En France, réutiliser davantage les eaux usées pour économiser l'eau potable #
La sècheresse exceptionnelle de l'été 2022 a mis en évidence la vulnérabilité de l'approvisionnement en eau: la réutilisation des eaux souillées s'impose comme une option d'avenir et se développe en France, en retard par rapport à d'autres pays.
"Aujourd'hui en France, moins d'1% de l'eau provient de la réutilisation des eaux usées, alors que c'est courant en Italie (8%) et en Espagne (14%). Il faut une prise de conscience collective de la nécessité de la réutilisation, pour préserver la ressource eau", plaide Frédéric Salin, responsable de l'entreprise Veolia eau, experte du traitement des eaux, dans le département de l'Aude (sud de la France).
La "réut", selon le jargon des experts de l'eau, est fréquente dans les pays où l'eau est rare, et qui n'ont pas d'autre choix, comme Israël, Singapour ou la Namibie.
Dans la station d'épuration de Narbonne (sud de la France), comme dans cinq autres dans le pays, l'opérateur Veolia a mis en service en 2021 une "Réut Box", une infrastructure tenant dans un conteneur qui assure une étape supplémentaire de traitement de l'eau provenant des égouts.
Plutôt que de la rejeter dans les cours d'eau ou la mer, cette technologie, d'une capacité de traitement allant jusqu'à 75 m3/h, permet de rendre l'eau suffisamment propre pour être utilisée dans l'irrigation agricole, le nettoyage urbain, l'arrosage des espaces verts, des stades ou des golfs.
"Il faut industrialiser la +réut+. On va installer ce dispositif partout où c'est possible. D'ici fin 2023, on table sur la mise en fonctionnement de cent +Réut box+, une démarche pionnière qui permettra d'économiser 3 millions de m3 d'eau potable, l'équivalent de la consommation annuelle d'une ville de 180.000 habitants", calcule François Reboul Salze, responsable innovation chez Veolia.
Près de Narbonne, des vignes sont arrosées grâce à la réutilisation des eaux souillées d'une autre station d'épuration.
"C'est l'avenir, on a un besoin crucial d'économiser l'eau potable et d'aider les viticulteurs. Maintenant on réfléchit à un réseau de distribution pour l'irrigation agricole, mais ça coûte cher", regrette Michel Jammes, vice-président de l'intercommunalité du Grand Narbonne, en charge de l'eau.
Les 7 km de canalisation irriguant 80 hectares de vignes ont coûté environ 750.000 euros. Ce système, souligne-t-il, permet aux viticulteurs de s'affranchir des restrictions de pompage et d'arrosage.
Pour plaider la cause de la réutilisation des eaux usées, François Reboul Salze met en avant que "beaucoup de tomates venues d'Espagne que nous consommons ont été irriguées grâce à la +réut+ (eaux réutilisées, dans le jargon du traitement de l'eau)".
Si la France a tardé à actionner cette technologie, estime Sophie Besnault, experte en traitement de l'eau de l'INRAE (l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement), c'est qu'on "n'en avait pas forcément besoin, quand on n'a pas de manque d'eau... Et du fait des contraintes règlementaires, le cahier des charges est complexe, c'est coûteux".
"C'est une solution d'avenir pour économiser de l'eau potable, mais elle ne résoudra pas tous nos problèmes, fait remarquer Sophie Besnault. Il faut être assez prudent, c'est une eau qui n'est plus reversée dans la nature, il faut étudier l'éventuel impact sur le cours d'eau".
L'intensité et la fréquence des épisodes de sécheresse risquent encore d'augmenter sur le pourtour méditerranéen, prévoit le Groupe d'experts intergouvernemental sur le climat (Giec).
Pour Tatiana Vallaeys, experte à l'Agence de bassin Rhône-Méditerranée, "la question de l'eau est plus urgente que celle de l'énergie".
"Il faut anticiper la baisse de débit des fleuves, on prévoit une baisse de 50% à 80% du débit du [fleuve] Rhône d'ici 2100, souligne-t-elle. (...) Comment va-t-on refroidir les centrales nucléaires? Le signal d'alerte a été tiré".
