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Anticor fixée vendredi sur la reconduction de son agrément pour agir en justice #

3/31/2021, 11:38 AM
Paris, FRA

Après plusieurs mois d'incertitude, l'association Anticor saura vendredi si le gouvernement reconduit ou non son agrément qui lui permet d'agir dans des affaires judiciaires de corruption, alors qu'elle est traversée par un conflit interne et une polémique autour d'un de ses donateurs.

Un décret du 24 mars 2014 impose aux associations anticorruption d'être agréées par le ministère de la Justice. Trois associations disposent de ce précieux sésame, renouvelable tous les trois ans: Sherpa, Transparency international et Anticor.

L'agrément d'Anticor, accordé en 2015 et reconduit sans difficulté en 2018, expirait le 15 février, mais a été prorogé au 2 avril, le temps de recevoir les réponses "aux questions complémentaires" posées par le gouvernement.

Parmi ces questions figure l'identité d'un important donateur, que l'association anticorruption, créée en 2002, a refusé de livrer en pointant la protection des données personnelles et un avis en ce sens de la Cnil le 1er février.

"Si nous devions nous contenter des cinq critères posés par le décret, il ne devrait pas y avoir de doutes" quant à la reconduction de l'agrément, estime Me Vincent Brengarth, l'un des avocats de l'association. Mais "il y a un contexte qui n'est pas favorable aux actions anticorruption".

Ces dernières années, l'association a saisi la justice sur plusieurs proches du président Macron: Richard Ferrand, président de l'Assemblée nationale, Alexis Kohler, ancien secrétaire général de l'Elysée, et dernièrement le ministre de la Santé, Olivier Véran, pour "favoritisme" dans la gestion de l'application StopCovid.

Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, lui aussi visé par une plainte d'Anticor, s'est déporté du dossier du renouvellement. Instruit par la Chancellerie depuis octobre après avoir été égaré, il est entre les mains du Premier ministre Jean Castex, qui a insisté sur l'"obligation de transparence" d'une association anticorruption.

La révélation par la presse de l'identité du généreux mécène d'Anticor a jeté le doute sur "le caractère désintéressé et indépendant de ses activités, apprécié notamment eu égard à la provenance de ses ressources", l'un des cinq critères. Et relancé les critiques des adversaires de l'association, parfois soupçonnée de mener un combat partisan, surtout contre la droite.

Hervé Vinciguerra, homme d'affaires ayant fait fortune dans les logiciels de gestion, a donné 89.000 euros à l'association entre 2017 et 2020. Proche d'Arnaud Montebourg, il détient des sociétés immatriculées à Singapour et au Luxembourg.

Un versement de ce donateur en 2018, juste avant la plainte de l'association contre Alexis Kohler, est apparu pour certains comme un "don fléché" visant à financer cette procédure.

"Je n'ai jamais influencé les choix d'Anticor dans les dossiers qu'ils menaient", s'est-il défendu dans L'Obs.

"Aucun don n'est fléché", a confirmé Me Brengarth, rappelant que M. Vinciguerra "n'est pas un donateur déterminant".

Pour Françoise Verchère, ancienne membre du conseil d'administration, peu importe la fortune de ce donateur. "Le problème c'est d'où vient l'argent? Anticor fait partie de la lutte contre les paradis fiscaux", soupire-t-elle.

Refusant subventions publiques et argent des entreprises, l'association fonctionne grâce aux cotisations de ses 6.000 adhérents et des dons de particuliers. Son budget s'élevait à 400.000 euros en 2020.

L'identité de ce donateur, ses activités et ses amitiés politiques ont alimenté la crise interne de gouvernance. Neuf des 21 administrateurs, dont Mme Verchère, ont demandé en 2019 à modifier les statuts pour exclure du conseil d'administration tout élu politique.

"Il y a eu un débat important et intéressant touchant à la nature, à l'identité et à l'ADN d'Anticor", relate la présidente de l'association Elise Van Beneden.

Elle a été élue en juin 2020 après la révocation de l'ancien conseil d'administration, à l'apogée des tensions entre administrateurs. Les dissidents ont assigné l'association en justice pour cette révocation qu'ils jugent injustifiée.

