Crise politique en Thaïlande, le Premier ministre suspendu #
La Cour constitutionnelle thaïlandaise a suspendu mercredi le Premier ministre Prayut Chan-O-Cha, le temps de déterminer s'il peut rester au-delà de la limite de huit ans au pouvoir fixée par la Constitution, ouvrant une crise politique à quelques mois des élections législatives.
Cette instance peut mettre plusieurs semaines avant de trancher ce noeud juridique qui a mis sous tension la capitale Bangkok, où des manifestations ont eu lieu dès mardi.
Députés de l'opposition, professeurs, syndicats étudiants... De nombreuses voix se sont élevées pour réclamer le départ de Prayut Chan-O-Cha, qui a atteint, selon eux, la limite de huit ans en poste fixée dans la Constitution de 2017.
Mais pour ses partisans, deux interprétations pourraient permettre à l'ancien général de 68 ans, approuvé pour le poste de Premier ministre par le roi le 24 août 2014 à la suite d'un coup d'État, de rester jusqu'en 2025 ou 2027, en cas de réélection en 2023.
"Laissons la Cour constitutionnelle décider", s'est borné à dire la semaine dernière l'intéressé, qui a esquivé les questions sur ce sujet brûlant ces derniers jours.
La Cour constitutionnelle a officiellement entamé mercredi son examen. Elle a voté à cinq juges contre quatre pour suspendre de manière immédiate le chef du gouvernement, comme le demandaient les députés de l'opposition, à l'origine de la saisie.
Anucha Burachaisri, un porte-parole du bureau du Premier ministre, a appelé "tous les groupes" à "respecter les décisions de la Cour et d'éviter de la critiquer."
Le vice-Premier ministre et numéro deux du gouvernement Prawit Wongsuwan, 77 ans, va occuper les fonctions de Premier ministre par intérim.
"Le général Prawit Wongsuwan va être Premier ministre par intérim parce qu'il est le premier sur la liste de succession des vice-Premiers ministres", a annoncé à la presse Wissanu Krea-ngam, également vice-Premier ministre - il y en a six.
"Le gouvernement actuel va poursuivre son travail normalement, parce que le général Prayut n'a pas été exclu de son poste, mais seulement suspendu", a-t-il encore dit, rappelant que Prayut Chan-O-Cha continuera à siéger au gouvernement en tant que ministre de la Défense, un poste qu'il occupait en doublon de celui de Premier ministre.
Si l'annonce de cette suspension est une surprise, les experts interrogés par l'AFP s'attendent à voir la Cour trancher dans le sens de Prayut Chan-O-Cha qui a résisté à toutes les crises depuis 2014, notamment au moment des manifestations massives pour la démocratie de 2020.
"La longue liste des décisions à sens unique qui ont bénéficié à Prayut Chan-O-Cha parle d'elle-même (...) Le scénario le plus probable, c'est qu'il avance en claudiquant jusqu'à la fin de son mandat, au-delà de la limite des huit ans", a expliqué Thitinan Pongsudhirak, professeur de sciences politiques à l'Université Chulalongkorn de Bangkok.
En cause, la Constitution de 2017, rédigée sous la junte et jugée favorable aux intérêts de l'armée.
"La légitimé de la Cour constitutionnelle est débattue depuis sa création (en 1997, ndlr). Elle était déjà politisée quand Thaksin Shinawatra était Premier ministre (2001-2006, ndlr). C'est attendu qu'elle tranche en faveur de Prayut Chan-O-Cha", a renchéri Napisa Waitoolkiat, analyste politique à l'université de Naresuan.
Une lecture dans le sens des intérêts de Prayut de ce texte prend comme point de départ du calcul des huit ans 2017, soit l'entrée en vigueur de la Constitution.
Une autre prend même comme point de départ 2019, l'année des élections législatives qui ont légitimé son pouvoir.
Depuis mardi, des conteneurs déposés par les autorités barrent la route qui mène à la maison du gouvernement à Bangkok, où plus de cent personnes ont réclamé le départ du Premier ministre.
La suspension pourrait rebattre les cartes en vue des législatives de 2023.
Ancien général comme Prayut Chan-O-Cha dont il est très proche, Prawit Wongsuwan est également le chef du Palang Pracharat, le principal parti au pouvoir.
Il a été rattrapé en 2018 par un scandale qui a mis au jour plus d'un million d'euros de montres de luxe non déclarées dans son patrimoine. Il a été plus tard disculpé des soupçons de corruption.
Les Etats-Unis, alliés historiques de la Thaïlande, ont déclaré qu'ils prévoyaient de maintenir leur engagement envers le royaume, où le secrétaire d'Etat Antony Blinken s'est rendu le mois dernier.
