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Guadeloupe: des associations dénoncent l'enfermement de 70 migrants naufragés #

2/25/2021, 6:56 PM
Paris, FRA

Plusieurs associations ont dénoncé jeudi les "violations des droits" de 70 migrants enfermés par les autorités dans une zone d'attente en Guadeloupe, au large de laquelle ils ont fait naufrage lundi avant d'être secourus.

Ces 70 personnes, des ressortissants haïtiens, dominicains, colombiens et indiens, dont une femme enceinte et un enfant, se sont vus notifier un refus d'entrée sur le territoire français et ont été transférées dans un hôtel pour y être enfermés, ont indiqué dans un communiqué commun quatre associations, dont La Cimade, l'Anafé (association nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers) ou encore le collectif d'avocats intervenant en droit des étrangers.

"Nos associations espèrent que les violations des droits des 70 naufragés seront sanctionnées", affirment-elles, avant d'énumérer: "Difficulté ou refus de la police aux frontières d'enregistrer des demandes d'asile, séparation de famille, enfermement de certaines personnes dans des chambres dont les portes sont fermées à clef depuis l'extérieur", ou encore impossibilité de consulter un médecin.

"Certains ont pu enregistrer une demande d'asile mais la majorité de ceux à qui nous avons pu parler n'ont pas pu", affirme à l'AFP Laure Palun, directrice de l'Anafé.

Le juge des libertés et de la détention (JLD) doit, selon les associations, statuer vendredi sur la demande de prolongation de l'enfermement pour huit jours supplémentaires.

"Le rôle du JLD est de vérifier les conditions de maintien et le respect des droits des personnes enfermées. Or, le droit d'asile, le droit à la vie privée et familiale ainsi que le droit à la santé sont des droits fondamentaux garantis par les textes nationaux et internationaux. Ces droits ne souffrent, en principe, d'aucune exception", écrivent les associations.

sha//els/pb

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FEB 24

Avarie d'un Boeing 777 : la "fatigue du métal", une loi physique parfois source d'accidents #

2/24/2021, 1:52 PM
Paris, FRA

Les autorités américaines privilégient la piste de la "fatigue du métal" des pales du moteur pour expliquer l'incident survenu samedi sur un vol United Airlines aux États-Unis, qui a conduit à l'immobilisation d'une partie de la flotte mondiale de Boeing 777.

A mesure de l'utilisation répétée d'un matériau, ce phénomène physique peut entraîner sa déformation puis sa rupture.

Les incidents sur des avions ou des trains provoqués par la "fatigue du métal" peuvent s'expliquer par un "défaut de fabrication", un "problème de maintenance", mais également "une part de malchance", détaillent des experts à l'AFP.

A l'image d'un petit trombone qu'on parvient plus facilement à casser en le tordant de manière cyclique et répétée plutôt qu'en tirant "très fort dessus", les matériaux métalliques présents dans les moteurs des avions "fatiguent" et peuvent casser selon ce même principe, explique François Hild, directeur de recherche en mécanique des matériaux au CNRS.

Sur un avion, les pales de soufflante, utilisées pour accélérer l'entrée de l'air dans le réacteur -et dont plusieurs se sont fracturées, entraînant l'incendie d'un moteur du Boeing 777-220- subissent des cycles de mouvements similaires: "Quand le moteur fonctionne, ça tire dessus, quand il s'arrête ça se relâche", résume Pascal Roche, professeur de propulsion à l'École nationale de l'aviation civile à Toulouse (ENAC).

"En répétant le phénomène des dizaines, des centaines, voire des milliers de fois, vous allez pouvoir casser le matériau" ajoute M. Hild.

Après un autre incident début 2018 impliquant ce modèle de moteur Pratt & Withney équipant les Boeing 777, le régulateur américain chargé de l'aviation, la FAA, a indiqué avoir réclamé à l'époque "des inspections initiales puis répétées sur les pales en service tous les 6.500 cycles".

Un éventuel "problème de maintenance" avec des pièces que l'on aurait "pas changées suffisamment tôt" fait partie des hypothèses à envisager, explique Pascal Roche.

-défaut de fabrication -

Un tel défaut de maintenance avait été mis en cause dans l'enquête sur la pire catastrophe ferroviaire d'après guerre en Allemagne, où en juin 1998, l'accident d'un train à grande vitesse avait fait 101 morts à Eschede dans le nord du pays. selon cette enquête, la compagnie des chemins de fer allemand avait tardé à changer une roue usée, dont la rupture due à la fatigue du métal a entraîné le déraillement d'un wagon.

Mais la "fatigue du métal" sur des pales en titane pourrait aussi provenir d'un "défaut de fabrication", suggère François Hild.

"Le titane est un matériau qui résiste bien à la fatigue", mais "un défaut de fabrication, des impuretés ou une bulle d'air, rend les choses plus sensibles à ce phénomène", explique-t-il.

