Des salariés de Suez manifestent devant le siège de Veolia contre le projet d'OPA #
Environ 200 salariés du géant de l'eau et des déchets Suez se sont rassemblés mardi devant le siège parisien de Veolia pour protester, en présence de soutiens politiques, contre le projet d'OPA de leur concurrent, a constaté un journaliste de l'AFP.
"L'OPA, on n'en veut pas", ont-ils scandé au son des cornes de brume et des pétards devant les bureaux situés rue de la Boétie (VIIIe arrondissement), noyés sous le rouge des fumigènes.
La police s'était positionnée pour empêcher toute intrusion tandis que la direction de Veolia avait fait tendre une banderole murale sur laquelle était écrit: "Veolia garantit vos emplois".
"Le projet de Veolia est porteur d'une casse sociale inévitable qui impactera plusieurs milliers d'emplois en France", assure pourtant l'intersyndicale de Suez (CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC).
"Nous avons besoin de vos compétences, de vos métiers, nous n'avons pas besoin d'une logique d'actionnaire", a déclaré le député PCF Fabien Roussel. "Nous défendons l'intérêt général contre l'intérêt particulier des actionnaires".
"Dans tous les partis, pas que ceux d'opposition, des gens se mobilisent pour vous soutenir", a ajouté le député LREM Pierre Person. "On parle du bien commun que sont l'eau et le traitement des déchets. On a un tissu industriel complètement bouleversé et on ne voudrait pas que des intérêts étrangers bousculent l'économie de notre pays".
Parmi les personnalités venues soutenir les manifestants se trouvaient également Audrey Pulvar, ajdointe à la maire PS de Paris et Julien Bayou (EELV).
"J'ai tenté d'expliquer la qualité des engagements que nous avons pris en matière d'emploi et le fait que l'on veut très vite sortir de cette situation pour discuter avec la direction et les organisations syndicales de Suez", a indiqué à l'AFP le DRH de Veolia, Jean-Marie Lambert, venu parlementer quelques minutes avec les protestataires en compagnie du directeur de la communication, Laurent Obadia.
"Dans le contexte actuel, une entreprise qui garantit les emplois de l'entreprise qu'elle reprend, ce n'est pas si fréquent", a-t-il ajouté.
La cour d'appel de Versailles a mis mardi en délibéré au 15 avril son arrêt concernant l'information-consultation réclamée par les comités économiques et sociaux de Suez sur le projet de leur concurrent. Ceux-ci ont été déboutés par le tribunal de Nanterre le 3 février.
Cette décision a permis à Veolia, qui a acquis début octobre 29,9% du capital de Suez, de recouvrer "l'ensemble de ses droits", un atout essentiel en vue de la bataille d'actionnaires qui pourrait avoir lieu lors de la prochaine assemblée générale de Suez au printemps.
cd/bfa/bow
Attaque d'un fourgon de police en 2018: 6 ans requis contre un "gilet jaune" #
Le parquet de Paris a requis lundi six ans de prison, dont trois fermes, contre un "gilet jaune" soupçonné d'avoir dérobé un sac contenant notamment un gilet pare-balles dans un véhicule de police, attaqué par de nombreux manifestants, lors d'"acte 3", le 1er décembre 2018.
Un deuxième participant à cette manifestation, poursuivi pour le vol d'un fusil d'assaut dans le même véhicule de police, est lui décédé en octobre dernier, entraînant l'extinction des poursuites.
Le prévenu était poursuivi pour "vol avec violences volontaires sur personnes dépositaires de l'autorité publique" pour avoir dérobé un sac dans un fourgon de police attaqué par un important groupe de "gilets jaunes" non loin de la place de l'Etoile, alors que huit policiers se trouvaient à l'intérieur.
Après avoir reculé face à plusieurs centaines de manifestants, les agents avaient rejoint leur véhicule, comme le reste de leur compagnie, avant d'être pris pour cible par des jets de projectiles, un manifestant réussissant même à glisser un feu de bengale dans le fourgon, provoquant un début d'incendie et forçant les policiers à en sortir avec difficulté.
