Incendies: les pompiers français et européens sur tous les fronts #
Du sud-ouest à la Bretagne, les pompiers français, désormais épaulés par les renforts en moyens humains et matériels de plusieurs pays européens, poursuivaient leur combat acharné contre le feu vendredi, journée marquant le pic de la troisième vague caniculaire de l'été.
Un mois jour pour jour après les deux incendies "hors normes" de Gironde à Landiras et la Teste-de-Buch, 1.100 pompiers poursuivaient leur combat contre une reprise de feu près de Landiras, autour de Hostens, Saint-Magne et Belin-Béliet.
Ils ont commencé à être épaulés "dès l'aube", selon les autorités, de pompiers allemands puis roumains, têtes de pont d'un contingent de 361 soldats du feu également polonais ou autrichiens.
Sur la base aérienne de Mérignac, près de Bordeaux, ce sont également deux Canadair italiens et 2 Canadair grecs qui sont arrivés dans la matinée et pour certains, ont entamé immédiatement leur mission sur la forêt des Landes de Gascogne.
"Nous sommes contents parce qu'on sait qu'on vous aide, les amis", dit le commandant Anastasis Sariouglou, 36 ans, qui effectue sa première mission en France, "joindre nos forces est un plus. On le voit chaque année en Grèce, on le voit maintenant en France", a-t-il ajouté en arrivant à Mérignac.
A Hostens, où le PC avait pris des airs d'auberge espagnole, le chef de détachement le colonel roumain Cristian Buhaiànu assurait que ses 77 pompiers - uniformes à bretelles rouges, casquettes et camions floqués +pompierii + - étaient "prêts à partir sur le terrain".
Selon un dernier bilan vendredi matin, le feu n'a pas connu de "progression significative" dans la nuit, se maintenant à 7.400 ha de surfaces brûlées depuis mardi. Aucune autre évacuation supplémentaire n'a été ordonnée depuis les 10.000 les jours précédents.
En France, trois fois plus d'hectares ont brûlé que la moyenne annuelle des dix dernières années, et l'année est record dans l'Union européenne depuis le début des relevés en 2006.
Même le Jura, au climat normalement plus modéré, est frappé: depuis mardi, deux incendies ont dévoré environ 660 hectares de forêt dans le sud du département, l'un "fixé", l'autre dont la progression a été ralentie.
A l'ouest de la France près de Rennes un incendie s'est aussi déclaré dans la nuit dans la forêt de Brocéliande qui a déjà détruit 300 hectares de végétation et deux bombardiers d'eau suédois arrivés en renfort aident à le combattre. Le feu s'est déclaré vers une heure du matin sur la commune de Campénéac. Il était "toujours actif" vendredi, selon la préfecture du Morbihan.
En Ardèche un feu a également ravagé 320 hectares depuis mercredi soir et la situation est loin "d'être fixé", ont indiqué les pompiers de la région soulignant que le lieu est difficile d'accès.
Face à cette situation "exceptionnelle", plusieurs grandes entreprises françaises - Carrefour, Orange, EDF et GRDF - ont pris des mesures pour faciliter la libération de leurs employés pompiers volontaires, répondant à l'appel du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
La France souffre d'une troisième vague de chaleur. La nuit de jeudi à vendredi a été chaude, avec plus de 25°C à 5h00 vendredi dans le Gers, le Lot-et-Garonne, la Gironde et la Charente.
Pour Maurin Bérenger, viticulteur à Grezels dans le Lot, la situation est "inédite. On est obligé de s'adapter, on travaille très tôt le matin, voire la nuit. Cette nuit, j'ai commencé à 3h00, et ceux qui ont des salariés commencent à 6h00 pour éviter la chaleur".
Selon Météo-France, dans l'après-midi, les températures maximales devaient afficher de 38 à 40°C en Occitanie, Nouvelle-Aquitaine et Pays-de-la-Loire.
19 départements du sud-ouest au Finistère ont été placés en vigilance orange canicule par Météo-France.
Le seuil des 40°C n'avait été dépassé qu'une fois dans les années 1960 et une fois dans les années 1970 en France. Il est voué à devenir plus fréquent.
Selon Jean-Michel Soubeyroux de Météo-France, l'été 2022 en France s'approche déjà de ce que serait "un été moyen du milieu de siècle" dans un des scénarios pessimistes du réchauffement climatique, dit-il à l'AFP.
A Paris, Caroline Dubois, retraitée de 72 ans, "laisse les fenêtres ouvertes dans tout l'appartement pour qu'il y ait un courant d'air". Stéphanie Ryan, 36 ans, consultante pour une agence de recrutement, pose des "serviettes mouillées" devant son ventilateur, c'est "efficace", dit-elle.
Canicule signifie aussi sécheresse, exceptionnelle dans le pays après un mois de juillet où moins d'un centimètre de pluie est tombé en moyenne. Les nappes phréatiques se vident à un niveau préoccupant, a averti le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).
Il est interdit d'arroser sur une grande partie de la France et 73 préfets ont même interdit les prélèvements d'eau aux agriculteurs sur tout ou partie de leurs départements. Une interdiction pas toujours respectée car sécheresse et canicule amoindrissent les rendements de nombreuses activités agricoles : arboriculture, maraîchage, céréales et même élevage.
La pluie tant attendue, par les pompiers comme par les autres habitants, arrivera par des orages vendredi soir sur les Alpes et les Pyrénées, mais seulement à partir de samedi soir sur le reste de la France.
burs/ff/vk
L'incendie dans la forêt de Brocéliande s'étend, deux avions suédois en action #
Un incendie qui s'est déclaré dans la forêt de Brocéliande à l'ouest de Rennes a déjà détruit plus de 300 hectares de végétation et deux bombardiers d'eau suédois effectuaient des largages pour le combattre, selon la préfecture du Morbihan et les pompiers.
Le feu s'est déclaré vers une heure du matin sur la commune de Campénéac, à une soixantaine de kilomètres à l'ouest de Rennes.
Il n'était "toujours pas fixé" à la mi-journée, a précisé devant la presse le directeur du SDIS du Morbihan, Jean-François Gouy.
"Nous avons un vent qui est tournant, qui est par moment assez fort, donc de nombreuses reprises", a-t-il poursuivi, précisant que le feu progressait "vers l'ouest, vers une zone forestière".
Quatre largages ont été effectués par deux avions Air Tractor AT 802, qui se ravitaillaient en eau dans le Golfe du Morbihan et sur le lac de Ploërmel, a ajouté l'officier.
Les deux avions Air Tractor AT 802 étaient "arrivés hier soir de Suède dans le cadre de la solidarité européenne", avait précisé plus tôt la préfecture dans un communiqué. Ils avaient atterri à l'aérodrome de Vannes.
Cent cinquante personnes ont été "évacuées de façon préventive" de Campénéac, selon le communiqué.
De nombreux véhicules de pompiers circulaient dans le village de Campénéac, a constaté un journaliste de l'AFP sur place.
Plus de 300 pompiers sont engagés, avec des renforts des départements voisins ainsi que de l'école militaire voisine de Saint-Cyr-Coëtquidan.
La forêt de Brocéliande est un haut-lieu de la légende arthurienne, à cheval sur l'est du Morbihan et le sud-ouest de l'Ille-et-Vilaine.
Par ailleurs, en Vendée, un millier de personnes ont été évacuées en pleine nuit à Olonne-sur-Mer, près des Sables d'Olonne, suite à un "feu de broussailles", a annoncé la préfecture de Vendée. Aucun blessé n'est à déplorer et aucune maison détruite, à l'exception d'un cabanon inhabité. Ces personnes ont pu rentrer chez elles à partir de 7H00 du matin.
L'incendie, "d'origine humaine" selon la préfecture, est désormais fixé. Il a détruit 15 ha de végétation et sous-bois.
La France a commencé à recevoir des renforts en avions et pompiers de l'UE ainsi que de cinq pays européens pour faire face aux feux de forêts qui ravagent notamment le sud-ouest du pays.
mcl-mac-mb/et/it
Incendies en Gironde: le réveil de feux "zombies" partiellement en cause #
Ils couvent dans les profondeurs, invisibles avant de se réveiller à la faveur des chaleurs et de la sécheresse : les feux de tourbe ou "feux zombies" sont en partie pointés du doigt pour expliquer la reprise fulgurante des incendies dans le sud de la Gironde et le nord des Landes.