"Anticor ne fait pas et ne doit pas faire de politique. On demande que les cadres d'Anticor ne fassent pas partie d'un parti politique", expose un des ex-administrateurs dissidents.

"On ne veut pas la mort d'Anticor. C'est assez simple: une association anticorruption doit être irréprochable", assure Mme Verchère.

Mme Van Beneden regrette "des accusations qui font le plus mal à Anticor" - manque de transparence et de démocratie - "au moment où on attend l'agrément".

asl-mk/pga/caz

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MAR 31

Action, Zeeman, Normal... Ces discounters venus du Nord #

3/31/2021, 7:37 AM
Paris, FRA

Alors que les allemands Lidl et Aldi veulent se départir de leur image de 'hard discounter', d'autres enseignes originaires de pays plus au nord de l'Europe, continuent à faire le pari du petit prix, notamment sur les produits non alimentaires comme Action, Zeeman ou Normal.

Les acteurs français du discount, comme GiFi (1,4 milliard d'euros de chiffre d'affaires au 30 septembre 2020 pour 555 magasins en France et Suisse), Stokomani (environ 500 millions d'euros de chiffre d'affaires pour une grosse centaine de magasins), Noz (315 magasins), La Foir'Fouille (240 magasins)... Sont confrontés à la concurrence croissante de "discounters" attirés par le marché français.

Le discounter néerlandais Action, spécialisé en produits non alimentaires, est présent en France depuis 2012, et y revendiquait fin mars déjà "plus de 560 magasins", et 13.000 salariés. Il a ralenti la cadence des ouvertures de magasins (environ 90 magasins par an en 2018 puis 2019) en 2020, mais "va tout faire pour rattraper" en 2021.

"La France est aujourd'hui le premier marché d'Action", assure l'entreprise, qui possède plus de 1.700 magasins dans huit pays européens (Pays-Bas, France, Belgique, Luxembourg, Allemagne, République tchèque, Pologne, Autriche) et a réalisé en 2019 un peu plus de 5 milliards de chiffre d'affaires, dont 1,9 milliard en France.

Son modèle: 6.000 références dans 14 catégories telles que la décoration, le bricolage, le multimédia ou le sport, "au prix le plus bas du marché pour une bonne qualité de produit", avec un renouvellement constant de l'assortiment.

Zeeman, enseigne au fond jaune et visage de matelot (la signification de Zeeman en néerlandais) fondée en 1967, est spécialisée dans le textile dans quatre catégories majeures: vêtements pour bébé et enfant, chaussettes et collants, linge de maison, sous vêtements et vêtements de nuit.

L'entreprise, qui vend "également des vêtements homme et femme et des articles non textiles, par exemple des produits alimentaires et des produits ménagers", est aussi présente en Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Luxembourg. Elle comptait un peu moins de 1.300 magasins à fin 2019 dont près de 300 en France, et a réalisé cette année-là 768,6 millions d'euros de chiffre d'affaires.

Le spécialiste britannique des produits d'équipement de maison et de la personne "à prix discount" avait racheté en octobre 2018 les magasins Babou, généralement plus grands que ceux opérés jusque là par B&M.

L'entreprise anglaise, qui possède plus de 1.100 magasins au Royaume-Uni et en France, dont une centaine dans l'hexagone (une majorité est encore sous enseigne Babou) "a pour ambition de bousculer la partie non alimentaire proposée par les hypermarchés français".

B&M propose également des produits alimentaires, "au tarif promotionnel de la grande distribution", et a réalisé 3,8 milliards de livres (4,4 milliards d'euros) de chiffre d'affaires sur l'exercice décalé 2019/2020, en forte progression par rapport à l'exercice précédent (+16,5%).

L'enseigne d'origine danoise est plus jeune (créée en 2013) et plus petite, revendiquant un peu plus de 250 magasins dans six pays européens, notamment scandinaves (Danemark, Norvège, Suède, Pays-Bas, Finlande, France). Arrivée en France mi-2019, elle y a ouvert son 25e magasin boulevard Rochechouart, à Paris, selon un décompte du média spécialisé LSA.

