Afghanistan: une gynécologue tuée à son tour à Jalalabad #
Une gynécologue afghane a été tuée jeudi dans l'explosion d'une bombe fixée sur son véhicule à Jalalabad (est), où trois employées d'une chaîne de télévision avaient été assassinées deux jours plus tôt, a-t-on appris de source administrative.
"Une gynécologue a été tuée dans l'explosion d'une bombe" dans la ville de Jalalabad", a déclaré à l'AFP un membre du bureau du gouverneur de la province de Nangarhar, dont Jalalabad est la capitale.
La bombe avait été placée à l'arrière du rickshaw dans lequel la victime se rendait sur son lieu de travail, a précisé ce responsable, ajoutant qu'un enfant avait été blessé.
Un porte-parole d'un hôpital de la province a confirmé le bilan de cette attaque, qui a ensuite été revendiquée par le groupe État Islamique (EI).
Elle survient deux jours après le meurtre par balles à Jalalabad de trois jeunes employées de la chaîne de télévision locale Enekaas TV.
Les assassinats ciblés de journalistes, juges, médecins, personnalités politiques ou religieuses, et défenseurs des droits, sont devenus de plus en plus fréquents ces derniers mois en Afghanistan.
Ces meurtres ont semé la terreur dans le pays et incité des membres de la société civile à se cacher ou s'exiler.
L'EI avait aussi revendiqué l'attaque de mardi, comme d'autres auparavant.
Mais le gouvernement afghan et les États-Unis continuent à imputer la responsabilité de ces assassinats ciblés aux talibans, même si ceux-ci rejettent fermement cette accusation.
Cette vague d'assassinats a coïncidé avec l'ouverture en septembre à Doha de négociations de paix entre les talibans et le gouvernement afghan, destinées à mettre fin à deux décennies de guerre.
Aujourd'hui, ces pourparlers sont au point mort, alors que Washington a ordonné un réexamen de l'accord signé en février 2020 à Doha avec les talibans prévoyant le retrait complet des troupes américaines du pays d'ici mai 2021.
str-mam-eb/cyb/sba
Afghanistan: sept ouvriers agricoles hazaras exécutés dans l'est #
Au moins sept ouvriers agricoles, appartenant à la communauté chiite hazara, persécutée de longue date en Afghanistan, ont été assassinés dans la province de Nangarhar (est), ont annoncé jeudi les autorités locales.
"Sept ouvriers agricoles ont été tués par des inconnus (...) C'étaient tous des Hazaras, venant des provinces de Bamiyan et Ghazni. Leur mains ont d'abord été nouées dans le dos, puis ils ont été abattus" tard mercredi soir, a déclaré Ajmal Omar, un membre du conseil provincial de Nangarhar.
Le chef de la police de la province, Juma Gul Hemat, a confirmé le bilan et précisé que quatre suspects avaient été arrêtés.
L'attaque, qui n'a pas encore été revendiquée, est survenue à environ 20 km de Jalalabad, la capitale provinciale, dans une zone frontalière du Pakistan où les talibans mais aussi l'organisation État islamique (EI) sont influents.
Jalalabad a été frappée par plusieurs attaques ces deux derniers jours.
Mardi, trois jeunes employées de la chaîne de télévision locale Enekaas TV ont été abattues à la sortie de leur bureau, et jeudi une gynécologue a trouvé la mort dans l'explosion d'une bombe fixée au rickshaw dans lequel elle se rendait au travail.
Les Hazaras, principalement chiites, représentent entre 10 et 20% des 38 millions d'Afghans. Depuis longtemps ils sont persécutés par les extrémistes sunnites, dans ce pays déchiré par les divisions ethniques et religieuses.
Leurs traits physiques, caractéristiques des populations d'Asie centrale, les rendent facilement identifiables par les radicaux sunnites qui les considèrent comme des hérétiques.