Si le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a désigné la main de possibles incendiaires, autorités et pompiers ont aussi souligné le rôle accélérateur joué par ces feux souterrains qui couvaient depuis juillet.
"Il y a autant de feux qui viennent des feux anciens - la partie visible s'est enterrée et ressort à la faveur d'une météo extrêmement défavorable - que des feux qui peuvent être d'origine criminelle", a indiqué mercredi Martin Guespereau, préfet délégué à la Gironde.
Le feu de Landiras qui a brûlé près de 14.000 ha dans le massif de pins des Landes de Gascogne, était fixé depuis le 29 juillet, mais n'a "jamais été déclaré éteint", selon la préfecture, "il s'était enterré" dans cette tourbe typique de ce secteur.
"Il couvait et ne demandait qu'à repartir", selon le commandant Matthieu Jomain, porte-parole des pompiers qui luttent contre les feux qui ont détruit 7.400 ha depuis mardi en Gironde et dans les Landes.
Parfois nichés à un mètre sous terre, ces feux se consument lentement dans ces sols tourbeux, et sont difficiles à détecter. "C'est très vicieux, c'est un feu sans flamme, comme un charbon qui se consume", illustre Anthony Collin, enseignant-chercheur à l'université de Lorraine et responsable du réseau feu.
En forêt, la tourbe est une accumulation de matière spongieuse inflammable, riche en carbone, qui résulte de la décomposition au fil du temps de la matière végétale.
"Lorsqu'il y a des feux de résineux comme c'est le cas en Gironde, les arbres brûlent, tombent et transmettent le feu aussi sous le couvert végétal le plus bas qui va être au plus proche du sol, et ce feu va pénétrer en profondeur petit à petit dans la tourbe. Et donc ce sont des feux qui vont être compliqués à éteindre", décrit le lieutenant-colonel chez les sapeurs-pompiers, Stéphan Horn, conseiller technique feux de forêt des Yvelines.
En cheminant dans des galeries, ces braises souterraines peuvent ressurgir à la surface ici et là, selon Anthony Collin. Il suffit alors qu'elles rencontrent des conditions météo défavorables, "un apport d'air, du vent", et "un stress hydrique conséquent", "et ça reflamble aussitôt", ajoute le commandant Matthieu Jomain.
"Ca va durer très longtemps en Gironde, vu la surface qui a brûlé, vu la tourbe qui est présente", selon le lieutenant-colonel Stéphan Horn.
La pluie n'est pas attendue avant dimanche. "Mais il faudrait des pluies diluviennes pour que ça nous aide", assure le commandant Jomain.
law-nal/ff/it
Feux de forêt: été record pour les émissions de carbone liées aux incendies en France #
La France a enregistré cet été les émissions de carbone issues de feux de forêt les plus élevées depuis le début des relevés en 2003, a annoncé vendredi le programme européen sur le changement climatique Copernicus.
Les dernières données satellitaires du service de surveillance de l'atmosphère de Copernicus (CAMS), datant de jeudi, montrent que les émissions estimées en France provenant de feux de forêt pour les mois de juin, juillet et août sont les plus élevées depuis 2003, alors que l'Europe connaît une saison dramatique pour les incendies, notamment en Espagne et au Portugal.
Lorsqu'un arbre brûle, la combustion libère du dioxyde de carbone.
Depuis le début de l'année, plus d'un million de tonnes de carbone ont été libérées dans l'atmosphère par les incendies français, très largement au-dessus de la moyenne (un peu plus de 0,5 million de tonnes). A ce rythme, le record sur l'ensemble de l'année 2003 à près d'1,3 million de tonnes pourrait être battu et faire de l'année 2022 la pire depuis le début des relevés.
La canicule dans la péninsule ibérique et le sud-ouest de la France "ont aggravé les incendies", explique Mark Parrington, scientifique de Copernicus.
La haute saison des feux n'étant pas encore terminée, les émissions pour toute l'année 2022 restent pour le moment inférieures à celles observées en 2003, l'année record selon les données du Global Fire Assimilation System (GFAS), qui se base sur des observations par satellites des incendies actifs et de la puissance radiative du feu.
Selon les statistiques consultées vendredi du système européen d'information sur les feux de forêt EFFIS, 60.558 hectares ont brûlé en France depuis janvier, 245.293 hectares en Espagne, et 76.423 hectares au Portugal.
str/ico/it
Incendie en Ardèche: 320 hectares brûlés, le feu "loin d'être fixé" #
Un incendie qui s'est déclenché mercredi soir en Ardèche a ravagé 320 hectares et reste "loin d'être fixé", a-t-on appris vendredi auprès des pompiers.
Situé sur la commune de Lagorce, "l'incendie a brûlé 320 hectares et il est loin d'être fixé car c'est un chantier très difficile d'accès" dans des endroits "très escarpés", a expliqué à l'AFP le lieutenant Jean Jaussaud, chef de salle du Codis (Centre opérationnel d'incendie et de secours).
Quatre soldats du feu ont été légèrement blessés et 250 personnes évacuées à titre préventif jeudi. Elles "ont pu toutes réintégrer leur lieu de résidence jeudi soir", a assuré le préfet de l'Ardèche dans un communiqué.
L'origine du feu n'est pour l'instant pas connue, mais "il y a eu plusieurs mises à feu sur le secteur", selon le lieutenant Jaussaud.
Au total, 240 sapeurs-pompiers et forestiers-sapeurs sont sur le terrain vendredi et espèrent des moyens aériens. Jeudi, trois Canadair, un hélicoptère bombardier d'eau (HBE) et un dash étaient venus en appui.
Fin juillet, l'Ardèche a connu un des plus gros incendies de son histoire récente, avec 1.200 hectares ravagés, mobilisant jusqu'à 600 hommes. Un artisan local de 44 ans suspecté d'avoir mis le feu a été interpellé et mis en examen pour incendie volontaire - un crime passible de 15 ans de prison.
anr/sof/npk
France: face au réchauffement climatique, le vignoble du Nord-Est s'essaie au cépage du Sud #
Planter en Alsace la syrah, cépage traditionnellement présent dans des zones plus torrides, comme la vallée du Rhône, dans le sud de la France, ou l'Australie? C'est le "challenge" tenté par un domaine viticole du nord-est de la France, soucieux de trouver une parade viticole au réchauffement climatique.
A une vingtaine de kilomètres au sud de Colmar, à proximité de la frontière allemande, le Clos Saint Landelin s'étend sur 28 hectares. Ses vignes produisent des vins de pinot noir, crémants, riesling ou gewurztraminer, protégées des vents d'ouest chargés de pluie par les Ballons d'Alsace, deux sommets vosgiens.
Avec une pluviométrie similaire à celle de Montpellier, ville du Sud, "c'est l'endroit le plus sec d'Alsace", explique Thomas Muré, 42 ans, qui gère depuis quelques années, avec sa soeur Véronique, ce vignoble familial.
Un climat sec qui n'a certes rien de nouveau, mais qui se retrouve amplifié par le réchauffement climatique. Comme beaucoup d'autres, la région, déjà peu arrosée, n'a pas reçu une seule goutte de pluie depuis des semaines. Entre les rangs de vigne, la terre ocre, asséchée, s'élève en poussière lorsqu'on la foule.
"Si le changement climatique continue dans cette même direction, qu'est-ce qu'on fait" pour adapter la production viticole et continuer à faire de "grands vins"?, s'interroge Thomas Muré.
Cette question, son père, René Muré, se l'est posée il y a plus d'une dizaine d'années lorsqu'il a constaté "que les dates de vendanges arrivaient de plus en plus tôt", explique l'oenologue.
Il fallait alors trouver le cépage idoine, capable de mûrir "un tout petit peu plus lentement", de supporter la chaleur mais aussi les "hivers froids" alsaciens.
Assez naturellement, la syrah a fini par s'imposer: en France, on retrouve ce cépage dans la vallée du Rhône, mais il est présent aussi en Suisse voisine, Italie, Grèce, Afrique du Sud, au Liban ou encore en Australie, sous le nom de Shiraz.
En 2010, six rangs sont donc plantés sur le domaine, avec l'intention d'en étudier le comportement sur un terroir argilo-calcaire.
Une "expérimentation" tout autant qu'un "challenge" puisqu'il a fallu sacrifier autant de rangs de vigne et donc perdre leur production et les fruits de leurs ventes, explique Thomas Muré.