"On est déjà confrontés à des conflits d'usage de l'eau. Quand on voit du transport d'eau par camion, on a un problème, et on n'est qu'au début des problèmes", assure la scientifique.
Ces dernières années, la consommation d'eaux souillées a été popularisée par le célèbre astronaute français Thomas Pesquet ainsi que les astronautes de la station spatiale internationale, "où 100% des eaux usées sont recyclées", note la professeure de l'université de Montpellier (sud de la France).
ap/fby/adc/mav
Réutiliser davantage les eaux usées, pour économiser l'eau potable #
La sècheresse exceptionnelle de l'été 2022 a mis en évidence la vulnérabilité de l'approvisionnement en eau: la réutilisation des eaux souillées s'impose comme une option d'avenir et se développe en France, en retard par rapport à d'autres pays.
"Aujourd'hui en France, moins d'1% de l'eau provient de la réutilisation des eaux usées, alors que c'est courant en Italie (8%) et en Espagne (14%). Il faut une prise de conscience collective de la nécessité de la réutilisation, pour préserver la ressource eau", plaide Frédéric Salin, responsable de Veolia eau dans le département de l'Aude.
La "réut", selon le jargon des experts de l'eau, est fréquente dans les pays où l'eau est rare, et qui n'ont pas d'autre choix, comme Israël, Singapour ou la Namibie.
Dans la station d'épuration de Narbonne, comme dans cinq autres en France, l'opérateur Veolia a mis en service en 2021 une "Réut Box", une infrastructure tenant dans un conteneur qui assure une étape supplémentaire de traitement de l'eau provenant des égouts.
Plutôt que de la rejeter dans les cours d'eau ou la mer, cette technologie, d'une capacité de traitement allant jusqu'à 75 m3/h, permet de rendre l'eau suffisamment propre pour être utilisée dans l'irrigation agricole, le nettoyage urbain, l'arrosage des espaces verts, des stades ou des golfs.
"Il faut industrialiser la 'réut'. On va installer ce dispositif partout où c'est possible. D'ici fin 2023, on table sur la mise en fonctionnement de cent 'Réut box', une démarche pionnière qui permettra d'économiser 3 millions de m3 d'eau potable, l'équivalent de la consommation annuelle d'une ville de 180.000 habitants", calcule François Reboul Salze, responsable innovation chez Veolia.
Près de Narbonne, des vignes sont arrosées grâce à la réutilisation des eaux souillées d'une autre station d'épuration.
"C'est l'avenir, on a un besoin crucial d'économiser l'eau potable et d'aider les viticulteurs. Maintenant on réfléchit à un réseau de distribution pour l'irrigation agricole, mais ça coûte cher", regrette Michel Jammes, vice-président de l'intercommunalité du Grand Narbonne, en charge de l'eau.
Les 7 km de canalisation irriguant 80 hectares de vignes ont coûté environ 750.000 euros. Ce système, souligne-t-il, permet aux viticulteurs de s'affranchir des restrictions de pompage et d'arrosage.
Pour plaider la cause de la réutilisation des eaux usées, François Reboul Salze met en avant que "beaucoup de tomates venues d'Espagne que nous consommons ont été irriguées grâce à la 'réut' (eaux réutilisées, dans le jargon du traitement de l'eau)".
Si la France a tardé à actionner cette technologie, estime Sophie Besnault, experte en traitement de l'eau de l'INRAE (l'institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement), c'est qu'on "n'en avait pas forcément besoin, quand on n'a pas de manque d'eau... Et du fait des contraintes règlementaires, le cahier des charge est complexe, c'est coûteux".
"C'est une solution d'avenir pour économiser de l'eau potable, mais elle ne résoudra pas tous nos problèmes, fait remarquer Sophie Besnault. Il faut être assez prudent, c'est une eau qui n'est plus reversée dans la nature, il faut étudier l'éventuel impact sur le cours d'eau".
L'intensité et la fréquence des épisodes de sécheresse risquent encore d'augmenter sur le pourtour méditerranéen, prévoit le Groupe d'experts intergouvernemental sur le climat (Giec).
Pour Tatiana Vallaeys, experte à l'Agence de bassin Rhône-Méditerranée, "la question de l'eau est plus urgente que celle de l'énergie".