Durant la brutale guerre civile des années 1990, les Hazaras ont été impitoyablement bombardés lors de combats entre factions ennemies, puis massacrés par milliers lors de la conquête sanglante du pays par les talibans.
Par la suite, les talibans ont continué à cibler la minorité ethnique, enlevant et tuant en toute impunité les Hazaras qui se risquaient à voyager sur les dangereuses routes afghanes.
La communauté a aussi souvent été visée au Pakistan. En janvier, dix mineurs hazaras ont été enlevés dans une zone reculée du Baloutchistan (ouest), à moins de 100 km de la frontière afghane, puis tués et pour certains décapités. L'attaque a été revendiquée par l'EI.
str-mam-ds/cyb/ial/
Afghanistan: une gynécologue tuée à son tour à Jalalabad #
Une gynécologue afghane a été tuée jeudi dans l'explosion d'une bombe fixée sur son véhicule à Jalalabad (est), où trois employées d'une chaîne de télévision avaient été assassinées deux jours plus tôt, a-t-on appris de source administrative.
"Une gynécologue a été tuée dans l'explosion d'une bombe" dans la ville de Jalalabad", a déclaré à l'AFP un membre du bureau du gouverneur de la province de Nangarhar, dont Jalalabad est la capitale.
La bombe avait été placée à l'arrière du rickshaw dans lequel la victime se rendait sur son lieu de travail, a précisé ce responsable, ajoutant qu'un enfant avait été blessé.
Un porte-parole d'un hôpital de la province a confirmé le bilan de cette attaque, qui n'a pas encore été revendiquée.
Elle survient deux jours après le meurtre par balles à Jalalabad de trois jeunes employées de la chaîne de télévision locale Enekaas TV.
Les assassinats ciblés de journalistes, juges, médecins, personnalités politiques ou religieuses, et défenseurs des droits, sont devenus de plus en plus fréquents ces derniers mois en Afghanistan.
Ces meurtres ont semé la terreur dans le pays et incité des membres de la société civile à se cacher ou s'exiler.
Le groupe État Islamique (EI) a revendiqué l'attaque de mardi, comme d'autres auparavant.
Mais le gouvernement afghan et les États-Unis continuent à imputer la responsabilité de ces assassinats ciblés aux talibans, même si ceux-ci rejettent fermement cette accusation.
Cette vague d'assassinats a coïncidé avec l'ouverture en septembre à Doha de négociations de paix entre les talibans et le gouvernement afghan, destinées à mettre fin à deux décennies de guerre.
Aujourd'hui, ces pourparlers sont au point mort, alors que Washington a ordonné un réexamen de l'accord signé en février 2020 à Doha avec les talibans prévoyant le retrait complet des troupes américaines du pays d'ici mai 2021.
str-mam-eb/cyb/sba
Afghanistan: les talibans s'en prennent aux ONG venant en aide aux femmes #
A Doha, où ils négocient avec le gouvernement afghan un accord de paix, les talibans se disent prêts à garantir les droits des femmes. Mais en Afghanistan, les ONG constatent au contraire ces derniers mois qu'ils ont durci leur position.
Les insurgés ont rendu l'accès aux territoires qu'ils contrôlent plus difficile, ordonné la fermeture de programmes promouvant l'autonomie des femmes et interdit par endroits aux ONG d'employer du personnel féminin, ont indiqué plusieurs de ces organisations.
Les talibans "donnent l'impression d'avoir changé et c'est un exemple vraiment concret que ce n'est pas le cas", déplore un responsable afghan d'une grande organisation internationale.
L'AFP a parlé à des représentants d'une dizaine d'ONG, qui ont tous requis l'anonymat par peur de représailles.
Tous décrivent une détérioration de la situation, depuis la signature à Doha en février 2020 de l'accord entre Washington et les talibans sur le retrait total des forces américaines d'ici mai, et plus encore ces derniers mois.
Les talibans espèrent revenir au pouvoir et instaurer un régime fondé sur la loi islamique, encadrant les droits des femmes.