Douze ans et six millésimes plus tard, le cépage noir donne en moyenne 300 bouteilles par an (soit à peine "0,3%" de la production du domaine), une cuvée pour l'heure confidentielle, commercialisée principalement dans un cercle d'habitués du Clos Saint Landelin, sous la dénomination "Vin de France", sans référence à l'Alsace puisque la syrah n'est pas considérée comme un cépage alsacien, explique M. Muré.
"Au bout de dix ans" d'essais, "on se rend compte que c'est un vin" rouge "agréable à boire", avec un "côté salin et minéral", qui se gardera "dix, vingt ans sans problème", assure le viticulteur.
Il "a tout de suite beaucoup intéressé nos clients", sommeliers ou particuliers, tous curieux de "goûter la première syrah produite en Alsace", explique sa soeur, Véronique Muré, 46 ans.
"Il y a une demande", ce qui "nous a incités à passer" à une "vraie cuvée", avec la plantation "l'hiver dernier" d'une soixantaine d'ares de syrah supplémentaires, soit au total un peu moins de 70 ares, poursuit celle qui gère les aspects commerciaux et administratifs du Clos Saint Landelin.
Ces nouveaux plants devraient donner leur première récolte "d'ici cinq ou six ans", estime-t-elle. "La viticulture, c'est toujours une histoire de patience."
Au début, l'initiative a "surpris" le monde viticole alsacien, reconnaît Thomas, la syrah ne faisant pas partie des sept cépages alsaciens (pinots noir, blanc et gris, riesling, muscat, sylvaner et gewurztraminer).
Pour autant, la profession est très consciente "du changement climatique" et "tout le monde cherche des solutions", poursuit M. Muré. "Une poignée" de viticulteurs alsaciens leur a ainsi emboîté le pas pour planter également de la syrah, sans toutefois se lancer pour l'instant dans la commercialisation, glissent Thomas et Véronique.
Est-ce à dire qu'à terme, la syrah est appelée à se banaliser en Alsace? Difficile de s'avancer. Mais "si le réchauffement (climatique) continue, (...) alors la syrah a sa place en Alsace", veut croire Véronique.
dsa/ha/it/bat
L'Europe vient en aide à la France pour lutter contre les feux #
Des pompiers de plusieurs pays européens se déployaient vendredi sur le terrain pour aider la France à lutter contre plusieurs incendies ravageant des forêts en proie à des vagues de chaleur et une sécheresse historique, dont un gigantesque brasier dans le sud-ouest du pays.
Sur la zone du pire feu de forêt français du moment, près de Landiras, dans le Sud-Ouest, 1.100 sapeurs-pompiers combattent jour et nuit un incendie, épaulés "dès l'aube" selon les autorités, par des pompiers allemands puis roumains.
Ces derniers forment une partie du contingent de 361 soldats du feu, parmi lesquels des Polonais ou Autrichiens, appuyés de Canadair italiens, grecs et suédois, venus en renfort.
Dans un large périmètre autour de Hostens (Gironde), le feu a ravagé en deux jours 7.400 hectares de forêts et forcé 10.000 personnes à quitter leur domicile, parfois pour la seconde fois depuis un mois. En juillet déjà, 14.000 hectares avaient brûlé dans ce secteur.
Si les épaisses fumées se sont dissipées vendredi matin, laissant place à un ciel bleu moutonné de nuages, reste que le feu est "toujours actif" et s'étend sur 40 km, selon le sous-préfet d'Arcachon Ronan Léaustic. L'incendie "n'a pas évolué mais les conditions météorologiques nous incitent à être d'une vigilance extrême".
"La journée (vendredi, Ndlr) risque d'être compliquée puisque les températures continuent à augmenter, et l'hydrométrie continue de baisser", a-t-il ajouté.
Vendredi, les températures sur place devraient atteindre les 37°C, après 41°C jeudi.
Le Jura (Est), au climat normalement plus modéré, est touché à son tour depuis mardi par deux incendies qui ont dévoré environ 660 hectares de forêt.
Et les feux font toujours rage en Isère (centre-est), en Ardèche, dans la Drôme (sud-est)... Sans compter d'innombrables départs de feux plus petits chaque jour du nord au sud.
Un incendie s'est même déclaré dans la nuit dans la forêt de Brocéliande (nord-ouest), un haut lieu de la légende arthurienne, détruisant 230 hectares de végétation. Deux bombardiers d'eau suédois sont arrivés en renfort pour aider à combattre l'incendie, selon les autorités locales.
"Nous sommes tous des pompiers, et nous comprenons la situation. Ca doit être vraiment dur de combattre des feux de cette durée et de telle ampleur", a déclaré Simon Fritz, un pompier professionnel arrivé de Bonn dans le Sud-Ouest.
Sur place, plusieurs habitations évacuées arboraient des témoignages de gratitude - "Merci pour nos maisons" ou "Merci les pompiers" peints sur des draps blancs.
Face à cette situation "exceptionnelle", plusieurs grandes entreprises françaises ont pris des mesures pour faciliter la libération de leurs employés pompiers volontaires, répondant à l'appel du gouvernement.
"On se croirait en Californie, c'est gigantesque... pourtant il y a une culture du feu de forêt" localement, a raconté à l'AFP, les yeux cernés, Rémy Lahay, pompier professionnel depuis 20 ans. "Mais là, on se fait déborder de partout."
La sécheresse qui sévit sur la région et les températures caniculaires, se conjuguant avec un air très sec, créent toujours un "risque très sévère d'éclosion de feu", selon la préfecture.
En tout, plus de 40.000 hectares ont brûlé cette année en France selon le gouvernement, ou 50.000 hectares selon des données satellitaires européennes: c'est dans tous les cas plusieurs fois la moyenne annuelle des 15 années précédentes, comme en Espagne, alors que l'été n'est pas terminé.
Et la pluie n'est pas attendue avant dimanche en France.
Dans le centre du Portugal, même spectacle de désolation: plus de 1.500 pompiers étaient jeudi mobilisés pour venir à bout d'un feu de forêt qui ravage depuis plusieurs jours le parc naturel de la Serra da Estrela, détruisant quelque 10.000 hectares, selon des données européennes.
L'un des effets du changement climatique est que les vagues de chaleur vont se multiplier, s'allonger et s'intensifier.
Les scientifiques estiment qu'en Europe, le nombre de morts liées au stress thermique pourrait doubler, voire tripler, selon l'ampleur du réchauffement de la planète au cours du siècle.
La canicule actuelle en France a commencé le 31 juillet et est la troisième de l'année, après celles de fin juin et de mi-juillet. S'y ajoute un mois de juillet classé comme le mois le plus sec depuis mars 1961.
bur-ico/mlb/roc/bat/at
En forêt sinistrée de La Teste, les bénévoles du feu toujours aux aguets #
Tandis qu'une reprise du feu fait rage en Gironde près de Landiras, frappée en juillet, comme le bassin d'Arcachon, d'un incendie colossal, des bénévoles continuent de chasser la moindre petite étincelle en forêt de La Teste-de-Buch, une aide précieuse pour les pompiers.
La mine désolée, Michel Boigné observe les silhouettes fantomatiques qui se dressent autour de lui, ravagées par un incendie qui a détruit en juillet 7.000 hectares de forêt tout près de la Dune du Pilat. Un décor macabre de pins carbonisés, auquel il peine à s'habituer.
"C'est un champ de bataille, ce que je vois là me fait mal au ventre", constate amèrement ce chasseur de 75 ans, propriétaire de parcelles forestières mais aussi ramasseur de champignons.
Dans la forêt silencieuse, Michel entend les arbres craquer. À ses pieds, le sol tourbé, noir et fumant, crépite encore.
Il rouspète après cet "enchevêtrement de racines et de débris végétaux, jonché de feuilles de chêne et d'aiguilles de pin, qui crâme instantanément et se propage au gré du vent".
Un parterre dorénavant réduit à néant, mais où le feu, sous terre, couve.
Cet ancien mécanicien de la marine est aujourd'hui membre de la Défense des forêts contre les incendies (DFCI), une association qui intervient sur les massifs forestiers et s'est mobilisée lors des feux "hors normes" de juillet, et cette semaine sur celui près de Saint-Magne, à quelques km de Landiras.