"Il faut anticiper la baisse de débit des fleuves, on prévoit une baisse de 50% à 80% du débit du Rhône d'ici 2100, souligne-t-elle. (...) Comment va-t-on refroidir les centrales nucléaires? Le signal d'alerte a été tiré".
"On est déjà confrontés à des conflits d'usage de l'eau, quand on voit du transport d'eau par camion, on a un problème, et on n'est qu'au début des problèmes", assure la scientifique.
Ces dernières années, la consommation d'eaux souillées a été popularisée par Thomas Pesquet et les astronautes de la station spatiale internationale, "où 100% des eaux usées sont recyclées", note la professeure de l'université de Montpellier.
ap/fby/adc
Emmanuel Macron se rendra en Algérie du 25 au 27 août pour relancer la relation bilatérale #
Le président français Emmanuel Macron se rendra du 25 au 27 août en Algérie, a annoncé samedi l'Élysée, une visite destinée à relancer le partenariat entre les deux pays après plusieurs mois de crise.
"Ce déplacement contribuera à approfondir la relation bilatérale tournée vers l'avenir au bénéfice des populations des deux pays, à renforcer la coopération franco-algérienne face aux enjeux régionaux et à poursuivre le travail d'apaisement des mémoires", a déclaré la présidence française.
Le président français et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune ont évoqué cette visite lors d'un entretien téléphonique samedi. Emmanuel Macron a remercié son interlocuteur pour son "invitation à venir en visite en Algérie".
Il a aussi présenté "ses condoléances au Président Tebboune, à l'ensemble du peuple algérien et aux familles et proches des victimes des terribles incendies des derniers jours".
Les gigantesques incendies qui ont ravagé mercredi et jeudi le nord de l'Algérie au fait 37 morts, selon un bilan officiel. Ces feux étaient presque tous éteints samedi, ont indiqué les pompiers.
"Le chef de l'Etat a fait part à son homologue de la disponibilité de la France à fournir à l'Algérie des moyens terrestres et aériens pour y faire face", a indiqué l'Elysée.
Emmanuel Macron effectuera de jeudi à samedi son deuxième voyage en tant que président en Algérie, après une visite d'une douzaine d'heures en décembre 2017 au début de son premier quinquennnat. Il se rendra à Alger et Oran (ouest), a précisé l'Elysée.
Ce déplacement intervient au terme d'une séquence chargée de symboles avec le 60e anniversaire des Accords d'Evian (18 mars 1962), qui mirent fin à plus de sept ans de guerre entre insurgés algériens et armée française, et de l'indépendance de l'Algérie (5 juillet 1962) après 132 ans de colonisation française.
Paris et Alger espèrent tourner la page d'une série de malentendus et tensions qui ont culminé avec le rappel de l'ambassadeur d'Algérie en octobre 2021 après des propos du président français sur le système "politico-militaire" algérien et la nation algérienne.
vl/cs/gvy
Champagne: lancement précoce des vendanges, dès lundi #
Les vendanges dans le vignoble champenois pourront commencer dès lundi dans certaines communes de l'Aube, une date précoce liée à un été chaud et sec, mais néanmoins plus tardive qu'en 2020, a annoncé samedi le Comité champagne, qui se réjouit d'une évolution "idéale".
Les vendangeurs pourront se mettre au travail dès lundi 22 août dans certaines communes de l'Aube et seront suivis au cours des jours suivants par la Marne, la Haute-Marne, l'Aisne et la Seine-et-Marne - où trois villages font partie de l'appellation.
Les dates de début de vendanges autorisées s'échelonnent selon les communes jusqu'au 5 septembre, soit un coup d'envoi une quinzaine de jours plus tôt que l'an dernier.
Dans l'Aube, quelques exploitations avaient obtenu des dérogations pour donner les premiers coups de sécateurs dès jeudi 18.
"Ce sont les huitièmes vendanges qui démarrent en août depuis 2003, cela devient non pas la règle, mais fréquent", a commenté auprès de l'AFP David Chatillon, co-président du Comité champagne.
