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Le Struthof, seul camp de concentration nazi en France #

L'ancien camp de concentration du Struthof-Natzweiler, relativement méconnu, fût le seul installé sur le sol français, en Alsace annexée, et l'un des plus meurtriers de l'univers concentrationnaire nazi.

De mai 1941 à avril 1945, quelque 52.000 déportés de 11 à 78 ans venus de toute l'Europe ont été internés au Struthof et dans sa nébuleuse de camps annexes, regroupés de part et d'autre du Rhin sous le nom de Konzentrationslager-Natzweiler. Près de 22.000 n'en sont jamais revenus.

La plupart sont morts d'épuisement, de traitements inhumains ou de faim, d'autres ont été victimes de sinistres expérimentations pseudo-médicales. Le camp servit aussi de lieu d'exécution de résistants.

Ce taux de mortalité de 40% le place "parmi les plus meurtriers du système nazi, hors camp d'extermination bien sûr, à égalité avec Bergen-Belsen et Sachsenhausen, beaucoup plus que Buchenwald et Dachau", selon l'historien Robert Steegmann, auteur d'un ouvrage de référence sur le KL-Natzweiler.

Ouvert en mai 1941 au lieu dit "Le Struthof", petite station touristique de montagne à plus de 800 mètres d'altitude, le site principal visait initialement à exploiter un filon de granit rose situé à proximité. Il est ensuite doté de 70 camps annexes, notamment en Allemagne.

Destiné à fournir au Reich une main d'oeuvre d'esclaves, le KL-Natzweiler concentrait avant tout des prisonniers de guerre, des opposants politiques allemands et des résistants des pays occupés, ces "Nuit et Brouillard" voués à disparaître sans laisser de trace. Mais il comptait aussi des déportés raciaux (juifs, tziganes), des homosexuels et des Témoins de Jehovah.

Des hommes et des femmes de plus de 30 nationalités ont souffert au Struthof, dont l'écrivain slovène Boris Pahor. Moyenne d'âge : 20 ans, selon les archives.

Plusieurs centaines de déportés y ont servi de cobayes humains pour des expérimentations sur les gaz de combat et le typhus.

Quelque 107 membres du réseau de résistance français Alliance y ont été abattus et incinérés dans le four crématoire encore visible, dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944.

Le professeur d'anatomie allemand August Hirt a également fait exécuter dans la petite chambre à gaz du camp 86 juifs et juives venus spécialement d'Auschwitz, pour se constituer une "collection anatomique" de la nouvelle "race judéo-bolchevique". Leurs corps, placés dans des cuves à formol jusqu'à la fin de la guerre, ont été récemment identifiés.

Le Struthof sera le premier camp de concentration découvert par les Alliés dans leur avancée vers l'Ouest, en novembre 1944.

Mais lorsque les Américains arrivent devant la double rangée de barbelés et le portail monumental, les 17 baraques et les miradors sont vides. Les nazis ont évacué vers Dachau les quelque 5.500 prisonniers du camp. Et les kommandos (camps de travail) de la rive droite du Rhin restent en activité. Jusqu'à leur libération, en avril 1945.

bur-mw/jba/mpm

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