En forêt sinistrée de La Teste, une trentaine de courageux - membres de la DFCI ou volontaires - se dispersent depuis quotidiennent pour traquer d'irréductibles fumerons, faisant "gagner un temps précieux aux pompiers", selon Michel Boigné.
A bord d'un 4x4 jaune vif, il emprunte l'un des chemins ouverts par bulldozer la semaine précédente pour faciliter le passage des engins des pompiers et de l'association.
Par la fenêtre, défilent des troncs éventrés et fumants dans des faisceaux de lumière matinale, diffusés par la poussière. Puis un tapis de cendres fraîches, des braises incandescentes, des flammes. Stop.
Sourcils froncés, Michel Boigné met pied à terre puis se dirige vers l'arrière de son 4x4. S'y trouvent une citerne à eau ainsi qu'un tuyau d'arrosage qu'il déroule jusqu'au sinistre. Il arrose un court instant les foyers au plus proche du chemin, puis saisit son téléphone portable.
"La zone est trop étendue. Je ne peux pas traiter ça tout seul, et puis je n'ai que trois minutes d'eau", constate le vétéran, qui signale ce point aux sapeurs-pompiers de La Teste-de-Buch également occupés à sillonner les environs.
La veille, Michel s'était rendu six fois au point d'eau situé à l'orée de la forêt pour remplir sa citerne d'une capacité de 600 litres.
Sonnerie de téléphone. Appelé en renfort par des chasseurs bénévoles qui ratissent la même zone, il les rejoint en quelques minutes après avoir joué de sa tronçonneuse sur un arbre tombé la nuit en travers du passage.
D'immenses troncs sont à terre, un jeu de mikado XXL rongé par les flammes. Pelletées de sable, seaux, pulvérisateurs d'eau : les quatre hommes à la peau et aux habits déjà noircis tentent d'apaiser le brasier, en vain. "On essaye de faire avec les moyens du bord mais là, ça ne suffit pas", confie Jean-Jacques Degraves. Il faut la citerne à eau de Michel.
Dans cette pinède, ce retraité de 65 ans traque le gros gibier depuis des dizaines d'années. "C'est notre patrimoine, et ça fait mal au coeur", dit-il.
À ses côtés, son confrère Denis Isidore s'essuie le front. "Tout ce travail, ça nous prend aux tripes chaque jour de 8h du matin jusqu'à n'en plus pouvoir. Nous, les retraités, bien souvent on ne tient pas toute la journée", sourit-il.
Les yeux clos, il inspire à pleins poumons l'air ambiant qui n'est pas que fumées : "Au moins, il nous reste une chose de la forêt. C'est l'odeur de résine des pins maritimes".
bla/ff/it
Incendie dans la forêt de Brocéliande, deux avions suédois en action #
Un incendie qui s'est déclaré dans la nuit dans la forêt de Brocéliande à l'ouest de Rennes a déjà détruit 230 hectares de végétation et deux bombardiers d'eau suédois arrivés en renfort vont aider à le combattre, a annoncé vendredi la préfecture du Morbihan.
Le feu s'est déclaré vers une heure du matin sur la commune de Campénéac, à une soixantaine de km à l'ouest de Rennes. Il était "toujours actif" vendredi matin, selon cette source.
Les deux avions Air Tractor AT 802 "arrivés hier soir de Suède dans le cadre de la solidarité européenne vont intervenir sur le feu", a précisé la préfecture dans un communiqué. Ils avaient atterri mardi soir à l'aérodrome de Vannes.
Cent cinquante personnes ont été "évacuées de façon préventive" de Campénéac, selon le communiqué.
Environ 200 pompiers sont engagés, avec des renforts des départements voisins ainsi que de l'école militaire voisine de Saint-Cyr-Coëtquidan.
La forêt de Brocéliande est un haut-lieu de la légende arthurienne, à cheval sur l'est du Morbihan et le sud-ouest de l'Ille-et-Vilaine.
La France devait recevoir rapidement des renforts en avions et pompiers de l'UE ainsi que de cinq pays européens pour faire face aux feux de forêts qui ravagent notamment le sud-ouest du pays, avaient annoncé jeudi Emmanuel Macron et la Commission européenne.
mcl/et/sp
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Les feux continuent, un pic de canicule attendu #
Les pompiers français désormais épaulés par des renforts européens en Gironde et dans les Landes poursuivaient vendredi leur combat contre le feu, en un jour qui donne un avant-goût de 2050 : un pic de canicule est attendu entre 38 et 41°C dans le pays.
Sur la zone du pire feu de forêt français du moment, près de Landiras, en Gironde, il devrait encore faire 37°C vendredi, après 41°C jeudi.
1.100 pompiers y combattent jour et nuit, épaulés "dès l'aube" selon les autorités, de pompiers allemands puis roumains formant une partie du contingent de 361 soldats du feu également polonais ou autrichiens, appuyés de Canadair italiens, grecs et suédois, venus en renfort.
Le feu n'a pas connu de "progression significative" dans la nuit de jeudi à vendredi, se maintenant à 7.400 ha de surfaces brûlées depuis mardi. Aucune autre évacuation supplémentaire n'a été ordonnée depuis les 10.000 évacuations les jours précédents, a annoncé depuis Hostens (Gironde) le sous-préfet d'Arcachon Ronan Léaustic lors d'un point presse.
Le sous-préfet s'est néanmoins montré prudent : le périmètre du feu "toujours actif" qui s'étend sur 40 km "n'a pas évolué mais les conditions météorologiques nous incitent à être d'une vigilance extrême".
Vendredi matin néanmoins, les environs d'Hostens respiraient à nouveau, les épaisses fumées se sont dissipées laissant place à un ciel bleu moutonné de nuages, a constaté une journaliste de l'AFP.
En France, trois fois plus d'hectares ont brûlé que la moyenne annuelle des dix dernières années, et l'année est record dans l'Union européenne depuis le début des relevés en 2006.
Même le Jura, au climat normalement plus modéré, est frappé: depuis mardi, deux incendies ont dévoré environ 660 hectares de forêt dans le sud du département, l'un "fixé", l'autre dont la progression a été ralentie.
Avant la tombée de la nuit, le feu continuait en revanche toujours de progresser en Isère sur la commune de Vif et en Ardèche près de Vallon-Pont d'Arc. Dans la Drôme, l'incendie n'était toujours pas fixé dans le massif du Diois à Romeyer.
Face à cette situation "exceptionnelle", plusieurs grandes entreprises - Carrefour, Orange, EDF et GRDF - ont pris des mesures pour faciliter la libération de leurs employés pompiers volontaires, répondant à l'appel du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Car la France souffre d'une troisième vague de chaleur. La nuit de jeudi à vendredi a été chaude, avec plus de 25°C à 5h00 vendredi dans le Gers, le Lot-et-Garonne, la Gironde et la Charente.
Pour Maurin Bérenger, viticulteur à Grezels dans le Lot, la situation est "inédite. On est obligé de s'adapter, on travaille très tôt le matin, voire la nuit. Cette nuit, j'ai commencé à 3h00, et ceux qui ont des salariés commencent à 6h00 pour éviter la chaleur".
Un avis partagé par Philippe Maffre, lui aussi vigneron, à Montans (Tarn). "C'est débile de travailler l'après-midi par ce temps", assène-t-il depuis les côteaux du Gaillacois où 39°C sont attendus.
Selon Météo-France, dans l'après-midi, les températures maximales afficheront encore de 38 à 40°C en Occitanie, Nouvelle-Aquitaine et Pays-de-la-Loire.
Le soleil sera brûlant sur l'ensemble du pays, avec 19 départements du sud-ouest au Finistère placés en vigilance orange canicule par Météo-France.
Le seuil des 40°C n'avait été dépassé qu'une fois dans les années 1960 et une fois dans les années 1970 en France. Il est voué à devenir plus fréquent.
Le danger des canicules pour le corps est que les nuits restent chaudes et nous épuisent. Perpignan a déjà subi 42 nuits tropicales (plus de 20°C) cette année, contre en moyenne 15 dans les années 1960, selon Jean-Michel Soubeyroux de Météo-France.
L'été 2022 en France s'approche déjà de ce que serait "un été moyen du milieu de siècle" dans un des scénarios pessimistes du réchauffement climatique, dit-il à l'AFP.
