Migrants dans le Nord: face à l'hiver, les associations demandent un hébergement inconditionnel #
Les associations venant en aide aux migrants sur le littoral du Nord et du Pas-de-Calais s'inquiètent de leur détresse face aux conditions hivernales, en particulier à Grande-Synthe où la préfecture refuse d'ouvrir des salles pour les héberger sur place, par crainte de nouveaux "points de fixation".
Dans une lettre adressée au préfet du Nord le 12 janvier et transmise à l'AFP samedi, les associations intervenant à Grande-Synthe lui demandent de mettre en place "en urgence, un dispositif de mise à l'abri pérenne, accessible à tous de manière inconditionnelle, durant toute la période hivernale et disséminé le long de la côte".
Elles disent avoir recueilli "d'innombrables témoignages d'hommes, de femmes et d'enfants épuisés physiquement et mentalement par les conditions hivernales (froid, pluie, humidité, vent etc)".
Selon elles, les mises à l'abri actuellement proposées par les autorités dans des centres d'accueil et d'examen de la situation (CAES) sont inadaptées aux besoins des exilés, qui pour la plupart ne souhaitent pas demander l'asile en France ou ne peuvent pas le faire parce qu'ils ont déjà déposé leurs empreintes dans un autre pays européen.
"Quand les gens montent dans les bus, ils ne savent pas où ils vont. Ce n'est jamais à moins de 30 km. Ils se retrouvent loin, ils restent parfois quelques jours et ils reviennent", résume Claire Millot, de l'association Salam, rapportant qu'une de ces opérations de mise à l'abri a eu lieu samedi alors qu'elles n'ont habituellement pas lieu le week-end.
Si le sous-préfet de Dunkerque Hervé Tourmente assume "le choix fait dans le Nord de ne pas ouvrir de gymnase ou de grande salle qui créerait des points de fixation", il souligne que dès vendredi, les dispositifs de mise à l'abri ont été renforcés.
"Plus de 100 personnes ont accepté entre vendredi et samedi" cette mise à l'abri et "le dispositif n'est pas saturé, il y a encore des places", indique-t-il. Environ 150 places sont disponibles dans le département "mais s'il le faut on peut en ouvrir encore", assure-t-il.
"La constance de la politique des autorités, c'est de décourager les gens de rester là, donc cela passe par des dispositifs d'accueil éloignés", regrette François Guennoc, de l'Auberge des migrants.
A Calais, la préfecture du Pas-de-Calais a en revanche ouvert un hangar pour héberger des migrants pendant la nuit "à la suite de demandes liées aux conditions météo", en complément des places en CAES, a expliqué samedi à l'AFP le sous-préfet de Calais, Michel Tournaire.
Si François Guennoc se réjouit de cette ouverture, il se dit "un peu étonné du nombre de places", environ 200, au regard du nombre d'exilés présents à Calais, qu'il évalue à 500 à 600, contre environ 300 à Grande-Synthe.
bj/rl/sp
Le Drian suggère un "moratoire" du bras de fer commercial UE/USA #
Le ministre français des Affaires étrangères a suggéré dimanche un "moratoire" sur le bras de fer commercial entre les Etats-Unis et l'Union européenne, estimant qu'il permettrait de régler un "dossier qui empoisonne tout le monde".
"Le dossier qui empoisonne tout le monde, c'est celui de la surenchère tarifaire et des taxes sur l'acier, le numérique, Airbus et plus singulièrement notre secteur viticole", a estimé Jean-Yves Le Drian dans une interview au Journal du Dimanche.
"Si on pouvait rapidement trouver une méthode qui permette de régler ce contentieux avec l'Europe et la France, ce serait un pas en avant", a-t-il estimé. "Cela peut prendre du temps mais, en attendant, on peut toujours décréter des moratoires".
Les nouveaux droits de douane de Washington, annoncés en fin d'année, visent des produits français et allemands : +25% sur les vins non pétillants, moûts de raisin et cognacs, et +15% sur certaines pièces aéronautiques.
Ils entrent en vigueur à quelques jours de la fin du mandat de Donald Trump, pendant lequel les relations commerciales des États-Unis avec l'UE se sont profondément détériorées. Ces taxes s'ajoutent à celles imposées depuis 2019 sur des produits européens (vin, fromage, huile d'olive, whisky) et sur les avions d'Airbus.
Un autre conflit, celui de la taxe française sur les géants du numérique, laisse depuis plus d'un an planer la menace de droits de douane de 100% sur certains produits français, comme les fromages, produits de beauté ou sacs à main.
La France a confirmé en novembre qu'elle prélèverait bien en 2020 sa taxe sur les "Gafa" (Google, Amazon, Facebook et Apple), s'exposant à ce que Washington mette à exécution sa menace, qui concerne 1,3 milliard de dollars de produits français.
dla/lb
"Il est urgent de dire à l'Iran que cela suffit" (Le Drian) #
L'Iran est en train d'acquérir l'arme nucléaire et "il est urgent de dire que cela suffit", a estimé dimanche le ministre français des Affaires étrangères, plaidant pour un retour à l'accord de Vienne que Donald Trump avait brutalement quitté.
Dans une interview au Journal du Dimanche, Jean-Yves Le Drian a exprimé ses inquiétudes sur les activités nucléaires de la République islamique, appelant à une réaction immédiate et à un retour des Etats-Unis dans l'accord de 2015 dès l'entrée en fonction de Joe Biden.
"L'Iran -je le dis clairement- est en train de se doter de la capacité nucléaire", a estimé M. le Drian. "Il y a également une élection présidentielle en Iran à la mi-juin. Il est donc urgent de dire aux Iraniens que cela suffit et de prendre les dispositions pour que l'Iran et les Etats-Unis reviennent dans l'Accord de Vienne".
Cet accord prévoit une levée partielle des sanctions internationales contre l'Iran, en échange de mesures destinées à garantir que ce pays ne se dotera pas de l'arme atomique. Mais Donald Trump en était sorti unilatéralement en 2018.
"En sortant de cet accord, l'administration Trump a choisi la stratégie qu'il a appelée de la pression maximale contre l'Iran. Le résultat, c'est que cette stratégie n'a fait que renforcer le risque et la menace. Il faut donc enrayer cette mécanique", a estimé le chef de la diplomatie française.
"Cela ne suffira pas", a-t-il toutefois ajouté. "Il faudra des discussions difficiles sur la prolifération balistique et les déstabilisations par l'Iran de ses voisins dans la région. Je suis tenu par le secret sur le calendrier de ce genre de dossier, mais il y a urgence".
L'Iran avait indiqué mercredi à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) avancer dans sa production d'uranium métal pour servir de carburant à un réacteur. Le sujet est sensible car l'uranium métal peut être utilisé comme composant pour des armes nucléaires et l'accord de 2015 comporte une interdiction de 15 ans sur "la production ou l'acquisition de métaux de plutonium ou d'uranium ou leurs alliages".
dla/avz
"Un jour, on se lève et on se bat" : Stéphane Ravacley, un boulanger au "coeur social" #
"Un jour, on se lève et on se bat" : homme déterminé au "coeur social", Stéphane Ravacley, un boulanger de l'est de la France, a été jusqu'à se mettre en danger, avec une grève de la faim, pour arracher la régularisation de son apprenti guinéen.
Ni militant, ni politisé, juste un "petit boulanger qui ne connaît personne" qui n'a pas supporté de voir son apprenti guinéen, un "bon gamin", travailleur et rêvant d'une vie meilleure, voué à l'expulsion. "Avant que Laye arrive, je ne m'intéressais pas spécialement au sort de ces jeunes".
Derrière le regard doux de cet homme sensible et replet de 50 ans se cache une farouche détermination.