Présents à l'audience, les policiers ont raconté une scène d'une rare violence, avec la peur "d'être lynchés" et le sentiment de "pouvoir y rester".
"J'ai eu la peur de ma vie", a déclaré l'un des agents, durant l'audience, qui souffre, comme ses collègues, de syndromes post-traumatiques, selon une évaluation psychologique.
"Je n'ai jamais vu, dans un dossier, une telle violence à l'encontre des force de l'ordre", a pour sa part insisté le procureur, soulignant que le prévenu avait "reconnu les faits" tout en affirmant qu'il ne s'agissait pas de "faire payer le seul à avoir été pris pour tous ceux qui n'ont pas été interpelés".
L'avocat des policiers a de son côté demandé 6.000 euros de réparation pour chacun d'entre eux.
Tout en reconnaissant que les "préjudices ne sont pas contestés", l'avocat du prévenu a pour sa part demandé une requalification des faits en "violences volontaires sur personnes dépositaires de l'autorité publique", et demandé la prise en compte des 14 mois de détention préventive déjà effectués afin que son client ne retourne pas en prison.
Le jugement a été mis en délibéré au 22 mars.
els/dlm
"Pas de suppression d'emploi": le patron de Veolia veut rassurer les salariés de Suez #
"J'affirme que ce projet ne générera pas de suppression d'emploi": le PDG de Veolia Antoine Frérot s'applique à rassurer les personnels de Suez, appelés à une 4e journée de mobilisation mardi contre son projet de fusion des deux leaders de l'eau et des déchets.
Les syndicats évoquent 3.000 à 4.000 emplois directs menacés, sur les près de 30.000 salariés du groupe Suez en France (90.000 avec l'international).
Veolia, qui a acquis en octobre 29,9% de Suez auprès d'Engie et lancé le 8 février une OPA sur le reste des titres, réfute ces projections, mettant en avant arguments industriels, et engagements sociaux écrits auprès de Bercy.
"Je comprends leur inquiétude: leur entreprise mise en vente par son actionnaire principal (Engie, NDLR), cela génère des inquiétudes. Mais je veux y répondre par des engagements", a martelé M. Frérot dans une interview à l'AFP.
"J'affirme que ce projet de rapprochement ne générera pas de suppression d'emploi ni de modification des avantages sociaux, ni chez nous, ni chez les repreneurs" des activités que Veolia devra céder à des tiers pour cause de lois anti-trust.
Les syndicats s'alarment des synergies attendues et du sort notamment des "fonctions support" (commercial, finance, RH...) pouvant doublonner.
"Nous aurons besoin de tout le monde, y compris les gens du siège" de La Défense et "les fonctions support, que j'estime à 6-700 personnes", assure Antoine Frérot.
"Il restera environ 200 personnes qui n'auront pas le même job qu'aujourd'hui (...) Je prends l'engagement de leur trouver un job équivalent dans leur spécialité dans le groupe. On parle de 200 personnes sur un futur groupe de 250.000 personnes (dont 55.00 en France)!"
Veolia anticipe 500 millions d'euros de "synergies de performance industrielle" (économies d'énergies...), mais "il n'y a aucune synergie sur les personnels dans notre projet", dit le patron, promettant aussi des directions "mixées équitablement" via un cabinet indépendant et sous le contrôle des salariés.
Mais quid des activités que Veolia ne pourra garder? Les repreneurs seront-ils vertueux? Car la direction de Suez estime que Veolia devra céder 70% des activités françaises de son rival pour respecter les lois anti-trust.
Ainsi l'activité Eau France, soit 10.700 personnes. "Nul doute que l'autorité de la concurrence ne nous autorisera pas à reprendre la moindre parcelle de cette activité", admet Antoine Frérot.
Pour les déchets (un peu plus de 15.000 salariés), "nous faisons l'hypothèse en première approximation que nous serons autorisés à garder la moitié des activités et des personnes, et que nous devrons céder l'autre moitié", dit-il.
