Scandale des écoutes en Grèce: la rentrée parlementaire avancée #
Le gouvernement grec a annoncé mardi que la rentrée parlementaire serait avancée d'une semaine, acceptant la demande de l'opposition de gauche d'un "débat extraordinaire" à l'Assemblée sur le scandale des écoutes téléphoniques qui ébranle le pays.
"Le gouvernement a accepté d'avancer l'ouverture du Parlement au 22 août au lieu du 31 août comme c'était initialement prévu", a indiqué à la presse le porte-parole du gouvernement, Yannis Economou.
Le gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis est sous une énorme pression après la révélation de la surveillance par les services nationaux du renseignement (EYP) en 2021 de Nikos Androulakis, un eurodéputé, élu chef du parti socialiste Pasok-Kinal, le troisième parti parlementaire.
Lundi soir, quelques heures après que le Premier ministre a avoué la surveillance de Nikos Androulakis par l'EYP tout en la qualifiant d'"erreur", le chef du principal parti de l'opposition de gauche Syriza, Alexis Tsipras, a réclamé "l'arrêt des vacances d'été" du Parlement et "un débat extraordinaire à l'Assemblée" sur les surveillances illégales.
"Aujourd'hui personne ne peut dire combien et quels hommes politiques, journalistes ou autres citoyens ont subi la levée du secret", a fustigé Alexis Tsipras, ancien Premier ministre (2015-2019).
L'affaire, qui a entraîné la semaine dernière deux démissions dans l'entourage de Kyriakos Mitsotakis, dont celle du chef de l'EYP Panagiotis Kontoleon, continue à empoisonner le climat politique, l'opposition ayant demandé la démission de Kyriakos Mitsotakis.
"Le Premier ministre tente de gagner du temps mais le temps joue contre lui", a indiqué Nikos Androulakis lundi après que Kyriakos Mitsotakis a rejeté toute responsabilité sur l'affaire assurant qu'il n'était pas au courant de la décision de l'EYP de surveiller Nikos Androulakis.
Le Premier ministre a expliqué lors d'un message à la nation que la surveillance était conforme à la procédure prévue par la loi mais qu'elle était "politiquement inacceptable".
L'EYP a été placée sous l'égide du Premier ministre en vertu d'un amendement controversé en août 2019, quelques jours après l'arrivée au pouvoir de la droite Nouvelle Démocratie de Kyriakos Mitsotakis.
Nikos Androulakis avait saisi la justice fin juillet pour "tentative" de surveillance de son téléphone portable via le logiciel illégal Predator.
Une affaire similaire avait été dénoncée par un journaliste grec en avril, alors qu'un autre journaliste avait également saisi la justice en février dénonçant sa surveillance par l'EYP.
"Toute tentative des services de sécurité nationale d'accéder illégalement aux données des citoyens, y compris des journalistes et des opposants politiques, si elle est confirmée, n'est pas acceptable", a prévenu mardi à Bruxelles Anita Hipper, une porte-parole de la commission européenne, interrogée sur l'affaire des écoutes en Grèce.
La présidente de la République hellénique Katerina Sakellaropoulou, a appelé à "l'éclaircissement immédiat et complet du cas de surveillance téléphonique" soulignant que "la protection du secret téléphonique est une condition fondamentale d'une société démocratique".
"Toute exception pour des raisons de sécurité prévue par la Constitution, doit être conforme aux principes de l'Etat de droit", a-t-elle souligné.
La section grecque des droits de l'homme (HLHR) a indiqué mardi dans un communiqué que "seulement en 2021, 15.470 décisions du parquet concernaient la levée du secret pour des raisons de +sécurité nationale+ mais que le nombre réel des personnes suivies est beaucoup plus élevé".
L'ONG a qualifié d'"insuffisantes" les explications lundi du Premier ministre et déploré des "dérapages institutionnels" dans son administration.
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