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Exercice naval entre la Tunisie et la Grèce #

4/3/2021, 11:10 AM
Tunis, TUN

La Tunisie et de la Grèce ont mené jeudi un exercice militaire conjoint dans les eaux internationales sur la lutte contre les activités illicites, dont l'immigration illégale et la contrebande, a-t-on appris du ministère tunisien de la Défense.

"Cet exercice vise à développer la coopération entre la Tunisie et la Grèce en matière de lutte contre tous les dangers en mer, y compris l'immigration illicite et la contrebande", a indiqué samedi à l'AFP le porte-parole du ministère de la Défense Mohamed Zekri.

Les manoeuvres avaient aussi pour but le "développement de la surveillance maritime" et des opérations de "recherche et de secours" en mer, a-t-il ajouté, précisant qu'elles avaient eu lieu non loin des côtes tunisiennes.

La Tunisie a mobilisé une force militaire navale spéciale et un patrouilleur rapide. Côté grec, un navire militaire, le "HS SALAMIS F 455", a été déployé, a ajouté le ministère dans un communiqué publié vendredi soir, sans plus de détails.

La Tunisie, qui connaît une crise politique et socioéconomique, enregistre quotidiennement de nombreux départs irréguliers depuis ses côtes en direction de l'Europe.

En 2020, le nombre de départs irréguliers a été le plus élevé depuis 2011, année de la révolution marquée par un pic, suivi d'une forte chute.

Les autorités ont appelé à plusieurs reprises à plus de coopération en Méditerrané pour lutter contre ce phénomène.

kl/mdz

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APR 1

"Enterré vivant": en Tunisie, l'exode des médecins fragilise le secteur de la santé #

4/1/2021, 9:04 AM
Tunis, TUN

Abdelwaheb, médecin urgentiste sur le front contre le Covid-19 en Tunisie, n'a pas été payé depuis des mois. A 35 ans, il se prépare à partir à l'étranger en quête de meilleures conditions de travail, comme la majorité des médecins tunisiens.

La proportion des jeunes diplômés s'exilant à la fin de leurs études, principalement vers la France, l'Allemagne ou les pays du Golfe, ne cesse d'augmenter.

"En 2019 et 2020, près de 80% de jeunes diplômés sont partis à l'étranger", avertit le chirurgien Slim Ben Salah, président sortant du Conseil de l'ordre des médecins tirant la sonnette d'alarme sur le vieillissement des médecins dans le service public.

"Ils sont tellement dégoûtés, ces élites du pays qui ont eu leur bac avec plus de 17 de moyenne, et qui se retrouvent marginalisés par les autorités après 10 ans d'études. Mais qu'a fait l'Etat pour qu'ils restent? Moi aussi je n'en peux plus et je vais partir!", s'emporte le chirurgien.

La Tunisie continue de former chaque année 800 médecins, dont les compétences sont reconnues à l'international, mais les infrastructures sont dégradées, le matériel et les médicaments manquent et les effectifs sont parfois insuffisants, résultat d'une mauvaise gestion et de la corruption.

"En Tunisie je me sens enterré vivant," lâche Abdelwaheb Mghirbi, 35 ans, urgentiste dans un hôpital public à Tunis.

Marié depuis cinq ans, il se prive d'avoir des enfants, estimant ne pas avoir les moyens d'assumer cette responsabilité.

"Le plus grand problème ici est le côté matériel, nos salaires sont humiliants", estime-t-il.

Un médecin interne touche 1.200 dinars (365 euros) par mois, c'est au-dessus du salaire moyen mais tout juste la moitié du budget minimum nécessaire à une famille avec deux adultes et deux enfants pour vivre "dignement", selon une étude récente des ONG et un institut de recherche.

"C'est inacceptable et révoltant", déplore Abdelwaheb, d'autant que "les obligations sont là", avec des heures supplémentaires en raison du manque d'effectifs dans des hôpitaux encombrés.