"On est dans la courbe idéale, avec un stress hydrique modéré, et il ne faut pas oublier que la vigne est une plante méditerranéenne, le stress hydrique est bon pour elle", a-t-il ajouté.
"On ne peut pas rêver mieux, en quantité et en qualité", s'est-il félicité, notant que pour les prochains jours, la météo prévoit "un peu de pluie, des nuits fraiches".
L'année 2021 avait été éprouvante pour le vignoble champenois qui n'avait pas connu une si faible récolte liée aux aléas climatiques - gel et grêle au printemps puis été pluvieux et attaques de mildiou - depuis les années 1950.
L'année précédente, en 2020, la vendange avait été exceptionnellement précoce, débutant dans certaines communes dès le 20 août.
Fin juillet, le bureau exécutif du Comité Champagne, regroupant vignerons et grandes maisons, a décidé de fixer à 12.000 kilos à l'hectare le rendement de la vendange 2022, son plus haut niveau depuis quinze ans.
"Après la séquence de 2020 où nous avions eu une grosse récolte mais des besoins faibles compte tenu de la conjoncture économique (liée à la crise sanitaire, NDLR) et 2021 où nous avions eu une petite récolte et des besoins importants, cette année, on est béni, on a la quantité et la qualité", a résumé M. Chatillon.
bj/zap/dch
Incendies dans le Gard: une mère de famille condamnée à un an de prison ferme #
Une mère de famille de 55 ans, poursuivie pour avoir provoqué un incendie dans le Gard fin juillet, alors que le risque de feu était maximal, a été condamnée à deux ans de prison dont un avec sursis probatoire vendredi à Nîmes.
La prévenue, placée sous contrôle judiciaire après son interpellation début août, a reconnu à l'audience avoir mis le feu "avec un briquet", dans la nuit du 29 au 30 juillet, devant la maison de ses voisins, à Gajan. Ceux-ci avaient râlé à cause du bruit d'une fête organisée chez elle.
Le feu s'était rapidement propagé le long des habitations, jusque dans les jardins de deux maisons dont les propriétaires, parents de jeunes enfants, se sont portés parties civiles, aux côtés des pompiers du Gard. L'incendie avait brûlé 2.000 mètres carré de broussailles.
"Honnêtement, j'avais un peu bu, je ne bois quasiment jamais. Je pense que c'est ça", a répondu la mère de famille au président Jérôme Reynes.
Mère célibataire de deux filles âgées de 26 et 14 ans et grand-mère d'un petit fils de 10 ans, la prévenue, dont le casier est vierge, accueillait depuis 25 ans chez elle des personnes âgées dépendantes ou handicapées. Mais depuis plusieurs mois des tensions étaient nées avec ses voisins à cause du bruit occasionné par des fêtes organisées chez la prévenue.
"Ce n'est pas l'alcool qui peut justifier votre comportement", a tancé le procureur de la République, Philip Ughetto, qui avait requis deux ans de prison avec mandat de dépôt.
"Ce drame s'est joué à peu de chose", a insisté le magistrat: "Ce soir-là, cette personne honorable n'a pas supporté une critique et a eu un comportement proche de la pyromanie. Elle a mis en grand danger plusieurs familles avec enfants en bas âge".
"Je veux réparer ma bêtise", "j'ai honte de ce que j'ai fait", a répété la prévenue, condamnée à verser plus de 17.000 euros aux parties civiles,
"il ne s'agit pas d'une bêtise", l'a reprise le juge. "Ici on parle d'un délit et la peine encourue est de 10 ans", a-t-il martelé avant de rappeler le contexte: "On a des incendies dans toute la France, et notamment dans le Gard. Les pompiers sont monopolisés pour de multiples reprises et vous, vous décidez de mettre le feu ?"
"Ce n'était pas prémédité", s'est défendue la prévenue.
Dans un communiqué, les pompiers du Gard ont réagi à ce jugement en soulignant que "ce type d'agissements (...) exposent les sapeurs-pompiers à des risques importants et mobilisent des moyens dont l'engagement pourrait être +vital+ ailleurs".
ysp/ol/dch
France : cinq morts après des orages en Corse #
De violents orages qui frappent l'arc méditerranéen depuis mardi ont fait cinq morts et plus d'une vingtaine de blessés, dont trois graves, jeudi, en Corse, une île française en Méditerranée, selon les autorités.