A Paris, Caroline Dubois, retraitée de 72 ans, "laisse les fenêtres ouvertes dans tout l'appartement pour qu'il y ait un courant d'air". Stéphanie Ryan, 36 ans, consultante pour une agence de recrutement, pose des "serviettes mouillées" devant son ventilateur, c'est "efficace", dit-elle.
Canicule signifie aussi sécheresse, exceptionnelle dans le pays après un mois de juillet où moins d'un centimètre de pluie est tombé en moyenne. Les nappes phréatiques se vident à un niveau préoccupant, a averti le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).
Il est interdit d'arroser sur une grande partie de la France et 73 préfets ont même interdit les prélèvements d'eau aux agriculteurs sur tout ou partie de leurs départements. Une interdiction pas toujours respectée car sécheresse et canicule amoindrissent les rendements de nombreuses activités agricoles : arboriculture, maraîchage, céréales et même élevage.
La pluie tant attendue, par les pompiers comme par les autres habitants, arrivera par des orages vendredi soir sur les Alpes et les Pyrénées, mais seulement à partir de samedi soir sur le reste de la France.
bur/ff/sp
Incendies: des entreprises "libèrent" leurs salariés pompiers volontaires #
Carrefour, Orange, EDF et GRDF ont pris des mesures pour faciliter la libération de leurs employés pompiers volontaires, répondant à l'appel de Gérald Darmanin mercredi, afin de renforcer le dispositif de lutte contre les incendies exceptionnels de l'été.
Dès mercredi, le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard avait appelé sur Twitter "chaque directeur de magasin et entrepôt" du groupe à "libérer de leurs obligations professionnelles nos collègues qui peuvent partir en renfort".
"Dans l'hypermarché de Brive-la-Gaillarde, deux de nos salariés sapeurs pompiers ont décidé de se mobiliser: une conseillère de vente, qui part aujourd'hui jusqu'à dimanche, et un employé du drive qui partira la semaine prochaine", a détaillé vendredi le groupe à l'AFP.
Le nombre de jours pendant lesquels les salariés pompiers volontaires peuvent se libérer en cas d'urgence est fixé par chaque entreprise grâce à une convention signée avec le service départemental d'incendie et de secours.
Orange, GRDF et EDF fixent habituellement à 15 par an le plafond de jours de détachement pendant lesquels les salariés sapeurs pompiers volontaires peuvent se libérer. Carrefour prévoit pour sa part dix jours ouvrés conventionnés, qui vont être déplafonnés au regard de la situation "exceptionnelle".
Gervais Pellissier, DRH d'Orange, a également tweeté que, "en plus des quinze jours d'autorisation d'absence dédiés à leur engagement, des jours supplémentaires seront accordés".
Au total, quelque 135 salariés du groupe sont pompiers volontaires, répartis "un peu partout en France" et "davantage dans les zones rurales que dans les zones urbaines", a indiqué un porte-parole à l'AFP.
"Face à la gravité des incendies et à leur intensité exceptionnelle", EDF a annoncé jeudi soir dans un communiqué avoir "pris la décision de libérer l'ensemble des sapeurs-pompiers volontaires d'EDF et d'Enedis, non-indispensables à la production et à la continuité de la fourniture d'électricité".
Du côté de GRDF, la direction avait déjà octroyé 5 jours supplémentaires en juillet pour permettre à ses 140 employés pompiers volontaires de se libérer.
"A la demande du ministre Gérald Darmanin, au mois d'août, GRDF autorise les salariés a être libérés, avoir l'accord managérial et sans limite", a expliqué vendredi le groupe à l'AFP, indiquant que les salariés déployés sur les feux continueront de percevoir leur salaire.
Du côté du patronat, François Asselin, président de la CPME, salue "cette solidarité organisée qui existe depuis très longtemps", soulignant toutefois auprès de l'AFP que "plus l'entreprise est petite, plus ça peut être compliqué. Pour un restaurateur qui libère son chef de cuisine ça équivaut quasiment à baisser le rideau', selon lui.
lep-cdu-pr/it
Feux en Gironde et dans les Landes: "pas de progression significative" dans la nuit #
Le feu qui sévit en Gironde et dans les Landes n'a pas connu de "progression significative" dans la nuit mais la "vigilance" des pompiers, qui peuvent compter sur l'aide de renforts européens, reste de mise alors que la journée s'annonce "compliquée", a annoncé la préfecture vendredi.
Le bilan de l'incendie qui frappe le sud de la Gironde et le nord des Landes est maintenu à 7.400 ha de surfaces brûlées depuis mardi, et aucune autre évacuation supplémentaires n'a été ordonnée, "nous sommes toujours à 10.000 personnes évacuées", a annoncé depuis Hostens (Gironde) le sous-préfet d'Arcachon Ronan Léaustic lors d'un point-presse, en se montrant prudent.
Le périmètre du feu "toujours actif" qui s'étend sur 40 km "n'a pas évolué mais les conditions météorologiques nous incitent à être d'une vigilance extrême", a-t-il mis en garde.
"La journée risque d'être compliquée puisque les températures continuent à augmenter, et l'hydrométrie continue de baisser", a-t-il ajouté.
Sur le terrain, 361 pompiers de plusieurs pays européens commencent à arriver pour prêter main forte aux 1.100 soldats du feu déjà déployés. Parmi ces renforts, 65 pompiers allemands et 24 véhicules sont arrivés jeudi soir sur la zone, et d'autres sont en chemin en provenance de Roumanie, Pologne et Autriche.
En outre, les pompiers vont recevoir le soutien de deux canadairs grecs de la flotte de l'Union européenne et de canadairs italiens.
Vendredi matin, les environs d'Hostens respirent à nouveau, les épaisses fumées se sont dissipées laissant place à un ciel bleu moutonné de nuages, a constaté une journaliste de l'AFP.
nal/it
Face au réchauffement climatique, le vignoble alsacien s'essaie au cépage Syrah #
Planter en Alsace un cépage, la syrah, traditionnellement présent dans des zones plus torrides, comme la vallée du Rhône en France ou l'Australie? C'est le "challenge" tenté par un domaine viticole de Rouffach (Haut-Rhin), soucieux de trouver une parade viticole au réchauffement climatique.
A une vingtaine de kilomètres au sud de Colmar, le Clos Saint Landelin s'étend sur 28 hectares. Ses vignes produisent des vins de pinot noir, des crémants, des riesling ou des gewurztraminer, protégées des vents d'ouest chargés de pluie par les Ballons d'Alsace, deux sommets vosgiens.
Avec une pluviométrie similaire à celle de Montpellier, "c'est l'endroit le plus sec d'Alsace", explique Thomas Muré, 42 ans, qui gère depuis quelques années avec sa soeur Véronique ce vignoble familial, en biodynamie depuis 2013.
Un climat sec qui n'a certes rien de nouveau, mais qui se retrouve amplifié par le réchauffement climatique. Comme beaucoup d'autres, la région, déjà peu arrosée, n'a pas reçu une seule goutte de pluie depuis des semaines. Entre les rangs de vigne, la terre ocre, asséchée, s'élève en poussière lorsqu'on la foule.
"Si le changement climatique continue dans cette même direction, qu'est-ce qu'on fait" pour adapter la production viticole et continuer à faire de "grands vins"?, s'interroge Thomas Muré.
Cette question, son père, René Muré, se l'est posée il y a plus d'une dizaine d'années lorsqu'il a constaté "que les dates de vendanges arrivaient de plus en plus tôt", explique l'oenologue.
Il fallait alors trouver le cépage idoine, capable de mûrir "un tout petit peu plus lentement", de supporter la chaleur mais aussi les "hivers froids" alsaciens.
Assez naturellement, la syrah a fini par s'imposer : en France, on retrouve ce cépage dans la vallée du Rhône, mais il est présent aussi en Suisse voisine, en Italie, en Grèce, en Afrique du Sud, au Liban ou encore en Australie, sous le nom de Shiraz.
En 2010, six rangs sont donc plantés sur le domaine, avec l'intention d'en étudier le comportement sur un terroir argilo-calcaire.
Une "expérimentation" tout autant qu'un "challenge" puisqu'il a fallu sacrifier autant de rangs de vigne et donc perdre leur production et les fruits de leurs ventes, explique Thomas Muré.
Douze ans et six millésimes plus tard, le cépage noir donne en moyenne 300 bouteilles par an (soit à peine "0,3%" de la production du domaine), une cuvée pour l'heure confidentielle, commercialisée principalement dans un cercle d'habitués du Clos Saint Landelin, sous la dénomination "Vin de France", sans référence à l'Alsace puisque la syrah n'est pas considérée comme un cépage alsacien, explique M. Muré.
