Le Japon se fige pour les dix ans de la triple catastrophe de 2011 #
Le Japon a commémoré avec émotion jeudi le dixième anniversaire de la triple catastrophe du 11 mars 2011 - séisme, tsunami et accident nucléaire - qui a traumatisé durablement toute la nation.
A 14H46 (05H46 GMT), heure à laquelle le séisme a frappé en 2011, une minute de silence a été observée dans tout le pays, suivie à Tokyo d'une cérémonie où se sont exprimés l'empereur Naruhito et le Premier ministre Yoshihide Suga.
Des sirènes ont retenti au même moment sur des plages du littoral où des personnes se sont recueillies les mains jointes en regardant vers la mer.
Le lourd bilan humain de près de 18.500 morts ou disparus a été causé principalement par un gigantesque tsunami, dont les vagues hautes comme des immeubles se sont abattues sur les côtes du nord-est japonais peu après le tremblement de terre de magnitude 9,0.
L'accident nucléaire qui a suivi à la centrale de Fukushima Daiichi, envahie par les flots, où les coeurs de trois des six réacteurs sont entrés en fusion, a rendu des localités entières inhabitables pendant des années à cause des radiations et forcé des dizaines de milliers de personnes à partir.
Il s'agissait du pire accident nucléaire depuis celui de Tchernobyl (Ukraine) en 1986.
"La magnitude des dégâts causés par la catastrophe est si profonde que la mémoire inoubliable de la tragédie persiste dans mon esprit", a déclaré l'empereur.
"Notre nation a vécu plusieurs catastrophes qu'on peut considérer comme des crises nationales" mais "nos prédecesseurs ont surmonté chaque crise avec courage et espoir", a rappelé pour sa part M. Suga, assurant que le Japon regarderait "toujours vers l'avant".
Des messages de solidarité ont été envoyés du monde entier, notamment par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et par la chanteuse Lady Gaga.
Des hommages ont eu lieu toute la journée dans le nord-est du Japon, comme à Hisanohama, dans la ville côtière d'Iwaki (département de Fukushima), où des habitants se sont regroupés près de la mer, au son des prières de moines bouddhistes.
"Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai été beaucoup plus émue ce matin" que d'habitude, a confié à l'AFP Tomoi Ogi, 86 ans.
"Peut-être que je vieillis. Je me suis réveillée et j'ai regardé la télévision en me disant: +ça fait déjà 10 ans+. Cela semble long et court à la fois".
A Miyagi, un des trois départements du nord-est les plus meurtris, des opérations de recherche ont été organisées par des habitants qui espèrent encore retrouver un être cher.
Les restes d'une femme emportée par le tsunami d'il y a dix ans ont été identifiés la semaine dernière, libérant son fils d'une insoutenable incertitude et lui permettant, enfin, de faire son deuil.
Le Japon a tiré certaines leçons de la triple catastrophe, érigeant de nouveaux murs anti-tsunami toujours plus hauts, améliorant les systèmes d'alerte et les routes d'évacuation, mais les dangers demeurent.
Un tremblement de terre de magnitude 7,3, considéré comme une lointaine réplique de celui de 2011, est ainsi venu rappeler le 13 février les risques sismiques permanents au large du Japon.
Ces commémorations ont eu lieu à deux semaines seulement du départ prévu, à Fukushima, du relais de la flamme olympique pour les JO de Tokyo-2020, baptisés "Jeux de la reconstruction".
L'ombre de la pandémie plane sur l'événement, reporté à cette année, mais gouvernement japonais et organisateurs espèrent que le relais permettra de recentrer l'attention sur cette région meurtrie.
Nayuta Ganbe, un étudiant de Sendai, capitale du département de Miyagi, s'exprime régulièrement lors d'événements sur le thème de la prévention des catastrophes.
Mais il préfère d'habitude se recueillir en privé le 11 mars. "C'est le jour où j'ai perdu mes camarades de classe. Des gens sont morts sous mes yeux. C'est un jour que j'espère ne jamais avoir à revivre", raconte le jeune homme aujourd'hui âgé de 21 ans.
Pour beaucoup, cet anniversaire est l'occasion d'un moment d'introspection, alors que ce drame national est encore douloureusement présent avec des dizaines de milliers de personnes toujours déplacées et 2% de la superficie de Fukushima en zone interdite.
Le démantèlement de la centrale nucléaire avance très lentement depuis l'accident et devrait prendre encore trois à quatre décennies au moins. La plupart des centrales du Japon restent à l'arrêt.
bur-sah-mac/ras/jhd
Le Japon se fige pour les dix ans de la triple catastrophe de 2011 #
Le Japon a commémoré jeudi avec émotion le dixième anniversaire de la triple catastrophe du 11 mars 2011 - séisme, tsunami et accident nucléaire - qui a traumatisé durablement toute la nation.
A 14H46 (05H46 GMT), heure à laquelle le séisme a frappé en 2011, une minute de silence a été observée dans tout le Japon, suivie à Tokyo d'une cérémonie où se sont exprimés l'empereur Naruhito et le Premier ministre Yoshihide Suga.