Succédant aux fortes chaleurs et à la sécheresse, les orages brutaux et les rafales de vent allant jusqu'à une pointe de 224 kilomètres/heure jeudi ont également fait des dégâts matériels et nécessité de nombreuses opérations de sauvetage en mer.
À terre, trois personnes, âgées de 13 à 72 ans, ont été tuées par des chutes d'arbres ou de toiture. Une douzaine de personnes ont également été blessées. Trois sont dans un état très grave, parmi lesquelles une Italienne de 23 ans.
"On prenait le petit déjeuner vers 07H30, et en cinq minutes, c'était l'enfer", a raconté Amanda Aguera, la quarantaine, une touriste venue du continent pour passer une semaine de vacances dans un camping. "On a senti un grand courant d'air chaud et des vents qui tournaient dans tous les sens".
"On a entendu un gros crac derrière notre tente, on s'est tout de suite réfugiés pendant 30 minutes avec une trentaine d'autres personnes dans les toilettes du camping", a-t-elle ajouté.
En mer, deux personnes ont également péri : un pêcheur de 62 ans et une kayakiste, dont les corps ont pu être récupérés. Une dizaine de blessés ont été dénombrés à bord de différents bateaux, selon la préfecture maritime.
Des dizaines d'interventions ont eu lieu jeudi "pour des échouements, des bateaux retournés ou en perdition, dont le mouillage a rompu", avait indiqué précédemment la préfecture maritime.
Par ailleurs, 35.000 clients étaient toujours privés de courant dans l'île, a annoncé à l'AFP un porte-parole de l'électricien EDF, après le rétablissement du service pour 10.000 clients.
Le président Emmanuel Macron a présidé jeudi soir, par visioconférence depuis son lieu de vacances sur la côte d'Azur, une cellule interministérielle de crise.
L'objectif est de "regarder les prochaines heures sur le plan météo (...), d'en tirer tous les éléments d'organisation nécessaires et de pouvoir sur les prochaines heures et les prochains jours prendre les bonnes décisions", a-t-il dit à l'ouverture de la réunion.
Les services météorologiques prévoient en effet que de nouveaux orages et des trombes marines vont frapper l'île dans la nuit de jeudi à vendredi.
Mardi et mercredi, de forts orages accompagnés de pluies soutenues ont frappé le sud/sud-est de la France, dont plusieurs départements avaient été placés en alerte jusqu'à mercredi soir.
Les dégâts ont été limités, même si les quantités de pluie ont été importantes - jusqu'à 123 millimètres enregistrés à Lauroux, un village à une soixantaine de kilomètres de Montpellier (Sud), selon Météo-France.
mc/ol/sp/jg/mm
Les orages mortels en Corse soulignent les limites de la prévision météo #
Le loupé corse des prévisionnistes, qui n'avaient pas annoncé l'intensité des rafales orageuses à l'origine de plusieurs morts sur l'île jeudi, illustre la difficulté, malgré les progrès spectaculaires des supercalculateurs, de traduire les probabilités de phénomènes météo en un système d'alerte crédible pour la population.
Des rafales à plus de 150 km/h ont surpris la Corse au petit matin et au moins cinq personnes sont mortes, dont deux tuées par des chutes d'arbres sur leurs bungalows.
Dans le bulletin Météo-France de 06H00 jeudi, l'île était encore en vigilance jaune ("soyez attentif"), annonçant "de puissants orages (...) en mer à proximité de la Corse, avec de fortes rafales de vent", qui pourront "très temporairement affecter les côtes ouest et nord".
Ce n'est qu'à 08H35, en observant le décalage imprévu de l'orage vers les terres et l'intensité "extrême" des rafales, que les deux départements ont basculé en vigilance orange aux orages ("soyez très vigilant"). A ce niveau, un cran inférieur au rouge de la "vigilance absolue", les habitants sont invités à s'abriter dans des bâtiments en dur, tandis que les services de la sécurité civile et les autorités sanitaires sont mis en alerte.
