Facebook estime avoir "joué son rôle" lors des émeutes du Capitole #
Facebook a fait part jeudi de ses progrès dans la modération des contenus pouvant mener à des violences, notamment en rapport avec les émeutes du 6 janvier à Washington, qui valent à l'ex-président américain Donald Trump d'être jugé au Sénat pour "incitation à l'insurrection".
"Nous avons pris beaucoup de mesures visant spécifiquement les attaques du Capitole pour nous assurer que nous jouions bien notre rôle", a souligné Monika Bickert, la vice-présidente du géant des réseaux sociaux en charge des règlements sur les contenus.
Elle a rappelé lors d'une conférence de presse que la plateforme avait banni en tout 890 milices et mouvements armés, soit plus de 3.000 pages et plus de 19.000 groupes, dont une bonne partie en amont de la cérémonie de certification de la victoire de Joe Biden à la présidentielle.
Pendant les attaques et après, Facebook a aussi communiqué avec les forces de l'ordre, notamment pour les aider à identifier les personnes qui publiaient des photos d'elles-mêmes au Capitole.
Un mois après, les Etats-Unis continuent de se demander comment une telle situation a pu avoir lieu - des centaines de partisans de Donald Trump s'étaient engouffrés violemment dans le siège du Parlement américain, choquant le pays et à l'étranger.
Le milliardaire républicain est dans le collimateur, avec ses allégations répétées (et mensongères) de fraude électorale.
Mais de nombreux ONG et élus pointent aussi du doigt les réseaux sociaux, où des mouvements violents ont pu s'organiser depuis des années, propager des fausses rumeurs et rallier de nombreux utilisateurs.
Facebook avait commencé à bloquer les messages comportant le slogan "Stop the steal" ("Stop au vol" des élections) en novembre, mais seulement s'ils incitaient aussi à la violence.
En janvier, après les émeutes, "nous avons vu que l'expression était associée avec l'apologie des attaques ou de la violence en général, et donc nous avons décidé de ne plus l'autoriser du tout", a rappelé Monika Bickert.
Le groupe californien, comme ses voisins de la Silicon Valley, a aussi fini par durcir le ton contre l'ancien président, banni des plateformes dans la foulée de l'invasion du Capitole, et contre QAnon, cette mouvance conspirationniste dont les fidèles sont persuadés que Donald Trump devait sauver le monde d'élites pédophiles et corrompues.
En tout, plus de 3.000 pages, 10.000 groupes et 500 événements liés à cette nébuleuse ont été supprimés.
La plateforme s'est par ailleurs félicitée des progrès de ses technologies d'intelligence artificielle, qui ont permis de réduire la prévalence des contenus haineux ou violents.
"Au quatrième trimestre, sur 10.000 visionnages de contenus, il y en a eu 7 ou 8 de discours de haine", a noté Guy Rosen, vice-président en charge de l'intégrité.
juj/jum/vgr
Birmanie: Washington détaille ses sanctions et menace d'aller plus loin #
Les sanctions annoncées par Joe Biden contre les responsables du coup d'Etat militaire en Birmanie visent notamment le chef de la junte Min Aung Hlaing, et seront suivies de nouvelles mesures punitives si l'armée ne revient pas en arrière, a déclaré jeudi le gouvernement américain.
"Nous sommes prêts à prendre des mesures supplémentaires si l'armée birmane ne change pas de cap. En cas de nouvelles violences contre les manifestants pacifiques, les militaires birmans se rendront compte que les sanctions annoncées aujourd'hui sont seulement un début", a prévenu la secrétaire au Trésor Janet Yellen dans un communiqué.
Le président américain avait annoncé mercredi un décret ouvrant la voie à ces sanctions contre les "intérêts financiers" des "responsables militaires qui ont organisé ce coup d'Etat" du 1er février, qui a renversé le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi.
Les premières cibles, qui voient leurs éventuels avoirs aux Etats-Unis gelés et leur accès au système financier américain bloqué, sont dix militaires ou anciens militaires, dont le général Min Aung Hlaing et son adjoint Soe Win, et trois sociétés spécialisées dans les pierres précieuses, accusées d'être au coeur de "l'appareil militaire".
Le chef de la junte et son adjoint étaient déjà soumis à des sanctions similaires depuis fin 2019 pour leur rôle dans la répression sanglante des musulmans rohingyas.
Les militaires nommés par la junte comme ministres de la Défense et des Transports et de la Communication après le putsch font aussi partie des personnes sanctionnées.
"Le régime militaire devrait rendre le pouvoir, rétablir le gouvernement élu démocratiquement, libérer tous ceux qui ont été injustement incarcérés, lever les restrictions imposées aux télécommunications et aux réseaux sociaux, et s'abstenir de toute violence", a martelé le chef du département d'Etat américain Antony Blinken dans un autre communiqué.
La diplomatie américaine a aussi annoncé qu'elle allait "rediriger 42,5 millions de dollars d'aide" qui bénéficiaient directement ou indirectement à l'Etat birman vers des programmes à destination de la société civile et du secteur privé.