Ayant réalisé sur l'exercice 2018-19 un chiffre d'affaires d'environ 250 millions d'euros, l'entreprise vend des produits y compris de grandes marques, "aux prix les plus bas de France", "grâce à un approvisionnement auprès de fournisseurs répartis dans toute l'Union européenne". Elle revendique environ 3.000 références.

cda/aue/oaa

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MAR 31

Carnets de profs: les vacances, miroir des inégalités #

3/31/2021, 5:45 AM

Intercalées en principe toutes les six semaines dans le calendrier scolaire, les vacances, qui doivent consacrer un temps de repos et d'ouverture, constituent en fait un miroir des inégalités entre élèves, racontent des professeurs à l'AFP.

Pour leurs quatorzièmes "carnets de profs", ces trois correspondants réguliers de l'AFP, enseignants en collège public REP+ ou en zone rurale, soulignent également que le dispositif des "vacances apprenantes", qui prolonge l'ouverture des établissements et offre des séjours en colonies de vacances, devrait être élargi.

Camille, 39 ans, professeure d'histoire-géographie dans un collège classé REP+ d'une petite ville des Yvelines:

"Pendant les vacances, mes élèves restent soit dans leur cité, soit ils partent au +bled+. Le coût des billets étant élevé, il est rare qu'ils puissent y aller tous les ans. Je ne suis pas sûre qu'ils découvrent beaucoup le pays dans lequel ils vont lorsqu'ils rentrent voir leurs familles. Leurs horizons ne sont donc pas très larges.

Visiter un musée, aller au bord de la mer, faire du piano... Toutes ces activités non scolaires sont également très éducatives et permettent une ouverture sur le monde. Mes élèves n'y ont accès que par le biais de l'école.

Mon collège ouvre une semaine sur les vacances de février et de printemps. Le matin est consacré au soutien scolaire et des activités sportives ou manuelles et des sorties à la piscine par exemple sont organisées. Je pense qu'il faudrait élargir ce genre de mesures."

Céline, professeure d'histoire-géographie dans un collège classé REP+ d'une ville moyenne du Haut-Rhin:

"Certains vont voir leur famille dans les pays d'origine des parents. Pas tous, mais ce n'est pas rare. Cela leur permet de se mettre à un certain niveau de langue, ils sont en immersion dans une autre langue, même si ce n'est pas forcément une langue scolaire. Ils ne vont pas améliorer leur moyenne en allemand parce qu'ils sont allés passer l'été en Turquie.

Les vacances creusent-elles les inégalités entre élèves? Celui qui pendant les vacances retourne dans le pays d'origine de sa famille ou s'inscrit dans un centre aéré c'est très bien, il y a une ouverture culturelle, sportive. C'est positif. Mais il y en a qui ne font rien de l'été, c'est compliqué.

Le dispositif vacances apprenantes? Les activités proposées dépendent vraiment des profs qui s'inscrivent. C'est intéressant pour le français et les maths, mais ma matière se prête moins à ça."

Philippe, 54 ans, enseigne l'histoire-géographie dans un village du Puy-de-Dôme:

"Je ne crois pas qu'il y ait un calendrier idéal, d'autant plus que d'autres intérêts viennent s'en mêler, particulièrement l'économie du tourisme. Dans l'année, j'apprécie assez le rythme de sept semaines travaillées suivies de deux semaines de congés.

Je consacre une partie de mes vacances, principalement les intermédiaires, à mon métier aussi bien pour préparer/modifier des séances de cours que pour corriger des évaluations.

Sans vouloir faire parler mes élèves de leurs vacances, je me rends compte de ceux qui ont des occupations plus enrichissantes, plus variées par rapport à ceux qui vont être davantage dans une routine. Par conséquent, les vacances marquent les inégalités sociales et économiques entre mes élèves.