En dépit d'une santé fragile - il a fait trois embolies pulmonaires - Stéphane Ravacley a entamé une grève de la faim, il y a deux semaines, pour protester contre l'expulsion de Laye Fodé Traoré. Et il a tenu, jusqu'au malaise après avoir perdu huit kilos, avant d'obtenir gain de cause jeudi avec la régularisation de son apprenti.
"Je suis fier de mon patron et du combat qu'il a mené", a confié ce jeune orphelin.
Vendredi, Stéphane Ravacley s'activait déjà dans son fournil. "J'aime être seul avec ma farine, mon pain", assure-t-il.
S'il a cessé de s'alimenter pendant dix jours, le boulanger n'a jamais arrêté de travailler, de 3 heures du matin à 8 heures du soir, six jours sur sept, tout en répondant inlassablement, et avec aisance, aux sollicitations de centaines de médias français et étrangers.
Le goût du travail, il l'a hérité de son père, un agriculteur de Haute-Saône (centre-est) qui s'était retrouvé seul à élever trois enfants après le décès de sa femme dans un accident de tracteur, six mois après l'incendie de la ferme familiale. Stéphane avait 4 ans.
Pendant près d'un an, le petit garçon sera hospitalisé pour anorexie mentale. L'absence de sa mère le marquera à vie.
Après ces drames, son père trouve un emploi à la mairie de Besançon. Dans le quartier populaire où la famille emménage, "il y avait toutes les communautés possibles, à l'époque il n'y avait pas de racisme, on vivait tous ensemble dans une belle ambiance", se souvient le boulanger.
Scolarisé dans une institution catholique, il se dirige à 15 ans vers l'apprentissage sur les conseils de son père : "tu vas entrer en boulangerie, ainsi tu ne mourras pas de faim".
"Il m'a trouvé un super patron, un grand homme qui m'a tout appris", confie-t-il, parlant avec tendresse de ce maître de stage qui "sortait" ses apprentis le lundi soir au restaurant et en discothèque.
Puis vient le temps du service militaire. Stéphane Ravacley part en service long en Afrique, à Djibouti : "une ville aux nombreux bordels". Surnommé "papi" par ses camarades parce qu'il sort peu, il occupe ses après-midis à donner le biberon "aux enfants issus d'amours trop rapides" dans un orphelinat de la ville. Il porte une affection particulière à une petite fille handicapée aux membres tordus, qui ne sortait pas de son lit à barreaux mais "souriait tout le temps".
"Mon premier traumatisme a été de voir tous ces enfants abandonnés. Le deuxième, fut la découverte de l'immense bidonville de Balbala et l'épidémie très virulente qui l'a touché", obligeant les militaires à creuser des fosses communes pour enterrer les morts, confie l'artisan, auquel la vie n'a pas donné d'enfant, ce qu'il aurait "adoré".
"A 20 ans, même quand vous avez vécu des malheurs, vous n'êtes pas prêt à voir ça", poursuit-il, "c'est ce qui a fait naître un deuxième coeur social".
Après un passage par la Réunion, où il tombe amoureux d'une femme mariée - décédée depuis et dont il est en train d'adopter la fille désormais adulte -, il rentre à Besançon et ouvre en 1998 La Hûche à Pain, boulangerie réputée du centre-ville où il travaille avec sept employés.
"C'est admirable ce qu'il a fait, c'est un beau geste humain", glisse l'une des vendeuses, Julie Paire, en ajoutant: "il tend la main facilement et offre toujours un petit quelque chose aux enfants".
Stéphane Ravacley se réjouit de voir revenir son apprenti dès mardi. Il a offert au jeune homme de le suivre tout au long de sa formation et de l'embaucher à l'issue, "s'il le souhaite". "Laye, je le prends comme il est : c'est un gamin méritant, qui en a bavé, mais il reste un employé", dit-il, réfutant tout attachement filial.
Le pâtissier qui avait occupé les ronds points avec les "gilets jaunes", "au début", veut "poursuivre le combat pour les autres". Il réclame "une politique migratoire plus cohérente", alors que les artisans peinent à trouver des apprentis en France.
as/ha/fka/mr
"Un jour, on se lève et on se bat" : Stéphane Ravacley, un boulanger au "coeur social" #
"Un jour, on se lève et on se bat" : homme déterminé au "coeur social", le boulanger de Besançon Stéphane Ravacley n'a pas hésité à se mettre en danger, entamant une grève de la faim, pour arracher la régularisation de son apprenti guinéen.
Il n'était ni militant, ni politisé, juste un "petit boulanger qui ne connaît personne" mais qui n'a pas supporté de voir son apprenti guinéen, un "bon gamin", travailleur et rêvant d'une vie meilleure, voué à l'expulsion. "Avant que Laye arrive, je ne m'intéressais pas spécialement au sort de ces jeunes".
Derrière le regard doux de cet homme sensible de 50 ans, qui porte les cheveux ras, se cache une farouche détermination.
En dépit d'une santé fragile - il a fait trois embolies pulmonaires -, Stéphane Ravacley a entamé une grève de la faim il y a deux semaines pour protester contre l'expulsion de Laye Fodé Traoré. Et il a tenu. Jusqu'au malaise après avoir perdu huit kilos. Jusqu'à obtenir gain de cause jeudi avec la régularisation du jeune guinéen.
"Je suis fier de mon patron et du combat qu'il a mené", a confié le jeune orphelin en apprenant la nouvelle.
Sa grève de la faim à peine achevée, Stéphane Ravacley s'activait déjà vendredi, seul dans son fournil, en tee-shirt blanc et polaire sans manche. "J'aime être seul avec ma farine, mon pain", assure-t-il.
S'il a cessé de s'alimenter pendant dix jours, ce travailleur infatigable n'a jamais arrêté de travailler, de 3 heures du matin à 8 heures du soir, six jours sur sept, tout en répondant inlassablement, et avec aisance, aux sollicitations de dizaines de médias français et étrangers.
Le goût du travail, il l'a hérité de son père, un agriculteur de Haute-Saône qui s'était retrouvé seul à élever trois enfants après le brutal décès de sa femme dans un accident de tracteur, six mois après l'incendie de la ferme familiale. Stéphane avait 4 ans.
Pendant près d'un an, le petit garçon sera hospitalisé pour anorexie mentale. L'absence de sa mère le marquera à vie.
Après ces drames, son père a trouvé un emploi salarié à la ville de Besançon et la famille a emménagé dans un appartement du quartier Montrapon. Dans ce quartier populaire, "il y avait toutes les communautés possibles, à l'époque il n'y avait pas de racisme, on vivait tous ensemble dans une belle ambiance", se souvient le boulanger, enfant toujours prompt à se hisser sur les genoux d'une voisine.
Scolarisé dans une institution catholique privée, il se dirige à 15 ans vers l'apprentissage sur les conseils de son père : "tu vas entrer en boulangerie, ainsi tu ne mourras pas de faim".
"Il m'a trouvé un super patron, un grand homme qui m'a tout appris", confie-t-il, parlant avec tendresse de ce maître de stage qui "sortait" ses apprentis le lundi soir au restaurant et en discothèque.
Puis vient le temps du service militaire. Stéphane Ravacley part en service long en Afrique, à Djibouti : "une ville aux nombreux bordels". Surnommé "papi" par ses camarades parce qu'il sort peu, il occupe ses après-midi à donner le biberon "aux enfants issus d'amours trop rapides" dans un orphelinat de la ville. Il porte alors une affection particulière à cette petite fille handicapée aux membres tordus, qui ne sortait pas de son lit à barreaux mais "souriait tout le temps".
"Mon premier traumatisme a été de voir tous ces enfants abandonnés. Le deuxième, fut la découverte de l'immense bidonville de Balbala et l'épidémie très virulente (de choléra) qui l'a touché", obligeant les militaires à creuser des fosses communes pour enterrer les morts, confie l'artisan, auquel la vie n'a pas donné d'enfant, ce qu'il aurait "adoré".