De son côté, le ministère américain du Commerce "prend des mesures immédiates pour limiter les exportations de biens sensibles à l'armée birmane".
Comme annoncé par le président Biden, le gouvernement américain a aussi confirmé, sans plus de précisions, prendre "des mesures pour empêcher les généraux d'avoir accès de manière indue à plus d'un milliard de dollars de fonds de l'Etat birman aux Etats-Unis".
fff/dax
Birmanie: la mobilisation se poursuit contre le coup d'Etat, Biden annonce des sanctions #
Les Birmans descendaient jeudi pour une sixième journée consécutive dans les rues contre le coup d'Etat qui a renversé Aung San Suu Kyi, tandis que Washington a annoncé des sanctions contre la junte.
La peur des représailles est dans tous les esprits, deux jours après l'usage de la force par la police qui a fait plusieurs blessés, dont deux dans un état grave. Une jeune femme a reçu une balle dans la tête et sa situation est critique.
Plus de 200 personnes, dont des membres de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d'Aung San Suu Kyi, ont été interpellés depuis le putsch du 1er février, d'après une ONG d'aide aux prisonniers politiques.
Malgré cela, des manifestants commençaient à se rassembler jeudi matin pour exiger la libération des personnes détenues, la fin de la dictature et l'abolition de la constitution de 2008, très favorable à l'armée.
"N'allez pas au bureau!", a scandé un groupe de protestataires devant la banque centrale de Birmanie à Rangoun, la capitale économique, répondant aux appels à "la désobéissance civile" lancés dès les premières heures qui ont suivi le coup d'Etat.
"Nous manifesterons jusqu'à ce qu'Aung San Suu Kyi (ex-cheffe de facto du gouvernement civil) et Win Myint (ex-président de la République) soient libérés", a déclaré à l'AFP un employé de la banque. Des rassemblements se tenaient dans plusieurs autres villes du pays, comme à Mandalay (centre).
L'escalade de la violence contre les manifestants a été condamnée à l'international.
Le président américain Joe Biden a annoncé mercredi que son administration réduisait l'accès des généraux birmans à 1 milliard de dollars de fonds aux Etats-Unis et allait dévoiler de nouvelles sanctions dans la semaine. "Un signal fort", pour l'analyste politique basé en Birmanie, Richard Horsey.
"J'appelle une nouvelle fois l'armée à libérer immédiatement tous les dirigeants politiques élus démocratiquement et les activistes", a ajouté Joe Biden. La Birmanie est son premier dossier diplomatique majeur depuis son élection.
L'Union européenne pourrait aussi prendre de nouvelles sanctions, a averti Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne.
Elles pourraient viser le chef de l'armée Min Aung Hlaing, auteur du putsch, et d'autres généraux. Ils font déjà l'objet de mesures de rétorsions depuis les exactions des militaires contre la minorité musulmane rohingya en 2017.
Les puissants conglomérats contrôlés par l'armée pourraient être également ciblés, les sanctions les visant ayant été levées pendant la fragile parenthèse démocratique de 10 ans, refermée brutalement par le coup d'Etat.
Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU va tenir vendredi une session extraordinaire sur les événements. La position de Pékin et de Moscou, soutiens traditionnels de l'armée birmane aux Nations unies, sera scrutée de près.
Depuis le 6 février, les Birmans descendent par centaines de milliers dans les rues.
Ce vent de contestation est inédit depuis le soulèvement populaire de 2007, la "Révolution de safran" menée par les moines et violemment réprimée par les militaires.
Mais les foules étaient moins importantes ces derniers jours. Les autorités ont interdit depuis lundi soir les rassemblements de plus de cinq personnes à Rangoun, Napypidaw, la capitale administrative, et dans d'autres villes, et ont décrété un couvre-feu.
Le risque de répression est réel dans le pays qui a déjà vécu près de 50 ans sous le joug des militaires depuis son indépendance en 1948.
De nouvelles arrestations ont eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi, dont celle du vice-président de la chambre basse du parlement et d'un proche d'Aung San Suu Kyi.
Les militaires avaient déjà porté un nouveau coup à la LND en menant un raid mardi soir contre les locaux de la formation à Rangoun.
Le rapporteur spécial des Nations unies pour la Birmanie, Tom Andrews, a condamné l'usage de la force. "Ils ne peuvent pas voler l'espoir et la détermination d'un peuple", a-t-il écrit.
L'armée conteste la régularité des législatives de novembre, remportées massivement par la LND même si des observateurs internationaux n'ont pas constaté de problèmes majeurs.
En réalité, les généraux craignaient de voir leur influence diminuer après la victoire d'Aung San Suu Kyi, qui aurait pu vouloir modifier la Constitution.
Très critiquée il y a encore peu par la communauté internationale pour sa passivité lors des exactions contre les rohingyas, la prix Nobel de la paix, en résidence surveillée pendant 15 ans pour son opposition à la junte, reste adulée dans son pays.
Elle serait "en bonne santé", assignée à résidence à Naypyidaw, d'après son parti.
bur-sde/ybl
Birmanie: Biden annonce des sanctions contre la junte, la mobilisation se poursuit #
Le président américain Joe Biden a annoncé mercredi des sanctions contre la junte militaire qui a renversé le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi, tandis que la mobilisation des Birmans dans la rue se poursuit en dépit de l'interdiction de se rassembler.
