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Mali: Paris réaffirme sa "détermination" contre le "terrorisme" après des accusations de bavure #

4/1/2021, 4:37 PM
Bamako, MLI

La ministre française des Armées, Florence Parly, a souligné jeudi à Bamako la "détermination" de la France et de ses partenaires "à continuer le combat contre le terrorisme", et a rejeté à nouveau des accusations de bavure lors d'une frappe controversée en janvier dans le centre du Mali.

Florence Parly et ses homologues estonien Kalle Laanet et tchèque Lubomir Metnar se sont entretenus avec le président de la transition, Bah Ndaw, deux jours après la publication d'un rapport des Nations unies faisant état de la mort de 19 civils lors d'une frappe de la force française Barkhane, ce que Paris a déjà réfuté avec vigueur.

"Nous avons partagé notre détermination à continuer notre combat contre le terrorisme", a dit Mme Parly face à la presse à l'issue de l'entretien.

Les trois ministres ont déclaré la "pleine capacité opérationnelle" de la task force Takuba, un regroupement inédit de forces spéciales composé de soldats français, tchèques, estoniens, suédois et italiens.

Paris compte beaucoup sur ce "laboratoire d'intégration au combat des partenaires européens", selon Mme Parly, pour partager avec ses partenaires le fardeau de la lutte contre les jihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique.

Mardi, une enquête de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) a conclu qu'une frappe aérienne conduite par Barkhane le 3 janvier avait tué 19 civils au cours d'un mariage. Le rapport constitue la plus grave mise en cause d'une opération française par les Nations unies depuis le début de l'engagement de Paris au Sahel.

La ministre des Armées a une nouvelle fois réfuté ces conclusions, en maintenant que "les forces armées françaises (avaient) effectué une frappe aérienne ciblant un groupe armé terroriste identifié comme tel".

"Il y a aussi une guerre dans le domaine informationnel et notre ennemi (...) exploite toutes les polémiques possibles", a-t-elle affirmé, en ajoutant: "je ne peux pas admettre que l'honneur de nos soldats puisse ainsi être sali".

Sept organisations de défense des droits humains, en France et au Mali, ont exhorté jeudi la France et le Mali à mener une enquête indépendante et transparente.

"Il me semble que l'enquête qui a été menée par les Nations unies est indépendante", a répondu Mme Parly, en disant espérer que le point de vue de Paris sera pris en compte. "Nous transmettrons l'ensemble de nos observations et remarques au département concerné des Nations unies", a-t-elle ajouté.

bur-siu/hba

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APR 1

A Tombouctou, la procureure de la CPI boucle symboliquement la boucle #

4/1/2021, 6:55 AM
Tombouctou, MLI

Voile sur la tête, du même vert que son large boubou, la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) Fatou Bensouda arpente silencieusement les allées de la mosquée Djingarey Bey de Tombouctou, classée au patrimoine mondial de l'Unesco.

Elle écoute, studieuse, les explications du maître des lieux, sur le crépissage annuel des murs, sur une entrée d'air. A une centaine de mètres au dehors, les mausolées.

La visite semblerait touristique. Elle ne l'est pas.

Neuf ans après l'occupation de Tombouctou par les jihadistes en 2012, l'Unesco, le gouvernement malien, la CPI et le Fonds des victimes de la CPI sont tous là pour visiter le patrimoine ciblé à l'époque et aujourd'hui reconstruit ou restauré, et la visite de ce mercredi a des airs de revanche sur l'histoire.

A l'époque, au nom de la lutte contre "l'idolâtrie", le groupe jihadiste Ansar Dine, affilié à Al-Qaïda, s'en était pris à la pioche à quatorze mausolées de saints.

"Pour moi, la boucle est bouclée!", explique Fatou Bensouda, qui ne cache pas sa fierté, à quelques semaines de quitter ses fonctions. La condamnation en 2016 d'un jihadiste malien, Ahmad Al Faqi Al Mahdi, reconnu coupable d'avoir participé à la destruction des mausolées, est l'une de ses "victoires" de magistrate.

Pour la première fois, la destruction de biens culturels avait été considérée comme un crime de guerre par la justice.

Mardi, un euro symbolique a été remis par le Fonds des victimes au Mali et à la communauté internationale. D'autres réparations financières sont prévues pour les descendants des saints dont les sépultures ont été attaquées.

"Quand j'ai commencé à enquêter avec mes équipes, les gens ont demandé: +pourquoi Bensouda n'enquête pas sur des crimes de sang, ce ne sont que des bâtiments+", dit-elle.

"Mais c'était très important! Il fallait envoyer le message que détruire des sites classés à l'Unesco ne pouvait se faire dans l'impunité".