"A 20 ans, même quand vous avez vécu des malheurs, vous n'êtes pas prêt à voir ça", poursuit-il, "c'est ce qui m'a fait naître un deuxième coeur social".
Après un passage par la Réunion, où il tombe amoureux d'une femme mariée - décédée depuis et dont il est en train d'adopter la fille désormais adulte -, il rentre à Besançon, rencontre sa première épouse et ouvre en 1998 La Hûche à Pain, cette boulangerie réputée du centre-ville où il travaille désormais avec sept employés.
"C'est admirable ce qu'il a fait, c'est un beau geste humain", glisse l'une des vendeuses, Julie Paire, partageant l'avis des centaines de clients du commerce. "Il tend la main facilement, connaît les clients et offre toujours un petit quelque chose aux enfants", ajoute la jeune femme.
Stéphane Ravacley se réjouit de voir revenir son apprenti au fournil dès mardi. Il a offert au jeune homme de le suivre tout au long de sa formation et de l'embaucher à l'issue, "s'il le souhaite". "Laye, je le prends comme il est : c'est un gamin méritant, qui en a bavé, mais il reste un employé", dit-il, réfutant tout attachement filial.
Le pâtissier qui avait occupé les ronds-points avec les "gilets jaunes", "au début", veut "poursuivre le combat pour les autres". Il réclame "une politique migratoire plus cohérente", alors que les artisans peinent tant à trouver des apprentis en France.
as/ha/sp
"Un jour, on se lève et on se bat" : Stéphane Ravacley, un boulanger au "coeur social" #
"Un jour, on se lève et on se bat" : homme déterminé au "coeur social", le boulanger de Besançon Stéphane Ravacley n'a pas hésité à se mettre en danger, entamant une grève de la faim, pour arracher la régularisation de son apprenti guinéen.
Il n'était ni militant, ni politisé, juste un "petit boulanger qui ne connaît personne" mais qui n'a pas supporté de voir son apprenti guinéen, un "bon gamin", travailleur et rêvant d'une vie meilleure, voué à l'expulsion. "Avant que Laye arrive, je ne m'intéressais pas spécialement au sort de ces jeunes".
Derrière le regard doux de cet homme sensible de 50 ans, qui porte les cheveux ras, se cache une farouche détermination.
En dépit d'une santé fragile - il a fait trois embolies pulmonaires -, Stéphane Ravacley a entamé une grève de la faim il y a deux semaines pour protester contre l'expulsion de Laye Fodé Traoré. Et il a tenu. Jusqu'au malaise après avoir perdu huit kilos. Jusqu'à obtenir gain de cause jeudi avec la régularisation du jeune guinéen.
"Je suis fier de mon patron et du combat qu'il a mené", a confié le jeune orphelin en apprenant la nouvelle.
Sa grève de la faim à peine achevée, Stéphane Ravacley s'activait déjà vendredi, seul dans son fournil, en tee-shirt blanc et polaire sans manche. "J'aime être seul avec ma farine, mon pain", assure-t-il.
S'il a cessé de s'alimenter pendant dix jours, ce travailleur infatigable n'a jamais arrêté de travailler, de 3 heures du matin à 8 heures du soir, six jours sur sept, tout en répondant inlassablement, et avec aisance, aux sollicitations de dizaines de médias français et étrangers.
Le goût du travail, il l'a hérité de son père, un agriculteur de Haute-Saône qui s'était retrouvé seul à élever trois enfants après le brutal décès de sa femme dans un accident de tracteur, six mois après l'incendie de la ferme familiale. Stéphane avait 4 ans.
Pendant près d'un an, le petit garçon sera hospitalisé pour anorexie mentale. L'absence de sa mère le marquera à vie.
Après ces drames, son père a trouvé un emploi salarié à la ville de Besançon et la famille a emménagé dans un appartement du quartier Montrapon. Dans ce quartier populaire, "il y avait toutes les communautés possibles, à l'époque il n'y avait pas de racisme, on vivait tous ensemble dans une belle ambiance", se souvient le boulanger, enfant toujours prompt à se hisser sur les genoux d'une voisine.
Scolarisé dans une institution catholique privée, il se dirige à 15 ans vers l'apprentissage sur les conseils de son père : "tu vas entrer en boulangerie, ainsi tu ne mourras pas de faim".
"Il m'a trouvé un super patron, un grand homme qui m'a tout appris", confie-t-il, parlant avec tendresse de ce maître de stage qui "sortait" ses apprentis le lundi soir au restaurant et en discothèque.
Puis vient le temps du service militaire. Stéphane Ravacley part en service long en Afrique, à Djibouti : "une ville aux nombreux bordels". Surnommé "papi" par ses camarades parce qu'il sort peu, il occupe ses après-midi à donner le biberon "aux enfants issus d'amours trop rapides" dans un orphelinat de la ville. Il porte alors une affection particulière à cette petite fille handicapée aux membres tordus, qui ne sortait pas de son lit à barreaux mais "souriait tout le temps".
"Mon premier traumatisme a été de voir tous ces enfants abandonnés. Le deuxième, fut la découverte de l'immense bidonville de Balbala et l'épidémie très virulente (de choléra) qui l'a touché", obligeant les militaires à creuser des fosses communes pour enterrer les morts, confie l'artisan, auquel la vie n'a pas donné d'enfant, ce qu'il aurait "adoré".
"A 20 ans, même quand vous avez vécu des malheurs, vous n'êtes pas prêt à voir ça", poursuit-il, "c'est ce qui m'a fait naître un deuxième coeur social".
Après un passage par la Réunion, où il tombe amoureux d'une femme mariée - décédée depuis et dont il est en train d'adopter la fille désormais adulte -, il rentre à Besançon, rencontre sa première épouse et ouvre en 1998 La Hûche à Pain, cette boulangerie réputée du centre-ville où il travaille désormais avec sept employés.
"C'est admirable ce qu'il a fait, c'est un beau geste humain", glisse l'une des vendeuses, Julie Paire, partageant l'avis des centaines de clients du commerce. "Il tend la main facilement, connaît les clients et offre toujours un petit quelque chose aux enfants", ajoute la jeune femme.
Stéphane Ravacley se réjouit de voir revenir son apprenti au fournil dès mardi. Il a offert au jeune homme de le suivre tout au long de sa formation et de l'embaucher à l'issue, "s'il le souhaite". "Laye, je le prends comme il est : c'est un gamin méritant, qui en a bavé, mais il reste un employé", dit-il, réfutant tout attachement filial.
Le pâtissier qui avait occupé les ronds-points avec les "gilets jaunes", "au début", veut "poursuivre le combat pour les autres". Il réclame "une politique migratoire plus cohérente", alors que les artisans peinent tant à trouver des apprentis en France.
as/ha/sp
Sahel: face au danger mortel des engins explosifs, les armées cherchent à s'adapter #
Leur nombre n'augmente pas mais leur charge tend à croître: les engins explosifs improvisés (IED) posés par les jihadistes le long des routes sahéliennes restent le danger numéro un pour les militaires français, poussant les armées à chercher des parades pour mieux s'en protéger.
En l'espace de trois semaines, entre fin décembre et début janvier, cinq militaires de la force antijihadiste Barkhane ont été tués au Mali dans l'explosion d'un IED au passage de leur véhicule blindé léger (VBL), et six autres blessés par une voiture piégée conduite par un kamikaze.
Intensément employés contre les forces occidentales engagées en Irak et en Afghanistan, les engins explosifs improvisés constituent aussi une menace létale pour les troupes françaises au Mali ou au Niger: sur les 50 morts au combat depuis le début de l'intervention militaire au Sahel en 2013, 23 ont été tués par des IED ou par des véhicules piégés, selon le porte-parole de l'état-major français, le colonel Frédéric Barbry.