"Au bout de dix ans" d'essais, "on se rend compte que c'est un vin" rouge "agréable à boire", avec un "côté salin et minéral", qui se gardera "dix, vingt ans sans problème", assure le viticulteur.
Il "a tout de suite beaucoup intéressé nos clients", sommeliers ou particuliers, tous curieux de "goûter la première syrah produite en Alsace", explique sa soeur, Véronique Muré, 46 ans.
"Il y a une demande", ce qui "nous a incités à passer" à une "vraie cuvée", avec la plantation "l'hiver dernier" d'une soixantaine d'ares de syrah supplémentaires, soit au total un peu moins de 70 ares, poursuit celle qui gère les aspects commerciaux et administratifs du Clos Saint Landelin.
Ces nouveaux plants devraient donner leur première récolte "d'ici cinq ou six ans", estime-t-elle. "La viticulture, c'est toujours une histoire de patience".
Au début, l'initiative a "surpris" le monde viticole alsacien, reconnaît Thomas, la syrah ne faisant pas partie des sept cépages alsaciens (pinots noir, blanc et gris, riesling, muscat, sylvaner et gewurztraminer).
Pour autant, la profession est très consciente "du changement climatique" et "tout le monde cherche des solutions", poursuit M. Muré. "Une poignée" de viticulteurs alsaciens leur a ainsi emboîté le pas pour planter également de la syrah, sans toutefois se lancer pour l'instant dans la commercialisation, glissent Thomas et Véronique.
Est-ce à dire qu'à terme, la syrah est appelée à se banaliser en Alsace? Difficile de s'avancer. Mais "si le réchauffement (climatique) continue, si on va dans la même direction que ces dernière années, alors la syrah a sa place en Alsace", veut croire Véronique.
dsa/ha/it
Sécheresse: Colmar en appelle à la population et aux restaurateurs pour sauver ses fleurs #
Face aux interdictions d'arrosage, le maire de la très touristique ville de Colmar a incité jeudi la population et les restaurateurs à arroser eux-mêmes les jardinières et massifs floraux des espaces publics, quitte à recourir aux "fonds de carafe", pour "repondre à l'absurdité administrative".
"J'invite les Colmariens et en particulier les restaurateurs à verser toutes les eaux de récupération non polluées (eau des seaux à glace, fonds de carafe, eau de lavage des légumes par exemple) dans les jardinières et les massifs floraux les plus proches", a écrit Eric Straumann (LR) dans un post publié sur son compte Facebook.
La ville jouit depuis l'an dernier du label "Fleur d'Or", une distinction récompensant moins d'une dizaine de communes en France, pour la grande qualité de leur fleurissement.
Mais Colmar fait aussi partie des communes concernées par l'arrêté pris par le préfet du Haut-Rhin Louis Laugier le 3 août pour limiter la consommation de l'eau dans le département, auquel la ville a dû se plier.
La semaine dernière, le premier magistrat a bien tenté d'obtenir une dérogation de la préfecture pour continuer à arroser ses plus de 300 jardinières et ne pas compromettre les "investissements en main d'oeuvre et en végétaux" et en défense d'un "secteur économique déjà touché par la crise de la COVID".
Mais la réunion du comité de ressource en eau qui s'est tenue ce jeudi matin "n'a pas permis d'avancer sur le sujet", a affirmé Eric Straumann dans son message sur les réseaux sociaux. Dénonçant "l'absurdité de la réglementation", le maire a cité l'exemple d'une commune limitrophe de Colmar, alimentée "par le même puits" et où l'arrosage demeure permis.
"Je rappelle que les fleurs contribuent aussi à un écosystème et à la présence des abeilles", a également fait valoir M. Straumann auprès de l'AFP, évoquant les progrès effectués ces dernières années en matière d'arrosage économe en eau.
"Il nous faut 15 mètres cubes d'eau par jour, c'est rien du tout pour une ville de 70.000 habitants", a-t-il encore affirmé.
La préfecture de Haut-Rhin a confirmé dans un communiqué que "l'interdiction de l'arrosage des massifs et bacs à fleurs annuelles publics est confirmée pour les collectivités".
Arbustes et jeunes arbres échappent cependant à cette privation d'eau "car ils permettent de constituer des îlots de fraîcheur et représentent des investissements dans le cadre de l'adaptation au changement climatique", a ajouté la préfecture.
Parallèlement, l'Eurométropole de Strasbourg, dont certaines des 33 communes subissent des restrictions d'utilisation de l'eau similaires à celles en vigueur à Colmar, a annoncé jeudi soir dans un communiqué suspendre "l'arrosage des massifs floraux".
"Dans une démarche de responsabilité et de solidarité territoriale" entre ses communes, la collectivité présidée par Pia Imbs, proche des écologistes, "a souhaité inviter l'ensemble (de ses) communes à appliquer ces mêmes dispositions jusqu'à la levée des contraintes par la préfecture pour préserver" les ressources en eau, indique la collectivité, qui gère le réseau d'eau potable.
ari-dsa/vk
Sécheresse: Colmar en appelle à la population et aux restaurateurs pour sauver ses fleurs #
Face aux interdictions d'arrosage liées à la sécheresse, le maire de la très touristique ville de Colmar a incité jeudi la population et les restaurateurs à arroser eux-mêmes les jardinières et massifs floraux des espaces publics, quitte à recourir aux "fonds de carafe", un "moyen citoyen de répondre à l'absurdité administrative".
"J'invite les Colmariens et en particulier les restaurateurs à verser toutes les eaux de récupération non polluées (eau des seaux à glace, fonds de carafe, eau de lavage des légumes par exemple) dans les jardinières et les massifs floraux les plus proches", a écrit Eric Straumann (LR) dans un post publié sur son compte Facebook.
La ville jouit depuis l'an dernier du label "Fleur d'Or", une distinction récompensant moins d'une dizaine de communes en France, pour la grande qualité de leur fleurissement.
Mais Colmar fait aussi partie des communes concernées par l'arrêté pris par le préfet du Haut-Rhin Louis Laugier le 3 août pour limiter la consommation de l'eau dans le département, auquel la ville a dû se plier.
La semaine dernière, le premier magistrat a bien tenté d'obtenir une dérogation de la préfecture pour continuer à arroser ses plus de 300 jardinières et ne pas compromettre les "investissements en main d'oeuvre et en végétaux" et en défense d'un "secteur économique déjà touché par la crise de la COVID".
Mais la réunion du comité de ressource en eau qui s'est tenue ce jeudi matin "n'a pas permis d'avancer sur le sujet", a affirmé Eric Straumann dans son message sur les réseaux sociaux. Dénonçant "l'absurdité de la réglementation", le maire a cité l'exemple d'une commune limitrophe de Colmar, alimentée "par le même puits" et où l'arrosage demeure permis.
"Je rappelle que les fleurs contribuent aussi à un écosystème et à la présence des abeilles", a également fait valoir M. Straumann auprès de l'AFP, évoquant les progrès effectués ces dernières années en matière d'arrosage économe en eau.
"Il nous faut 15 mètres cubes d'eau par jour, c'est rien du tout pour une ville de 70.000 habitants", a-t-il encore affirmé.
La préfecture de Haut-Rhin a confirmé dans un communiqué que "l'interdiction de l'arrosage des massifs et bacs à fleurs annuelles publics est confirmée pour les collectivités".
Arbustes et jeunes arbres échappent cependant à cette privation d'eau "car ils permettent de constituer des îlots de fraîcheur et représentent des investissements dans le cadre de l'adaptation au changement climatique", a ajouté la préfecture.
ari/ha/dch
Sécheresse: Colmar en appelle à la population et aux restaurateurs pour sauver ses fleurs #
Face aux interdictions d'arrosage liées à la sécheresse, le maire de la très touristique ville de Colmar a incité jeudi la population et les restaurateurs à arroser eux-mêmes les jardinières et massifs floraux des espaces publics, quitte à recourir aux "fonds de carafe", un "moyen citoyen de répondre à l'absurdité administrative".
"J'invite les Colmariens et en particulier les restaurateurs à verser toutes les eaux de récupération non polluées (eau des seaux à glace, fonds de carafe, eau de lavage des légumes par exemple) dans les jardinières et les massifs floraux les plus proches", a écrit Eric Straumann (LR) dans un post publié sur son compte Facebook.