"Mais en contrepartie, il y a zéro droit", ajoute M. Mghirbi. Il n'a pas été payé depuis son recrutement en CDD en décembre 2020, n'a pas de couverture sociale et travaille en l'absence d'équipements de base pour traiter les malades.

"Je ne peux ni profiter de la vie, faute de moyens, ni travailler dans de bonnes conditions, ni faire quoi que ce soit", regrette-t-il.

Cette année, s'est ajoutée la crainte que l'Etat "soit incapable de nous payer".

La santé représente 6% du budget de l'Etat, et la Tunisie recherche toujours des fonds pour financer l'exercice 2021, d'autant que les dirigeants peinent à s'entendre sur un plan de réformes réclamé par les bailleurs internationaux.

"A un certain moment, tu te dis +mais qu'est ce que je suis en train de faire?+", se désespère Abdelwaheb. Pour lui, "la situation en Tunisie est devenue une source d'anxiété et d'angoisse".

Les querelles politiques, les tensions sociales et les difficultés économiques participent au climat "étouffant" du pays, souligne le médecin.

"Je ne vois plus d'espoir ici, je veux partir pour avoir un meilleur moral", explique-t-il, lui qui a déjà eu plusieurs offres et prépare ses papiers pour l'étranger.

Signe du mal-être des médecins: des manifestations ont éclaté en décembre 2020, après la mort accidentelle d'un chirurgien interne de 27 ans en raison d'un ascenseur défaillant dans un hôpital d'une région défavorisée du nord-ouest du pays.

Une étude publiée en 2020 par un jeune doctorant en médecine souligne que l'exode de compétences touche tous types de médecins et cadres paramédicaux, accentuant les carences "en particulier dans les régions les moins développées".

Les pays embauchant du personnel avec de telles compétences "profitent gratuitement d'un capital humain très qualifié," déplore Ahlem Belhaj, secrétaire générale du syndicat des médecins.

"Ce flux nous interpelle", reconnaît le directeur général de la Santé, Fayçal Ben Salah, évaluant le coût total de formation d'un médecin à plus de 150.000 dinars (46.000 euros).

L'émigration des cerveaux peut être considérée comme une "exportation des services, mais il faut que cela soit contrôlé pour que l'Etat et le peuple s'y retrouvent", souligne-t-il, appelant à organiser ces migrations par des conventions entre Etats.

kl/cnp/sc/vg/bfi

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APR 1

"Enterré vivant": en Tunisie, l'exode des médecins fragilise le secteur de la santé #

4/1/2021, 9:04 AM
Tunis, TUN

Abdelwaheb, médecin urgentiste sur le front contre le Covid-19 en Tunisie, n'a pas été payé depuis des mois. A 35 ans, il se prépare à partir à l'étranger en quête de meilleures conditions de travail, comme la majorité des médecins tunisiens.

La proportion des jeunes diplômés s'exilant à la fin de leurs études, principalement vers la France, l'Allemagne ou les pays du Golfe, ne cesse d'augmenter.

"En 2019 et 2020, près de 80% de jeunes diplômés sont partis à l'étranger", avertit le chirurgien Slim Ben Salah, président sortant du Conseil de l'ordre des médecins tirant la sonnette d'alarme sur le vieillissement des médecins dans le service public.

"Ils sont tellement dégoûtés, ces élites du pays qui ont eu leur bac avec plus de 17 de moyenne, et qui se retrouvent marginalisés par les autorités après 10 ans d'études. Mais qu'a fait l'Etat pour qu'ils restent? Moi aussi je n'en peux plus et je vais partir!", s'emporte le chirurgien.

La Tunisie continue de former chaque année 800 médecins, dont les compétences sont reconnues à l'international, mais les infrastructures sont dégradées, le matériel et les médicaments manquent et les effectifs sont parfois insuffisants, résultat d'une mauvaise gestion et de la corruption.