Washington "respecte le processus et les institutions démocratiques de la Thaïlande", a déclaré à la presse le porte-parole du département d'État, Vedant Patel.
ton-ah/del/at/mm/bds
Crise politique en Thaïlande, le Premier ministre suspendu #
La Cour constitutionnelle thaïlandaise a suspendu mercredi le Premier ministre Prayut Chan-O-Cha, le temps de déterminer s'il peut rester au-delà de la limite de huit ans au pouvoir fixée par la Constitution, ouvrant une crise politique à quelques mois d'élections générales.
L'instance peut prendre plusieurs semaines pour trancher ce noeud juridique qui a mis sous tension la capitale Bangkok, où des manifestations ont eu lieu dès mardi.
Députés de l'opposition, professeurs, syndicats étudiants... De nombreuses voix se sont élevées pour réclamer le départ de Prayut Chan-O-Cha, qui a atteint, selon eux, la limite de huit ans en poste fixée dans la Constitution de 2017.
Mais pour ses partisans, deux interprétations pourraient permettre à l'ancien général de 68 ans, approuvé comme Premier ministre par le roi le 24 août 2014 à la suite d'un coup d'État, de rester jusqu'en 2025 ou 2027, en cas de réélection en 2023.
"Laissons la Cour constitutionnelle décider", s'est borné à dire la semaine dernière l'intéressé, qui a esquivé les questions sur ce sujet brûlant ces derniers jours.
La Cour constitutionnelle a officiellement démarré mercredi son examen. Elle a voté à cinq juges contre quatre pour suspendre de manière immédiate le Premier ministre, comme le demandaient les députés de l'opposition, à l'origine de la saisie.
Anucha Burachaisri, un porte-parole du bureau du Premier ministre, a appelé "tous les groupes" à "respecter les décisions de la Cour et d'éviter de la critiquer."
Le vice-Premier ministre et numéro deux du gouvernement Prawit Wongsuwan, 77 ans, va occuper la fonction de Premier ministre par intérim.
"Le général Prawit Wongsuwan va être Premier ministre par intérim parce qu'il est le premier sur la liste de succession des vice-Premiers ministres", a annoncé à la presse Wissanu Krea-ngam, également vice-Premier ministre - il y en a six.
"Le gouvernement actuel va poursuivre son travail normalement, parce que le général Prayut n'a pas été exclu de son poste, mais seulement suspendu", a poursuivi le dirigeant, en rappelant que Prayut Chan-O-Cha continuera à siéger au gouvernement en tant que ministre de la Défense, poste qu'il occupait en doublon de celui de Premier ministre.
Si l'annonce de cette suspension est une surprise, les experts interrogés par l'AFP s'attendent à voir la Cour trancher dans le sens de Prayut Chan-O-Cha qui a résisté à toutes les crises depuis 2014, notamment lors des manifestations pro-démocratie massives de 2020.
"La longue liste des décisions à sens unique qui ont bénéficié à Prayut Chan-O-Cha parle d'elle-même (...) Le scénario le plus probable, c'est qu'il avance en claudiquant jusqu'à la fin de son mandat, au-delà de la limite des huit ans", a expliqué Thitinan Pongsudhirak, professeur de sciences politiques à l'Université Chulalongkorn de Bangkok.
En cause, la Constitution de 2017, rédigée sous la junte militaire et jugée favorable aux intérêts de l'armée.
"La légitimé de la Cour constitutionnelle est débattue depuis sa création (en 1997, ndlr). Elle était déjà politisée quand Thaksin Shinawatra était Premier ministre (2001-2006, ndlr). C'est attendu qu'elle tranche en la faveur de Prayut Chan-O-Cha", renchérit Napisa Waitoolkiat, analyste politique à l'université de Naresuan.
Une lecture pro-Prayut de ce texte prend comme point de départ du calcul des huit ans 2017, soit l'entrée en vigueur de la Constitution. Une autre prend même comme point de départ 2019, année des élections législatives qui ont légitimé son pouvoir.
Depuis mardi, des conteneurs déposés par les autorités barrent la route qui mène à la maison du gouvernement à Bangkok, où plus d'une centaine de personnes ont réclamé le départ du Premier ministre.
La suspension pourrait rebattre les cartes en vue des élections générales de 2023.
Ancien général comme Prayut Chan-O-Cha dont il est très proche, Prawit Wongsuwan est également le chef du Palang Pracharat, le principal parti au pouvoir.