Le dispositif vacances apprenantes? Je ne pense pas que cela puisse être étendu car les enseignants, moi y compris, tiennent à leurs vacances jusqu'à la réunion de pré-rentrée. Ce dispositif à petite échelle est probablement utile pour une remise en route progressive des apprentissages quand la coupure estivale marque une vraie rupture."

clw-bdx-cca/pga/or

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MAR 31

Carnets de profs: les vacances, miroir des inégalités #

3/31/2021, 5:45 AM
Nanterre, FRA

Intercalées en principe toutes les six semaines dans le calendrier scolaire, les vacances, qui doivent consacrer un temps de repos et d'ouverture, constituent en fait un miroir des inégalités entre élèves, racontent des professeurs à l'AFP.

Pour leurs quatorzièmes "carnets de profs", ces trois correspondants réguliers de l'AFP, enseignants en collège public REP+ ou en zone rurale, soulignent également que le dispositif des "vacances apprenantes", qui prolonge l'ouverture des établissements et offre des séjours en colonies de vacances, devrait être élargi.

Camille, 39 ans, professeure d'histoire-géographie dans un collège classé REP+ d'une petite ville des Yvelines:

"Pendant les vacances, mes élèves restent soit dans leur cité, soit ils partent au +bled+. Le coût des billets étant élevé, il est rare qu'ils puissent y aller tous les ans. Je ne suis pas sûre qu'ils découvrent beaucoup le pays dans lequel ils vont lorsqu'ils rentrent voir leurs familles. Leurs horizons ne sont donc pas très larges.

Visiter un musée, aller au bord de la mer, faire du piano... Toutes ces activités non scolaires sont également très éducatives et permettent une ouverture sur le monde. Mes élèves n'y ont accès que par le biais de l'école.

Mon collège ouvre une semaine sur les vacances de février et de printemps. Le matin est consacré au soutien scolaire et des activités sportives ou manuelles et des sorties à la piscine par exemple sont organisées. Je pense qu'il faudrait élargir ce genre de mesures."

Céline, professeure d'histoire-géographie dans un collège classé REP+ d'une ville moyenne du Haut-Rhin:

"Certains vont voir leur famille dans les pays d'origine des parents. Pas tous, mais ce n'est pas rare. Cela leur permet de se mettre à un certain niveau de langue, ils sont en immersion dans une autre langue, même si ce n'est pas forcément une langue scolaire. Ils ne vont pas améliorer leur moyenne en allemand parce qu'ils sont allés passer l'été en Turquie.

Les vacances creusent-elles les inégalités entre élèves? Celui qui pendant les vacances retourne dans le pays d'origine de sa famille ou s'inscrit dans un centre aéré c'est très bien, il y a une ouverture culturelle, sportive. C'est positif. Mais il y en a qui ne font rien de l'été, c'est compliqué.

Le dispositif vacances apprenantes? Les activités proposées dépendent vraiment des profs qui s'inscrivent. C'est intéressant pour le français et les maths, mais ma matière se prête moins à ça."

Philippe, 54 ans, enseigne l'histoire-géographie dans un village du Puy-de-Dôme:

"Je ne crois pas qu'il y ait un calendrier idéal, d'autant plus que d'autres intérêts viennent s'en mêler, particulièrement l'économie du tourisme. Dans l'année, j'apprécie assez le rythme de sept semaines travaillées suivies de deux semaines de congés.

Je consacre une partie de mes vacances, principalement les intermédiaires, à mon métier aussi bien pour préparer/modifier des séances de cours que pour corriger des évaluations.

Sans vouloir faire parler mes élèves de leurs vacances, je me rends compte de ceux qui ont des occupations plus enrichissantes, plus variées par rapport à ceux qui vont être davantage dans une routine. Par conséquent, les vacances marquent les inégalités sociales et économiques entre mes élèves.

Le dispositif vacances apprenantes? Je ne pense pas que cela puisse être étendu car les enseignants, moi y compris, tiennent à leurs vacances jusqu'à la réunion de pré-rentrée. Ce dispositif à petite échelle est probablement utile pour une remise en route progressive des apprentissages quand la coupure estivale marque une vraie rupture."

clw-bdx-cca/pga/or

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