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Le président du Conseil européen apporte le soutien de l'UE à la Libye #

4/4/2021, 3:24 PM
Tripoli, LBY

Le président du Conseil européen, Charles Michel, s'est rendu dimanche en Libye où il a apporté le soutien de l'UE au nouveau gouvernement récemment installé pour tourner la page d'une décennie de chaos.

Cette visite intervient au moment où ce pays d'Afrique du Nord connaît une certaine embellie politique après des années d'instabilité depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, un chaos marqué par l'existence ces dernières années de pouvoirs rivaux.

La Libye vient de se doter, au terme d'un processus chapeauté par l'ONU, d'un exécutif unifié chargé de mener la transition jusqu'à des élections nationales fin décembre.

"Nous allons travailler avec le nouveau gouvernement et le soutenir", a promis Charles Michel à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah.

"L'Union européenne soutient activement le processus de réconciliation nationale", a-t-il affirmé.

"La relance économique, les élections, la lutte contre l'immigration clandestine (...) sont des domaines dans lesquels l'UE peut aider la Libye", a-t-il ajouté.

Le président du Conseil européen a aussi annoncé le retour dans les prochaines semaines de l'ambassadeur de l'UE dans la capitale libyenne.

L'ambassade de France à Tripoli vient de rouvrir et d'autres représentations diplomatiques européennes doivent lui emboîter le pas dans les prochaines semaines.

- Route migratoire majeure -

La migration reste une "thématique majeure" de la relation entre la Libye et l'UE, a par ailleurs affirmé Charles Michel, la Libye étant une route majeure pour des dizaines de milliers de migrants, principalement originaires d'Afrique subsaharienne, qui tentent de gagner les côtes italiennes par la mer.

Il a aussi annoncé un prochain don "de 50.000 doses de vaccins" à la Libye, qui a par ailleurs reçu dimanche matin sa première livraison avec l'arrivée de 100.000 doses du vaccin russe Spoutnik V.

Enfin, le président du Conseil européen a exhorté "tous les mercenaires et militaires étrangers à quitter rapidement" le pays.

Le conflit libyen a largement été alimenté par des puissances extérieures et les appels au départ des militaires étrangers et mercenaires --ils étaient encore au nombre de 20.000 en décembre selon l'ONU-- se multiplient depuis plusieurs semaines.

La ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla al-Mangoush, a réitéré dimanche l'appel de Tripoli au retrait de ces combattants.

La visite de Charles Michel fait suite à celle des chefs de la diplomatie française, allemande et italienne, qui se sont rendus à Tripoli le 25 mars dans un geste européen de soutien face aux récents progrès politiques.

Le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, est pour sa part attendu mardi à Tripoli pour rouvrir l'ambassade de Grèce.

Sa visite coïncide avec celle du nouveau chef du gouvernement italien, Mario Draghi, un déplacement qui sera le premier de dirigeants européens depuis la formation du nouveau gouvernement de transition.

hme/rb/mdz

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APR 4

Le président du Conseil européen en visite en Libye #

4/4/2021, 12:30 PM
Tripoli, LBY

Le président du Conseil européen, Charles Michel, a entamé dimanche une visite en Libye, pays d'Afrique du Nord qui tente de s'extraire d'une décennie de chaos et d'instabilité.

Les autorités libyennes n'ont pas précisé le programme de cette visite qui intervient au moment où le pays connaît une certaine embellie politique après des années d'instabilité depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, un chaos marqué par l'existence ces dernières années de pouvoirs rivaux.

Ce pays de quelque sept millions d'habitants vient de se doter, au terme d'un processus chapeauté par l'ONU, d'un gouvernement unifié chargé de mener la transition jusqu'à des élections nationales fin décembre.

Les chefs de la diplomatie française, allemande et italienne, se sont rendus à Tripoli le 25 mars dans un geste européen d'unité et de soutien face à ces récents progrès politiques.

Le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, est pour sa part attendu mardi à Tripoli pour rouvrir l'ambassade de Grèce. Sa visite coïncide avec celle du nouveau chef du gouvernement italien, Mario Draghi, un déplacement qui sera le premier de dirigeants européens depuis la formation du nouveau gouvernement de transition appuyé par la communauté internationale.

Au-delà des avancées politiques, la Libye demeure une route majeure pour des dizaines de milliers de migrants, principalement subsahariens, qui tentent de gagner les côtes italiennes par la mer.

hme/rb/bfi

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APR 2

En Libye, l'ombre des "Kaniyat" plane encore sur les charniers de Tarhouna #

4/2/2021, 7:46 AM

"Chaque jour des gens disparaissaient": à Tarhouna, une fratrie de six a longtemps fait régner la terreur, éliminant méthodiquement les opposants à leur milice, voire leurs proches. Bien que les Kaniyat aient finalement été bannis, leur ombre plane toujours sur la cité libyenne.