"C'est comme naviguer un bateau dans une baignoire, en passant du général Prayut au général Prawit", a réagi Pita Limjaroenrat, leader de Move Forward, l'un des partis d'opposition, qui réclame du sang frais.
Prawit Wongsuwan a été rattrapé en 2018 par un scandale qui a révélé plus d'un million d'euros de montres de luxe non déclarées dans son patrimoine. Il a été plus tard blanchi des soupçons de corruption.
L'un de ses principaux dossiers sera la préparation du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) à Bangkok, les 18 et 19 novembre.
ton-ah/del/at
Le Premier ministre suspendu, crise politique en Thaïlande #
La Cour constitutionnelle thaïlandaise a suspendu mercredi le Premier ministre Prayut Chan-O-Cha, le temps de déterminer s'il peut rester au-delà de la limite de huit ans au pouvoir fixée par la Constitution, ouvrant une crise politique à quelques mois d'élections générales.
L'instance peut prendre plusieurs semaines pour trancher ce noeud juridique qui a mis sous tension la capitale Bangkok, où des manifestations ont eu lieu dès mardi.
Députés de l'opposition, professeurs, syndicats étudiants... De nombreuses voix se sont levées pour réclamer le départ de Prayut Chan-O-Cha, qui a atteint, selon eux, la limite de huit ans en poste fixée dans la Constitution de 2017.
Mais pour ses partisans, deux interprétations pourraient permettre à l'ancien général de 68 ans, approuvé comme Premier ministre par le roi le 24 août 2014 à la suite d'un coup d'État, de rester au moins jusqu'à des élections générales prévues en mars 2023, voire au-delà.
"Laissons la Cour constitutionnelle décider", s'est borné à dire la semaine dernière l'intéressé, qui a esquivé les questions sur ce sujet brûlant ces derniers jours.
La Cour constitutionnelle a officiellement démarré mercredi son examen. Elle a voté à cinq juges contre quatre pour suspendre de manière immédiate le Premier ministre, comme le demandaient les députés de l'opposition, à l'origine de la saisie.
Le vice-Premier ministre et numéro deux du gouvernement Prawit Wongsuwan, 77 ans, va occuper la fonction de Premier ministre par intérim.
"Le général Prawit Wongsuwan va être Premier ministre par intérim parce qu'il est le premier sur la liste de succession des vice-premiers ministres", a annoncé à la presse Wissanu Krea-ngam, également vice-Premier ministre - il y en a six.
"Le gouvernement actuel va poursuivre son travail normalement, parce que le général Prayut n'a pas été exclu de son poste, mais seulement suspendu", a poursuivi le dirigeant, en rappelant que Prayut Chan-O-Cha continuera à siéger au gouvernement en tant que ministre de la Défense, poste qu'il occupait en doublon de celui de Premier ministre.
Si l'annonce de cette suspension est une surprise, les experts interrogés par l'AFP s'attendent à voir la Cour trancher dans le sens de Prayut Chan-O-Cha qui a résisté à toutes les crises depuis 2014, notamment lors des manifestations pro-démocratie massives de 2020.
"La longue liste des décisions à sens unique qui ont bénéficié à Prayut Chan-O-Cha parle d'elle-même (...) Le scénario le plus probable, c'est qu'il avance en claudiquant jusqu'à la fin de son mandat, au-delà de la limite des huit ans", a expliqué Thitinan Pongsudhirak, professeur de sciences politiques à l'Université Chulalongkorn de Bangkok.
En cause, la Constitution de 2017, rédigée sous la junte militaire et jugée favorable aux intérêts de l'armée.
"La légitimé de la Cour constitutionnelle est débattue depuis sa création (en 1997, ndlr). Elle était déjà politisée quand Thaksin Shinawatra était Premier ministre (2001-2006, ndlr). C'est attendu qu'elle tranche en la faveur de Prayut Chan-O-Cha", renchérit Napisa Waitoolkiat, analyste politique à l'université de Naresuan.
Une lecture pro-Prayut de ce texte prend comme point de départ du calcul des huit ans 2017, soit l'entrée en vigueur de la Constitution. Une autre prend même comme point de départ 2019, année des élections législatives qui ont légitimé son pouvoir.
Depuis mardi, des conteneurs déposés par les autorités barrent la route qui mène à la maison du gouvernement à Bangkok, où plus d'une centaine de personnes ont réclamé le départ du Premier ministre.
La suspension pourrait rebattre les cartes en vue des élections générales de 2023.
Ancien général comme Prayut Chan-O-Cha dont il est très proche, Prawit Wongsuwan est également le chef du Palang Pracharat, le principal parti au pouvoir.
