP Mina Masry. "Si elle était venue à temps, ils auraient pu sauver des personnes".

Et ce notamment car les victimes sont mortes asphyxiées et non pas brûlées, indique le parquet égyptien, qui note "l'absence de blessures visibles".

D'après les résidents, des personnes ont bravé les flammes et la fumée pour sauver eux-mêmes les enfants.

"Tout le monde portait les enfants hors du bâtiment", raconte Ahmed Reda Baioumy, un voisin. "Mais le feu grandissait et il n'était pas possible d'y retourner plusieurs fois, au risque d'être asphyxié. Selon lui, les pompiers ont été "gênés" par l'étroitesse de la rue dans laquelle se trouve l'église.

Témoin du drame, Sayed Toufik décrit des scènes difficiles: "certains se sont jetés par les fenêtres pour échapper au feu, si vous regardez cette voiture, on voit les traces de l'impact laissé par une personne qui est maintenant hospitalisée, bras et dos cassés".

Dans une vidéo publiée en direct sur Facebook, Moha El Harra, qui a "perdu le fils de son cousin", accuse lui aussi les services d'urgence.

"Je viens de ce quartier, je sais que l'ambulance aurait pu être là en trois minutes, cela leur a pris une heure et demie", accuse le jeune homme.

"Nous voulons simplement que justice soit faite. Le service local des ambulances, les pompiers, la défense civile, tous doivent être tenus responsables", ajoute-t-il.

La lenteur des services ambulanciers et des pompiers n'est pas un cas isolé, d'autant que l'Egypte, dotée d'infrastructures vétustes et mal entretenues, connaît régulièrement des incendies meurtriers dans ses différentes provinces.

Si les autorités n'ont pas confirmé combien d'enfants avaient péri, des journalistes de l'AFP présents aux funérailles dimanche ont vu plusieurs cercueils pour enfants. Un média local a publié une liste de l'hôpital d'Imbaba du Caire avec l'identité de dix enfants de moins de 16 ans décédés.

Lundi déjà, une église avait pris feu à Héliopolis, quartier cossu de l'est du Caire, sans faire de morts ou de blessés.

Les coptes sont la plus importante communauté chrétienne du Moyen-Orient et représentent 10 à 15 des 103 millions d'Egyptiens à majorité musulmane.

bha/bk/sar/awa

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AUG 15

Egypte: colère après l'incendie ayant fait 41 morts dans une église du Caire #

8/15/2022, 10:01 AM
Le Caire, EGY

Au lendemain de l'incendie ayant coûté la vie à 41 personnes dans une église copte du Caire, les témoins du drame pointent lundi du doigt les autorités égyptiennes, accusées d'avoir mis plus d'une heure pour réagir, malgré la version officielle.

Cet incendie, causé par un court-circuit, s'est déclenché au beau milieu d'une messe à l'église Abou Sifine, coincée dans une ruelle étroite d'Imbaba, quartier populaire densément peuplé de la rive gauche du Nil.

D'après les autorités et l'Eglise copte égyptienne, 41 personnes sont mortes et 14 autres ont été blessées.

Après que plusieurs témoins se sont insurgés contre la lenteur des services d'urgence, arrivés "une heure et demie" plus tard, la colère s'est étendue aux résidents du quartier puis aux réseaux sociaux, les Egyptiens fustigeant la "négligence" des autorités et demandant justice.

Selon un communiqué du ministre de la Santé, Khaled Abdel Ghaffar, "les ambulanciers ont été informés de l'incendie à 8H57" et la première ambulance "est arrivée sur les lieux à exactement 8H59", ce que réfutent des témoins.

"Non, l'ambulance n'est pas arrivée en deux minutes", assure à l'AFP Mina Masry. "Si elle était venue à temps, ils auraient pu sauver des personnes".

Et ce notamment car les victimes sont mortes asphyxiées et non pas brûlées, indique le parquet égyptien, qui note "l'absence de blessures visibles".

D'après les résidents, des personnes ont bravé les flammes et la fumée pour sauver eux-mêmes les enfants.

"Tout le monde portait les enfants hors du bâtiment", raconte Ahmed Reda Baioumy, un voisin. "Mais le feu grandissait et il n'était pas possible d'y retourner plusieurs fois, au risque d'être asphyxié. Selon lui, les pompiers ont été "gênés" par l'étroitesse de la rue dans laquelle se trouve l'église.

Témoin du drame, Sayed Toufik décrit des scènes difficiles: "certains se sont jetés par les fenêtres pour échapper au feu, si vous regardez cette voiture, on voit les traces de l'impact laissé par une personne qui est maintenant hospitalisée, bras et dos cassés".

Dans une vidéo publiée en direct sur Facebook, Moha El Harra, qui a "perdu le fils de son cousin", accuse lui aussi les services d'urgence.

"Je viens de ce quartier, je sais que l'ambulance aurait pu être là en trois minutes, cela leur a pris une heure et demie", accuse le jeune homme.

"Nous voulons simplement que justice soit faite. Le service local des ambulances, les pompiers, la défense civile, tous doivent être tenus responsables", ajoute-t-il.

La lenteur des services ambulanciers et des pompiers n'est pas un cas isolé, d'autant que l'Egypte, dotée d'infrastructures vétustes et mal entretenues, connaît régulièrement des incendies meurtriers dans ses différentes provinces.

Si les autorités n'ont pas confirmé combien d'enfants avaient péri, des journalistes de l'AFP présents aux funérailles dimanche ont vu plusieurs cercueils pour enfants. Un média local a publié une liste de l'hôpital d'Imbaba du Caire avec l'identité de dix enfants de moins de 16 ans décédés.

Lundi déjà, une église avait pris feu à Héliopolis, quartier cossu de l'est du Caire, sans faire de morts ou de blessés.

Les coptes sont la plus importante communauté chrétienne du Moyen-Orient et représentent 10 à 15 des 103 millions d'Egyptiens à majorité musulmane.

bha/bk/sar/awa

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Infobox
LocationLe Caire - EGY
Date8/15/2022, 10:01 AM
Wikidata
Number of injured
41 (8/15/2022, 10:01 AM)
Number of deaths
41 (8/15/2022, 10:01 AM)