Meridiam, fonds approché par Veolia, promet de reprendre et conserver l'Eau sur le "long terme". Les emplois seraient préservés "au moins 5 ans" - Bercy a réclamé un horizon chiffré, explique Veolia.
Quant aux déchets, Veolia jure de regarder les engagements sociaux des candidats à la reprise, avant même le prix proposé. Faute de quoi "ils passeront leur tour". Marché plus morcelé que l'eau, la propreté occupe en France plusieurs groupes, certains importants, de Paprec à Séché.
"Je recherche des investisseurs qui auront un projet industriel de long terme. Un consortium de fonds d'investissement classique franco-américain ne me paraît pas correspondre à cela,", ajoute le patron de Veolia, dans une allusion aux fonds Ardian et GIP, qui ont la préférence de la direction de Suez et des syndicats.
Mais là encore, quelles garanties de voir les promesses tenues?
"Lors de rapprochements récents, de grands groupes industriels ont failli à leur parole. Je pense à GE et Alstom, mais il y en a d'autres," admet le patron.
Entendu par le Parlement, il a proposé "un processus de sanction financière", au cas où Veolia et autres repreneurs des activités de Suez seraient pris "en faute", "pour éviter les promesses de Gascon".
Sauf que ce processus n'existe pas (encore). Antoine Frérot renvoie donc la balle aux pouvoirs publics: "Je ne pense pas que ce soit impossible à mettre en place. Aux parlementaires d'imaginer le système. Je suis prêt à leur faire des propositions".
cho-cd/ico/LyS
Les salariés du groupe hôtelier JJW demandent le report de la liquidation judiciaire #
Les salariés du groupe hôtelier JJW ont déposé lundi une pétition au tribunal de commerce de Paris pour retarder la liquidation judiciaire afin de laisser une chance au plan de continuation et ainsi sauver leurs emplois.
"L'hôtellerie française c'est la catastrophe partout, on sabre les emplois. Nous, ça fait un an qu'on ne travaille pas, on ne va pas bien, et là on veut nous brader", résume Richard Moguel, délégué syndical CGT du groupe, qui détient neuf hôtels dont les 5 étoiles Balzac et de Vigny, situés dans le 8e arrondissement de Paris.
JJW, détenu par le milliardaire saoudien Mohamed Al Jaber, connait de graves difficultés financières et est en procédure de sauvegarde depuis 2013.
Le 20 juin dernier, le groupe a été placé en redressement judiciaire mais l'administrateur désigné a souhaité accélérer la procédure afin qu'une liquidation soit prononcée pour rembourser les créanciers.
Une audience doit avoir lieu le 12 mars devant le tribunal de commerce de Paris et le 11, les offres des potentiels repreneurs doivent être présentées aux salariés.
"Le plan de cession c'est la mise à mort des 212 salariés", a insisté Nehmé El Khoury, délégué syndical CFDT.
"Les hôtels qui sont estimés à 300 millions d'euros ne seraient rachetés, pour les offres les plus hautes, qu'à hauteur de 150 millions d'euros", a indiqué une porte-parole du groupe.
Toutes les offres "prévoient de vastes plans de licenciements ou de vastes travaux de deux ans au terme desquels le personnel a de fortes chances d'être licencié", assure le groupe.
Les salariés demandent donc un délai supplémentaire pour présenter un plan de continuation souhaité par Mohamed Al Jaber qui permettrait de sauver tous les emplois.
D'autant que le 18 février, un médiateur a été nommé pour trouver un arrangement entre JJW et son principal créancier, la banque allemande Aareal, à qui il doit 145 millions d'euros.
JJW assure pouvoir apurer sa dette grâce à de nouveaux crédits obtenus auprès des fonds Apollo et Carlyle, à hauteur de 175 millions d'euros.
"Avec le plan de continuation, on a la garantie du maintien des emplois jusqu'à 2024", assure Nehmé El Khoury.