"C'est comme naviguer un bateau dans une baignoire, en passant du général Prayut au général Prawit", a réagi Pita Limjaroenrat, leader de Move Forward, l'un des partis d'opposition, qui réclame du sang frais.
Prawit Wongsuwan a été rattrapé en 2018 par un scandale qui a révélé plus d'un million d'euros de montres de luxe non déclarées dans son patrimoine. Il a été plus tard blanchi des soupçons de corruption.
L'un de ses principaux dossiers sera la préparation du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) à Bangkok, les 18 et 19 novembre.
ton-ah/del/jg
Le Premier ministre suspendu, crise politique en Thaïlande #
La Cour constitutionnelle thaïlandaise a suspendu mercredi le Premier ministre Prayut Chan-O-Cha, le temps de déterminer s'il peut rester au-delà de la limite de huit ans au pouvoir fixée par la Constitution, ouvrant une crise politique à quelques mois d'élections générales.
L'instance peut prendre plusieurs semaines pour trancher ce noeud juridique qui a mis sous tension la capitale Bangkok, où des manifestations ont eu lieu dès mardi.
Députés de l'opposition, professeurs, syndicats étudiants... De nombreuses voix se sont levées pour réclamer le départ de Prayut Chan-O-Cha, qui a atteint, selon eux, la limite de huit ans en poste fixée dans la Constitution de 2017.
Mais pour ses partisans, deux interprétations pourraient permettre à l'ancien général de 68 ans, approuvé comme Premier ministre par le roi le 24 août 2014 à la suite d'un coup d'État, de rester au moins jusqu'à des élections générales prévues en mars 2023, voire au-delà.
"Laissons la Cour constitutionnelle décider", s'est borné à dire la semaine dernière l'intéressé, qui a esquivé les questions sur ce sujet brûlant ces derniers jours.
La Cour constitutionnelle a officiellement démarré mercredi son examen. Elle a voté à cinq juges contre quatre pour suspendre de manière immédiate le Premier ministre, comme le demandaient les députés de l'opposition, à l'origine de la saisie.
Le vice-Premier ministre et numéro deux du gouvernement Prawit Wongsuwan, 77 ans, va occuper la fonction de Premier ministre par intérim.
"Le général Prawit Wongsuwan va être Premier ministre par intérim parce qu'il est le premier sur la liste de succession des vice-premiers ministres", a annoncé à la presse Wissanu Krea-ngam, également vice-Premier ministre - il y en a six.
"Le gouvernement actuel va poursuivre son travail normalement, parce que le général Prayut n'a pas été exclu de son poste, mais seulement suspendu", a poursuivi le dirigeant, en rappelant que Prayut Chan-O-Cha continuera à siéger au gouvernement en tant que ministre de la Défense, poste qu'il occupait en doublon de celui de Premier ministre.
Si l'annonce de cette suspension est une surprise, les experts interrogés par l'AFP s'attendent à voir la Cour trancher dans le sens de Prayut Chan-O-Cha qui a résisté à toutes les crises depuis 2014, notamment lors des manifestations pro-démocratie massives de 2020.
"La longue liste des décisions à sens unique qui ont bénéficié à Prayut Chan-O-Cha parle d'elle-même (...) Le scénario le plus probable, c'est qu'il avance en claudiquant jusqu'à la fin de son mandat, au-delà de la limite des huit ans", a expliqué Thitinan Pongsudhirak, professeur de sciences politiques à l'Université Chulalongkorn de Bangkok.
En cause, la Constitution de 2017, rédigée sous la junte militaire et jugée favorable aux intérêts de l'armée.
"La légitimé de la Cour constitutionnelle est débattue depuis sa création (en 1997, ndlr). Elle était déjà politisée quand Thaksin Shinawatra était Premier ministre (2001-2006, ndlr). C'est attendu qu'elle tranche en la faveur de Prayut Chan-O-Cha", renchérit Napisa Waitoolkiat, analyste politique à l'université de Naresuan.
Une lecture pro-Prayut de ce texte prend comme point de départ du calcul des huit ans 2017, soit l'entrée en vigueur de la Constitution. Une autre prend même comme point de départ 2019, année des élections législatives qui ont légitimé son pouvoir.
Depuis mardi, des conteneurs déposés par les autorités barrent la route qui mène à la maison du gouvernement à Bangkok, où plus d'une centaine de personnes ont réclamé le départ du Premier ministre.
La suspension pourrait rebattre les cartes en vue des élections générales de 2023.
Ancien général comme Prayut Chan-O-Cha dont il est très proche, Prawit Wongsuwan est également le chef du Palang Pracharat, le principal parti au pouvoir.