Tarhouna, localité rurale à quelque 80 km de la capitale Tripoli: un petit groupe d'hommes afflue vers une vaste esplanade dominée au loin par une colline rocailleuse et grisâtre.

Sur le flanc gauche, une dizaine d'ambulances sont postées à intervalles réguliers. En face se dresse une mosquée au ton ocre. Quelques palmiers chenus complètent le décor.

Des affiches placardées sur un mur attirent aussi le regard: ils portent les noms et portraits des "martyrs" de Tarhouna, y compris des enfants.

Comme souvent depuis l'été 2020, des habitants se retrouvent pour une prière funéraire, les vendredis, au gré des cadavres exhumés. Ce jour-là, on en dénombre treize.

"Je suis le père du martyr Moaid, tué de sang-froid par la bande criminelle des Kaniyat", soupire Mohamed Amer, l'un des premiers à rejoindre la place.

"Ils n'ont épargné ni enfant, ni femme, ni vieillard. (...) La plupart des fils de Tarhouna sont sous terre", poursuit ce quinquagénaire aux cheveux grisonnants.

Et si "la vérité a éclaté au grand jour", "nous demandons maintenant qu'ils soient arrêtés et jugés, sinon pas de réconciliation", prévient-il.

- "Fauves" -

En juin 2020, la petite ville est brusquement sortie de l'anonymat après la découverte de charniers.

A l'époque, elle vient d'être reprise par le gouvernement d'union basé à Tripoli aux forces du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort d'un pouvoir rival installé dans l'est de la Libye.

Depuis cette date, 140 dépouilles ont été exhumées.

C'est en 2015 que la milice d'Al-Kani, également désignée comme "Kaniyat", prend le contrôle de Tarhouna. D'abord pro-GNA, elle s'associe ensuite aux pro-Haftar, qui font de Tarhouna leur base arrière dans leur tentative pour prendre la capitale à compter d'avril 2019.

Durant ces années, cette milice "enlevait, détenait, torturait, tuait et faisait souvent disparaître des personnes qui s'y opposaient ou qui étaient soupçonnées de le faire", dénonce l'ONG Human Rights Watch (HRW).

Selon plusieurs témoignages, ils allaient jusqu'à recourir à des "fauves" --des lions-- pour semer la terreur.

"Les Kaniyat dirigeaient la ville d'une main de fer. Personne n'avait le droit de parler (...). Ils avaient des yeux partout. Il y avait les frères mais aussi leurs hommes de main, des criminels issus de toutes les tribus", se souvient Milad Mohamed Abdelgader, un vieil homme emmitouflé dans une djellaba noire.

Lui est venu ce vendredi sur l'esplanade pour ses "cousins", les "martyrs Khalifa et Abdessalam". "Dieu leur rendra justice tôt ou tard", murmure le villageois avant de fondre en larmes, l'index pointé vers le ciel.

Sur la place, plusieurs centaines de personnes sont rassemblées.

Avant l'inhumation, les treize cadavres enveloppés dans des linceuls sont transportés sur des brancards et alignés. Les habitants récitent la prière des morts avec dévotion.

Après un long silence, une voix s'élève dans un mégaphone pour demander que soit jugée "la bande criminelle terroriste Al-Kani".

- "Pour l'argent" -

Deux des frères ont été tués mais les quatre autres --dont leur chef Mohamed-- sont en fuite. "A Benghazi" (est), disent des habitants.

Des mandats d'arrêt ont récemment été lancés par le parquet général de Tripoli, alors que le pays connaît une embellie politique avec la désignation d'un gouvernement unifié.

En attendant, "personne n'a encore été tenu responsable", déplore Hanan Salah, chercheuse de HRW pour la Libye.

"Trente-trois familles ont été liquidées", s'indigne Issa Harouda, président de l'Association libyenne des droits humains. Lui-même a perdu des proches.

La fratrie "s'est entourée d'hommes de main auxquels elle a donné armes et argent, profitant du dénuement des habitants, des bédouins qui vivent de l'élevage et de l'agriculture".

Dans un quartier résidentiel, de grandes villas en marbre contrastent avec la route caillouteuse qui les longe. Ici vivaient les Kani et leurs hommes de main.

Elles ont été saccagées après la libération de la ville. Une maison a été dévastée par des obus, des noms de "martyrs" ont été inscrits sur sa façade. A l'intérieur, un chariot en bronze gît sur le sol. Des colonnes taillées dans le marbre sont quasi intactes.

"Les Kani ont pris le contrôle de deux usines et de plusieurs commerces. Ils ont chassé les riches familles de la ville pour s'accaparer leur fortune", dit un habitant en uniforme militaire. "Ils se pavanaient dans leur pickups avec leurs fauves, ils ont terrorisé la ville. Tout ça pourquoi? Pour l'argent".

hme/rb/gk/elm

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