"L'Islam a offert aux femmes tous les droits basiques comme l'éducation, le travail, la possession, le commerce", assurait en décembre devant un centre de recherche qatari le mollah Abdul Ghani Baradar, leur co-fondateur.
Mais la communauté internationale se rappelle que quand ils étaient au pouvoir, entre 1996 et 2001, les femmes ne pouvaient ni travailler, ni étudier, et celles accusées d'adultère étaient lapidées.
Elle a donc fait du respect des droits des femmes un élément clé des négociations inter-afghanes, qui ont débuté en septembre au Qatar mais sont aujourd'hui au point mort.
Une lettre, datant de novembre, de la commission talibane dédiée aux organisations humanitaires, dont l'AFP a obtenu copie, tend à montrer que les talibans manient le double langage. "Les ONG qui sortent les femmes de leur maison au nom de l'indépendance économique, de l'éducation ou du sport (...) ne sont en aucun cas acceptables", y est-il écrit.
Ce ton a déstabilisé les ONG, qui avaient graduellement trouvé un modus vivendi avec les talibans leur permettant d'aider dans certains endroits les femmes, parfois même avec des projets éducatifs.
"C'est comme une gifle de lire ça", réagit une employée d'une organisation étrangère venant en aide aux communautés isolées.
Si la pression contre ce type d'activités n'a "rien de nouveau", observe un haut responsable humanitaire, le changement tient au fait que cela devient "bien plus officiel et répandu".
Dans cette lettre, la commission se dit prête à "prendre les mesures nécessaires" à l'encontre des ONG qui contreviendraient à ses consignes.
Le message a été bien reçu et plusieurs travailleurs humanitaires ont déclaré avoir été contraints d'abandonner des programmes dans certaines zones.
"Quand tu reçois une lettre des talibans, ce ne sont pas des rigolos du tout, il faut l'appliquer", assure un haut responsable d'une autre organisation étrangère.
Parallèlement, les talibans ont bloqué l'accès de certaines zones au personnel féminin des ONG. Selon deux organisations, les insurgés ont dit avoir reçu ces ordres de leur bureau politique au Qatar.
"Nous avons tout fait pour les convaincre, mais ils ont dit non", précise un responsable humanitaire oeuvrant dans le nord du pays.
Sans personnel féminin, les ONG ne peuvent plus travailler avec les femmes, car les talibans refusent qu'elles soient vues par des hommes n'étant pas membres de leur famille.
Une employée d'une autre organisation internationale regrette ainsi de n'avoir pu "atteindre que les hommes" dans des zones talibanes au nord.
Son ONG a dû se résoudre, pour un nouveau projet, à ne pas recruter de femmes, car "il n'y a aucun intérêt à engager quelqu'un pour rester assis au bureau".
Si l'accès des humanitaires aux femmes n'a jamais officiellement été autorisé par les talibans, il se discutait jusqu'ici à l'échelon local entre les communautés et les chefs insurgés du coin.
Dans les zones où les talibans sont plus flexibles, les employées afghanes des ONG doivent porter la burqa et être accompagnées d'un "mahram", un chaperon masculin de leur famille.
Pour elles, la pression est constante. "Nous n'utilisons pas les termes +droits humains+ ou +droits des femmes+, car ce sont des mots sensibles", raconte une jeune femme qui se dit terrifiée à chaque fois qu'elle se rend en territoire taliban.
"Je peux voir (la peur) sur le visage de toutes mes collègues", ajoute une autre salariée afghane d'une organisation internationale.
D'autres projets humanitaires ont récemment dû être annulés, les talibans ayant multiplié les tracasseries administratives.
Comme plusieurs humanitaires, Andrew Watkins, analyste à l'International Crisis Group, établit un lien avec le processus de paix. Leur "légitimité" en ayant été renforcée, les talibans tentent "de se présenter comme une entité gouvernante".