Ces attaques occasionnent également de très graves blessures parmi les soldats, dont le ministère refuse de donner un bilan chiffré.
"Tous les ans, nous découvrons et empêchons l'explosion d'une grosse vingtaine d'IED posés par les groupes terroristes. Mais tous les ans, nous déplorons en moyenne une dizaine d'attaques par IED", explique le colonel Barbry.
Malgré la récente série d'incidents qui ont endeuillé la force Barkhane, quelques semaines après la libération par les autorités maliennes de 200 prisonniers contre des otages, dont certains possèdent "des expertises techniques" de l'aveu de sources françaises, l'état-major dément une recrudescence de l'usage de ces engins explosifs sur le terrain sahélien.
"Le pic de ces attaques a eu lieu en 2015, elles sont aujourd'hui en décroissance", assure le porte-parole, tout en admettant que les armées constatent une tendance croissante à "l'adjonction d'explosifs artisanaux, avec des charges qui peuvent aller jusqu'à 40 kg".
Face à ce danger invisible, les armées cherchent depuis des années à améliorer leurs dispositifs de détection et à mieux protéger leurs soldats en réduisant les vulnérabilités de leurs véhicules.
"Cette menace, nous avons appris à mieux la connaître. En Afghanistan, nous avons amorcé ce processus de protection passive de nos engins, par du blindage, du brouillage et surtout par une autre approche du renseignement en amont des convois pour essayer de déceler les signaux faibles et tenter d'entraver les tentatives de l'ennemi", a rappelé, mardi, la ministre des Armées, Florence Parly.
Aujourd'hui, les armées disposent d'un parc de 400 brouilleurs, dont plus des deux tiers sont déployés au Mali. Les systèmes actuels seront progressivement remplacés par un nouveau dispositif de brouillage, baptisé "Barrage", développé par l'industriel français Thales. Une demi-douzaine sont déjà déployés en bande sahélo-saharienne, essentiellement au sein des troupes du génie chargées d'ouvrir les itinéraires.
Toutefois, admet l'état-major, si "les brouilleurs sont particulièrement efficaces contre les IED déclenchés à distance", à l'aide d'un téléphone portable par exemple, "la très grande majorité des IED sont déclenchés par pression", au simple passage d'un véhicule.
Les armées ont également entrepris de renforcer leurs blindés, en particulier les VBL, les plus vulnérables aux IED, dont 150 exemplaires sont déployés au Sahel.
"Un nouveau modèle de VBL plus durci va très prochainement équiper nos forces. Le déploiement aura lieu au Sahel au premier semestre de cette année", a promis Mme Parly. Selon elle, la France travaille également "à plus long terme sur un programme de véhicule blindé un peu plus lourd dont nous souhaiterions qu'il puisse être conduit en coopération européenne".
Toutefois, "quelle que soit la force du blindage, les quantités d'explosif utilisées au Mali au cours des derniers mois sont telles que même le meilleur engin blindé ne peut pas protéger les soldats qui s'y trouvent", a fait valoir la ministre.
Les armées poursuivent donc leurs travaux pour améliorer la détection des IED, via des radars pénétrateurs de sol, des radars aériens embarqués pour détecter d'éventuelles modifications de terrain, ou encore des véhicules autonomes d'ouverture d'itinéraire. "Ces technologies ne sont pas encore au point, reconnaît Mme Parly. Mais nous considérons que ce sont des pistes extrêmement prometteuses".
dab/fz/slb
Après des années dans les camps, la menace de l'oubli pour les enfants français en Syrie #
A 5 ans, le neveu de Maryam* a entamé son troisième hiver à Roj. Comme lui, quelque 200 fils et filles de Françaises arrêtées après la chute du groupe Etat islamique (EI) sont retenus dans ce camp du nord-est de la Syrie, dans des conditions sanitaires catastrophiques.
Sept enfants de jihadistes ont été rapatriés cette semaine. Mais la situation des autres inquiète leurs familles de l'Hexagone, qui peinent à entretenir le contact.
"On a vraiment le sentiment que tout est fait pour que ces enfants oublient et ne connaissent pas leur famille", dénonce Maryam. "Même la maigre relation clandestine que j'ai tissée avec mon neveu est en train de disparaître".
Sur place, l'accès au téléphone s'est raréfié. Auparavant, les détenues parvenaient à mettre la main sur des portables pour envoyer photos et messages. Désormais, elles sont obligées de recourir au téléphone du camp, jamais très loin des oreilles de leurs gardes kurdes.
"Je n'ai pas eu de nouvelles de ma fille de juin à septembre", témoigne Albert. Avant Noël, ce père de détenue et grand-père a dû se contenter "d'un message audio d'à peine une minute une fois tous les quinze jours en moyenne".
Même tableau pour Pascale Descamps, qui reçoit des messages "une fois par semaine" de sa fille de 32 ans, atteinte selon ses proches d'une tumeur au côlon, et de ses quatre petits-enfants de 2 à 11 ans.
La préoccupation des familles est d'autant plus grande que "les traumas se creusent de plus en plus" chez de nombreux enfants, note Maryam.
Les plus âgés, rappelle le Comité international de la Croix Rouge (CICR) qui intervient dans les camps d'Al Hol et de Roj, ont été exposés à une violence extrême lorsque leurs parents combattaient pour l'EI. Depuis, ils sont nombreux à souffrir de malnutrition - 13% des enfants de moins de 5 ans à Al Hol - ou d'affections respiratoires graves en hiver.
Dans un avis rendu en novembre, le comité des droits de l'enfant de l'ONU l'a souligné: ces enfants détenus dans des "conditions sanitaires inhumaines", "confinés dans des tentes" où ils manquent des denrées "les plus basiques", sont en danger "immédiat".
Le comité évoque des "risques de dommages irréparables pour leur vie, leur intégrité physique et mentale et leur développement".
Pourtant, souligne l'ONU, la France "a la capacité et le pouvoir de protéger les droits de ces enfants, en les rapatriant ou en prenant d'autres mesures" de protection. Mais Paris n'a ramené depuis mars 2019 que 35 enfants, orphelins ou dont les mères ont accepté de se séparer.
Dans ce contexte, la question du maintien des liens se pose avec acuité pour les rares Françaises qui ont accepté de laisser partir leurs enfants. "Au départ", affirme Maryam, elles "avaient des nouvelles de leurs enfants et eux en avaient d'elles. Ils arrivaient même à s'envoyer des audios et des vidéos".
Mais au moins un département francilien a, selon des familles, décidé d'arrêter ces échanges.
"Ils ont décrété que maintenant les liens devaient passer par la Croix Rouge", dit Maryam. Mais "ça fait deux ans que ma soeur et mon neveu sont dans le camp... et la Croix Rouge n'a toujours pas réussi à établir le lien. Voilà une laide manière de couper le lien entre ces enfants et leurs mères".
Le CICR a procédé en octobre à une opération de "collecte de messages" à Roj, pour les milliers de femmes de toutes nationalités détenues, explique Lucile Marbeau, une de ses porte-parole. "Nous procurons ce service à ceux qui n'ont pas d'autre alternative", explique Mme Marbeau.
"Imaginez un enfant qui n'a connu que sa mère, pendant des années de souffrance, et qui, du jour au lendemain, n'a plus aucune nouvelle d'elle. Il ne sait même pas si elle est vivante ou morte", se demande Maryam. "Comment voulez-vous que cet enfant se reconstruise normalement sans traumatisme, sans rancoeur et sans défiance ?".
Sur place, expliquent proches et avocats, les mères sont de moins en moins enclines à se séparer des enfants, persuadées de les perdre.
Pour le rapatriement de cette semaine, certaines ont renoncé au dernier moment à se séparer de leurs enfants. Comme en juin dernier.
"La France se félicite d'arracher sept enfants des bras de leurs mères et de séparer des fratries, en laissant derrière elle 200 enfants exposés à un risque de mort. Quelle honte !", fustige l'avocate Marie Dosé.
