Les marchés digèrent la décision de la BCE, le regard sur l'Italie #
Les marchés européens ont assimilé avec précaution la décision de la Banque centrale européenne jeudi de remonter ses taux directeurs, une première depuis 2011, et restaient méfiants concernant l'Italie, de nouveau sujette à l'instabilité politique.
Au terme de nombreuses variations en séance, les Bourses ont finalement clôturé proche de leur niveau d'avant la réunion de la BCE: Paris a fini en hausse de 0,27%, Londres de 0,09% et Francfort en baisse de 0,27%. Plombée par l'incertitude politique, la Bourse de Milan a reculé de 0,71%.
Les taux d'intérêt des États européens, après avoir bondi sitôt l'annonce du relèvement des taux de 0,50 point de pourcentage des trois principaux taux de la BCE, contre 0,25 point prévu initialement, ont finalement terminé en baisse ou stable par rapport à leur clôture de mercredi.
"Il y avait une nécessité" de procéder à une telle hausse pour mettre un terme à l'ère des taux négatifs entamée en 2014, a analysé pour l'AFP Vincent Juvyns, de JPMorgan AM, expliquant le peu de réaction des marchés, qui avaient en partie anticipé ces annonces.
Avec la baisse de l'euro et la montée de l'inflation depuis plusieurs mois, cette politique "ne servait plus à grand chose", poursuit-il.
L'euro restait stable à 1,0182 dollar vers 16H20 GMT.
Seul le taux italien pour l'emprunt à 10 ans a bondi, pour atteindre 3,50%, alors que l'Italie se retrouve en pleine crise politique.
Défait par les poids lourds de sa coalition d'unité nationale, le chef du gouvernement Mario Draghi a remis sa démission jeudi matin, ouvrant la voie à de nouvelles élections à l'automne.
L'écart, très scruté, entre les taux allemand et italien s'est donc creusé et a même atteint un plus haut depuis 2020 vers 13H40 GMT.
Jeudi, la BCE a certes annoncé jeudi un nouvel instrument pour protéger les États les plus fragiles contre des attaques spéculatives sur leur dette. Mais la mise en place du dispositif se fait "selon quatre critères" économiques "qui permettent de rendre un pays éligible à ce soutien", note Franck Dixmier, directeur de la gestion obligataire chez Allianz IG. Ces critères "convergent vers la notion de discipline budgétaire", résume-t-il.
Par conséquent, les règles "instillent le doute" quant à l'utilisation réelle et l'ampleur du dispositif, alors que les marchés s'attendaient à un soutien plus appuyé, poursuit-il.
A la Bourse de New York, les esprits étaient bien moins tournés vers Francfort. La banque centrale américaine, la Fed, est engagé depuis plusieurs mois déjà dans un tour de vis monétaire. Sa prochaine réunion a lieu la semaine prochaine.
Les marchés se concentraient plutôt sur les résultats des entreprises. Après une ouverture en baisse, les indices se redressaient: le Nasdaq, à coloration technologique, prenait 0,81%, emmenné par le bon de Tesla (+8,62%) après sa publication. Le S&P 500 montait de 0,44% et le Dow Jones s'effritait de 0,06% vers 16H20 GMT.
A la cote, outre Tesla, d'autres entreprises étaient saluées après leur résultat comme le groupe d'habillement britannique Frasers Group (+26,90%), ou encore le spécialiste de la communication Publicis (+5,05%) .
En revanche, le secteur aérien pâtissait des mauvaises perspectives dressées par les entreprises United Airlines et American Airlines.
Par ailleurs, les cours du pétrole baissaient nettement, plombés par un bond des réserves d'essence aux États-Unis impliquant une baisse de la demande, quand la production de brut a repris en Libye après trois mois de perturbations.
Le baril de Brent de la mer du Nord perdait 2,37% à 104,43 dollars vers 16H25 GMT.
Celui de West Texas Intermediate (WTI) américain baissait de 3,02% à 96,86 dollars.
Le marché du gaz européen restait stable après la réouverture jeudi, mais avec un débit réduit du gazoduc Nord Stream 1 reliant la Russie à l'Allemagne. Le gouvernement allemand a jugé le niveau de livraison "faible" et "pas fiable", accusant Moscou d'être un "facteur d'incertitude croissant" sur le marché énergétique.
bur-fs/lep/LyS