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Au Yémen, des femmes apportent l'énergie solaire dans leurs villages #

3/24/2021, 5:15 AM
Abs, YEM

Elles ont défié scepticisme et moqueries pour parvenir à leurs fins. Dix pionnières yéménites ont apporté l'électricité à leurs villages, illuminant des maisons et des vies grâce à un micro-réseau alimenté par l'énergie solaire qu'elles espèrent étendre dans leur pays ravagé par la guerre civile.

Dans ce pays conservateur en proie à la famine et à la pauvreté, dévasté par un conflit qui a détruit depuis 2014 la plupart des infrastructures, Imane Hadi et ses collègues vêtues de niqabs noirs ont réussi ce qui semblait pour beaucoup inimaginable.

Elle gère depuis 2019, avec une équipe entièrement féminine, la Station des amies de l'environnement dans la région d'Abs, au nord-ouest de la capitale Sanaa, sous contrôle des rebelles Houthis comme la majeure partie du nord du Yémen.

Cette centrale solaire est la seule source d'électricité pour des dizaines de maisons de plusieurs villages.

Chaque jour, ces femmes nettoient les panneaux solaires bleu marine, resserrent les vis qui les maintiennent en place, vérifient les batteries et calculent la consommation sur des compteurs accrochés aux murs.

La station, l'une des trois du genre dans le pays mais la seule dirigée par une équipe exclusivement féminine, a commencé avec vingt maisons. Aujourd'hui, elle en alimente jusqu'à 43.

"Nous avons pu rendre de nombreuses personnes heureuses en connectant leurs maisons à l'électricité", se réjouit la Mme Hadi, 36 ans, assise derrière un bureau de fortune.

L'idée, explique-t-elle, a vu le jour lorsque ces femmes ont commencé à réfléchir à ce qu'elles pouvaient faire pour atténuer l'impact de la guerre sur le pays le plus pauvre de la péninsule arabique.

Selon l'ONU, le Yémen subit le pire désastre humanitaire actuellement au monde en raison du conflit qui oppose les rebelles Houthis, soutenus par l'Iran, aux forces gouvernementales, appuyées par l'Arabie saoudite.

Des dizaines de milliers de personnes ont péri depuis le début de la guerre, également marquée par la destruction d'infrastructures essentielles comme des hôpitaux ou des centrales électriques. Avant le conflit, seulement deux-tiers des habitants avaient accès au réseau électrique public.

D'importantes pénuries de carburant obligent de nombreux Yéménites à travailler à la bougie.

Dans ce marasme, l'énergie solaire émergente apporte une lueur d'espoir. Des panneaux ont commencé à fleurir sur les toits de maisons en ville ou à la campagne.

La station d'Imane Hadi a bénéficié du financement et de formations de l'Union européenne et du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), qui s'efforce de faire passer ce système de trois à 100 sites dans le pays. L'Union européenne a également participé.

"Au Yémen, où les gens n'ont pas les moyens d'acheter de la nourriture, d'accéder aux soins ou de satisfaire d'autres besoins fondamentaux, la possibilité d'utiliser l'énergie solaire renforce les communautés dans les zones reculées", explique Auke Lootsma, représentant du PNUD au Yémen.

"Du matin au soir, les ventilateurs, les machines à laver, les réfrigérateurs et les machines à coudre fonctionnent dans notre maison", se réjouit Faïqa Najar, une cliente des Amies de l'environnement.

Grâce au succès de son projet, Imane Hadi puise dans les 2.000 dollars de bénéfices mensuels pour accorder des microcrédits, permettant à des villageois d'ouvrir de petites entreprises comme des épiceries et des boulangeries.

Mais son parcours n'a pas été facile en raison des combats qui déstabilisent régulièrement la région mais aussi du conservatisme dominant les communautés rurales du pays.

"Nous avons été confrontées à de nombreuses difficultés, notamment les moqueries et le rejet de nos familles puis de la société qui estimaient que ce genre de projets était réservé aux hommes", raconte-t-elle.

"Mais nous avons affronté ces difficultés avec ténacité. Aujourd'hui, leurs moqueries se sont transformées en reconnaissance et en respect pour les femmes", souligne celle qui a été classée par la BBC parmi les 100 femmes les plus inspirantes et influentes du monde en 2020.

Son projet a remporté les Ashden Awards for Humanitarian Energy, qui récompensent les initiatives vertes dans les communautés défavorisées. Et il a fait d'elle une icône du commerce local, des hommes lui demandant même des conseils et de petits prêts.

Son ambition à long terme est d'étendre les services solaires aux plus de 3.000 foyers de sa région. Son message aux femmes du Yémen: "Levez-vous et sortez réaliser vos ambitions".

str-mah/sls/dm/aem/elm

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MAR 23

L'archipel de Socotra, paradis perdu en attente de touristes au Yémen #

3/23/2021, 10:05 AM
Socotra, YEM

Des montagnes luxuriantes à perte de vue, une faune et une flore uniques au monde, une mer turquoise pleine de dauphins: l'archipel yéménite de Socotra ressemble à un paradis loin de tout qui, les autorités l'espèrent, fera rêver en pleine pandémie de Covid-19.

Situés dans l'océan Indien au large des côtes sud du Yémen, ces quatre îles et deux îlots rocheux de 50.000 habitants, pour la plupart des pêcheurs, ont été relativement épargnés par le conflit qui dévaste ce pays pauvre de la péninsule arabique depuis plus de six ans.