Le lourd bilan humain de près de 18.500 morts ou disparus a été causé principalement par un gigantesque tsunami, dont les vagues hautes comme des immeubles se sont abattues sur les côtes du nord-est japonais peu après le tremblement de terre de magnitude 9,0.
L'accident nucléaire qui a suivi à la centrale de Fukushima Daiichi, envahie par les flots, où les coeurs de trois des six réacteurs sont entrés en fusion, a rendu des villes entières inhabitables pendant des années à cause des radiations et forcé des dizaines de milliers de personnes à partir.
Il s'agissait du pire accident nucléaire depuis celui de Tchernobyl (Ukraine) en 1986.
"La magnitude des dégâts causés par la catastrophe est si profonde que la mémoire inoubliable de la tragédie persiste dans mon esprit", a déclaré l'empereur.
"Notre nation a vécu plusieurs catastrophes qu'on peut considérer comme des crises nationales" mais "nos prédecesseurs ont surmonté chaque crise avec courage et espoir", a rappelé pour sa part M. Suga, assurant que le Japon regarderait "toujours vers l'avant".
Des hommages publics et privés ont eu lieu toute la journée dans le nord-est du Japon, comme à Hisanohama, dans la ville côtière d'Iwaki (département de Fukushima), où Toshio Kumaki, 78 ans, s'est recueilli au lever du jour sur le mur anti-tsunami en béton construit après 2011.
"Je viens marcher ici tous les matins, mais aujourd'hui, c'est un jour spécial", a-t-il dit en priant en direction du soleil levant.
A Miyagi, un des trois départements du nord-est les plus meurtris, des opérations de recherche ont été organisées par des habitants qui espèrent encore retrouver un être cher.
Les restes d'une femme emportée par le tsunami d'il y a dix ans ont été identifiés la semaine dernière, libérant son fils d'une insoutenable incertitude et lui permettant, enfin, de faire son deuil.
Un tremblement de terre de magnitude 7,3 est venu rappeler le 13 février dernier les risques sismiques permanents au large du Japon. Plus d'une centaine de personnes avaient été blessées dans ce séisme, considéré comme une lointaine réplique de celui de 2011.
Ces commémorations ont eu lieu à deux semaines seulement du départ prévu, à Fukushima, du relais de la flamme olympique pour les JO de Tokyo-2020, baptisés "Jeux de la reconstruction".
L'ombre de la pandémie plane sur l'événement, reporté à cette année, mais gouvernement japonais et organisateurs espèrent que le relais permettra de recentrer l'attention sur cette région meurtrie.
Nayuta Ganbe, un étudiant de Sendai, capitale du département de Miyagi, s'exprime régulièrement lors d'événements sur le thème de la prévention des catastrophes, puisant dans son expérience personnelle du tsunami.
Mais il préfère d'habitude se recueillir en privé le 11 mars. "C'est le jour où j'ai perdu mes camarades de classe. Des gens sont morts sous mes yeux. C'est un jour que j'espère ne jamais avoir à revivre", confie le jeune homme aujourd'hui âgé de 21 ans.
Cette année cependant, il a voulu participer à une cérémonie: "Exactement 10 ans après, j'espère faire face à la catastrophe avec une nouvelle perspective", a-t-il expliqué à l'AFP.
Pour beaucoup, cet anniversaire est l'occasion d'un moment de réflexion personnelle sur un drame national encore douloureusement présent avec des dizaines de milliers de personnes déplacées et 2% de la superficie de Fukushima en zone interdite.
Le pasteur Akira Sato, qui prêchait dans plusieurs églises et chapelles baptistes encore aujourd'hui en zone interdite, devait se rendre dans un de ces lieux abandonnés pour se recueillir.
"Mon épouse et moi-même allons réfléchir en silence sur les jours de la catastrophe et offrir une prière", avait-il déclaré à l'AFP au début du mois.
bur-sah-mac/ras/jhd
Le Japon se fige pour les dix ans de la triple catastrophe de 2011 #
Le Japon a commémoré jeudi le dixième anniversaire de la triple catastrophe du 11 mars 2011 - séisme, tsunami et accident nucléaire - qui a traumatisé durablement toute la nation.
A 14H46 (05H46 GMT), heure à laquelle le séisme a frappé en 2011, une minute de silence a été observée dans tout le Japon, suivie à Tokyo d'une cérémonie où se sont exprimés l'empereur Naruhito et le Premier ministre Yoshihide Suga.
Le lourd bilan humain de près de 18.500 morts ou disparus a été causé principalement par un gigantesque tsunami, dont les vagues hautes comme des immeubles se sont abattues sur les côtes du nord-est japonais peu après le tremblement de terre de magnitude 9,0.
L'accident nucléaire qui a suivi à la centrale de Fukushima Daiichi, envahie par les flots, où les coeurs de trois des six réacteurs sont entrés en fusion, a rendu des villes entières inhabitables pendant des années à cause des radiations et forcé des dizaines de milliers de personnes à partir.
Il s'agissait du pire accident nucléaire depuis celui de Tchernobyl (Ukraine) en 1986.
"La magnitude des dégâts causés par la catastrophe est si profonde que la mémoire inoubliable de la tragédie persiste dans mon esprit", a déclaré l'empereur.