La ville jouit depuis l'an dernier du label "Fleur d'Or", une distinction récompensant moins d'une dizaine de communes en France, pour la grande qualité de leur fleurissement.
Mais Colmar fait aussi partie des communes concernées par l'arrêté pris par le préfet du Haut-Rhin Louis Laugier le 3 août pour limiter la consommation de l'eau dans le département, auquel la ville a dû se plier.
La semaine dernière, le premier magistrat a bien tenté d'obtenir une dérogation de la préfecture pour continuer à arroser ses plus de 300 jardinières et ne pas compromettre les "investissements en main d'oeuvre et en végétaux" et en défense d'un "secteur économique déjà touché par la crise de la COVID".
Mais la "réunion du comité ressource en eau qui s'est tenue ce (jeudi) matin n'a pas permis d'avancer sur le sujet", a affirmé Eric Straumann dans son message sur les réseaux sociaux. Dénonçant "l'absurdité de la réglementation", le maire a cité l'exemple d'une commune limitrophe de Colmar, alimentée "par le même puits" et où l'arrosage demeure permis.
"Je rappelle que les fleurs contribuent aussi à un écosystème et à la présence des abeilles", a également fait valoir M. Straumann auprès de l'AFP, évoquant les progrès effectués ces dernières années en matière d'arrosage économe en eau.
"Il nous faut 15 mètres cubes d'eau par jour, c'est rien du tout pour une ville de 70.000 habitants", a-t-il encore affirmé.
Contactée par l'AFP, la préfecture de Haut-Rhin a indiqué ne pas être en mesure de confirmer ces informations dans l'immédiat.
ari/ha/vk
Sécheresse: dans le Nord, le boom des piscines privées interroge #
"Enfant, jamais je n'aurais imaginé avoir une piscine !", s'émerveille Clotilde en aspergeant son neveu dans le bassin familial flambant neuf, à Verlinghem (Nord). Favorisées par la hausse des températures, ces constructions se multiplient dans les Hauts-de-France, suscitant des interrogations au moment où la France manque d'eau.
Brassards orange et rire éclatant, Basile, 3 ans, tournoie au-dessus de l'eau dans les bras de son père. "Cette piscine, ça donne une autre dynamique à la vie de famille", raconte Clotilde Sanz. Pour elle, ses soeurs, leurs enfants, la maison parentale est depuis quelques mois "encore plus un lieu de vie, de retrouvailles".
Né du confinement, "ce projet nous change la vie. Dès le réveil, on est en vacances !", s'enthousiasme son père, Frédéric Sanz, qui hésitera désormais "beaucoup plus" à voyager l'été.
"Depuis la crise du Covid-19, on a multiplié nos ventes par sept", confirme Vincent Brisse, directeur commercial de "Sensassion Piscine", leur installateur. "Quand j'ai commencé en 2003, on en vendait une vingtaine par an. Aujourd'hui, c'est plus d'une centaine".
Selon la Fédération des professionnels de la piscine (FPP), sur les 3,2 millions de piscines privées existant en France fin 2021, 135.000 étaient dans les Hauts-de-France, contre moins de 30.000 en 2005.
Seules 7% des maisons individuelles en sont aujourd'hui équipées dans la région, mais la hausse des températures aide "le marché à se développer", observe la déléguée générale de la FPP Joëlle Pulinx-Challett.
"Les piscines sont aussi devenues plus petites, moins chères", offrant "la possibilité à une clientèle moins aisée d'y accéder", note Laurent Piette, vendeur de piscines "en kit".
Dans un jardin à la pelouse brûlée à Leforest (Pas-de-Calais), il aide un client à finaliser son bassin. Cette partie du département n'est pas encore placée en "alerte sécheresse", laissant la possibilité de le remplir.
"C'est toujours au pied du mur qu'on agit. Les mesures de restriction devraient être prises bien en amont", déplore Arnaud Gauthier, enseignant-chercheur dans le domaine de l'eau à l'Université de Lille.
A l'heure où la France connaît sa pire sécheresse depuis 1959, "construire des piscines relève du non-sens", tranche-t-il. Quelques communes françaises "réfléchissent même activement à modifier les plans locaux d'urbanisme pour limiter leur construction", note-t-il.
En 2020, chaque Français a consommé 148 litres d'eau potable par jour en moyenne (54 m3/an), selon l'observatoire national des services de l'eau et d'assainissement (Sispea). Avec d'importantes disparités géographiques: 232 litres dans les Alpes-maritimes, contre 116,6 dans le Nord. "Le climat, l'impact potentiel des piscines", l'expliquent en partie, selon Sispea.
"Les piscines privées représentent 0,1% de la consommation totale d'eau en France", réplique Joëlle Pulinx-Challett. Si le premier remplissage est consommateur (45 m3 environ), l'eau n'est renouvelée que d'un tiers chaque année.
"Cela peut représenter 15% de la consommation d'une famille", analyse Nicolas Roche, chercheur au Centre Européen de Recherche et d'Enseignement de Géosciences de l'Environnement (CEREGE). Mais "arroser sa pelouse de 100 m2 pendant un mois consommera dix fois plus", ajoute-t-il, appelant à "éviter la politique du bouc émissaire".
L'eau, essentielle à toutes les activités, sera plus rare à l'avenir et "des usages prioritaires doivent être désignés" localement, souligne-t-il. Il appelle à "donner une valeur environnementale à l'eau", avec un prix fluctuant l'été, "lorsqu'elle est moins disponible", et en fonction des usages, "essentiels" ou "récréatifs".
Dans le bassin Artois-Picardie, "le volume annuellement disponible est aujourd'hui totalement utilisé, on n'a plus de marge", alerte le directeur de l'Agence de l'eau régionale, Thierry Vatin. Un tiers est consommé durant l'été, majoritairement pour l'agriculture, dont les besoins grandissent. "Avec des excès d'usages récréatifs en plus, on surexploite."
"On a l'objectif de réduire de 10% la consommation d'ici six ans", indique-t-il. Le partage entre types d'usagers doit être prochainement tranché au sein de "commissions locales" incluant toutes les parties. "Tous devront faire des économies."
Certains élus plaident pour une tarification progressive: un volume d'eau gratuit pour les besoins essentiels, puis un prix élevé au-dessus d'un certain seuil.
eva/zap/sp
Les Français grands adeptes des piscines privées #
Avec une piscine privée pour un peu plus de vingt et un habitants, les Français font figure d'adeptes du bassin, révélant la "démocratisation" du secteur depuis plusieurs années, souligne la Fédération des professionnels de la piscine (FPP).
La France compte environ 3,2 millions de piscines privées dont 1,55 million de piscines enterrées et 1,64 million de piscines hors-sol, selon les derniers chiffres de la FPP publiés en avril, réaffirmant la position de la France comme leader européen dans la construction de bassins.
En 2021, le parc a augmenté de 244.000 piscines et le chiffre d'affaires des pisciniers a bondi de 32% sur un an, "grâce à l'effet +booster+ du Covid et une météo favorable", indique à l'AFP Joëlle Pulinx Challet, déléguée générale de la FPP, qui regroupe plus de 1.400 entreprises françaises spécialistes de la piscine et du spa.
En 30 ans, la taille des bassins est passée de plus de 70m3 à 43m3, souligne-t-elle, et le prix moyen est actuellement de 24.000 euros selon les niveaux d'équipements et les régions.
Le marché des piscines privées s'est "démocratisé" ces dernières années, avait indiqué en avril le président de la FPP, Stéphane Figueroa.
Selon une enquête menée par le cabinet Decryptis en février et mars 2022 pour le compte de la FPP auprès d'un échantillon de 18.000 foyers habitant une maison individuelle, la part des ouvriers, agriculteurs et employés possédant une piscine enterrée aurait bondi de "10% en quatre ans", passant de 14,1% des propriétaires de piscines en 2017 à 24,7% en 2021.
Celle des entrepreneurs et des cadres est, de son côté, restée "stable" ces dernières années, à 41,6% en 2021, selon l'étude de Decryptis.
En revanche, les retraités sont désormais "moins représentés" parmi les possesseurs de piscines enterrées à domicile: ils étaient 33,7% en 2021 contre 40,1% en 2017.