Cette attitude ne préjuge toutefois pas de leur politique future, pense Rahmatullah Amiri, un expert indépendant afghan, pour qui ils devraient se montrer plus permissifs que par le passé s'ils reviennent au pouvoir.
Ils "autoriseront les femmes à aller à l'université et étudier (...) mais sous certaines conditions", comme l'absence de classes mixtes et le port obligatoire du hijab, prévoit-il.
Ils seraient aussi prêts à les laisser tenir des emplois de médecins, sages-femmes, infirmières, commerçantes ou fonctionnaires, pour peu qu'ils soient non-mixtes. Mais tout cela, dit-il, ne sera décidé qu'après la guerre.
eb-cyb/ybl
Afghanistan: "personne n'est plus en sécurité" après le meurtre de trois employées d'une chaîne télé #
L'indignation, la colère et l'effroi étaient une nouvelle fois largement partagés mercredi en Afghanistan, où ont eu lieu les funérailles de trois jeunes femmes employées d'une chaîne de télévision, assassinées la veille.
Agées de 17 à 21 ans, les trois victimes travaillaient au sein du service de doublage de la chaîne locale Enekaas TV à Jalalabad (est). Elles ont été tuées par balles dans deux attaques séparées, alors qu'elles venaient de quitter leur bureau pour rentrer chez elles à pied.
"J'ai perdu ma soeur. Je l'enterre aujourd'hui avec tous ses rêves. Elle voulait aller à l'université, étudier le droit...", a déclaré à l'AFP Rohan Sadat, le frère de Sadia Sadat, l'une des victimes, lors de l'enterrement à Jalalabad.
"Je ne sais pas pourquoi les militants ciblent des jeunes femmes innocentes", a également réagi Mohammad Nazif, un cousin de Nadia Sadat.
A tout juste 18 ans, elle avait rejoint Enekaas TV "pour gagner de l'argent et soutenir sa famille" qui était "très contente qu'elle travaille à la télévision", a raconté M. Nazif à l'AFP.
Les femmes, dont les droits fondamentaux étaient bafoués du temps des talibans, au pouvoir à Kaboul entre 1996 et 2001, ont été lourdement frappées par ces attaques.
Certains voient dans ces menaces envers les femmes une réponse aux demandes formulées dans le cadre du processus de paix pour que leurs droits soient mieux respectés.
"Horrible. La communauté des médias afghans a trop souffert. Les femmes afghanes ont été ciblées et tuées trop souvent (...) Cela doit cesser. Arrêtez de tuer les civils et détruire l'avenir de l'Afghanistan", a réagi sur Twitter Shaharzad Akbar, la cheffe de la Commission indépendante des droits humains, résumant la tonalité sur les réseaux sociaux.
"Ces attaques visent à intimider (...) Les coupables tentent d'entraver la liberté d'expression dans un pays ou les médias se sont épanouis ces 20 dernières années", a aussi regretté l'ambassade américaine.
Les assassinats ciblés de journalistes, juges, médecins, personnalités politiques ou religieuses, et défenseurs des droits, sont devenus de plus en plus fréquents ces derniers mois en Afghanistan.
Ces meurtres ont semé la terreur dans le pays et incité des membres de la société civile à se cacher ou s'exiler.
Les médias, Enekaas TV en particulier, ont payé un lourd tribut. Début décembre, une présentatrice de la chaîne, Malalai Maiwand, avait déjà été tuée par balles avec son chauffeur à Jalalabad, en se rendant à son bureau.
Au moins neuf employés de médias ont été assassinés depuis le début novembre, selon le Comité pour la protection des journalistes afghans (AJSC).
Dans son rapport annuel publié en début d'année, l'AJSC estimait que ces violences avaient créé un sentiment de "peur omniprésente" et que l'auto-censure s'était "largement répandue" parmi les journalistes afghans.
"Trois filles innocentes ont été tuées en plein jour dans le centre de la ville. Personne n'est plus sécurité", a déploré un de leurs collègues, sous couvert d'anonymat.