"Notre nation a vécu plusieurs catastrophes qu'on peut considérer comme des crises nationales" mais "nos prédecesseurs ont surmonté chaque crise avec courage et espoir", a rappelé pour sa part M. Suga, assurant que le Japon regarderait "toujours vers l'avant".
Des hommages publics et privés ont eu lieu toute la journée dans le nord-est du Japon, comme à Hisanohama, dans la ville côtière d'Iwaki (département de Fukushima), où Toshio Kumaki, 78 ans, s'est recueilli au lever du jour sur le mur anti-tsunami en béton construit après 2011.
"Je viens marcher ici tous les matins, mais aujourd'hui, c'est un jour spécial", a-t-il dit en priant en direction du soleil levant.
A Miyagi, un des trois départements du nord-est les plus meurtris, des opérations de recherche ont été organisées par des habitants qui espèrent encore retrouver un être cher.
Les restes d'une femme emportée par le tsunami d'il y a dix ans ont été identifiés la semaine dernière, libérant son fils d'une insoutenable incertitude et lui permettant, enfin, de faire son deuil.
Un tremblement de terre de magnitude 7,3 est venu rappeler le 13 février dernier les risques sismiques permanents au large du Japon. Plus d'une centaine de personnes avaient été blessées dans ce séisme, considéré comme une lointaine réplique de celui de 2011.
Ces commémorations ont eu lieu à deux semaines seulement du départ prévu, à Fukushima, du relais de la flamme olympique pour les JO de Tokyo-2020, baptisés "Jeux de la reconstruction".
L'ombre de la pandémie plane sur l'événement, reporté à cette année, mais gouvernement japonais et organisateurs espèrent que le relais permettra de recentrer l'attention sur cette région meurtrie.
Nayuta Ganbe, un étudiant de Sendai, capitale du département de Miyagi, s'exprime régulièrement lors d'événements sur le thème de la prévention des catastrophes, puisant dans son expérience personnelle du tsunami.
Mais il préfère d'habitude se recueillir en privé le 11 mars. "C'est le jour où j'ai perdu mes camarades de classe. Des gens sont morts sous mes yeux. C'est un jour que j'espère ne jamais avoir à revivre", confie le jeune homme aujourd'hui âgé de 21 ans.
Cette année cependant, il a voulu participer à une cérémonie: "Exactement 10 ans après, j'espère faire face à la catastrophe avec une nouvelle perspective", a-t-il expliqué à l'AFP.
Pour beaucoup, cet anniversaire est l'occasion d'un moment de réflexion personnelle sur un drame national encore douloureusement présent avec des dizaines de milliers de personnes déplacées et 2% de la superficie de Fukushima en zone interdite.
Le pasteur Akira Sato, qui prêchait dans plusieurs églises et chapelles baptistes encore aujourd'hui en zone interdite, devait se rendre dans un de ces lieux abandonnés pour se recueillir.
"Mon épouse et moi-même allons réfléchir en silence sur les jours de la catastrophe et offrir une prière", avait-il déclaré à l'AFP au début du mois.
bur-sah-mac/ras/jhd
Japon: minute de silence en hommage aux victimes de la catastrophe du 11 mars 2011 #
Une minute de silence a été observée au Japon jeudi à 14H46 (05H46 GMT), heure à laquelle un puissant séisme de magnitude 9,0 dans le nord-est du pays a déclenché un tsunami meurtrier et l'accident nucléaire de Fukushima, le 11 mars 2011.
La triple catastrophe a fait près de 18.500 morts ou disparus, principalement du fait du tsunami. L'accident nucléaire qui a suivi à la centrale de Fukushima Daiichi a rendu des villes entières inhabitables pendant des années et déplacé des dizaines de milliers de personnes.
mac/ras/ahe
Le Japon commémore les dix ans de la triple catastrophe de 2011 #
Le Japon commémore jeudi le dixième anniversaire de la triple catastrophe du 11 mars 2011 (séisme, tsunami et accident nucléaire), qui a traumatisé durablement toute la nation.
Le lourd bilan humain de près de 18.500 morts ou disparus a été causé principalement par un gigantesque tsunami, dont les vagues hautes comme des immeubles se sont abattues sur les côtes du nord-est japonais peu après le tremblement de terre de magnitude 9,0.
L'accident nucléaire qui a suivi à la centrale de Fukushima Daiichi, envahie par les flots, où les coeurs de trois des six réacteurs sont entrés en fusion, a rendu des villes entières inhabitables pendant des années à cause des radiations et forcé des dizaines de milliers de personnes à partir.
Il s'agissait du pire accident nucléaire depuis celui de Tchernobyl (Ukraine) en 1986.
A Hisanohama, dans la ville côtière d'Iwaki (département de Fukushima), Toshio Kumaki, 78 ans, s'est recueilli jeudi au lever du jour sur le mur anti-tsunami en béton construit après 2011.
"Je viens marcher ici tous les matins, mais aujourd'hui, c'est un jour spécial", a-t-il dit en priant en direction du soleil levant.