La société JJW France existe depuis près de 30 ans et exploite des établissements de 1 à 5 étoiles, la plupart fermés depuis un an et le début de la pandémie de Covid-19.
agu/bfa/sr
Aux Champs-Elysées, rassemblement contre la fermeture de Pizza Pino #
Une centaine de salariés étaient rassemblés lundi pour contester le projet de fermeture de l'emblématique restaurant Pizza Pino des Champs-Elysées, souhaitée par la direction, et réclamer le maintien de leurs emplois, a constaté l'AFP.
Quelque jours après avoir annoncé que le bailleur souhaitait résilier le bail, au plus tard le 31 août 2021, la direction de l'établissement a fait connaître le 26 février son souhait de fermer le restaurant et procéder à un plan social, selon les organisations syndicales.
Les syndicats CFTC, CGT, FO, CFE/CGC et Unsa, qui avaient appelé au rassemblement, dénoncent ainsi la suppression de 97 emplois, sur les 254 que compte le groupe dans tous ses restaurants.
Lors du CSE (comité social et économique) du 26 février, "le patron a parlé deux minutes pour nous dire que Pizza Pino c'était fini. Puis, il a éteint sa caméra et n'a pas voulu répondre à nos questions", rapporte Paolo Lupidii, délégué syndical CFE-CGC.
"Le restaurant a eu plus de 5 millions d'euros d'aides Covid (sous forme de prêt garanti par l'Etat, Ndlr)", ajoute le maître hôtel du restaurant âgé de 56 ans.
"Ce qu'on veut c'est garder notre emploi", plaide Paolo Lupidii, qui a passé 31 ans dans ce restaurant, convaincu que "la direction peut ouvrir un autre restaurant" à Paris.
"Hier (dimanche, Ndlr), la ministre du Travail Elisabeth Borne disait que l'Etat ferait tout pour aider les chefs d'entreprise à préserver les emplois. Ici, ils ont tout pris mais nous demandent de partir", grince Yousef (prénom d'emprunt), 56 ans.
Lotfi Chteoui, 52 ans dont 23 passés dans le restaurant, se dit "sous le choc". "Sous prétexte que le bail arrive à terme, on licencie tous les salariés. La direction n'a même pas réfléchi à une autre solution", s'énerve l'élu FO.
"Nous, nous voulons travailler, nous voulons une alternative à la fermeture, que le propriétaire continue l'aventure avec nous", insiste-t-il.
Créé en 1968 sur la "plus belle avenue du monde", Pizza Pino, avec son célèbre "vaisseau-amiral", est devenue "une institution", rappelle Lotfi Chteoui, un établissement qui "jusqu'en 2016 portait le groupe".
Depuis la crise des "Gilets jaunes" en 2018, les grèves des cheminots en décembre-janvier 2019 et la crise du Covid, combinés à l'absence de touristes, les commerces autrefois prisés de la capitale sont désormais à la peine. A l'instar de nombreux restaurant, Pizza Pino est fermé depuis de nombreux mois.
bat/cel/bow
France: un syndicat suisse dénonce les conditions de travail des livreurs DPD #
Un rassemblement à l'appel du premier syndicat de Suisse, Unia, s'est tenu lundi matin à Issy-les-Moulineaux (banlieue sud de Paris) devant le siège de GeoPost, dont la filiale DPD, spécialiste de la livraison de colis, est accusée d'infractions systématiques à la loi dans ce pays.
"C'est un scandale comme on l'a rarement vu en Suisse", a dénoncé Roman Künzer Fögele, responsable de la branche logistique et transport du syndicat Unia.
Il accuse DPD, filiale de GeoPost, elle-même propriété du groupe français La Poste, d'imposer des cadences infernales à ses livreurs en Suisse sans payer les heures supplémentaires, d'infliger des déductions de salaires arbitraires ou de ne pas respecter la loi sur le travail de nuit.
En Suisse, "800 livreurs travaillent pour DPD" où il est le deuxième acteur du secteur, a expliqué Roman Künzer Fögele, et "ils sont tous employés par des sous-traitants".