"En Tunisie je me sens enterré vivant," lâche Abdelwaheb Mghirbi, 35 ans, urgentiste dans un hôpital public à Tunis.

Marié depuis cinq ans, il se prive d'avoir des enfants, estimant ne pas avoir les moyens d'assumer cette responsabilité.

"Le plus grand problème ici est le côté matériel, nos salaires sont humiliants", estime-t-il.

Un médecin interne touche 1.200 dinars (365 euros) par mois, c'est au-dessus du salaire moyen mais tout juste la moitié du budget minimum nécessaire à une famille avec deux adultes et deux enfants pour vivre "dignement", selon une étude récente des ONG et un institut de recherche.

"C'est inacceptable et révoltant", déplore Abdelwaheb, d'autant que "les obligations sont là", avec des heures supplémentaires en raison du manque d'effectifs dans des hôpitaux encombrés.

"Mais en contrepartie, il y a zéro droit", ajoute M. Mghirbi. Il n'a pas été payé depuis son recrutement en CDD en décembre 2020, n'a pas de couverture sociale et travaille en l'absence d'équipements de base pour traiter les malades.

"Je ne peux ni profiter de la vie, faute de moyens, ni travailler dans de bonnes conditions, ni faire quoi que ce soit", regrette-t-il.

Cette année, s'est ajoutée la crainte que l'Etat "soit incapable de nous payer".

La santé représente 6% du budget de l'Etat, et la Tunisie recherche toujours des fonds pour financer l'exercice 2021, d'autant que les dirigeants peinent à s'entendre sur un plan de réformes réclamé par les bailleurs internationaux.

"A un certain moment, tu te dis +mais qu'est ce que je suis en train de faire?+", se désespère Abdelwaheb. Pour lui, "la situation en Tunisie est devenue une source d'anxiété et d'angoisse".

Les querelles politiques, les tensions sociales et les difficultés économiques participent au climat "étouffant" du pays, souligne le médecin.

"Je ne vois plus d'espoir ici, je veux partir pour avoir un meilleur moral", explique-t-il, lui qui a déjà eu plusieurs offres et prépare ses papiers pour l'étranger.

Signe du mal-être des médecins: des manifestations ont éclaté en décembre 2020, après la mort accidentelle d'un chirurgien interne de 27 ans en raison d'un ascenseur défaillant dans un hôpital d'une région défavorisée du nord-ouest du pays.

Une étude publiée en 2020 par un jeune doctorant en médecine souligne que l'exode de compétences touche tous types de médecins et cadres paramédicaux, accentuant les carences "en particulier dans les régions les moins développées".

Les pays embauchant du personnel avec de telles compétences "profitent gratuitement d'un capital humain très qualifié," déplore Ahlem Belhaj, secrétaire générale du syndicat des médecins.

"Ce flux nous interpelle", reconnaît le directeur général de la Santé, Fayçal Ben Salah, évaluant le coût total de formation d'un médecin à plus de 150.000 dinars (46.000 euros).

L'émigration des cerveaux peut être considérée comme une "exportation des services, mais il faut que cela soit contrôlé pour que l'Etat et le peuple s'y retrouvent", souligne-t-il, appelant à organiser ces migrations par des conventions entre Etats.

kl/cnp/sc/vg/bfi

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MAR 31

"L'homme qui a vendu sa peau": une fable politique sur le chemin des Oscars #

3/31/2021, 11:58 AM

C'est une fable politique déroutante à l'esthétique sophistiquée: "L'homme qui a vendu sa peau", premier film tunisien sélectionné aux Oscars, suit un Syrien arrivant en Europe au prix d'un pacte faustien faisant de lui une oeuvre d'art vivante.

Pour son troisième long-métrage, la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania s'est aventurée hors de son pays natal, plongeant avec bonheur dans deux univers contrastés: celui des réfugiés et celui de l'art contemporain.