Les vieux manuscrits de l'ancienne ville savante sont désormais sauvegardés au centre Ahmed Baba. Chèche rouge sur la tête, le jeune étudiant Sekou Baba tient dans ses mains un Coran, pas encore daté. Il montre comment les feuilles jaunies par les siècles sont stockées, restaurées.

- "Nouvelles de La Haye" -

Soudain, devant la salle d'archivage n°3, deux militaires maliens s'exclament: "Eh ! mais c'est Fatou Bensouda!"

L'ancienne ministre gambienne fait comme si de rien n'était, lâche un sourire en coin derrière son masque, et reprend sa marche. La visite se fait au pas de course et sous la protection de dizaines de Casques bleus de la mission de l'ONU au Mali.

Entre les agissements des jihadistes, des groupes armés et des trafiquants, la situation reste volatile dans la région. Tombouctou elle-même est gangrénée par de vieilles tensions intercommunautaires entre populations sédentaires noires et nomades arabes.

Arguant que la culture est facteur de cohésion, le directeur général adjoint de l'Unesco Xing Qu s'est voulu formel devant les imams des trois grandes mosquées: "Votre patrimoine est notre patrimoine, ce qui est à Tombouctou est à l'humanité".

Les imams ont écouté, puis l'un s'est tourné vers Mme Bensouda: "Al Mahdi a été condamné, mais il agissait sous la responsabilité d'un autre, Iyad Ag Ghaly".

A l'époque à la tête d'Ansar Dine, celui-ci dirige aujourd'hui la principale nébuleuse jihadiste affiliée à Al-Qaïda, le Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans (GSIM).

"Notre travail au Mali n'est pas fini", répond la procureure.

Après une énième photo symbolique, Fatou Bensouda vient s'enquérir auprès des journalistes de l'AFP des "nouvelles de La Haye", le siège de la CPI qui statuait le même jour sur l'affaire de crimes contre l'humanité contre l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et l'un de ses proches, Charles Blé Goudé. Les deux hommes ont été acquittés en 2019 mais, elle, Fatou Bensouda avait fait appel.

"Ce n'est pas vrai!", lâche-t-elle spontanément quand elle apprend que les acquittements sont confirmés, avant de finir la visite enfermée dans sa voiture blindée, à passer des coups de téléphone. Elle a sobrement tweeté en fin de journée avoir "pris acte" du jugement.

ah/lal/roc

XING AG

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APR 1

A Tombouctou, la procureure de la CPI boucle symboliquement la boucle #

4/1/2021, 2:00 AM
Tombouctou, MLI

Voile sur la tête, du même vert que son large boubou, la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) Fatou Bensouda arpente silencieusement les allées de la mosquée Djingarey Bey de Tombouctou, classée au patrimoine mondial de l'Unesco.

Elle écoute, studieuse, les explications du maître des lieux, sur le crépissage annuel des murs, sur une entrée d'air. A une centaine de mètres au dehors, les mausolées.

La visite semblerait touristique. Elle ne l'est pas.

Neuf ans après l'occupation de Tombouctou par les jihadistes en 2012, l'Unesco, le gouvernement malien, la CPI et le Fonds des victimes de la CPI sont tous là pour visiter le patrimoine ciblé à l'époque et aujourd'hui reconstruit ou restauré, et la visite de ce mercredi a des airs de revanche sur l'histoire.

A l'époque, au nom de la lutte contre "l'idolâtrie", le groupe jihadiste Ansar Dine, affilié à Al-Qaïda, s'en était pris à la pioche à quatorze mausolées de saints.

"Pour moi, la boucle est bouclée!", explique Fatou Bensouda, qui ne cache pas sa fierté, à quelques semaines de quitter ses fonctions. La condamnation en 2016 d'un jihadiste malien, Ahmad Al Faqi Al Mahdi, reconnu coupable d'avoir participé à la destruction des mausolées, est l'une de ses "victoires" de magistrate.

Pour la première fois, la destruction de biens culturels avait été considérée comme un crime de guerre par la justice.

Mardi, un euro symbolique a été remis par le Fonds des victimes au Mali et à la communauté internationale. D'autres réparations financières sont prévues pour les descendants des saints dont les sépultures ont été attaquées.

"Quand j'ai commencé à enquêter avec mes équipes, les gens ont demandé: +pourquoi Bensouda n'enquête pas sur des crimes de sang, ce ne sont que des bâtiments+", dit-elle.

"Mais c'était très important! Il fallait envoyer le message que détruire des sites classés à l'Unesco ne pouvait se faire dans l'impunité".

Les vieux manuscrits de l'ancienne ville savante sont désormais sauvegardés au centre Ahmed Baba. Chèche rouge sur la tête, le jeune étudiant Sekou Baba tient dans ses mains un Coran, pas encore daté. Il montre comment les feuilles jaunies par les siècles sont stockées, restaurées.