"C'est comme naviguer un bateau dans une baignoire, en passant du général Prayut au général Prawit", a réagi Pita Limjaroenrat, leader de Move Forward, l'un des partis d'opposition, qui réclame du sang frais.
Prawit Wongsuwan a été rattrapé en 2018 par un scandale qui a révélé plus d'un million d'euros de montres de luxe non déclarées dans son patrimoine. Il a été plus tard blanchi des soupçons de corruption.
L'un de ses principaux dossiers sera la préparation du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) à Bangkok, les 18 et 19 novembre.
ton-ah/del/jg
Le Premier ministre suspendu, crise politique en Thaïlande #
La Cour constitutionnelle thaïlandaise a suspendu mercredi le Premier ministre Prayut Chan-O-Cha, le temps de déterminer s'il peut rester au-delà de la limite de huit ans au pouvoir fixée par la Constitution, ouvrant une crise politique à quelques mois d'élections générales.
L'instance peut prendre plusieurs semaines pour trancher ce noeud juridique qui a mis sous tension la capitale Bangkok, où des manifestations ont eu lieu dès mardi.
Députés de l'opposition, professeurs, syndicats étudiants... De nombreuses voix se sont levées pour réclamer le départ de Prayut Chan-O-Cha, qui a atteint, selon eux, la limite de huit ans en poste fixée dans la Constitution de 2017.
Mais pour ses partisans, deux interprétations pourraient permettre à l'ancien général de 68 ans, approuvé comme Premier ministre par le roi le 24 août 2014 à la suite d'un coup d'État, de rester au moins jusqu'à des élections générales prévues en mars 2023, voire au-delà.
"Laissons la Cour constitutionnelle décider", s'est borné à dire la semaine dernière l'intéressé, qui a esquivé les questions sur ce sujet brûlant ces derniers jours.
La Cour constitutionnelle a officiellement démarré mercredi son examen. Elle a voté à cinq juges contre quatre pour suspendre de manière immédiate le Premier ministre, comme le demandaient les députés de l'opposition, à l'origine de la saisie.
Le vice-Premier ministre et numéro deux du gouvernement Prawit Wongsuwan, 77 ans, va occuper la fonction de Premier ministre par intérim.
"Le général Prawit Wongsuwan va être Premier ministre par intérim parce qu'il est le premier sur la liste de succession des vice-premiers ministres", a annoncé à la presse Wissanu Krea-ngam, également vice-Premier ministre - il y en a six.
"Le gouvernement actuel va poursuivre son travail normalement, parce que le général Prayut n'a pas été exclu de son poste, mais seulement suspendu", a poursuivi le dirigeant, en rappelant que Prayut Chan-O-Cha continuera à siéger au gouvernement en tant que ministre de la Défense, poste qu'il occupait en doublon de celui de Premier ministre.
Si l'annonce de cette suspension est une surprise, les experts interrogés par l'AFP s'attendent à voir la Cour trancher dans le sens de Prayut Chan-O-Cha qui a résisté à toutes les crises depuis 2014, notamment lors des manifestations pro-démocratie massives de 2020.
"La longue liste des décisions à sens unique qui ont bénéficié à Prayut Chan-O-Cha parle d'elle-même (...) Le scénario le plus probable, c'est qu'il avance en claudiquant jusqu'à la fin de son mandat, au-delà de la limite des huit ans", a expliqué Thitinan Pongsudhirak, professeur de sciences politiques à l'Université Chulalongkorn de Bangkok.
En cause, la Constitution de 2017, rédigée sous la junte militaire et jugée favorable aux intérêts de l'armée.
"La légitimé de la Cour constitutionnelle est débattue depuis sa création (en 1997, ndlr). Elle était déjà politisée quand Thaksin Shinawatra était Premier ministre (2001-2006, ndlr). C'est attendu qu'elle tranche en la faveur de Prayut Chan-O-Cha", renchérit Napisa Waitoolkiat, analyste politique à l'université de Naresuan.
Une lecture pro-Prayut de ce texte prend comme point de départ du calcul des huit ans 2017, soit l'entrée en vigueur de la Constitution. Une autre prend même comme point de départ 2019, année des élections législatives qui ont légitimé son pouvoir.
Depuis mardi, des conteneurs déposés par les autorités barrent la route qui mène à la maison du gouvernement à Bangkok, où plus d'une centaine de personnes ont réclamé le départ du Premier ministre.
La suspension pourrait rebattre les cartes en vue des élections générales de 2023.
Ancien général comme Prayut Chan-O-Cha dont il est très proche, Prawit Wongsuwan est également le chef du Palang Pracharat, le principal parti au pouvoir.