D'après lui, il existe environ 80 sous-traitants qui embauchent 10 à 15 personnes chacun. Unia dit avoir interrogé "de manière intensive" 25% de ces chauffeurs, soit 200 personnes.
"On a constaté des choses extraordinaires", avec des journées de travail "de douze à quatorze heures avec aucune heure supplémentaire payée", a-t-il indiqué.
Unia a produit un rapport de 36 pages détaillant les pratiques de DPD. "Les journées de travail de 5h30 à 17h00 sans pauses sont la règle", y est-il écrit.
"Unia ne connaît aucun chauffeur qui reçoive de son patron un décompte des heures travaillées à la fin du mois", écrit le syndicat. Les livreurs sont souvent amenés à effectuer 200 arrêts par jour et font des semaines de 70 heures alors que leurs contrats prévoient un temps de travail hebdomadaire de 42 à 44 heures.
"Beaucoup des chauffeurs qui travaillent pour DPD sont jeunes, ils ont entre 25 et 30 ans et ont déjà des problèmes physiques importants mais aussi psychiques", explique Roman Künzer Fögele.
Les livreurs ont formulé 13 demandes pour améliorer les conditions de travail et corriger les abus. "Jusqu'à présent, personne n'a réussi à entrer en contact avec quelqu'un du management en Suisse", a dénoncé M. Künzer Fögele.
"La société a réagi avec une violente campagne antisyndicale où on disait aux livreurs de ne pas nous parler, sous peine d'être licenciés", a-t-il décrit, évoquant des pratiques rarissimes en Suisse.
Il demande au groupe La Poste en France de faire pression sur le management suisse de DPD pour "trouver une solution" et ouvrir des négociations.
Le syndicat français CGT, présent au rassemblement, a annoncé souhaiter lui aussi mener une enquête sur les conditions de travail des livreurs chez DPD ou Chronopost.
agu/cel/ide/cac
8 mars: appel à manifester pour les droits des femmes, "premières de corvées" de la crise #
Une journée pour les "premières de corvées" éprouvées par la crise sanitaire: une trentaine d'associations féministes, d'ONG et de syndicats ont appelé lundi à des rassemblements et grèves le 8 mars pour "dénoncer les injustices" subies par les femmes et accentuées par la pandémie.
"Le 8 mars, nous serons en grève avec les femmes du monde entier pour refuser toutes et tous ensemble de payer le prix de la crise avec notre travail, notre salaire, notre corps", ont dit lundi lors d'une conférence de presse ces 37 organisations réunies dans le mouvement "Grève féministe".
Inégalité salariale, mise en lumière des métiers à prédominance féminine, dureté du confinement, hausse des violences intrafamiliales, émergence des mouvements #Metooinceste ou #sciencesporcs: la journée internationale pour les droits des femmes intervient cette année dans un contexte particulier, miné par la crise liée au coronavirus.
"L'épidémie a mis en lumière que les femmes étaient au front, en première ligne à travers différentes professions et aussi à la maison", a fait valoir Mireille Stivala de la CGT Santé et action sociale, appelant à faire de ce jour "un levier pour les droits".
En plus de rassemblements dans toute la France, ces organisations, dont Osez le féminisme, Les Effronté-e-s, le Planning familial, l'Unef ou encore le Collectif national pour les droits des femmes, ont invité femmes et hommes à faire grève ou à cesser le travail à 15H40 pour dénoncer les écarts de salaire.
C'est à ce moment, pour une journée théorique de 8 heures (9H-17H avec une heure de pause), que les femmes ne sont plus payées, si on prend en compte une différence moyenne de salaire avec les hommes évaluée à 25%.
Un appel à la grève CGT, FSU et Solidaires a été lancé. Dans la fonction publique, des préavis ont été déposés dans les secteurs de la santé, de l'éducation, de l'énergie, du rail ou à La Poste, a précisé Sophie Binet (CGT).