Conseil de plusieurs Françaises, elle a tenté en décembre de se rendre à Roj avec son confrère Ludovic Rivière mais a dû renoncer, bloquée à la frontière.
"Certains enfants rentrés en France doivent vivre chaque jour avec l'image de leur mère et de leurs petits frères et soeurs en train de souffrir sous la tente qu'ils partageaient. Certains n'ont plus aucune nouvelle de leur mère et de leurs frères et soeurs restés dans le camp et ignorent même s'ils sont encore en vie", poursuit Me Dosé. "Ces rapatriements au compte-gouttes sont nauséabonds".
Sollicités par l'AFP, ni le département des Yvelines, point d'entrée des rapatriés qui atterrissent à Villacoublay, ni le ministère des Affaires étrangères n'ont réagi.
Ce dernier maintient depuis des années une politique de rapatriement au cas par cas pour les enfants et estime que les adultes devraient être jugés sur place.
En février 2020, la Cour européenne des droits de l'Homme a pour la première fois accepté d'examiner une requête déposée contre la France pour son refus de rapatrier des enfants de jihadistes. Sa décision est attendue cette année.
Me Emmanuel Daoud, qui défend plusieurs femmes sur place, met en garde: "laisser les ressortissants jihadistes français et leurs enfants en Syrie peut entraîner leur récupération par les terroristes de la région ou leur fuite aux fins de régénérer les rangs" de l'EI.
*le prénom a été changé
cbo-edy-emd/pa/sp
Pissarro spolié par les nazis : la médiation prolongée jusqu'au 2 mars (avocat) #
La médiation ordonnée pour régler le litige autour d'un tableau de Camille Pissarro spolié par les nazis a été prolongée, pour tenter de trouver un compromis d'ici au 2 mars, a-t-on appris auprès de l'avocat de l'héritière française du tableau contesté.
Initialement, les parties avaient jusqu'au 19 janvier pour s'entendre sur le sort de ce tableau, au coeur d'une bataille entre l'université américaine de l'Oklahoma et l'héritière française de ses anciens propriétaires.
Si aucun accord n'est trouvé d'ici au 2 mars, le tribunal tranchera l'affaire sur le fond à cette date, a expliqué à l'AFP Ron Soffer, avocat de Mme Léone-Noëlle Meyer, 81 ans, héritière de son ancien propriétaire, Raoul Meyer, spolié par les nazis en 1941.
La toile, "La Bergère rentrant des moutons", peinte en 1886, faisait partie de la collection de Raoul Meyer et Yvonne Bader, fille du fondateur des Galeries Lafayette.
Unique héritière de Raoul Meyer, Mme Meyer se bat pour que le tableau, temporairement exposé au musée d'Orsay à Paris, puisse y rester.
Pillé en 1941 par les nazis, le tableau avait, après la guerre, été repéré en Suisse et vendu à un galeriste new-yorkais, David Findley, qui l'a revendu en 1957 à un couple de collectionneurs américains, Aaron et Clara Weitzenhoffer.
M. Weitzenhoffer l'a ensuite légué au musée Fred Jones Jr de l'université d'Oklahoma.
Ayant retrouvé la trace de l'oeuvre sur internet, Léone-Noëlle Meyer a décidé d'engager en mai 2013 une action en restitution devant la justice américaine. Au terme d'un long bras de fer, l'université américaine a consenti à un règlement amiable en février 2016.
Selon cet accord, le titre de propriété de l'oeuvre d'art doit revenir à l'héritière française, mais à la condition d'une "rotation", tous les trois ans, entre le musée Fred Jones Jr et la France.
En outre, une clause atypique impose à Léone-Noëlle Meyer de léguer la toile à un musée français, qui devra respecter les allers et retours du tableau.
Le musée d'Orsay, à qui Mme Meyer a voulu faire une donation du tableau, a refusé. "Ce serait s'engager à des charges financières illimitées dans le temps", a expliqué Me Soffer, qui estime que Mme Meyer s'est fait "piéger" par la partie américaine.
Du côté américain, un juge fédéral avait donné à Mme Meyer jusqu'au 28 décembre pour qu'elle renonce à ses poursuites en France. Constatant le 4 janvier que Mme Meyer n'avait pas suivi cette injonction, le juge américain a confirmé son intention de la condamner pour "outrage civil".
aje/jt/bma
Covid et taxes américaines: les viticulteurs "saluent" les aides pour compenser leurs pertes #
La filière française des vins et spiritueux "salue" vendredi les aides renforcées annoncées par le gouvernement pour soutenir les viticulteurs, dont les ventes souffrent de la crise sanitaire et des soubresauts d'un différend entre l'UE et les Etats-Unis qui les dépasse.
Jeudi soir, en détaillant les nouvelles mesures prévues dans le cadre du fonds de solidarité contre le coronavirus, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a déclaré que l'Etat consacrerait "un effort particulier" aux viticulteurs.
Ceux qui perdent 50% de leur chiffre d'affaires seront indemnisés à hauteur de 15% dans la limite de 200.000 euros par mois, et de 20% pour ceux qui perdent 70% de chiffre d'affaires.
Les grosses structures pourront en outre bénéficier de la prise en charge jusqu'à 70% de leurs coûts fixes, dans la limite de trois millions d'euros, imaginée pour soulager les secteurs frappés directement ou indirectement par les restrictions administratives prises pour lutter contre l'épidémie de Covid-19.
"Ces mesures constituent un signal positif", estiment dans un communiqué les représentants français de la filière - Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS), Association générale de la production viticole, Comité national des interprofessions vin, Union des maisons et marques de vin.
"Les annonces faites hier constituent une ouverture que nous saluons", affirment Jérôme Despey, président du conseil spécialisé vin de FranceAgrimer, et César Giron, président de la FEVS, cités dans le communiqué.
Mercredi soir, les deux hommes avaient fait part de leur "déception" à l'issue d'une réunion à Bercy qui n'avait selon eux débouché sur "aucune mesure concrète".
La prise en charge des coûts fixes pour les grosses structures "paraît pouvoir offrir un soutien aux opérateurs de notre secteur touchés par les sanctions américaines", relève M. Giron.
"Nous avons cependant besoin d'en connaître davantage les détails afin d'en mesurer la portée réelle pour toutes les entreprises, de l'amont comme de l'aval de notre filière, qui, depuis plus d'un an, subissent ces sanctions", poursuit-il.
Le Bureau national interprofessionnel du cognac se montre lui aussi circonspect, affirmant dans un communiqué qu'il étudiera "avec attention la portée de cette annonce lorsque les détails seront connus".
Il demande également à Emmanuel Macron que soit "expressément évoqué lors son premier échange" avec le président américain élu Joe Biden le sujet des droits de douanes punitifs américains, dont il faut obtenir la "suspension immédiate".
Depuis l'automne 2019, l'administration américaine surtaxe les vins français dans le cadre d'un vieux litige avec l'UE sur les aides publiques à Airbus et Boeing. Une deuxième salve de droits de douane est entrée en vigueur le 12 janvier. Elle étend les types de vins concernés (le champagne est toujours épargné) et englobe les cognacs.
myl-mra/dlm
Le maire de Marseille appelle à "une véritable politique européenne" envers les réfugiés #
Le maire de Marseille a appelé vendredi à "une véritable politique européenne pour l'accueil solidaire des réfugiés", en répétant que la seconde ville de France "ne fermerait jamais son port à celles et ceux qui ont risqué leur vie" en mer.
"L'inertie n'a que trop duré, la fermeture et l'improvisation ne sont plus tolérables, nous en appelons au respect du droit maritime international, qui prévoit que les naufragés en mer ne peuvent être criminalisés", a insisté Benoît Payan, le maire socialiste de Marseille, en visitant une exposition photo consacrée à l'ONG SOS Méditerranée.