De nombreuses cérémonies publiques et privées sont prévues dans la région, ainsi qu'à Tokyo, et une minute de silence doit être observée à 14H46, l'heure précise du séisme de 2011, l'un des plus violents jamais enregistrés dans le monde.
A Miyagi, l'un des trois départements du nord-est les plus meurtris, des opérations de recherche sont organisées par des habitants qui espèrent encore retrouver un être cher.
Les chances peuvent sembler minces, mais les restes d'une femme emportée par le tsunami d'il y a dix ans ont été identifiés la semaine dernière, libérant son fils d'une insoutenable incertitude et lui permettant, enfin, de faire son deuil.
Un tremblement de terre de magnitude 7,3 est venu rappeler le 13 février dernier les risques sismiques permanents au large du Japon. Plus d'une centaine de personnes avaient été blessées dans ce séisme, considéré comme une lointaine réplique de celui de 2011.
Jeudi, à Tokyo, toujours sous état d'urgence face à la pandémie, des cérémonies d'ampleur restreinte sont prévues au Théâtre national du Japon, où l'empereur Naruhito et le Premier ministre Yoshihide Suga doivent prononcer des allocutions.
Le coronavirus pèse aussi sur d'autres commémorations, comme à Taro (département de Miyagi), où les habitants ont l'habitude de se recueillir en haut du mur anti-tsunami, les mains jointes mais, cette année, ils appliquent la distanciation physique.
Ces commémorations se tiennent seulement deux semaines avant le départ prévu, à Fukushima, du relais de la flamme olympique pour les JO de Tokyo-2020, baptisés "Jeux de la reconstruction".
L'ombre de la pandémie plane sur l'événement, reporté à cette année, mais gouvernement japonais et organisateurs espèrent que le relais permettra de recentrer l'attention sur cette région meurtrie.
Nayuta Ganbe, un étudiant de Sendai, capitale du département de Miyagi, s'exprime régulièrement lors d'événements sur le thème de la prévention des catastrophes, puisant dans son expérience personnelle du tsunami.
Mais il préfère d'habitude se recueillir en privé le 11 mars. "C'est le jour où j'ai perdu mes camarades de classe. Des gens sont morts sous mes yeux. C'est un jour que j'espère ne jamais avoir à revivre", confie le jeune homme aujourd'hui âgé de 21 ans.
Cette année cependant, il doit participer à une cérémonie: "Exactement 10 ans après, j'espère faire face à la catastrophe avec une nouvelle perspective".
Pour beaucoup, cet anniversaire est l'occasion d'un moment de réflexion personnelle sur un drame national encore douloureusement présent avec toujours des dizaines de milliers de personnes déplacées et 2% de la superficie de Fukushima en zone interdite.
Le pasteur Akira Sato, qui prêchait dans plusieurs églises et chapelles baptistes encore aujourd'hui en zone interdite, doit se rendre dans l'un de ces lieux abandonnés pour se recueillir.
"Mon épouse et moi-même allons réfléchir en silence sur les jours de la catastrophe et offrir une prière", a-t-il déclaré à l'AFP au début du mois.
bur-sah-mac/ras/roc
Japon, 11 mars 2011: le récit du triple désastre #
Il est 14H46 au Japon en ce froid vendredi du 11 mars 2011 quand les bâtiments commencent à trembler violemment dans le nord-est du pays, théâtre d'un des plus puissants séismes jamais enregistrés sur la planète.
La secousse de magnitude 9,0 qui a déclenché un tsunami dévastateur et la pire catastrophe nucléaire depuis Tchernobyl ne ressemblait en rien à ce que Sayori Suzuki avait connu jusqu'ici dans sa ville côtière de Minamisoma.
"Mon fils a pleuré très fort et des objets ont volé des étagères", avait-elle raconté plus tard à l'AFP.
Les convulsions de la terre durent plusieurs minutes terrifiantes, faisant s'écrouler des habitations et fissurant des routes.
Ressenti jusqu'à Pékin, le séisme ébranle aussi fortement Tokyo, où des gratte-ciel oscillent, des incendies éclatent et les transports publics sont paralysés.
Mais les horreurs de la journée ne font que commencer.
A des kilomètres au large des côtes nord-est du Japon, un pan de la croûte terrestre s'est enfoncé sous un autre, soulevant une partie du fond marin et libérant une formidable énergie en direction de la surface.
Cette brèche provoque une série de vagues gigantesques déferlant vers le Japon, laissant au maximum 45 minutes aux habitants pour se mettre à l'abri, alors que le pays lance son alerte tsunami maximale.
"J'ai attrapé notre grand-père et notre chien et je suis partie en voiture. La vague était juste derrière moi, mais je devais continuer à zigzaguer autour des obstacles et de l'eau", avait témoigné auprès de l'AFP une survivante, Miki Otomo, peu après la catastrophe.
Les rouleaux de l'océan brisent des bâtiments en béton et charrient bateaux, véhicules et débris parfois enflammés jusque dans l'intérieur des terres.
"Je pensais que ma vie était finie", avait confié plus tard Kaori Ohashi, qui avait passé deux nuits piégée dans une maison de retraite où elle s'occupait de 200 résidents âgés avec d'autres membres du personnel.