"La grève féministe c'est la grève du travail, dans le sens salarié, mais c'est aussi l'arrêt du travail invisible, afin de dénoncer la charge mentale et les inégalités dans la répartition des tâches", a ajouté Murielle Guilbert de Solidaires.
A Paris, la manifestation partira à la mi-journée de Port-Royal.
Dans le cortège seront aussi représentées des organisations de défense de femmes sans-papiers, d'aides à domicile, d'employées de McDonald's qui dénoncent "discriminations et harcèlement", ou encore de femmes ouïghours, ont précisé lundi leurs porte-parole.
Un rassemblement "festif et féministe" est également prévu dimanche, place de la République.
jlo/bfa/mpm
Un syndicat suisse dénonce les conditions de travail des livreurs DPD #
Un rassemblement à l'appel du premier syndicat de Suisse, Unia, s'est tenu lundi matin devant le siège de GeoPost à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), dont la filiale DPD, spécialiste de la livraison de colis, est accusée d'infractions systématiques à la loi dans ce pays.
"C'est un scandale comme on l'a rarement vu en Suisse", a dénoncé Roman Künzer Fögele, responsable de la branche logistique et transport du syndicat Unia.
Il accuse DPD, filiale de GeoPost, elle-même propriété du groupe La Poste, d'imposer des cadences infernales à ses livreurs en Suisse sans payer les heures supplémentaires, d'infliger des déductions de salaires arbitraires ou de ne pas respecter la loi sur le travail de nuit.
En Suisse, "800 livreurs travaillent pour DPD" où il est le deuxième acteur du secteur, a expliqué Roman Künzer Fögele, et "ils sont tous employés par des sous-traitants".
D'après lui, il existe environ 80 sous-traitants qui embauchent 10 à 15 personnes chacun. Unia dit avoir interrogé "de manière intensive" 25% de ces chauffeurs, soit 200 personnes.
"On a constaté des choses extraordinaires", avec des journées de travail "de douze à quatorze heures avec aucune heure supplémentaire payée", a-t-il indiqué.
Unia a produit un rapport de 36 pages détaillant les pratiques de DPD. "Les journées de travail de 5h30 à 17h00 sans pauses sont la règle", y est-il écrit.
"Unia ne connait aucun chauffeur qui reçoive de son patron un décompte des heures travaillées à la fin du mois", écrit le syndicat. Les livreurs sont souvent amenés à effectuer 200 arrêts par jour et font des semaines de 70 heures alors que leurs contrats prévoient un temps de travail hebdomadaire de 42 à 44 heures.
"Beaucoup des chauffeurs qui travaillent pour DPD sont jeunes, ils ont entre 25 et 30 ans et ont déjà des problèmes physiques importants mais aussi psychiques", explique Roman Künzer Fögele.
Les livreurs ont formulé 13 demandes pour améliorer les conditions de travail et corriger les abus. "Jusqu'à présent, personne n'a réussi à entrer en contact avec quelqu'un du management en Suisse", a dénoncé M. Künzer Fögele.
"La société a réagi avec une violente campagne antisyndicale où on disait aux livreurs de ne pas nous parler, sous peine d'être licenciés", a-t-il décrit, évoquant des pratiques rarissimes en Suisse.
Il demande au groupe La Poste en France de faire pression sur le management suisse de DPD pour "trouver une solution" et ouvrir des négociations.
La CGT, présente au rassemblement, a annoncé souhaiter elle aussi mener une enquête sur les conditions de travail des livreurs chez DPD ou Chronopost.
agu/cel/ide
Chlordécone: la Martinique se mobilise contre "l'impunité" #
"Non à l'impunité": plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi en Martinique contre la menace de prescription dans le dossier du chlordécone, un insecticide accusé d'avoir empoisonné l'île et la Guadeloupe voisine où la mobilisation a démarré plus timidement.
"On n'avait jamais vu une manifestation aussi importante depuis 2009". Douze ans après la grève générale contre la vie chère, Francis Carole, président du Parti pour la libération de la Martinique (Palima) et conseiller exécutif chargé des affaires sanitaires de la collectivité territoriale, savoure ce retour des Martiniquais dans la rue.