"Mais nous continuerons à nous battre contre l'ignorance. Je demande juste aux talibans pourquoi ils nous tuent", a-t-il déclaré à l'AFP. "Le gouvernement doit aussi prendre la sécurité des journalistes au sérieux".
Cette vague de meurtres a coïncidé avec l'ouverture en septembre à Doha de négociations de paix entre les talibans et le gouvernement afghan, destinées à mettre fin à deux décennies de guerre.
Le groupe État Islamique (EI) a revendiqué la double attaque de mardi, comme d'autres auparavant.
Mais le gouvernement afghan et les États-Unis continuent à imputer la responsabilité de ces assassinats ciblés aux talibans, même si ceux-ci rejettent fermement cette accusation.
Les services secrets afghans soupçonnent le réseau Haqqani, un groupe sanguinaire lié aux talibans et qui réalise leurs opérations les plus complexes, d'être derrière ces meurtres.
Ils estiment que les talibans se satisfont fort bien de voir l'EI, qui bien qu'affaibli ces dernières années maintient une présence dans l'est du pays, s'en attribuer le mérite.
Nombre d'analystes considèrent que les talibans cherchent à discréditer le gouvernement et à réduire au silence ceux qui s'opposent à leur vision fondamentaliste de la religion.
Les pourparlers de paix au Qatar sont au point mort et les violences n'ont fait qu'augmenter ces derniers mois en Afghanistan, alors que Washington a ordonné un réexamen de l'accord signé en février 2020 à Doha avec les talibans prévoyant le retrait complet des troupes étrangères du pays d'ici mai 2021.
str-emh-ds-eb-cyb/slb
Afghanistan: "personne n'est plus en sécurité" après le triple meurtre de Jalalabad #
L'indignation, la colère et l'effroi étaient une nouvelle fois largement partagés mercredi en Afghanistan, où ont eu lieu les funérailles de trois jeunes employées d'une chaîne de télévision, assassinées la veille.
Les trois femmes, âgées de 17 à 21 ans, travaillaient au sein du service de doublage de la chaîne locale Enekaas TV à Jalalabad (est). Elles ont été tuées par balles dans deux attaques séparées, alors qu'elles venaient de quitter leur bureau pour rentrer chez elles à pied.
"J'ai perdu ma soeur. Je l'enterre aujourd'hui avec tous ses rêves. Elle voulait aller à l'université, étudier le droit...", a déclaré à l'AFP Rohan Sadat, le frère de Sadia Sadat, l'une des victimes, lors de l'enterrement à Jalalabad.
"Je ne sais pas pourquoi les militants ciblent des jeunes femmes innocentes", a également réagi Mohammad Nazif, un cousin de Nadia Sadat.
A tout juste 18 ans, elle avait rejoint Enekaas TV "pour gagner de l'argent et soutenir sa famille" qui était "très contente qu'elle travaille à la télévision", a raconté M. Nazif à l'AFP.
Les assassinats ciblés de journalistes, juges, médecins, personnalités politiques ou religieuses, et défenseurs des droits, sont devenus de plus en plus fréquents ces derniers mois en Afghanistan.
Ces meurtres ont semé la terreur dans le pays et incité des membres de la société civile à se cacher ou s'exiler.
Les médias, Enekaas TV en particulier, ont payé un lourd tribut. Début décembre, une présentatrice de la chaîne, Malalai Maiwand, avait déjà été tuée par balles avec son chauffeur à Jalalabad, en se rendant à son bureau.
Au moins neuf employés de médias ont été assassinés depuis le début novembre, selon le Comité pour la protection des journalistes afghans (AJSC).
Dans son rapport annuel publié en début d'année, l'AJSC estimait que ces violences avaient créé un sentiment de "peur omniprésente" et que l'auto-censure s'était "largement répandue" parmi les journalistes afghans.
"Trois filles innocentes ont été tuées en plein jour dans le centre de la ville. Personne n'est plus sécurité", a déploré un de leurs collègues, sous couvert d'anonymat.