"La France et l'Europe doivent prendre leur responsabilités", avec "une véritable politique européenne pour l'accueil solidaire des réfugiés sur l'ensemble du territoire européen", a poursuivi l'élu.
"Ne pas agir, se taire, c'est faire le jeu des populistes qui fleurissent partout en Europe, qui sévissent au parlement européen, sur les plateaux de télé ou sur les réseaux sociaux", a ajouté M. Payan, affirmant que Marseille était "et restera(it) attachée au principe inconditionnel d'assistance aux personnes en danger".
Le sénateur RN des Bouches-du-Rhône Stéphane Ravier, sénateur RN des Bouches-du-Rhône avait récemment accusé la ville de Marseille d'encourager "l'invasion de notre pays en soutenant l'association SOS Méditerranée" et de faire de la "propagande pro-immigration clandestine".
L'Ocean Viking, le navire de secours en mer de SOS Méditerranée, est reparti lundi du port de Marseille, où il est basé, pour reprendre ses opérations de sauvetage en Méditerranée centrale, où se multiplient les traversées de candidats à l'exil depuis les côtes libyennes.
Selon SOS Méditerranée, plus de 1.200 migrants ont perdu la vie en Méditerranée en 2020, dont la grande majorité sur cette route centrale, et plus de 20.000 depuis 2014.
ol/mdm/pb
Covid et taxes américaines: les viticulteurs "saluent" les aides pour compenser leurs pertes #
La filière française des vins et spiritueux "salue" vendredi les aides renforcées annoncées par le gouvernement pour soutenir les viticulteurs dont les ventes souffrent de la crise sanitaire et des soubresauts d'un différend entre l'UE et les Etats-Unis qui les dépasse.
Jeudi soir, en détaillant les nouvelles mesures prévues dans le cadre du fonds de solidarité contre le coronavirus, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a déclaré que l'Etat consacrerait "un effort particulier" aux viticulteurs.
Ceux qui perdent 50% de leur chiffre d'affaires seront indemnisés à hauteur de 15% dans la limite de 200.000 euros par mois, et de 20% pour ceux qui perdent 70% de chiffre d'affaires.
Les grosses structures pourront en outre bénéficier de la prise en charge jusqu'à 70% de leurs coûts fixes, dans la limite de trois millions d'euros, imaginée pour soulager les secteurs frappés directement ou indirectement par les restrictions administratives prises pour lutter contre l'épidémie de Covid-19.
"Ces mesures constituent un signal positif", estiment dans un communiqué les représentants français de la filière - Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS), Association générale de la production viticole, Comité national des interprofessions vin, Union des maisons et marques de vin.
"Les annonces faites hier constituent une ouverture que nous saluons", affirment Jérôme Despey, président du conseil spécialisé vin de FranceAgrimer, et César Giron, président de la FEVS, cités dans le communiqué.
Mercredi soir, les deux hommes avaient fait part de leur "déception" à l'issue d'une réunion à Bercy qui n'avait selon eux débouché sur "aucune mesure concrète".
La prise en charge des coûts fixes pour les grosses structures "paraît pouvoir offrir un soutien aux opérateurs de notre secteur touchés par les sanctions américaines", relève M. Giron.
"Nous avons cependant besoin d'en connaître davantage les détails afin d'en mesurer la portée réelle pour toutes les entreprises, de l'amont comme de l'aval de notre filière, qui, depuis plus d'un an, subissent ces sanctions", poursuit-il.
Depuis l'automne 2019, l'administration américaine surtaxe les vins français dans le cadre d'un vieux litige avec l'UE sur les aides publiques à Airbus et Boeing. Une deuxième salve de droits de douane est entrée en vigueur le 12 janvier. Elle étend les types de vins concernés (le champagne est toujours épargné) et englobe les cognacs.
myl/kd/swi
Mali: une quinzaine de jihadistes tués près de la frontière avec le Burkina (état-major français) #
L'armée française a tué une quinzaine de jihadistes le week-end dernier dans la région malienne de Boulikessi, près de la frontière avec le Burkina Faso, où agit le groupe GSIM affilié à Al Qaïda, a annoncé vendredi l'état-major.
"Le 9 janvier, en identifiant un groupe armée terroriste à moto, les militaires français ont pu guider un aéronef et réaliser une frappe. Le lendemain, dans le même secteur (...), le groupe commando a décelé un autre groupe armé terroriste, a expliqué le porte-parole de l'état-major, le colonel Frédéric Barbry, lors d'un point-presse.
"Appuyés par des hélicoptères de reconnaissance et d'attaque, les militaires ont pu remporter ce combat et procéder au ratissage de la zone".
Les opérations ont permis de neutraliser une quinzaine de jihadistes, d'en interpeller quatre et de saisir armement, motos et diverses autres ressources dans un secteur réputé être "une zone de prédation" du Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans (GSIM), alliance jihadiste sahélienne affiliée à Al-Qaïda, a-t-il encore précisé.
Par ailleurs, l'officier a fait état de la saisie "de très nombreux matériels entrant dans la confection et la pose d'engins explosifs improvisés (IED)" ces dernières semaines au Mali.
Entre fin décembre et début janvier, cinq militaires de la force antijihadiste Barkhane ont été tués au Mali dans l'explosion d'un IED au passage de leur véhicule blindé léger, et six autres blessés par une voiture piégée conduite par un kamikaze.
Au total, sur les 50 militaires français morts au combat depuis 2013 dans la région, 23 ont été tués par des IED ou des véhicules piégés, selon l'état-major français.
En 2020, la France a engagé 600 soldats supplémentaires au Sahel, portant ses effectifs à environ 5.100. Elle examine actuellement l'évolution de cet engagement.
dab/dla/thm
En France, les migrants regardent encore la vaccination de loin #
Vulnérables et précaires, migrants et sans-papiers figurent en bonne position sur la liste des populations les plus menacées par la crise sanitaire. Mais leur place dans la campagne de vaccination contre le Covid reste encore à préciser, suscitant l'inquiétude des associations humanitaires.
"Je ne sais pas si on peut avoir confiance à 100% en ce vaccin, mais si on me le propose, je le prendrai". Cet Afghan de 30 ans, qui refuse de donner son nom, vit en France depuis "un peu plus d'un an" et assure ne pas avoir peur du virus: "je me lave les mains, je porte un masque..."
Avec un compatriote arrivé "il y a quatre ou cinq mois", il vient profiter des distributions alimentaires organisées près de la Porte de Saint-Ouen à Paris, où se pressent tous les jeudis matin des dizaines de migrants pour se remplir le ventre et recevoir une aide juridique des associations.
Dans l'attente des premiers vaccins, la Haute autorité de santé (HAS) avait, dès novembre dernier, classé les 300.000 à 600.000 sans-papiers de France parmi ses cibles prioritaires.
Mais près de trois semaines après le coup d'envoi par étapes de la campagne d'immunisation, les centres d'hébergement et d'accueil n'ont toujours pas la moindre idée de la date à laquelle le tour des migrants viendra.
"Il y a des incertitudes sur les vaccins validés, sur le nombre de doses", explique-t-on du côté de la HAS.
Même si elles saluent la volonté de consultation affichée par le gouvernement, les associations humanitaires ne s'attendent pas à une vaccination à grande échelle des exilés avant mai, juste avant la population générale.
"Le gouvernement affiche une bonne volonté, ces publics sont priorisés, le discours est parfait mais on n'a pas d'information sur ce qui va être fait", regrette Carine Rolland, une responsable de Médecins du monde.
Une campagne rapide constituerait pourtant un bol d'oxygène, notamment dans les foyers de travailleurs migrants.
"A la fin de la première vague, on est retourné sur les lieux où on avait pris en charge des gens, on a fait une étude de sérologie et le résultat était catastrophique: les travailleurs migrants étaient atteints à 89%", rappelle Corinne Torre, directrice de la mission France de Médecins sans frontières (MSF).
