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Ukraine: l'UE doit "endurer" et "maintenir son unité" face à Moscou (Borrell) #

Vladimir Poutine mise sur "la réticence" des Européens à supporter les conséquences de la guerre déclenchée par Moscou en Ukraine et l'unité des Etats membres nécessite d'être "maintenue au jour le jour", souligne le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, dans un entretien à l'AFP.

"Il ne faut pas oublier que l'Union européenne est une association d'Etats qui ont des approches différentes vis-à-vis de la Russie", rappelle le diplomate espagnol qui s'attend à des discussions difficiles lors de la réunion des ministres européens de la Défense et des Affaires étrangères les 30-31 août à Prague.

"Les Etats membres sont maîtres de leur politique étrangère. Nous devons faire en sorte que leurs intérêts arrivent à un point commun. On est toujours dans le compromis. A Vingt-Sept avec la règle de l'unanimité, c'est parfois impossible", reconnaît-il, tout en constatant l'absence de consensus pour abandonner cette règle.

"Et plus on sera, plus ce sera difficile. C'est un problème posé pour l'élargissement" à l'Ukraine et aux pays des Balkans occidentaux, autre sujet de la réunion de Prague.

L'adoption du sixième train de sanctions, qui impose un embargo progressif sur la majeure partie du pétrole russe, à l'exception des oléoducs, a nécessité d'épineuses tractations avec la Hongrie et son Premier ministre Viktor Orban, qui dit "haut et fort qu'il veut l'arrêt des sanctions" contre Moscou, rappelle-t-il.

A Prague, Josep Borrell va mettre sur la table la constitution d'une mission pour appuyer l'entraînement des forces armées ukrainiennes en Europe, comme le font déjà les Britanniques et les Américains.

"Il faut donner à l'Ukraine un appui qui va au-delà de la fourniture d'armements. Face à quelqu'un qui refuse d'arrêter la guerre, il faut pouvoir résister", plaide-t-il lors de cet entretien réalisé par téléphone.

Depuis le début de l'offensive russe il y a six mois, l'UE a débloqué 2,5 milliards d'euros pour financer les fournitures d'armes et d'équipements à l'Ukraine.

"Vladimir Poutine reste inflexible. Nous devons continuer les pressions à travers les sanctions et reconstituer les forces ukrainiennes", soutient M. Borrell.

- "Endurer" -

"La guerre prend une nouvelle tournure. Les Ukrainiens sont passés à l'offensive. Les attaques en Crimée ont une dimension militaire et psychologique importante. Les Russes semblent surpassés technologiquement, mais ils conservent une capacité de rendre des coups", analyse-t-il.

Il s'inquiète d'"une fuite en avant de Poutine". "Nous sommes très préoccupés par la situation des centrales nucléaires. Il joue avec le feu", accuse-t-il. la centrale de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, est occupée par les Russes, et Moscou et Kiev se rejettent la responsabilité des attaques dont elle devenue la cible ces dernières semaines.

La question qui divise les Vingt-Sept d'une interdiction des visas de tourisme aux Russes, soutenue par la Finlande et les Pays baltes, sera également au menu de la réunion en République tchèque, qui assure la présidence tournante de l'UE.

Josep Borrell joue un rôle clé dans les propositions de sanctions. Il a jugé lundi qu'interdire "l'entrée de l'Europe à tous les Russes (...) quel qu'en soit le motif, n'était pas une bonne idée".

Alors que l'Europe se prépare à un hiver sans gaz russe, le chef de la diplomatie européenne insiste sur la nécessité "d'endurer et de répartir les coûts au sein de l'UE".

Il plaide notamment pour une réforme des prix de l'énergie, actuellement indexés sur le prix du gaz, qui a flambé ces derniers mois et entraîné dans son sillage celui de l'électricité.

"Le plus beau cadeau fait à Poutine est de faire payer l'électricité au prix du gaz", dénonce-t-il.

csg/fmi/thm

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