"Mais nous continuerons à nous battre contre l'ignorance. Je demande juste aux talibans pourquoi ils nous tuent", a-t-il déclaré à l'AFP. "Le gouvernement doit aussi prendre la sécurité des journalistes au sérieux".
Cette vague de meurtres a coïncidé avec l'ouverture en septembre à Doha de négociations de paix entre les talibans et le gouvernement afghan, destinées à mettre fin à deux décennies de guerre.
Le groupe État Islamique (EI) a revendiqué la double attaque de mardi, comme d'autres auparavant.
Mais le gouvernement afghan et les États-Unis continuent à imputer la responsabilité de ces assassinats ciblés aux talibans, même si ceux-ci rejettent fermement cette accusation.
Les services secrets afghans soupçonnent le réseau Haqqani, un groupe sanguinaire lié aux talibans et qui réalise leurs opérations les plus complexes, d'être derrière ces meurtres.
Ils estiment que les talibans se satisfont fort bien de voir l'EI, qui bien qu'affaibli ces dernières années maintient une présence dans l'est du pays, s'en attribuer le mérite.
Nombre d'analystes considèrent que les talibans cherchent à discréditer le gouvernement et à réduire au silence ceux qui s'opposent à leur vision fondamentaliste de la religion.
Les femmes, dont les droits fondamentaux étaient bafoués du temps des talibans, au pouvoir à Kaboul entre 1996 et 2001, n'ont ainsi pas été épargnées par ces attaques.
"Horrible. La communauté des médias afghans a trop souffert. Les femmes afghanes ont été ciblées et tuées trop souvent (...) Cela doit cesser. Arrêtez de tuer les civils et détruire l'avenir de l'Afghanistan", a réagi sur Twitter Shaharzad Akbar, la cheffe de la Commission indépendante des droits humains, résumant la tonalité sur les réseaux sociaux.
"Ces attaques visent à intimider (...) Les coupables tentent d'entraver la liberté d'expression dans un pays ou les médias se sont épanouis ces 20 dernières années", a aussi regretté l'ambassade américaine.
Les pourparlers de paix au Qatar sont au point mort et les violences n'ont fait qu'augmenter ces derniers mois en Afghanistan, alors que Washington a ordonné un réexamen de l'accord signé en février 2020 à Doha avec les talibans prévoyant le retrait complet des troupes étrangères du pays d'ici mai 2021.
str-emh-ds-eb-cyb/at
Afghanistan: "personne n'est plus en sécurité" après le triple meurtre de Jalalabad #
L'indignation, la colère et l'effroi étaient une nouvelle fois largement partagés mercredi en Afghanistan, où ont eu lieu les funérailles de trois jeunes employées d'une chaîne de télévision, assassinées la veille à Jalalabad (est).
Les trois femmes, âgées de 17 à 21 ans, travaillaient au sein du service de doublage de la chaîne locale Enekaas TV. Elles ont été tuées par balles dans deux attaques séparées, alors qu'elles venaient de quitter leur bureau pour rentrer chez elles à pied.
"J'ai perdu ma soeur. Je l'enterre aujourd'hui avec tous ses rêves. Elle voulait aller à l'université, étudier le droit...", a déclaré à l'AFP Rohan Sadat, le frère de Sadia Sadat, l'une des victimes, lors de l'enterrement à Jalalabad.
"Je ne sais pas pourquoi les militants ciblent des jeunes femmes innocentes", a également réagi Mohammad Nazif, un cousin de Nadia Sadat.
A tout juste 18 ans, elle avait rejoint Enekaas TV "pour gagner de l'argent et soutenir sa famille" qui était "très contente qu'elle travaille à la télévision", a raconté M. Nazif à l'AFP.
Les assassinats ciblés de journalistes, juges, médecins, personnalités politiques ou religieuses, et défenseurs des droits, sont devenus de plus en plus fréquents ces derniers mois en Afghanistan.