"C'est comme naviguer un bateau dans une baignoire, en passant du général Prayut au général Prawit", a réagi Pita Limjaroenrat, leader de Move Forward, l'un des partis d'opposition, qui réclame du sang frais.
Prawit Wongsuwan a été rattrapé en 2018 par un scandale qui a révélé plus d'un million d'euros de montres de luxe non déclarées dans son patrimoine. Il a été plus tard blanchi des soupçons de corruption.
L'un de ses principaux dossiers sera la préparation du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) à Bangkok, les 18 et 19 novembre.
ton-ah/del/jg
Thaïlande: Prayut Chan-O-Cha, le général putschiste fragilisé par la constitution #
Il avait promis de restaurer la démocratie, mais n'a cessé de resserrer son emprise sur la Thaïlande. Jusque-là imperméable à toutes les crises, le Premier ministre Prayut Chan-O-Cha a subi un premier revers de taille mercredi, suspendu par la Cour constitutionnelle qui doit trancher sur son mandat.
Changement de monarque, manifestations massives pour la démocratie en 2020, pandémie de Covid, crise constitutionnelle... Dans un royaume à l'histoire politique récente mouvementée, l'ancien général Prayut Chan-O-Cha détonnait par sa longévité.
"C'est extraordinaire qu'il puisse tenir aussi longtemps", s'est étonné auprès de l'AFP Aaron Connelly, spécialiste de l'Asie du Sud-Est à l'Institut international d'études stratégiques.
A 69 ans, il se voyait encore diriger de longues années, jusqu'à ce que la Cour constitutionnelle ne le rattrape, saisie par des députés de l'opposition qui s'interrogent sur la légalité de son pouvoir.
L'opposition brandit l'article 158 de la constitution de 2017 - rédigée par la junte et considérée comme favorable à l'armée - qui limite à huit ans la durée en poste du Premier ministre.
La Cour a suspendu le dirigeant le temps de démêler le noeud juridique, ce qui devrait lui prendre plusieurs semaines.
"Il est ironique de constater que cette clause ne ciblait pas à l'origine le général Prayut mais la bête noire de l'armée, Thaksin Shinawatra", Premier ministre de 2001 à 2006, remarque auprès de l'AFP Thitinan Pongsudhirak, professeur de sciences politiques à l'Université Chulalongkorn de Bangkok.
L'omniprésent Prayut Chan-O-Cha ne va pour autant quitter le gouvernement durant sa suspension: il va continuer à siéger comme ministre de la Défense, poste qu'il occupait en même temps que celui de Premier ministre.
Ses soutiens préparent déjà la riposte, avec deux interprétations différentes qui pourraient lui permettre de rester jusqu'en 2025 ou 2027, et ainsi de garder la tête haute.
Le dirigeant a gardé de son éducation militaire sa posture droite, que ses adversaires décrivent plutôt comme rigide ou sévère.
Il a justifié le coup d'Etat orchestré en mai 2014 contre le gouvernement de Yingluck Shinawatra, soeur de Thaksin, en invoquant le sens du devoir pour défendre la monarchie.
L'ancien commandant en chef de l'armée, à six mois de la retraite, avait alors remplacé son uniforme kaki par des costumes cravates ou des vestes traditionnelles col Mao colorées.
"Oncle Tu" ou "Big Tu", qui aime cultiver l'image d'un homme proche du peuple, a poursuivi sa transformation en homme politique lors des élections législatives controversées de mars 2019, qui ont légitimé son pouvoir.
"La longévité politique de Prayut tient en partie à des perceptions selon lesquelles il continue d'avoir le feu vert du régime conservateur-royaliste qui dirige de l'intérieur la Thaïlande depuis les coulisses", explique Thitinan Pongsudhirak.
Il se montre intransigeant dès lorsqu'il s'agit de réprimer le mouvement qui réclame sa démission et une réforme de la toute-puissante monarchie, comme lors des grandes manifestations en 2020. La pandémie de coronavirus lui a offert un nouveau prétexte pour resserrer l'étau autour des activistes pro-démocratie.
Côté politique, "il manque d'une vision générale. Le gouvernement est dans la réaction, il n'est pas pro-actif", relève Sophie Boisseau du Rocher, de l'Institut français des relations internationales (IFRI).
Le général a participé à certaines des pages sombres de l'histoire récente du royaume.
Il est souvent décrit comme l'artisan de l'assaut militaire du 19 mai 2010 contre le camp retranché des "Chemises Rouges" (partisans des Shinawatra) qui occupaient le centre de Bangkok pour réclamer la démission du gouvernement de l'époque. Bilan, 90 morts et 1.900 blessés.