Mme Ohashi a vu des voitures et leurs conducteurs éjectés hors des routes par l'eau déchaînée, et des personnes s'accrocher désespérement aux arbres avant d'être entraînées par une marée sombre.
L'inquiétude gagne rapidement au sujet des centrales nucléaires de la région.
Les autorités affirment qu'aucune fuite radioactive n'est détectée, mais les médias font état d'une défaillance des systèmes de refroidissement à la centrale de Fukushima Daiichi.
Trois des six réacteurs de la centrale fonctionnaient lorsque leur alimentation électrique a été coupée par le séisme et le tsunami, entraînant une surchauffe puis une fusion de leurs coeurs.
Un employé de la centrale a raconté à l'AFP que les équipements ont commencé à trembler et à grincer bruyamment lorsque le séisme a frappé. Il a escaladé une colline avec des collègues et a vu peu après les vagues avaler un poteau haut de dix mètres, les réacteurs ressemblant à des rochers en mer.
"Nous avons commencé à entendre les gens crier: +Un tsunami arrive!+ De la baie, nous avons vu des vagues écumantes foncer vers nous. J'étais terrifié", a-t-il dit.
Dans la soirée, le gouvernement japonais déclare une situation d'urgence nucléaire et appelle des milliers de riverains de la centrale à évacuer.
Alors que des images apocalyptiques tournent en boucle dans le monde entier, des millions de Japonais privés d'électricité ou d'eau doivent supporter des températures nocturnes inférieures à zéro.
Le lendemain matin, les secours recherchent survivants et victimes dans un paysage de boue. Des centaines de corps commencent à refluer vers le rivage.
Un conduit est ouvert à la centrale de Fukushima pour réduire la pression, libérant ainsi des vapeurs radioactives dans l'air. Mais dans l'après-midi, une explosion d'hydrogène déchire le bâtiment du réacteur n°1.
Les réacteurs sont aspergés d'eau de mer pour les refroidir et éviter des fuites radioactives trop importantes, mais deux autres explosions d'hydrogène frappent les réacteurs 3 et 4 les 14 et 15 mars.
"Je ne voulais pas que ce bébé soit exposé à des radiations. Je voulais éviter ça, quoi qu'il arrive", déclare aux médias locaux une jeune mère dans l'un des centres d'évacuation de Fukushima, où 200.000 personnes trouvent refuge immédiatement après la catastrophe.
La panique gagne tout le Japon et au-delà. Le prix des pilules d'iode grimpe en flèche dans le monde entier, alors que la zone interdite autour de la centrale s'étend.
En décembre 2011, les autorités japonaises déclarent que les réacteurs sont désormais dans un état d'"arrêt à froid", permettant de réduire considérablement les émissions de matières radioactives.
Le démantèlement de la centrale avance très lentement depuis et devrait prendre encore trois à quatre décennies au moins.
Au total, le séisme et le tsunami ont fait quelque 18.500 morts ou disparus.
bur-kaf/ras/etb/mac/mlb
Le Japon commémore les dix ans de la triple catastrophe de mars 2011 #
Le Japon commémore jeudi le dixième anniversaire de la triple catastrophe du 11 mars 2011 (séisme, tsunami et accident nucléaire), qui a traumatisé durablement toute la nation.
Le lourd bilan humain (18.500 morts ou disparus) a été causé principalement par un gigantesque tsunami, dont les vagues hautes comme des immeubles se sont abattues sur les côtes du nord-est japonais peu après le tremblement de terre de magnitude 9,0.
L'accident nucléaire qui a suivi à la centrale de Fukushima Daiichi, envahie par les flots, où les coeurs de trois des six réacteurs sont entrés en fusion, a rendu des villes entières inhabitables pendant des années à cause des radiations et forcé des dizaines de milliers de personnes à partir.
Il s'agissait du pire accident nucléaire depuis celui de Tchernobyl (Ukraine) en 1986.
A Hisanohama, dans la ville côtière d'Iwaki (département de Fukushima), Toshio Kumaki, 78 ans, s'est recueilli jeudi au lever du jour sur le mur anti-tsunami en béton construit après la catastrophe de 2011.
"Je viens marcher ici tous les matins, mais aujourd'hui, c'est un jour spécial", a-t-il dit en priant en direction du soleil levant.
De nombreuses cérémonies publiques et privées sont prévues dans la région, ainsi qu'à Tokyo, et une minute de silence doit être observée à 14H46, l'heure précise du séisme de 2011, l'un des plus violents jamais enregistrés dans le monde.
A Miyagi, l'un des trois départements du nord-est les plus meurtris, des opérations de recherche seront organisées par des habitants qui espèrent encore retrouver un être cher.
Les chances peuvent sembler minces, mais les restes d'une femme emportée par le tsunami d'il y a dix ans ont été identifiés la semaine dernière, libérant son fils d'une insoutenable incertitude et lui permettant, enfin, de faire son deuil.
Un tremblement de terre de magnitude 7,3 est venu rappeler le 13 février dernier les risques sismiques permanents au large du Japon. Plus d'une centaine de personnes avaient été blessées dans ce séisme, considéré comme une lointaine réplique de celui de 2011.