Ces meurtres ont semé la terreur dans le pays et incité des membres de la société civile à se cacher ou s'exiler.
Les médias, Enekaas TV en particulier, ont payé un lourd tribut. Début décembre, une présentatrice de la chaîne, Malalai Maiwand, avait déjà été tuée par balles avec son chauffeur à Jalalabad, en se rendant à son bureau.
Au moins neuf employés de médias ont été assassinés depuis le début novembre, selon le Comité pour la protection des journalistes afghans (AJSC).
"Trois filles innocentes ont été tuées en plein jour dans le centre de la ville. Personne n'est plus sécurité", a déploré un de leurs collègues, sous couvert d'anonymat.
Cette vague de meurtres a coïncidé avec l'ouverture en septembre à Doha de négociations de paix entre les talibans et le gouvernement afghan, destinées à mettre fin à deux décennies de guerre.
Le groupe État Islamique (EI) a revendiqué la double attaque de mardi, comme d'autres auparavant.
Mais le gouvernement afghan et les États-Unis continuent à imputer la responsabilité de ces assassinats ciblés aux talibans, même si ceux-ci rejettent fermement cette accusation.
Les services secrets afghans soupçonnent le réseau Haqqani, un groupe sanguinaire lié aux talibans et qui réalise leurs opérations les plus complexes, d'être derrière ces meurtres.
Ils estiment que les talibans se satisfont fort bien de voir l'EI, qui bien qu'affaibli ces dernières années maintient une présence dans l'est du pays, s'en attribuer le mérite.
str-emh-ds-eb-cyb/at
Une vie d'aventure sur la piste des derniers tapis anciens d'Afghanistan #
Dans sa quête éperdue des derniers tapis anciens d'Afghanistan, Chari Allahqul a bravé les tempêtes de neige sur les hauts sommets du pays, été passé à tabac par des bandits de grand chemin et appris à se cacher des talibans.
A dos de cheval, avec des mules bâtées pour transporter son butin, il sillonne les terres escarpées et rocailleuses du nord de l'Afghanistan pour acheter aux tribus nomades leurs précieux tapis faits main.
"Les routes sont dangereuses, peuplées de loups et d'ennemis. On doit passer les nuits dans des forêts ou des déserts", narre Chari, qui compte sur son robuste chien de berger pour le protéger pendant son sommeil.
Des semaines ou des mois durant, les chercheurs de tapis arpentent les sentiers caravaniers d'antan, furetant dans chaque village pour y dégoter d'anciennes pièces rares à troquer contre de l'argent ou des biens de consommation modernes.
Ils les revendront sur des marchés, à des collectionneurs. Un tapis de qualité, définie par son âge, son état, sa taille, peut coûter une ou deux centaines de dollars dans un village et leur rapporter à peu près autant.
Mais cette vie est hasardeuse. Chari, qui la mène depuis l'enfance, a connu bien des mésaventures. Une fois, il a été passé à tabac à coup de crosses de fusils par des brigands. Obsédés par l'idée de lui prendre son argent, ils n'ont pas réalisé la valeur de ses tapis. "Ils m'ont dit: +Jette donc ces vieux tapis+".
Depuis toujours, ces périls vont avec le métier. Il se souvient que son père lui racontait l'histoire, il y a bien longtemps, d'un ami parti à la recherche de tapis qui avait été dévoré vivant par les loups après avoir été coincé par une tempête de neige.
"Tout ce qu'on a retrouvé, ce sont ses chaussures et ses tapis", dit l'homme qui a appris les ficelles du métier auprès de son père, lui-même initié par le sien.
Face aux dangers, encore accrus aujourd'hui avec le retrait des troupes internationales d'Afghanistan, Chari voyage en groupe, préférant les montagnes aux routes pour éviter les combats et les talibans.