Entre 10 et 15.000 personnes selon les organisateurs, 5.000 selon la police, certains portant des masques anti-Covid, d'autres non, comme Francis Carole: "Les Martiniquais se sont mobilisés par milliers", a souligné ce dirigeant divers gauche, pour répondre "au crachat que nous a lancé l'Etat français, à savoir la menace de prescription" dans le dossier de cet insecticide qui a infiltré les sols de l'île pour des centaines d'années.
Tambours, "chachas" (maracas), conques de Lambi (coquillage symbole de l'île qui sert aussi d'instrument) et chants: la gravité du sujet n'a pas empêché le rassemblement de se dérouler dans une atmosphère festive. "Prescription dapré yo, di prefet a alé planté bannan" ("d'après eux il y aura prescription, dites au préfet d'aller planter des bananes"), ont notamment chanté les manifestants en reprenant l'air d'une chanson du carnaval, illégal cette année en raison du Covid-19.
Sans oublier, pour autant, le mot d'ordre de la quarantaine d'associations, de syndicats et de partis politiques de l'île qui avaient appelé au rassemblement: "non à l'impunité".
L'insecticide a été autorisé entre 1972 et 1993 dans les bananeraies des Antilles, polluant eaux et productions agricoles, alors que sa toxicité et son pouvoir persistant dans l'environnement étaient connus depuis les années 60.
"Ils nous empoisonnent, ils nous tuent", proclame une banderole de la CGT Martinique tenue par deux femmes vêtues de rouge, pendant que d'autres avaient opté pour le rouge, vert ou noir, couleurs du drapeau adopté par une majorité de Martiniquais.
Plus de 90% de la population adulte en Guadeloupe et Martinique est contaminée par le chlordécone, selon Santé publique France, et les populations antillaises présentent un taux d'incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde.
Sur une pancarte, un manifestant a calculé "la facture" martiniquaise pour l'Etat français: "plafond annuel de sécu (41.136 euros) X population concernée (370.000 habitants) X 500 ans = 7,6 milliards d'euros".
Plusieurs associations de Martinique et de Guadeloupe ont été auditionnées les 20 et 21 janvier par les juges d'instruction parisiens en charge de l'affaire. Dès 2006, elles avaient déposé plainte contre l'empoisonnement de leurs îles au chlordécone.
Mais lors de cette audition, les juges d'instruction chargés de l'affaire depuis 2008 ont expliqué aux plaignants qu'il pourrait y avoir prescription des faits et que le dossier pourrait déboucher sur un non-lieu. Une option qui a heurté l'opinion et conduit à cette grande mobilisation ce samedi.
Pour Harry Bauchaint, membre du mouvement politique Péyi-A, "le gouvernement a prétendument reconnu une quelconque action mais n'a rien fait, et petit à petit se désengage". "Le gouvernement doit protéger tous les Français", rappelle-t-il.
Si la mobilisation, dans le contexte sanitaire actuel, est un franc succès en Martinique, elle est plus timide en Guadeloupe où 300 personnes, selon la CGT locale, syndicat organisateur, ont participé à une manifestation simultanée à Capesterre-Belle-Eau.
L'avocat Harry Durimel, le maire de Pointe-à-Pitre à la pointe de ce combat, n'était pas présent. "Je me réjouis qu'il y ait un réveil mais il est tardif, c'est bien triste", a-t-il déploré auprès de l'AFP.
A Paris, lieu de la troisième manifestation simultanée, un peu plus de 200 personnes se sont rassemblées place de la République. "L'ensemble de la société française devrait prendre fait et cause pour qu'il n'y ait pas de prescription", a déclaré à l'AFP Toni Mango, responsable du Kolèktif Doubout Pou Gwadloup, pour qui la menace de prescription va servir de catalyseur à la mobilisation. "C'est un premier appel, une première manifestation depuis le Covid et on ne s'arrêtera pas là".
fam-etr-pyv/ib/cbn