Il aurait aussi soutenu le putsch contre Thaksin Shinawatra en 2006, d'après une note diplomatique américaine diffusée par le site WikiLeaks.
Cet amateur de golf, père de deux jumelles, fut promu à la tête de la Première armée (centre du pays, dont Bangkok) en 2006, avant de devenir numéro deux des forces terrestres, puis de prendre la direction de l'armée en 2010.
Peu après le coup d'État, il avait promis de restaurer la démocratie. Il a mis près de cinq ans pour organiser les élections législatives, le temps de consolider son autorité. Mais le prochain scrutin, prévu en 2023, pourrait bien se dérouler sans lui.
bur-ah/del/emd
Le Premier ministre suspendu, crise politique en Thaïlande #
La Cour constitutionnelle thaïlandaise a décidé mercredi de suspendre le Premier ministre Prayut Chan-O-Cha, le temps de déterminer s'il peut rester au-delà de la limite de huit ans au pouvoir fixée par la Constitution, un séisme politique à quelques mois d'élections générales.
L'instance peut prendre plusieurs semaines pour trancher ce noeud juridique qui a mis sous tension la capitale Bangkok, où des manifestations ont eu lieu mardi. Des élections générales sont attendues pour mars prochain.
Députés de l'opposition, professeurs, syndicats étudiants... De nombreuses voix se sont levées pour réclamer le départ de Prayut Chan-O-Cha, qui a atteint selon eux la limite de huit ans en poste fixée dans la Constitution de 2017.
Néanmoins, deux interprétations différentes pourraient permettre à l'ancien général (68 ans), approuvé par le roi le 24 août 2014 à la suite d'un coup d'Etat, de rester jusqu'en 2025 ou 2027.
"Laissons la Cour constitutionnelle décider", s'est borné à dire l'intéressé qui a esquivé les questions sur ce sujet brûlant ces derniers jours.
La Cour constitutionnelle a démarré mercredi officiellement son examen. Elle a voté à cinq juges contre quatre pour suspendre le Premier ministre, comme le demandaient les députés de l'opposition, à l'origine de la saisie.
Le vice-premier ministre et numéro deux du gouvernement Prawit Wongsuwan, âgé de 77 ans, doit occuper la fonction de Premier ministre par intérim.
"En cas de suspension, Prawit Wongsuwan sera Premier ministre par intérim, et Prayut Chan-O-Chan continuera comme ministre de la Défense, une fonction qu'il occupe actuellement", a déclaré mardi à la presse Wissanu Krea-ngam, également vice-premier ministre - il y en a six.
Si l'annonce de cette suspension est une surprise, les experts interrogés par l'AFP s'attendent à voir la Cour trancher dans le sens de Prayut Chan-O-Cha qui a résisté à toutes les crises depuis 2014, notamment lors des manifestations pro-démocratie massives de 2020.
"La longue liste des décisions à sens unique qui ont bénéficié à Prayut Chan-O-Cha parle d'elle-même (...) Le scénario le plus probable, c'est qu'il avance en claudiquant jusqu'à la fin de son mandat, au-delà de la limite des huit ans", a expliqué Thitinan Pongsudhirak, professeur de sciences politiques à l'Université Chulalongkorn de Bangkok.
En cause, la Constitution de 2017, rédigée sous la junte militaire et jugée favorable aux intérêts de l'armée.
Une lecture pro-Prayut de ce texte prend comme point de départ du calcul des huit ans 2017, soit l'entrée en vigueur de la Constitution. Une autre prend même comme point de départ 2019, année des élections législatives qui ont légitimé son pouvoir.
Depuis mardi, des conteneurs déposés par les autorités barrent la route qui mènent à la maison du gouvernement à Bangkok, où plus d'une centaine de personnes ont réclamé le départ du Premier ministre.
La suspension pourrait rebattre les cartes en vue des élections générales prévues début 2023.
Ancien général comme Prayut Chan-O-Cha dont il est très proche, Prawit Wongsuwan est également le chef du Palang Pracharat, le principal parti au pouvoir.
Il a été rattrapé en 2018 par un scandale qui a révélé plus d'un million d'euros de montres de luxe non déclarées dans son patrimoine. Il a été plus tard blanchi des soupçons de corruption.
L'un de ses principaux dossiers sera la préparation du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) à Bangkok, les 18 et 19 novembre.
ton-ah/del/lch
En Thaïlande, la longévité du Premier ministre au défi de la constitution #
Un imbroglio juridique ravive de vieilles divisions en Thaïlande, où le Premier ministre Prayut Chan-O-Cha, qui selon ses opposants, atteint mercredi la limite de huit ans au pouvoir fixée par la constitution, s'accroche à son poste, à quelques mois d'élections générales incertaines.