A l'heure où la France fait face à une sécheresse historique, "l'utilisation en eau d'une piscine représente en moyenne 15m3 par an, soit autant que pour produire 1kg de viande de boeuf", se défend Mme Pulinx Challet, qui ajoute: "En 25 ans, elle a même été réduite de 45%".
La déléguée générale attribue cette baisse au fait que "les clients ne vident plus leurs piscines entièrement, chaque année, comme autrefois", mais aussi à "l'utilisation des couvertures pour éviter l'évaporation" ou encore "la mise en place de cuves pour récupérer l'eau".
"La totalité des piscines ne représentent que 0,12% de la consommation annuelle d'eau de la France", argue-t-elle encore, évoquant "un impact très faible" des piscines sur l'utilisation en eau dans le pays.
Les systèmes de chauffage ont, eux aussi, vu leur consommation diminuer, par un facteur de quasiment 10 en 35 ans, selon des estimations. Ces systèmes consommaient environ 15.000 kW/h par an en 1980, contre 1.570 kW/h/an en 2015.
Enfin, des améliorations technologiques sur les pompes de filtration ou encore les éclairages ont également permis de diminuer la facture énergétique des piscines.
rbj/jbo/npk
Le maïs, une plante tropicale devenue indispensable à l'élevage, mais inadaptée aux sécheresses #
Le maïs, originaire du Mexique, a conquis la France dans les années 1970 et est devenu indispensable pour nourrir le bétail. Mais cette plante gourmande en eau pendant l'été est de moins en moins adaptée alors que le changement climatique va aggraver les sécheresses en France.
La France est devenue le premier exportateur européen de maïs, qui occupe autour de 10% de sa surface agricole utile. Avant tout destiné à l'alimentation animale - maïs grain pour les volailles, les ovins et les porcs; maïs fourrage pour les bovins- il s'est imposé dans des régions comme la plaine d'Alsace ou les Landes.
Cultivé à partir du 17e siècle en France, le maïs a "d'abord été confiné dans le Sud-Ouest, la région la plus chaude de France et la plus humide", des conditions qui lui sont favorables, raconte à l'AFP Christian Huyghe, directeur scientifique Agriculture de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae).
C'est grâce au travaux d'hybridation "à la fin des années 1940", que la plante tropicale a pu gagner "des climats un peu plus frais", poursuit-il.
A partir de la fin des années 1960, les superficies récoltées explosent, selon des données de la l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Aujourd'hui la culture du maïs représente près de 3 millions d'hectares, sur les 28 millions d'hectares de surface agricole du pays.
Jusque dans les années 1970, les vaches étaient nourries l'été au pâturage et l'hiver au foin, à la paille ou à l'ensilage d'herbe (pour conserver l'herbe humide), rappelle le scientifique, ingénieur agronome.
"Et le maïs est arrivé, avec des machines adaptées, des ensileuses (qui) permettent de faire des gros volumes de stocks qui se conservent facilement, se font très rapidement et en une seule récolte" contre plusieurs pour l'herbe, poursuit-il.
Cette "révolution totale" a permis d'énormément simplifier la vie de l'éleveur.
La maïs est toutefois faible en protéines et il a fallu importer des tourteaux de soja pour compléter l'alimentation donnée aux animaux, explique Christian Huyghe.
Mais en période de sécheresse estivale, qui seront amenées à s'intensifier avec le réchauffement climatique, "une variété emblématique, le maïs, pose question", soulève Agnès Ducharne, chercheuse au CNRS.
"Pour finir sa croissance et faire de la production agricole valorisable, il a besoin d'eau en juillet et en août, les mois où il y en a moins en France", souligne-t-elle.
Cela pose la question de "réduire la part du maïs dans l'agriculture française pour des cultures plus adaptées à la sécheresse estivale", poursuit Agnès Ducharne, spécialiste du cycle de l'eau et des impacts du changement climatique.
Le problème avec la culture du maïs, c'est qu'elle demande de l'eau à un moment où les sources ne débordent pas. Pour qu'elle puisse avoir un bon rendement, son irrigation est nécessaire mais "quel système de production permet d'être le plus résilient ? Et est-ce que le maïs a une place là-dedans ?" interroge Christian Huyghe.
Pour lui, "le maïs va faire partie de la panoplie", mais "sa part va plutôt être amenée à se réduire" à l'avenir, ce qui va obliger le marché de l'alimentation animale à se réorganiser.
"Pour être résilient, un système doit être diversifié", insiste-t-il. "Une trajectoire d'investissement qui conduirait à maximiser les cultures en maïs" en assurant leur arrosage avec de grandes réserves d'eau "fragiliserait le système", met-il en garde.
De manière plus large, la production de viande, via l'élevage intensif, a plus d'impacts environnementaux que celle d'autres produits alimentaires, selon des études scientifiques. Des ONG prônent donc de réduire la consommation de viande et de privilégier l'élevage du bétail nourri à l'herbe.
mgi-laf/ico/rhl
Sécheresse : en Nouvelle-Aquitaine, des tournesols carbonisés et des agriculteurs inquiets #
Dans les mains de Christian Daniau, le capitule - la tête du tournesol - ne dépasse guère les 15 cm de diamètre et ses feuilles ont viré aux couleurs de la cendre : la plante est assoiffée et cet agriculteur charentais "inquiet".
Star du printemps avec une surface cultivée en forte augmentation, le tournesol français a été en partie carbonisé par la sécheresse historique cet été.
Sur la nationale 10 qui traverse la Charente du nord au sud, se succèdent des champs de tournesols brunis par le soleil, la tête de la plante penchée vers le sol.
Dans les zones les plus sèches, la récolte devrait commencer vers le 15 août, "avec trois semaines d'avance", prévient M. Daniau, également président de la Chambre d'agriculture locale.
Dans le département, la dernière pluie remonte au 20 juin, rappelle cet agriculteur qui pourra "sauver sa récolte" grâce à "trois arrosages" en deux mois, à chaque fois avec 35 mm d'eau pompée depuis la rivière Bonnieure à proximité.
Mais même dans les parcelles irriguées, toutes les plantes situées en bordure de champs, moins arrosées, ont été brûlées. Dans cette terre peu épaisse et au sous-sol rocheux, ces tiges rendent 40 cm à leurs voisines abreuvées. Elles donneront trois fois moins de graines.
Moins bien loties car soumises à des restrictions sévères sur les prélèvements en eau, dans les Deux-Sèvres, "98% des parcelles n'ont pas été irriguées", estime François Chauvaud, de la Chambre d'agriculture.
"C'est la catastrophe", répète trois fois de suite cet agriculteur qui attend "des rendements à -50% voire -80%" sur ses 80 hectares de tournesol "cramés", faute d'eau disponible dans le barrage qui l'alimentait.
S'il est "trop tôt" pour se prononcer à l'échelle nationale selon le groupe Avril, numéro un français des huiles végétales, le ministère prévoit, dans une note du 5 août, une récolte 2022 similaire à celle de l'an passé, malgré "une forte hausse" (+20,6%) des surfaces cultivées.
Car quatre mois plus tôt, au début du printemps, le tournesol avait tout pour plaire.
Il nécessite peu d'engrais alors que le prix de l'azote tutoyait des sommets, réclame trois fois moins d'eau que le maïs ou le soja l'été quand une saison sèche se profilait et était très recherché après le déclenchement du conflit en Ukraine - premier exportateur mondial.
La plante, riche en protéines, destinée à moitié à la consommation humaine - en huile - et pour autre moitié aux animaux d'élevage - une fois transformée en tourteaux - a été semée sur 842.000 hectares, un niveau jamais atteint depuis les années 1990.
Pour M. Daunia, sa culture est un outil de "souveraineté" permettant "de réduire nos importations de soja" et qui reste "adapté" au climat français, malgré des sécheresses plus fréquentes à l'avenir avec le changement climatique.
Lui, comme son syndicat la FNSEA, réclament, la création de réserves pour "stocker" l'eau durant l'hiver afin d'irriguer l'été. "Si on ne le fait pas, on aura des friches", prévient M. Chauvaud.
Ces projets d'ouvrages de rétention d'eau suscitent une opposition localement, leurs détracteurs considérant qu'elles constituent une "privatisation de l'eau".
Mais pour M. Daniau, sans eau, dans les "terres légères" du nord de la Nouvelle-Aquitaine, "si même le tournesol ne pousse pas, rien ne pousse".
tsq/ff/mpm