Jeudi, à Tokyo, toujours sous état d'urgence face à la pandémie, des cérémonies d'ampleur restreinte sont prévues au Théâtre national du Japon, où l'empereur Naruhito et le Premier ministre Yoshihide Suga doivent prononcer des allocutions.
Le coronavirus pèsera aussi sur d'autres commémorations, comme à Taro (département de Miyagi), où les habitants ont l'habitude de se recueillir en haut du mur anti-tsunami, les mains jointes, mais ils appliqueront cette année la distanciation physique.
Ces commémorations se tiennent seulement deux semaines avant le départ prévu, à Fukushima, du relais de la flamme olympique pour Tokyo-2020, que les organisateurs envisagent comme les "Jeux de la reconstruction".
L'ombre de la pandémie pèse fortement sur l'événement, reporté à cette année, mais gouvernement japonais et organisateurs espèrent que le relais permettra de recentrer l'attention sur cette région meurtrie.
bur-sah-mac/ras/mlb
Japon: les murs anti-tsunami, massif héritage de la catastrophe de 2011 #
Les imposants murs anti-tsunami étaient censés protéger la petite ville côtière de Taro de la fureur de l'océan, mais les vagues qui ont frappé le nord-est du Japon le 11 mars 2011 y ont malgré tout semé la mort et la destruction.
Dix ans après l'une des pires catastrophes naturelles de l'histoire, la douloureuse leçon --construire plus haut-- a été retenue dans toute la région, dont les côtes sont aujourd'hui parées de centaines de kilomètres de ces remparts de béton, sauf quand les habitants les ont rejetés.
Jusqu'à 2011, les habitants de Taro, dans le département d'Iwate, se croyaient en sécurité. Nous avions "bâti la ville parfaite pour se protéger des catastrophes", déclare à l'AFP Kumiko Motoda, une guide touristique locale.
Taro, déjà ravagée par des tsunamis en 1896 et 1933, s'était équipée dès 1934 de remparts de béton. Hauts de 10 mètres et s'étalant sur 2,4 kilomètres le long de la mer, ils étaient surnommés "la Grande Muraille" par les gens du coin.
Pour parfaire le tout, 44 routes d'évacuation, éclairées grâce à des panneaux solaires, devaient permettre aux habitants de se mettre à l'abri des flots en 10 minutes, explique Mme Motoda.
Mais il y a dix ans, une vague de 16 mètres a balayé ces certitudes, détruisant le mur et emportant maisons et voitures.
Le bilan officiel à Taro s'est établi à 140 morts et 41 disparus.
Après la catastrophe, le gouvernement japonais a incité les régions côtières à construire ou reconstruire ces digues protectrices, avec à l'appui l'équivalent de 10 milliards d'euros de fonds publics.
Au total, un rempart discontinu de 430 kilomètres est censé être achevé prochainement sur les côtes des trois départements du nord-est frappés par la catastrophe: Fukushima, Miyagi et Iwate.
Ces structures ont transformé le littoral, obstruant la vue sur la mer.
Les habitants de Taro, où trois murs allant jusqu'à 14,7 mètres de haut s'étendent sur plus de deux kilomètres, doivent se tordre le cou pour en distinguer le sommet et gravir un escalier d'une trentaine de marches pour apercevoir l'océan.
Mais, selon les experts, la présence de ces fortifications est justifiée par la double protection qu'elles offrent en repoussant la force des vagues, ce qui réduit les dégâts, et en accordant aux habitants un sursis pour se mettre hors de portée des flots.
En 2011, "ces quelques minutes ont souvent fait la différence entre ceux qui ont pu évacuer et ceux qui ont été pris dans le tsunami", rappelle Tomoya Shibayama, professeur en génie civil et environnemental à l'université Waseda de Tokyo.
Les murs les plus récents ont des bases plus larges et sont renforcés à l'intérieur pour mieux résister à la puissance des vagues. Leur hauteur a aussi été ajustée en fonction des dernières simulations, leur permettant en théorie de faire face même à des tsunamis exceptionnels.
Les systèmes d'alerte ont aussi été améliorés et des simulations informatiques ont permis notamment d'optimiser les routes d'évacuation.
Mais les murs sont toujours la clé de voûte, estime M. Shibayama, car "il y aura toujours un risque de catastrophe naturelle" au Japon.
A Taro, la catastrophe a cependant montré qu'un mur seul ne suffisait pas. "Il y a des gens qui n'ont pas évacué, pensant que le tsunami ne les atteindrait pas", se souvient Mme Motoda.
La première alerte faisait état d'une vague de trois mètres et, en raison des coupures d'électricité qui ont suivi, beaucoup d'habitants n'ont pas été prévenus quand la prévision a été révisée à dix mètres.
Un fort séisme deux jours plus tôt avait aussi entraîné un petit tsunami, faisant naître une fausse sensation de sécurité.
"Les murs visent à gagner du temps pour évacuer, pas à arrêter les tsunamis", note Mme Motoda, dont la mère est portée disparue depuis 2011.