- "Nouvelles de La Haye" -

Soudain, devant la salle d'archivage n°3, deux militaires maliens s'exclament: "Eh ! mais c'est Fatou Bensouda!"

L'ancienne ministre gambienne fait comme si de rien n'était, lâche un sourire en coin derrière son masque, et reprend sa marche. La visite se fait au pas de course et sous la protection de dizaines de Casques bleus de la mission de l'ONU au Mali.

Entre les agissements des jihadistes, des groupes armés et des trafiquants, la situation reste volatile dans la région. Tombouctou elle-même est gangrénée par de vieilles tensions intercommunautaires entre populations sédentaires noires et nomades arabes.

Arguant que la culture est facteur de cohésion, le directeur général adjoint de l'Unesco Xing Qu s'est voulu formel devant les imams des trois grandes mosquées: "Votre patrimoine est notre patrimoine, ce qui est à Tombouctou est à l'humanité".

Les imams ont écouté, puis l'un s'est tourné vers Mme Bensouda: "Al Mahdi a été condamné, mais il agissait sous la responsabilité d'un autre, Iyad Ag Ghaly".

A l'époque à la tête d'Ansar Dine, celui-ci dirige aujourd'hui la principale nébuleuse jihadiste affiliée à Al-Qaïda, le Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans (GSIM).

"Notre travail au Mali n'est pas fini", répond la procureure.

Après une énième photo symbolique, Fatou Bensouda vient s'enquérir auprès des journalistes de l'AFP des "nouvelles de La Haye", le siège de la CPI qui statuait le même jour sur l'affaire de crimes contre l'humanité contre l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et l'un de ses proches, Charles Blé Goudé. Les deux hommes ont été acquittés en 2019 mais, elle, Fatou Bensouda avait fait appel.

"Ce n'est pas vrai!", lâche-t-elle spontanément quand elle apprend que les acquittements sont confirmés, avant de finir la visite enfermée dans sa voiture blindée, à passer des coups de téléphone. Elle a sobrement tweeté en fin de journée avoir "pris acte" du jugement.

ah/lal/roc

XING AG

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MAR 31

Parly au Mali avec des Européens, en pleine polémique sur des frappes #

3/31/2021, 8:06 PM

La ministre française des Armées est arrivée mercredi au Mali avec ses homologues estonien et tchèque pour annoncer la pleine capacité de "Takuba", unité de forces spéciales européennes censée former l'armée malienne au combat face aux jihadistes, a indiqué le ministère.

Florence Parly, Kalle Laanet et Lubomir Metnar rencontreront notamment jeudi le président de la transition Bah Ndaw et le ministre malien de la Défense Sadio Camara. Des entretiens qui interviendront au lendemain de la publication d'un rapport des Nations unies faisant état de la mort de 19 civils lors d'une frappe de la force française Barkhane, ce que Paris réfute avec vigueur.

"Les trois ministres acteront la pleine capacité opérationnelle de la task force Takuba, étape majeure pour ce regroupement inédit d'unités de forces spéciales européennes au Sahel", a précisé un communiqué du ministère français des Armées. "Cette étape est majeure d'un point de vue tactique et opérationnel, il s'agit également d'un symbole fort".

Outre les Tchèques et les Estoniens, des soldats suédois et italiens participent à l'opération, sur laquelle Paris compte beaucoup pour partager avec ses partenaires le fardeau de la lutte contre les jihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique.

Les ministres se rendront ensuite auprès d'unités sur le terrain.

Mardi, une enquête de la Mission de l'Onu au Mali (Minusma) a conclu qu'une frappe aérienne conduite par Barkhane avait tué 19 civils au cours d'un mariage. Le rapport constitue la plus grave mise en cause d'une opération française par les Nations unies depuis le début de l'engagement de Paris au Sahel.

Le ministère a réfuté avec force ses conclusions, en maintenant que "le 3 janvier, les forces armées françaises (avaient) effectué une frappe aérienne ciblant un groupe armé terroriste identifié comme tel" et non des civils, près de Bounti (centre). Le ministère a aussi émis "de nombreuses réserves quant à la méthodologie retenue" par les enquêteurs de l'Onu.

Mi-février, lors d'un sommet à N'Djamena avec les partenaires du G5 Sahel, le président Emmanuel Macron avait annoncé que Paris ne comptait pas réduire "dans l'immédiat" les effectifs de Barkhane, appelant d'abord à "décapiter" les groupes jihadistes. Mais les Etats africains peinent à convertir les succès militaires en progrès politiques.

Le nouveau président du Niger Mohamed Bazoum a estimé à cet égard lundi qu'un retrait partiel de Barkhane n'aurait pas "grand effet" sur le terrain si l'appui aérien demeure. "Cet échec relatif, c'est notre échec à tous, l'échec de l'ensemble de la coalition", avait-il expliqué dans une interview sur France 24/RFI.

dla/ayv/

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