La contrée où depuis des siècles les plus délicats tapis d'Afghanistan sont tissés par des tribus nomades, s'étend de la ville de Kunduz, dans le nord, vers l'ouest le long des frontières avec l'Ouzbékistan et le Turkménistan, jusqu'au sud à la lisière de l'Iran.
Chari va de village en village, au gré des tuyaux prodigués par son réseau. Il barguigne des heures pour des tapis souvent tissés par la famille d'une future jeune mariée pour servir de dot.
Les plus prisés sont vieux de plusieurs dizaines d'années, ornés de motifs tribaux, en laine filée à la main teintée de colorants naturels tirés de racines ou de pétales de fleurs.
Avant d'être vendus dans les grandes villes, ils doivent encore être lavés puis séchés sur des toits pendant des mois pour que le soleil en ravive les couleurs, voire minutieusement réparés.
"Réparer ou vendre un tapis, c'est comme élever un enfant. Ça demande un travail acharné", confie Chari.
Il faut entre six mois et deux ans pour fabriquer un tapis. En bout de chaîne, il pourra être vendu plusieurs milliers de dollars sur le marché international.
Abdul Wahab est l'un des principaux collectionneurs de tapis de Kaboul. Sa collection a été constituée pièce par pièce par des chasseurs de tapis. "Nous dépendons de ces gens à 99,9%", avoue-t-il.
Mais des décennies de conflit, de migrations et d'urbanisation ont changé la face de ce commerce.
Les tribus nomades se sont largement sédentarisées et dans les familles de nombreux métiers à tisser sont aujourd'hui laissés à l'abandon, selon des marchands de la capitale.
Car leurs tapis sont désormais concurrencés par des produits meilleur marché, confectionnés en masse dans des ateliers industriels avec de la laine importée et des colorants synthétiques.
"C'est vraiment triste", déplore M. Wahab qui a aussi un magasin au Canada. "De la laine belge, des colorants d'un autre pays (...) Il n'y a plus rien du tout d'afghan."
Les copies bas de gamme sont monnaie courante en Afghanistan, mais aussi au Pakistan ou en Inde, se plaint-il. Ce qui rend plus difficile la vente aux clients peu avertis de tapis de qualité plus onéreux.
Certains marchands peu scrupuleux n'hésitent pas à traiter avec des produits chimiques des pièces de fabrication courante ou à les laver avec du thé, pour récréer l'effet patiné et délavé des tapis anciens. D'autres vont jusqu'à rouler dessus avec leur voiture pour leur donner l'apparence usagée qui aidera à faire monter les prix.
Seul un examen minutieux par un oeil aguerri permet de déceler la valeur réelle d'un tapis. "Les teintures, le style, l'état, la forme, tout cela ensemble définit la valeur d'une pièce", explique Wahid Abdullah propriétaire de Herat Carpets à Kaboul.
Les vieux tapis ne sont pas toujours de la meilleure qualité, admet-il. Mais l'originalité des motifs, une caractéristique ou un défaut volontairement laissé par le tisserand peuvent les distinguer des produits de masse. "C'est tout un art. C'est difficile à expliquer", observe-t-il.
Un art qui se perd car les pièces anciennes, tissées à la main, sont de plus en plus rares.
Les collectionneurs s'inquiètent de voir ainsi disparaître un pan du patrimoine national. Mais les autorités, absorbées par la guerre, ont d'autres priorités.
"Les tapis fabriqués en usine ont fait du mal à l'industrie des pièces faites main", regrette un chercheur de tapis de Hérat (ouest) Zalmai Ahmadi.
Lors de ses deux dernières expéditions, il n'a pu ramener que deux tapis. Quelques années plus tôt, il serait revenu avec des dizaines de pièces.
"Les voyages sont très, très difficiles. On croise les talibans, les forces gouvernementales et des voleurs. Soit ils te demandent de l'argent, soit ils te tuent", dit-il.
Mais avant, "on pouvait obtenir tout ce qu'on voulait. Maintenant, on n'en trouve plus."
mam-ds/ecl/eb-cyb/dp/mlb