Pour elle, ces parois doivent aussi servir à empêcher les corps d'être emportés vers le large. "Je pense qu'elle serait revenue à la maison si les murs n'avaient pas été détruits", dit-elle en pensant à celui de sa mère.
Mais ces édifices de béton sont parfois impopulaires et certaines communautés ont refusé d'être coupées de la mer, quels que soient les risques.
Le village de pêcheurs de Mone (département de Miyagi) --où le tsunami de 2011 a fait quatre morts et détruit 42 des 55 maisons-- a ainsi préféré déménager plus loin, à 40 mètres au-dessus du niveau de la mer.
"La seule manière de sauver nos vies quand un tsunami frappe est d'évacuer en hauteur. Qu'il y ait un mur ou non n'a pas d'importance", pense Makoto Hatakeyama, un ostréiculteur de Mone.
Il y a dix ans, comme d'autres pêcheurs, il s'est précipité vers la mer pour tenter de sauver son bateau et a survécu en gagnant une île voisine à la nage.
"On ne peut rien faire contre" les tsunamis et les séismes qui se produisent régulièrement, estime cet homme de 42 ans.
Il n'est pas prêt en revanche à renoncer à son lien avec la mer. "Cette vue, cette brise, cette atmosphère (...) Il ne reste presque plus d'endroits comme ça au Japon".
La mer, "c'est mon identité. Elle m'apaise. C'est chez moi".
nf/sah/mac/ras/uh
A Fukushima, la difficile renaissance d'anciennes villes fantômes #
Masakazu Daibo a rouvert le restaurant d'anguilles de sa famille à Namie, petite ville du nord-est du Japon qui avait dû être totalement évacuée après la catastrophe nucléaire de Fukushima en mars 2011. Mais il n'a quasiment aucun voisin.
Son établissement est toujours entouré de bâtiments abandonnés, envahis par les mauvaises herbes, dans ce qui était autrefois le centre-ville de Namie.
Une décennie après le puissant séisme sous-marin ayant déclenché le tsunami qui a lui-même causé le pire accident nucléaire au monde depuis Tchernobyl, les localités hantées par le désastre et la menace persistante des radiations s'interrogent toujours: comment rebâtir une communauté?
Jusqu'à 12% du département de Fukushima, soit plus de 1.650 km2, avaient été interdits d'accès dans les mois ayant suivi la catastrophe, et jusqu'à 165.000 habitants avaient évacué, par obligation ou par choix.
De nombreuses zones ont été déclarées à nouveau habitables par les autorités à la suite de travaux intensifs de décontamination ces dernières années.
Mais beaucoup des "déplacés" de Fukushima sont réticents à revenir, en dépit d'incitations financières de l'Etat et de loyers bon marché.
Masakazu Daibo, lui, a franchi le pas l'an dernier, reprenant le restaurant que tenait son grand-père à Namie avant la catastrophe, à environ neuf kilomètres de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima Daiichi.
Namie et 11 autres communes voisines faisaient partie d'une zone d'exclusion autour de la centrale, seulement accessible pour de brèves visites des années durant.
"Il n'y avait plus personne, mais la ville est restée. C'était comme un décor de cinéma", raconte à l'AFP M. Daibo, 65 ans. "Je voyais seulement des chiens errants, des vaches et des cochons".
A cause des radiations, des murs du restaurant ont dû être abattus et Masakazu Daibo a dû jeter tout ce qu'il restait à l'intérieur.
Mais grâce à sa cuisine, le restaurateur espère que ses clients retrouveront le "goût d'antan". "J'espère que ma présence sera un rayon de soleil pour cette ville".
Les restrictions ont été levées pour seulement un cinquième du territoire de Namie, dont la population actuelle (1.580 habitants) représente à peine 7,5% de celle d'avant mars 2011.
Environ 36% des habitants sont âgés de 65 ans et plus, contre 29% pour la moyenne nationale. Les écoles de la commune accueillent seulement 30 élèves, contre près de 1.800 il y a dix ans.
Le Japon dans son ensemble est touché par un fort vieillissement démographique, mais pour Namie, "c'est comme si le futur dans 20 ans était arrivé d'un coup", explique Takanori Matsumoto, un responsable municipal.
"Survivre en tant que communauté est notre défi majeur", souligne-t-il.
Environ 337 km2, soit 2,4% de la superficie du département de Fukushima, demeurent actuellement inhabitables, et la population des déplacés est tombée à environ 36.000 personnes, selon des chiffres officiels, que de nombreux experts jugent toutefois largement sous-évalués.
Le gouvernement n'a pas fixé de date pour la levée des ordres d'évacuation restants, et de gros doutes persistent sur la durée du démantèlement de la centrale de Fukushima Daiichi, censé encore prendre de 30 à 40 ans.
Seulement 15% de la zone de décontamination spéciale délimitée par le gouvernement ont été complètement nettoyés à ce jour, a dénoncé l'organisation environnementale Greenpeace dans un rapport publié la semaine dernière, en se basant sur ses propres mesures des radiations.
"Si j'étais seule, je reviendrais", assure Megumi Okada, une mère de famille partie de Fukushima après la catastrophe, bien qu'elle n'habitait pas dans une zone à évacuer.