"Aujourd'hui, j'appelle une nouvelle fois l'armée birmane à libérer immédiatement tous les dirigeants politiques élus démocratiquement, dont Aung San Suu Kyi", a lancé M. Biden dans une brève allocution depuis la Maison Blanche.
"L'armée doit rendre le pouvoir", a-t-il martelé, annonçant le rétablissement de sanctions après la levée progressive de ces dernières au cours de la décennie écoulée, après la libération d'Aung San Suu Kyi en 2010 et un début de démocratisation.
Annonçant voir signé un décret permettant de sanctionner "immédiatement" les responsables militaires qui ont organisé le coup d'Etat du 1er février ainsi que leur famille proche, il a précisé qu'une première série de cibles seraient identifiées cette semaine.
L'ouverture du pays asiatique après des années de fermeture avait été considérée comme un succès diplomatique majeur de l'ex-président Barack Obama, dont Joe Biden fut le bras droit pendant huit ans.
Le nouveau locataire de la Maison Blanche a aussi annoncé le gel des avoirs américains qui bénéficient aux généraux, tout en maintenant l'aide dans le domaine de la santé et tout "ce qui bénéficie directement au peuple birman".
Mercredi, les Birmans sont descendus par dizaines de milliers dans la rue pour le cinquième jour consécutif, au lendemain d'un raid nocturne de l'armée contre le siège du parti d'Aung San Suu Kyi.
"Nous ferons tout pour rejeter le gouvernement militaire", a déclaré à l'AFP Kyaw Kyaw, un employé d'hôtel rencontré dans un cortège à Rangoun, où la mobilisation a été la plus forte mercredi, malgré l'interdiction.
"Nous ne voulons pas rester sous la dictature. J'ai aussi un peu peur après la répression d'hier", a déclaré Khin Nyein Wai, un étudiant.
Une manifestation réunissant plusieurs milliers de personnes a également eu lieu à Naypyidaw, la capitale administrative de la Birmanie, dans le centre du pays.
Dans la ville de Loikaw, dans l'Etat de Kayah (Est), des policiers se sont joints à la manifestation, selon des médias locaux.
Les manifestations se sont déroulées dans le calme, alors que la veille la répression était montée d'un cran avec l'utilisation par les forces de l'ordre de balles en caoutchouc et de canons à eau à Naypyidaw et Mandalay (centre) contre les manifestants.
Le rapporteur spécial des Nations unies pour la Birmanie, Tom Andrews, a condamné l'usage de la force, et assuré que la police avait tiré sur une jeune femme à Naypyidaw, la blessant. Les images de cette action ont été massivement partagées sur les réseaux sociaux.
"Ils peuvent tirer sur une jeune femme, mais ils ne peuvent pas voler l'espoir et la détermination d'un peuple", a écrit l'envoyé des droits de l'homme. "Le monde est solidaire des manifestants de Birmanie".
Les militaires ont par ailleurs porté un nouveau coup à la Ligue nationale pour la démocratie, le parti d'Aung San Suu Kyi, en menant un raid mardi soir contre les locaux de la formation à Rangoun.
Un membre de la LND, Soe Win, a déclaré à l'AFP qu'un gardien avait vu le raid mené par les forces de sécurité via un système de vidéosurveillance à distance, mais qu'il n'avait pas pu intervenir en raison du couvre-feu.
Les autorités ont interdit depuis lundi soir les rassemblements de plus de cinq personnes à Rangoun, Napypidaw et dans d'autres villes. Un couvre-feu a été décrété et les manifestants se sont dispersés en début de soirée.
Ces derniers jours, des centaines de milliers de manifestants ont défilé à travers le pays, réclamant la libération des personnes détenues, la fin de la dictature et l'abolition de la constitution de 2008, très favorable à l'armée.
Depuis le coup d'Etat le 1er février, le nombre de personnes arrêtées a atteint 190, selon une ONG d'aide aux prisonniers politiques.
Ce vent de contestation est inédit depuis le soulèvement populaire de 2007, la "Révolution de safran" menée par les moines et violemment réprimée par les militaires.
Le risque de répression est réel dans le pays qui a déjà vécu près de 50 ans sous le joug des militaires depuis son indépendance en 1948.
L'armée conteste la régularité des législatives de novembre, remportées massivement par la LND. Mais des observateurs internationaux n'ont pas constaté de problèmes majeurs lors de ce scrutin.
En réalité, les généraux craignaient de voir leur influence diminuer après la victoire d'Aung San Suu Kyi, qui aurait pu vouloir modifier la Constitution.
Très critiquée il y a encore peu par la communauté internationale pour sa passivité lors des exactions contre les musulmans rohingyas, la prix Nobel de la paix, en résidence surveillée pendant 15 ans pour son opposition à la junte, reste adulée dans son pays.
L'ex-dirigeante serait "en bonne santé", assignée à résidence à Naypyidaw, d'après son parti.
bur-sde-jca/iba