Sam Ali, un jeune Syrien amoureux, se retrouve réfugié au Liban sans pouvoir rejoindre la femme de sa vie en Europe, faute de papiers.

Alors qu'il joue les pique-assiettes dans des galeries d'art, il se voit proposer le visa tant espéré par un artiste qui souhaite en échange le lui tatouer sur le dos et l'exposer.

L'histoire est en partie inspirée de celle de Tim Steiner, un jeune Belge qui a vendu à l'artiste Wim Delvoye le droit de tatouer, d'exposer ponctuellement puis de récupérer la peau de son dos après sa mort.

Tourné en France, en Belgique et en Tunisie, le film --qui sort mercredi en Tunisie, le 2 avril aux Etats-Unis où il est en lice aux Oscars décernés le 25 avril-- est avant tout une plongée dans le monde de l'art contemporain en Europe.

La réalisatrice en reprend les codes dans ses images aux couleurs et lumières léchées, à la photographie travaillée, tout en soulignant sa cruelle absurdité et celle de tout un système qui laisse voyager les objets plus facilement que les hommes.

Ni vraiment drame, ni vraiment comédie, le film alterne entre un ton grinçant et tendre, jamais désespéré, mais jamais complètement optimiste.

L'actrice italienne Monica Bellucci, en "fausse blonde" qui veut "cacher ses origines" moyen-orientales, souffle le chaud et le froid.

L'acteur syrien Yahya Mahayni, en doux rêveur épris de liberté qui se heurte à un pilier du système comme l'a fait toute une jeunesse en Syrie depuis 2011, oscille du bonheur à la colère.

"Je n'en pouvais plus du discours victimaire sur les réfugiés", explique Kaouther Ben Hania. "Mon intention dès le départ, c'est d'en faire un héros contemporain, qui sort par le haut et tourne l'aventure à son avantage"

"En dépossession totale de son corps" pendant le film, "il finit par en retrouver la possession", poursuit-elle. Les personnages "me ressemblent, poussés à l'extrême".

Comme le réfugié syrien, "j'ai été confrontée à des problèmes de papiers pour partir en France: en tant que Tunisiens, on est tous confrontés à ces visas". Comme l'artiste du film, "je réfléchis mon oeuvre à l'extrême".

Ses trois premières créations, dont "La belle et la meute" sur l'épopée d'une jeune fille cherchant justice après un viol, ou "Zeineb n'aime pas la neige", un documentaire sur l'exil d'une adolescente tunisienne, ont tous été primés.

Mais cette nomination aux Oscars, la première pour un film tunisien, "c'est énorme", reconnaît Mme Ben Hania, qui regrette néanmoins le peu de soutien institutionnel au cinéma en Tunisie.

"L'homme qui a vendu sa peau", a été co-produit par 25 partenaires internationaux --France, Tunisie, Belgique, mais aussi Suède, Allemagne ou Qatar.

Réunir le budget de 2,5 millions d'euros a été "un sacerdoce", explique Nadim Cheikhrouha, l'un des coproducteurs, soulignant que le projet avait failli sombrer en mars 2020 faute de fonds.

Si cette large coproduction a amené son lot de complications, "certaines contraintes ont finalement servi le film", souligne-t-il.

Elles ont permis de recruter un chef opérateur allemand --"une rencontre incroyable"-- et d'avoir accès au Musée royal de Bruxelles "qui avait justement une rétrospective Wim Delvoye".

Mais "L'homme qui a vendu sa peau" dispose de moins de moyens pour faire sa promotion que ses concurrents aux Oscars dont certains sont adossés au distributeur américain HBO, regrettent les producteurs qui restent néanmoins optimistes.

Mme Ben Hania espère que cette nomination permettra de pouvoir faire ses prochains films "un peu plus facilement".

Elle compte concrétiser bientôt un film "à la lisière des genres" entre le documentaire et la fiction, sur lequel elle travaille depuis 2016.

nm-cnp/kl/elm

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