Contraints à la promiscuité quand ils peuvent être hébergés, pour la plupart privés de masques ou de gel, les migrants sont souvent exposés.
"Ce sont des gens stressés, sous-alimentés, avec un accès aux droits restreints, ils sont de plus en plus isolés et n'ont pas les moyens d'être en bonne santé. Ils doivent être considérés comme fragiles", estime Carine Rolland.
En l'absence d'un calendrier défini, la volonté des autorités est d'intégrer les migrants au plan valable pour le reste de la population. "Si un demandeur d'asile est diabétique, il aura été inclus dans les premières phases", assure-t-on à la HAS.
Une bonne nouvelle pour les nombreux locataires âgés des foyers de travailleurs migrants, intégrés parmi les bénéficiaires de la première vague de vaccination.
"On commence pour eux à évoquer des campagnes sous deux formes, par des centres de vaccination ou des équipes mobiles", se félicite Emmanuel Brasseur, un responsable de Coallia, qui loge les demandeurs d'asile. "Ce sera à chaque ARS de définir les modalités en fonction des enjeux, des effectifs".
Reste aussi à faire comprendre la procédure de vaccination à des personnes déjà empêtrées dans les méandres de leur parcours de régularisation et qui maîtrisent souvent mal la langue française.
"Je me pose des questions sur la capacité des personnes à comprendre, sur la traduction", explique Delphine Rouilleault, directrice générale de France Terre d'Asile, "l'interprétariat doit être prévu pour qu'ils puissent donner leur consentement correctement".
La perspective de bénéficier d'un vaccin passe pour l'instant au second plan de leurs préoccupations, et la méfiance existe. "Avec ce qu'ils lisent sur internet, ils ont surtout peur des effets secondaires", glisse Khadija Machi, bénévole pour l'Armée du Salut.
A ses côtés, Abdullah Azimi, un réfugié afghan en France depuis deux ans et désormais salarié de la fondation, se dit déterminé. "Le virus est très dangereux, j'ai vu des gens mourir du Covid-19. Si c'est possible, je me ferai vacciner."
fby/pa/fka/cac
En France, les migrants regardent encore la vaccination de loin #
Vulnérables et précaires, migrants et sans-papiers figurent en bonne position sur la liste des populations les plus menacées par la crise sanitaire. Mais leur place dans la campagne de vaccination contre le Covid reste encore à préciser, suscitant l'inquiétude des associations humanitaires.
"Je ne sais pas si on peut avoir confiance à 100% en ce vaccin, mais si on me le propose, je le prendrai." Cet Afghan de 30 ans, qui refuse de donner son nom, vit en France depuis "un peu plus d'un an" et affirme ne pas avoir peur du virus. "Je me lave les mains, je porte un masque...", assure l'homme qui se rend les jeudis matins dans le nord de Paris aux distributions alimentaires, où se pressent des dizaines de migrants.
Dans l'attente des premiers vaccins, la Haute autorité de santé (HAS) avait dès novembre classé les quelque 300.000 à 600.000 sans-papiers de France parmi ses cibles prioritaires.
Mais près de trois semaines après le coup d'envoi par étapes de la campagne d'immunisation, les centres d'hébergement et d'accueil n'ont toujours pas la moindre idée de la date à laquelle le tour des migrants viendra.
"Il y a des incertitudes sur les vaccins validés, sur le nombre de doses", justifie-t-on du côté de la HAS.
Même si elles saluent la volonté de consultation affichée par le gouvernement, les associations humanitaires ne s'attendent pas à une vaccination à grande échelle des exilés avant mai, juste avant la population générale. Et elles ne cachent plus leurs préoccupations.
"Le gouvernement affiche une bonne volonté, ces publics sont priorisés, le discours est parfait mais on n'a pas d'information sur ce qui va être fait", regrette Carine Rolland, membre du conseil d'administration de Médecins du monde.
Une campagne rapide constituerait pourtant un bol d'oxygène, notamment dans les foyers de travailleurs migrants.
"A la fin de la première vague, on est retourné sur les lieux où on avait pris en charge des gens, on a fait une étude de sérologie et le résultat était catastrophique: les travailleurs migrants étaient atteints à 89%", rappelle Corinne Torre, directrice de la mission France de Médecins sans frontières (MSF).
Contraints à la promiscuité quand ils peuvent être hébergés, pour la plupart privés de masque ou de gel, les migrants sont souvent exposés.
"Ce sont des gens stressés, sous-alimentés, avec un accès aux droits restreints, ils sont de plus en plus isolés et n'ont pas les moyens d'être en bonne santé. Ils doivent être considérés comme fragiles", estime Carine Rolland.
En l'absence d'un calendrier défini, la volonté des autorités est d'intégrer les migrants au plan valable pour le reste de la population. "Si un demandeur d'asile est diabétique, il aura été inclus dans les premières phases", assure-t-on à la HAS.
Une bonne nouvelle pour les nombreux locataires âgés des foyers de travailleurs migrants, intégrés parmi les bénéficiaires de la première vague de vaccination.
"On commence pour eux à évoquer des campagnes sous deux formes, par des centres de vaccination ou des équipes mobiles", se félicite Emmanuel Brasseur, un des responsables de l'association Coallia, qui loge le plus de demandeurs d'asile en France. "Mais ce n'est pas encore défini, ce sera à chaque ARS de définir les modalités en fonction des enjeux, des effectifs."
Reste aussi à faire comprendre la procédure de vaccination à des personnes déjà empêtrées dans les méandres de leur parcours de régularisation et qui maîtrisent souvent mal la langue française.
"Je me pose des questions sur la capacité des personnes à comprendre", explique Delphine Rouilleault, directrice générale de France Terre d'Asile, "l'interprétariat doit être prévu pour qu'ils puissent donner leur consentement correctement".
La perspective lointaine de bénéficier d'un vaccin passe pour l'instant au second plan de leurs préoccupations, et la méfiance existe. "Avec ce qu'ils lisent sur internet, ils ont surtout peur des effets secondaires, notamment chez leurs parents âgés", glisse Khadija Machi, bénévole pour l'Armée du Salut.
A ses côtés, Abdullah Azimi, un réfugié afghan en France depuis deux ans et désormais salarié de la fondation, se dit déterminé. "Le virus est très dangereux, j'ai vu des gens mourir du Covid-19. Si c'est possible, je me ferai vacciner."
fby/pa/bat
Entre Al-Qaïda et l'Iran, trente ans de relations en eaux troubles #
Al-Qaïda jouit-elle d'une "nouvelle base" en Iran ? Les affirmations en ce sens du secrétaire d'Etat américain ont soulevé un débat vieux de 30 ans. Ennemis idéologiques et politiques, Téhéran et la centrale jihadiste ont en effet pu frayer en eaux troubles, selon les experts.
Mardi, à quelques jours de quitter le pouvoir et peut-être dans l'espoir de perturber les premiers pas de l'administration Biden, Mike Pompeo a accusé la République islamique d'être la "nouvelle base" d'Al-Qaïda, "pire" que l'Afghanistan au moment des attentats du 11 septembre 2001. L'Iran a immédiatement protesté.
Mais les analystes contactés par l'AFP sont formels: les relations entre Téhéran et la hiérarchie d'Al-Qaïda, aujourd'hui très affaiblie, ne sont ni univoques, ni nouvelles. Encore moins semblables à celles qui liaient cette dernière à l'Afghanistan.
"Il y a une coopération. L'Iran fournit un sanctuaire, mais c'est aussi une relation troublée et mutuellement suspicieuse", résume Daniel Byman, spécialiste du terrorisme à l'université américaine de Georgetown, à Washington.