Récemment, les annonces pour des voyages vers Socotra se sont multipliées, notamment à partir des Emirats arabes unis, riche pays du Golfe proche des autorités qui contrôlent l'archipel.

"Heureusement, Socotra n'a jamais été affecté par la dynamique de guerre du Yémen continental", assure Welcome To Socotra, une agence de voyage locale, vantant l'absence de tensions et de combats dans l'archipel qui dispose de plusieurs petits hôtels pour accueillir les touristes.

Les vols vers Socotra, qui avaient été notamment interrompus à cause du Covid-19, ont récemment repris. "Ce sont des vols charters, ils utilisent des avions d'AirArabia", compagnie aérienne basée à Charjah, aux Emirats arabes unis.

"Il n'y a qu'une seule liaison hebdomadaire d'Abou Dhabi (capitale des Emirats) à Socotra, chaque lundi", précise encore Welcome To Socotra, qui assure recevoir des "centaines" de demandes.

Le Yémen cherche depuis plusieurs années à développer l'archipel, qu'il veut transformer en une véritable destination touristique, notamment auprès d'un public sensible aux questions environnementales.

Malgré l'instabilité politique et l'effondrement de l'économie dans le pays, l'archipel ne manque pas d'atouts.

Situé à moins de 250 kilomètres de la Corne de l'Afrique et à 1.000 kilomètres d'Aden, chef-lieu du sud du Yémen, Socotra est un refuge séculaire pour d'étranges plantes: sur les 825 espèces qui y ont été recensées, plus d'un tiers sont uniques, selon l'Unesco.

L'archipel est inscrit au patrimoine mondial de l'organisation onusienne pour son caractère "exceptionnel de par sa grande diversité de plantes", dont l'iconique dragonnier de Socotra, "et son taux d'endémisme", qui mesure la biodiversité d'un territoire.

Selon l'Unesco, 90% des reptiles et 95% des espèces d'escargots terrestres ne se trouvent nulle part ailleurs dans le monde. Les îles hébergent également des dizaines d'espèces d'oiseaux et des centaines de poissons et récifs coralliens.

"Parce qu'elle est l'une des îles les plus riches en biodiversité et les plus distinctes du monde, Socotra a été qualifiée de +Galápagos de l'océan Indien+", écrit l'agence onusienne sur son site.

vid-mk-aem/mdz/vl/abx

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MAR 23

L'archipel de Socotra, paradis perdu en attente de touristes au Yémen #

3/23/2021, 8:33 AM

Des montagnes luxuriantes à perte de vue, une faune et une flore uniques au monde, une mer turquoise pleine de dauphins: l'archipel yéménite de Socotra ressemble à un paradis loin de tout qui, les autorités l'espèrent, fera rêver en pleine pandémie de Covid-19.

Situés dans l'océan Indien au large des côtes sud du Yémen, ces quatre îles et deux îlots rocheux de 50.000 habitants, pour la plupart des pêcheurs, ont été relativement épargnés par le conflit qui dévaste ce pays pauvre de la péninsule arabique depuis plus de six ans.

Récemment, les annonces pour des voyages vers Socotra se sont multipliées, notamment à partir des Emirats arabes unis, riche pays du Golfe proche des autorités qui contrôlent l'archipel.

"Heureusement, Socotra n'a jamais été affecté par la dynamique de guerre du Yémen continental", assure Welcome To Socotra, une agence de voyage locale, vantant l'absence de tensions et de combats dans l'archipel qui dispose de plusieurs petits hôtels pour accueillir les touristes.

Les vols vers Socotra, qui avaient été notamment interrompus à cause du Covid-19, ont récemment repris. "Ce sont des vols charters, ils utilisent des avions d'AirArabia", compagnie aérienne basée à Charjah, aux Emirats arabes unis.

"Il n'y a qu'une seule liaison hebdomadaire d'Abou Dhabi (capitale des Emirats) à Socotra, chaque lundi", précise encore Welcome To Socotra, qui assure recevoir des "centaines" de demandes.

Le Yémen cherche depuis plusieurs années à développer l'archipel, qu'il veut transformer en une véritable destination touristique, notamment auprès d'un public sensible aux questions environnementales.

Malgré l'instabilité politique et l'effondrement de l'économie dans le pays, l'archipel ne manque pas d'atouts.

Situé à moins de 250 kilomètres de la Corne de l'Afrique et à 1.000 kilomètres d'Aden, chef-lieu du sud du Yémen, Socotra est un refuge séculaire pour d'étranges plantes: sur les 825 espèces qui y ont été recensées, plus d'un tiers sont uniques, selon l'Unesco.

L'archipel est inscrit au patrimoine mondial de l'organisation onusienne pour son caractère "exceptionnel de par sa grande diversité de plantes", dont l'iconique dragonnier de Socotra, "et son taux d'endémisme", qui mesure la biodiversité d'un territoire.

Selon l'Unesco, 90% des reptiles et 95% des espèces d'escargots terrestres ne se trouvent nulle part ailleurs dans le monde. Les îles hébergent également des dizaines d'espèces d'oiseaux et des centaines de poissons et récifs coralliens.

"Parce qu'elle est l'une des îles les plus riches en biodiversité et les plus distinctes du monde, Socotra a été qualifiée de +Galápagos de l'océan Indien+", écrit l'agence onusienne sur son site.

vid-mk-aem/mdz/vl

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