Une mésaventure similaire avait frappé en 2017 un Airbus A380, qui avait perdu une importante partie d'un des quatre réacteurs au-dessus du Groenland.

Le Bureau d'enquêtes et d'analyses français (BEA) avait finalement établi que l'explosion du moteur avait été provoquée par une microfissure engendrée par la fatigue prématurée d'un alliage en titane. Apparue sous la surface de la pièce, la microfissure avait finalement conduit à la rupture de la pièce après 3.500 cycles de vols (décollage et atterrissage).

Le problème était dû à un défaut de fabrication lors de la forge de la pièce: les particules de métal s'étaient agencées de telle manière qu'elles avaient formé à une échelle microscopique une "macrozone" dix fois plus grande et intense que ce à quoi les industriels sont habituellement confrontés.

"Cet alliage est utilisé depuis les années 1970, il y a une part de malchance" avait alors expliqué un expert.

tsq-mra/ico/LyS

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FEB 24

Avarie d'un Boeing 777 : la "fatigue du métal", une loi physique parfois source d'accidents #

2/24/2021, 1:48 PM

Les autorités américaines privilégient la piste de la "fatigue du métal" des pales du moteur pour expliquer l'incident survenu samedi sur un vol United Airlines aux États-Unis, qui a conduit à l'immobilisation d'une partie de la flotte mondiale de Boeing 777.

A mesure de l'utilisation répétée d'un matériau, ce phénomène physique peut entraîner sa déformation puis sa rupture.

Les incidents sur des avions ou des trains provoqués par la "fatigue du métal" peuvent s'expliquer par un "défaut de fabrication", un "problème de maintenance", mais également "une part de malchance", détaillent des experts à l'AFP.

A l'image d'un petit trombone qu'on parvient plus facilement à casser en le tordant de manière cyclique et répétée plutôt qu'en tirant "très fort dessus", les matériaux métalliques présents dans les moteurs des avions "fatiguent" et peuvent casser selon ce même principe, explique François Hild, directeur de recherche en mécanique des matériaux au CNRS.

Sur un avion, les pales de soufflante, utilisées pour accélérer l'entrée de l'air dans le réacteur -et dont plusieurs se sont fracturées, entraînant l'incendie d'un moteur du Boeing 777-220- subissent des cycles de mouvements similaires: "Quand le moteur fonctionne, ça tire dessus, quand il s'arrête ça se relâche", résume Pascal Roche, professeur de propulsion à l'École nationale de l'aviation civile à Toulouse (ENAC).

"En répétant le phénomène des dizaines, des centaines, voire des milliers de fois, vous allez pouvoir casser le matériau" ajoute M. Hild.

Après un autre incident début 2018 impliquant ce modèle de moteur Pratt & Withney équipant les Boeing 777, le régulateur américain chargé de l'aviation, la FAA, a indiqué avoir réclamé à l'époque "des inspections initiales puis répétées sur les pales en service tous les 6.500 cycles".

Un éventuel "problème de maintenance" avec des pièces que l'on aurait "pas changées suffisamment tôt" fait partie des hypothèses à envisager, explique Pascal Roche.

-défaut de fabrication -

Un tel défaut de maintenance avait été mis en cause dans l'enquête sur la pire catastrophe ferroviaire d'après guerre en Allemagne, où en juin 1998, l'accident d'un train à grande vitesse avait fait 101 morts à Eschede dans le nord du pays. La compagnie des chemins de fer allemand avait tardé à changer une roue usée, dont la rupture due à la fatigue du métal a entraîné le déraillement d'un wagon.

Mais la "fatigue du métal" sur des pales en titane pourrait aussi provenir d'un "défaut de fabrication", suggère François Hild.

"Le titane est un matériau qui résiste bien à la fatigue", mais "un défaut de fabrication, des impuretés ou une bulle d'air, rend les choses plus sensibles à ce phénomène", explique-t-il.

Une mésaventure similaire avait frappé en 2017 un Airbus A380, qui avait perdu une importante partie d'un des quatre réacteurs au-dessus du Groenland.

Le Bureau d'enquêtes et d'analyses français (BEA) avait finalement établi que l'explosion du moteur avait été provoquée par une microfissure engendrée par la fatigue prématurée d'un alliage en titane. Apparue sous la surface de la pièce, la microfissure avait finalement conduit à la rupture de la pièce après 3.500 cycles de vols (décollage et atterrissage).

Le problème était dû à un défaut de fabrication lors de la forge de la pièce: les particules de métal s'étaient agencées de telle manière qu'elles avaient formé à une échelle microscopique une "macrozone" dix fois plus grande et intense que ce à quoi les industriels sont habituellement confrontés.

"Cet alliage est utilisé depuis les années 1970, il y a une part de malchance" avait alors expliqué un expert.

tsq-mra/ico/LyS

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