"On a été un peu surpris par les valeurs des rafales, valeurs tout à fait exceptionnelles", avec des records à plus de 200 km/h de vent par endroits, a reconnu Christophe Morel, responsable de la permanence prévisions de Météo-France, lors d'un point presse jeudi après-midi.
Certaines simulations produites par "AROME", le modèle maison qui tourne sur un supercalculateur à Toulouse, "laissait suggérer un orage proche de celui qui a été observé", a raconté le prévisionniste François Gourand. Mais d'autres simulations, "qui paraissaient plus vraisemblables, le situaient plus en mer".
"Des systèmes orageux multicellulaires se produisent quand une certaine mayonnaise prend: arriver à prévoir la combinaison de ces éléments, c'est très compliqué", a-t-il détaillé.
"Des modèles très sophistiqués comme AROME arrivent à les prévoir de mieux en mieux, mais pas toujours", a-t-il ajouté, affirmant que les météorologues sont "très souvent dans ces situations où les modèles ne permettent pas de trancher".
S'il fallait alerter dès qu'un scénario extrême apparaît dans les prévisions, "on ferait bien trop de vigilance et le système deviendrait inutile", a justifié Christophe Morel. "il y a un équilibre à trouver, alerter suffisamment et ne pas sur-alerter", a-t-il souligné, estimant que "là, nous n'avions pas assez d'éléments" en avance.
"Nous devons entendre les critiques", a admis Philippe Arbogast, chercheur à Météo-France, tout en réaffirmant que "nous ne devons pas alerter dès qu'une situation extrême apparaît dans les simulations".
En 2021, 14% des alertes se sont avérées une fausse alarme tandis que le taux de non-détection s'élevait à 1,7%. Autrement dit, "sept départements ont connu un phénomène pour lequel une Vigilance orange aurait été opportune alors qu'elle n'a pas été déclenchée", selon le bilan de Météo-France, qui a mis en place ce système en 2001.
"En toute objectivité, on peut parler d'un loupé sur une situation extrême", reconnaît Pascal Scaviner, responsable du service prévisions à la Chaîne Météo, concurrent privé de Météo-France, qui n'a pas non plus émis d'alerte renforcée.
Comme souvent pour les orages, "il y avait des disparités très importantes" entre les modèles numériques et "il n'y avait pas de certitude", explique-t-il à l'AFP.
"Quelques facteurs" -- la Méditerranée très chaude, des températures en altitude inférieures de 8°C aux normales, un air chaud en surface,... -- "laissaient penser qu'on pouvait avoir des phénomènes sévères, mais c'étaient des scénarios minoritaires, de l'ordre de moins de 20% de probabilité", explique le prévisionniste.
"Cela dit, il y a peut-être un souci de communication des différents scénarios", s'interroge-t-il. "Aux États-Unis, c'est rentré dans les moeurs de parler en termes de probabilités", rappelle-t-il: "si on vous dit qu'il y a 20% de probabilité qu'un phénomène avec des conséquences sévères se produise, c'est quand même que ce n'est pas nul".
"Dans certains secteurs d'activité, par exemple le golf, même un scénario à 5% est pris en compte", raconte-t-il. Et "si je vous annonce un risque de grêle, même faible, vous allez peut-être rentrer votre voiture".
"Peut-être que trois niveaux d'alertes, ça n'interpelle pas assez les gens", se demande encore le prévisionniste, qui plaide pour une communication "plus en avance sur les différents scénarios". "On n'a pas évolué depuis vingt ans", regrette-t-il.
bl/kd/mpm
Les orages mortels en Corse soulignent les limites de la prévision météo #
Le loupé corse des prévisionnistes, qui n'avaient pas annoncé l'intensité des rafales orageuses à l'origine de plusieurs morts sur l'île jeudi, illustre la difficulté, malgré les progrès spectaculaires des supercalculateurs, de traduire les probabilités de phénomènes météo en un système d'alerte crédible pour la population.
Des rafales à plus de 150 km/h ont surpris la Corse au petit matin et au moins cinq personnes sont mortes, dont deux tuées par des chutes d'arbres sur leurs bungalows.