"Mais en tant que mère, je veux vraiment éviter les risques pour mes enfants", ajoute Mme Okada, 38 ans, qui vit maintenant à Tokyo.
Et le retour a parfois un goût amer. Takao Kohata, 83 ans, est rentré à Minamisoma, au nord de la centrale accidentée, mais les parents de ses quatre petits-enfants ne les autorisent pas à lui rendre visite, par peur des radiations.
"Je comprends totalement leurs inquiétudes, mais je me sens un peu triste et solitaire", confie-t-il à l'AFP.
Masaru Kumakawa, 83 ans lui aussi, s'est réinstallé à Namie il y a trois ans, bien qu'il ait perdu ici sa femme dans le tsunami de 2011.
Tout en dirigeant une association visant à retisser des liens entre habitants, il a du mal à se rapprocher de ses voisins dans son nouveau lotissement.
"Ils ont vécu en tant qu'évacués pendant trop longtemps", dit-il. "On sonne à la porte, mais personne ne vient ouvrir".
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Près de Fukushima, un pasteur rêve de ressusciter son ancienne église #
Le pasteur baptiste Akira Sato rêve d'entendre à nouveau les chants retentir dans son ancienne église, brutalement abandonnée il y a dix ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima. Mais pour l'heure, sa vision reste un voeu pieux.
"A chaque fois que je reviens ici et que je regarde autour de moi, je ne peux m'empêcher de pleurer", explique M. Sato à l'AFP lors d'une visite de l'édifice abandonné, où les fidèles se comptaient autrefois par dizaines.
Le temps est comme arrêté dans cette église située à Okuma, à cinq kilomètres seulement au sud de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, dévastée par le tsunami du 11 mars 2011.
Une croix endommagée et une cloche rouillée surmontent le tableau fixé à son portail en acier, annonçant le prochain culte dominical, qui ne s'est finalement jamais tenu.
La zone est toujours condamnée pour le moment, en raison des radiations. Les visiteurs doivent obtenir une autorisation d'accès et porter des protections en plastique de la tête aux pieds.
A l'intérieur, un rayon de lumière éclaire des bancs déserts. Le silence est seulement troublé par l'alarme d'un compteur Geiger signalant les "points chauds" de radiations dans le bâtiment.
M. Sato, 63 ans, qui supervisait aussi d'autres chapelles baptistes dans le département de Fukushima, était en déplacement le jour de la catastrophe. Le soin d'évacuer les lieux était ainsi revenu à l'un de ses confrères, Masashi Sato, 44 ans aujourd'hui.
"J'ai évacué en emportant seulement quelques bouteilles d'eau et la Bible", raconte ce pasteur sans lien de parenté avec Akira Sato.
Alors qu'un camion militaire l'emmenait au loin avec des paroissiens souvent âgés et en mauvaise santé, Masashi Sato a pensé qu'il vivait "une épreuve envoyée par Dieu".
L'exode des deux pasteurs et de leurs fidèles a duré environ un an, de Fukushima à Yamagata, un autre département plus à l'ouest, puis à Tokyo, avant de s'installer à Izumi, un quartier de la ville côtière d'Iwaki dans le département de Fukushima, à soixante kilomètres de leur ancienne église.
L'un des paroissiens a péri dans le tsunami, et plusieurs autres durant l'évacuation. D'autres ont enduré des brimades car les "déplacés" de Fukushima étaient souvent mal vus au Japon, beaucoup craignant à tort que les personnes irradiées soient contagieuses.
"C'était une année de turbulences", se rappelle Harumi Mottate, une ancienne fidèle de l'église d'Okuma âgée de 83 ans.
"Si je n'avais pas eu la foi, j'aurais été en colère face à ce qui m'arrivait".
Les chrétiens au Japon représentent à peine 1,5% de la population du pays, où domine un synchrétisme shinto-bouddhiste.
L'histoire de la petite communauté baptiste de Fukushima remonte à 1947, quand un missionnaire américain s'était installé sur place, bâtissant au fil des ans une petite congrégation.
En 2013, les paroissiens évacués ont tenu leur premier culte dans leur nouvelle église d'Izumi, qui accueille d'anciens et de nouveaux fidèles.
Leur nouveau lieu de culte est un bâtiment moderne avec des vitraux, orienté dans la direction de l'église d'Okuma.
Mais le pasteur Akira Sato sent finalement que pour lui, Izumi n'est qu'une étape. Il rêve de rentrer un jour à Okuma, pour y vivre presque comme un ermite.
"J'y construirais peut-être un cabanon et je passerais le restant de ma vie là-bas", à méditer "chaque mot de la Bible" et à entonner des chants à la gloire de Dieu, imagine-t-il.
Il ne sera toutefois pas autorisé à revenir durablement à Okuma au plus tôt avant 2022, date à laquelle les autorités ont prévu de lever l'interdiction d'accès, après la fin des travaux de décontamination dans les environs de l'église.
"Je crois que Fukushima est une terre bénie de Dieu. Pour la douleur et le chagrin que nous avons endurés, je crois que nous serons doublement ou triplement bénis par rapport à d'autres endroits", assure-t-il.
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