L'ancien général affronte une nouvelle vague de contestation réclamant sa démission, dans le royaume marqué par le souvenir des manifestations pro-démocratie de 2020.
Cette fois, la partie se déroule dans les couloirs de l'Assemblée nationale et de la Cour constitutionnelle, saisie par des députés pour répondre à la question qui tourmente la deuxième économie d'Asie du Sud-Est.
L'opposition agite l'article 158 de la constitution, qui limite le mandat du Premier ministre à huit ans. Selon elle, Prayut Chan-O-Cha, en fonction depuis le 24 août 2014 à la suite d'un coup d'Etat, atteint cette limite mercredi.
Mais les soutiens du dirigeant brandissent une interprétation différente, qui permettrait à "Oncle Tu", dont le pouvoir a été légitimé par des élections controversées en 2019, de rester en poste jusqu'en 2025 ou en 2027.
La Cour peut mettre plusieurs semaines à rendre sa décision.
"Pour moi, l'horloge tourne depuis 2014. Il a été officiellement reconnu comme Premier ministre cette année-là", dit à l'AFP Napisa Waitoolkiat, analyste politique à l'université de Naresuan.
L'intéressé (68 ans) n'a pas envoyé le moindre signal d'un départ proche: "Laissons la Cour constitutionnelle décider", s'est contenté de lancer cet habitué des déclarations à l'emporte-pièce, qui a esquivé les questions sur le sujet ces derniers jours.
"Il semble que le vent souffle en sa faveur. Ca serait une surprise qu'il soit éjecté du pouvoir dans un temps proche", explique à l'AFP Thitinan Pongsudhirak, professeur de sciences politiques à l'Université Chulalongkorn de Bangkok.
"La longue liste des décisions à sens unique qui ont bénéficié à Prayut Chan-O-Cha parle d'elle-même (...) Le plus probable scénario, c'est qu'il avance en claudiquant jusqu'à la fin de son mandat, au-delà de la limite des huit ans", poursuit l'expert.
En cause, la constitution de 2017, rédigée sous la junte militaire, et jugée comme favorable aux intérêts de l'armée. "Depuis 2006, il y a eu quatre constitutions qui ne cherchaient qu'une chose: défendre les intérêts des personnes au pouvoir", relève Sophie Boisseau du Rocher, de l'Institut français des relations internationales (IFRI).
"La légitimé de la cour constitutionnelle est débattue depuis sa création (en 1997, ndlr). Elle était déjà politisée quand Thaksin Shinawatra était Premier ministre (2001-2006, ndlr). C'est attendu qu'elle tranche en la faveur de Prayut Chan-O-Cha", renchérit Napisa Waitoolkiat.
"La question est plutôt de savoir s'il aura les mêmes soutiens de l'élite qu'avant" pour les prochaines élections législatives, s'interroge-t-elle.
Ses opposants, le puissant Pheu Thai en tête, battent déjà la campagne en vue du scrutin, attendu en début d'année prochaine, dans un contexte de reprise économique qui tarde après la crise du Covid.
Le faible score (8%) du candidat dont il était le plus proche, lors de l'élection pour le gouverneur de Bangkok en mai, laisse augurer la grogne croissante autour de Prayut Chan-O-Cha, contesté jusqu'au sein de son parti, le Palang Pracharat.
Mais dans les nombreuses crises qui ont émaillé son temps au pouvoir, l'ancien commandant de la prestigieuse unité des Gardes de la reine est resté debout. Ces derniers mois, son gouvernement a résisté à quatre motions de censure à l'Assemblée nationale.
Il se voit bien continuer pour le sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) à Bangkok en novembre, voire pour un second mandat, l'actuel se terminant en mars 2023.
"Rien ne va changer le 24 août", souffle "Ball", 22 ans, qui ne donne que son surnom. Malgré les manifestations de 2020 qui ont réclamé la démission du Premier ministre et une réforme de la puissante monarchie, "rien n'a changé en huit ans", concède cet étudiant, qui incarne cette jeunesse dont une partie ne se reconnaît pas sur l'échiquier politique actuel.
"La vieille garde au pouvoir semble vouloir ne rien concéder sans épreuve de force. Par conséquent, la nouvelle génération pourrait bien réinvestir les rues pour réclamer ce qui lui est dû, après deux décennies durant lesquelles la Thaïlande n'est allée nulle part", estime Thitinan Pongsudhirak.
tp-ah/roc