Dans le bulletin Météo-France de 06H00 jeudi, l'île était encore en vigilance jaune ("soyez attentif"), annonçant "de puissants orages (...) en mer à proximité de la Corse, avec de fortes rafales de vent", qui pourront "très temporairement affecter les côtes ouest et nord".
Ce n'est qu'à 08H35, en observant le décalage imprévu de l'orage vers les terres et l'intensité "extrême" des rafales, que les deux départements ont basculé en vigilance orange aux orages ("soyez très vigilant"). A ce niveau, un cran inférieur au rouge de la "vigilance absolue", les habitants sont invités à s'abriter dans des bâtiments en dur, tandis que les services de la sécurité civile et les autorités sanitaires sont mis en alerte.
"On a été un peu surpris par les valeurs des rafales, valeurs tout à fait exceptionnelles", avec des records à plus de 200 km/h de vent par endroits, a reconnu Christophe Morel, responsable de la permanence prévisions de Météo-France, lors d'un point presse jeudi après-midi.
Certaines simulations produites par "AROME", le modèle maison qui tourne sur un supercalculateur à Toulouse, "laissait suggérer un orage proche de celui qui a été observé", a raconté le prévisionniste François Gourand. Mais d'autres simulations, "qui paraissaient plus vraisemblables, le situaient plus en mer".
"Des systèmes orageux multicellulaires se produisent quand une certaine mayonnaise prend: arriver à prévoir la combinaison de ces éléments, c'est très compliqué", a-t-il détaillé.
"Des modèles très sophistiqués comme AROME arrivent à les prévoir de mieux en mieux, mais pas toujours", a-t-il ajouté, affirmant que les météorologues sont "très souvent dans ces situations où les modèles ne permettent pas de trancher".
S'il fallait alerter dès qu'un scénario extrême apparaît dans les prévisions, "on ferait bien trop de vigilance et le système deviendrait inutile", a justifié Christophe Morel. "il y a un équilibre à trouver, alerter suffisamment et ne pas sur-alerter", a-t-il souligné, estimant que "là, nous n'avions pas assez d'éléments" en avance.
"Nous devons entendre les critiques", a admis Philippe Arbogast, chercheur à Météo-France, tout en réaffirmant que "nous ne devons pas alerter dès qu'une situation extrême apparaît dans les simulations".
En 2021, 14% des alertes se sont avérées une fausse alarme tandis que le taux de non-détection s'élevait à 1,7%. Autrement dit, "sept départements ont connu un phénomène pour lequel une Vigilance orange aurait été opportune alors qu'elle n'a pas été déclenchée", selon le bilan de Météo-France, qui a mis en place ce système en 2001.
"En toute objectivité, on peut parler d'un loupé sur une situation extrême", reconnaît Pascal Scaviner, responsable du service prévisions à la Chaîne Météo, concurrent privé de Météo-France, qui n'a pas non plus émis d'alerte renforcée.
Comme souvent pour les orages, "il y avait des disparités très importantes" entre les modèles numériques et "il n'y avait pas de certitude", explique-t-il à l'AFP.
"Quelques facteurs" -- la Méditerranée très chaude, des températures en altitude inférieures de 8°C aux normales, un air chaud en surface,... -- "laissaient penser qu'on pouvait avoir des phénomènes sévères, mais c'étaient des scénarios minoritaires, de l'ordre de moins de 20% de probabilité", explique le prévisionniste.
"Cela dit, il y a peut-être un souci de communication des différents scénarios", s'interroge-t-il. "Aux États-Unis, c'est rentré dans les moeurs de parler en termes de probabilités", rappelle-t-il: "si on vous dit qu'il y a 20% de probabilité qu'un phénomène avec des conséquences sévères se produise, c'est quand même que ce n'est pas nul".
"Dans certains secteurs d'activité, par exemple le golf, même un scénario à 5% est pris en compte", raconte-t-il. Et "si je vous annonce un risque de grêle, même faible, vous allez peut-être rentrer votre voiture".
"Peut-être que trois niveaux d'alertes, ça n'interpelle pas assez les gens", se demande encore le prévisionniste, qui plaide pour une communication "plus en avance sur les différents scénarios". "On n'a pas évolué depuis vingt ans", regrette-t-il.
bl/kd/mpm