Bryce Loidolt, chercheur à la National Defense University de la capitale américaine, décrit lui aussi un lien marqué par les rapports de force mouvants entre deux entités aux antipodes l'une de l'autre: l'Etat perse chiite et la centrale jihadiste, arabe et sunnite radicale.
Leurs relations "ont alterné entre périodes d'hostilité et prudents accommodements", résume-t-il, en s'appuyant sur un corpus issu du renseignement américain mais aussi de documents saisis en 2011 dans la dernière cache d'Oussama Ben Laden, à Abbottabad (Pakistan).
En 2017, la prestigieuse revue CTC Sentinel de l'académie militaire américaine West Point y avait consacré un article. Son auteur, Assaf Moghadam, y décrivait les liens, dès le début des années 90, entre Téhéran et Ayman Al-Zawahiri, fondateur du Jihad islamique égyptien (JIE), aujourd'hui chef d'Al-Qaïda.
Selon le rapport de la commission d'enquête américaine sur le 11-Septembre, un accord informel avait même ouvert une période de coopération plus ou moins intense dans des "actions conduites principalement contre Israël et les Etats-Unis", comme les attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie en 1998, ou celui contre le destroyer lance-missiles USS Cole au Yémen en 2000.
Après le 11-Septembre, beaucoup d'"Afghans" d'Al-Qaïda se sont opportunément réfugiés en Iran, profitant d'une frontière aussi longue que poreuse. Mais "la volonté iranienne de tolérer la présence des membres d'Al-Qaïda n'était pas sans condition", souligne Bryce Loidolt. Il leur fallait notamment rester discrets.
Progressivement, ajoute le chercheur dans un article pour la revue Studies in Conflict and Terrorism, les relations se sont tendues, jusqu'à une vague d'arrestations organisée par Téhéran, en 2002 et 2003.
L'Iran est ensuite revenue dans de meilleures dispositions à l'égard d'Al-Qaïda. Mais c'est alors cette dernière qui a durci son discours. En 2009, Al-Zawahiri accusait l'Iran d'être prête à "vendre les musulmans aux envahisseurs croisés" pour peu qu'elle en tire quelque avantage.
De fait, quoi qu'en dise Mike Pompeo, tous deux se considèrent fondamentalement comme des ennemis. Entre hostilité maîtrisée et coopération prudente, leur relation "ne repose pas sur la confiance mais sur la menace réciproque et la capacité de chacun à frapper l'autre s'il sort du cadre préalablement défini", assure Barak Mendelsohn, professeur à l'université Haverford de Pennsylvannie (Etats-Unis).
Là s'arrête donc la comparaison proposée par le chef de la diplomatie américaine avec l'Afghanistan. Car les liens entre Al-Qaïda et les Talibans se nourrissaient de convergences idéologiques et de sang versé: "il y avait beaucoup d'affinités entre les deux groupes", qui se sont battus tous deux contre la coalition internationale, rappelle Barak Mendelsohn.
A l'inverse, ceux entre Téhéran et la centrale jihadiste ont frisé l'affrontement direct. En 2009, Al-Qaïda enlevait un attaché commercial iranien à Peshawar (Pakistan), réclamant ensuite la libération de hauts cadres du groupe et de membres de la famille Ben Laden.
Idem en 2013, avec le rapt d'un diplomate iranien au Yemen qui conduisit, selon le Département d'Etat américain, à la libération de cadres d'Al-Qaïda en 2015. "Ce n'est pas le signe d'une coopération basée sur des convergences de vue. Ce dont il est question, c'est de qui dispose d'un moyen de pression à un moment donné", explique Barak Mendelsohn.
D'où une histoire faite de bonds en avant et de retours en arrière. En 2018, un rapport des Nations unies soulignait une activité "plus efficace qu'auparavant" des cadres du groupe basés en Iran, agissant notamment sur le conflit syrien.
Aujourd'hui encore, quelles que soient leurs divergences idéologiques et les contradictions apparentes que posent leurs relations, Téhéran et Al-Qaïda ont des ennemis communs - Etats-Unis, Israël, Arabie saoudite.
"Tous deux savent être pragmatiques", souligne Daniel Byman. Téhéran a selon lui tout intérêt à garder dans sa manche une monnaie d'échange supplémentaire pour négocier avec les Etats-Unis. Elle "serait ravie de trahir Al-Qaïda mais seulement pour un bon prix", ajoute-t-il, se souvenant que la question s'était posée - sans aboutir - après le 11-Septembre, lorsque les relations entre Téhéran et Washington s'étaient adoucies.
De son côté, Al-Qaïda saurait aussi, si besoin, retourner sa veste au moment opportun. Mais, résume Assaf Moghadam, "ce que l'Iran offre en terme de capacités de lever des fonds, traverser le territoire et faire de la planification logistique, a trop de valeur pour qu'elle y renonce".
Les propos de Pompeo mardi intervenaient après la mort, en août 2020 à Téhéran, du numéro deux d'Al-Qaïda, Abou Mohammed al-Masri. Le New York Times a affirmé qu'il avait été abattu par des agents israéliens lors d'une mission commanditée par les Etats-Unis. L'Iran a démenti. Aucun élément n'a étayé l'idée que l'Iran aurait "lâché" al-Masri, ni qu'elle ait obtenu quoi que ce soit en échange.
Mais cet entre-soi tumultueux devrait connaître un tout autre chapitre avec l'arrivée aux responsabilités de l'administration Biden, officiellement soucieuse de reprendre le dialogue avec Téhéran.
Dans son analyse parue en juillet dernier, Bryce Loidolt suggérait que Washington consacre moins d'énergie à blâmer Téhéran et plus à mettre en lumière les contradictions qui dévorent le groupe jihadiste et fragilisent sa base.
Par exemple en "soulignant la volonté d'Al-Qaïda de passer des accords de facto avec un Etat hérétique, idéologiquement impur, qui a détenu des cadres d'Al-Qaïda et les a mal traités en détention".
dla/fz/cac
Sahel: Al-Qaïda revendique l'attentat suicide qui a blessé six soldats français #
Le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), alliance jihadiste sahélienne affiliée à Al-Qaïda, a revendiqué jeudi l'attentat suicide qui a blessé six soldats français le 8 janvier au Mali, dans un communiqué publié par sa plate-forme de propagande Al-Zallaqa.
Le GSIM (ou Jnim selon l'acronyme arabe), principale alliance jihadiste du Sahel, invoque notamment la mort présumée de civils dans une récente frappe aérienne et la poursuite de la présence militaire française dans la sous-région.
Un combattant du groupe a "fait détonner son véhicule bourré d'explosifs contre un convoi des forces d'occupations françaises et des apostats maliens, à Arbanda, près de la frontière avec le Burkina Faso", a affirmé le GSIM.
"Nous voulons affirmer au gouvernement et au peuple français que quelle que soit la force de la puissance occupante, elle ne pourra vaincre la volonté du peuple de vivre libre. Si vous ne vous retirez pas, vous assisterez à de nouvelles attaques, encore plus violentes", a-t-il ajouté.
L'armée française avait annoncé le 8 janvier que six soldats de sa force antijihadiste Barkhane avaient été blessés le jour même au Mali par un véhicule-suicide.
Il s'agit de la troisième attaque depuis fin décembre contre les militaires français, qui ont déjà déploré cinq morts pendant la période, selon l'état-major de l'armée française.
En 2020, la France a engagé 600 soldats supplémentaires au Sahel, portant ses effectifs à environ 5.100. Elle examine actuellement l'évolution de cet engagement.
Fin novembre, le commandant de Barkhane, Marc Conruyt, avait désigné devant les députés français le GSIM comme l'"ennemi le plus dangereux" au Sahel. Un an auparavant, c'est le groupe Etat islamique au grand Sahara (EIGS) qui avait été désigné comme ennemi numéro un dans la région.
Le communiqué du GSIM a été authentifié par le centre américain de surveillance des sites jihadistes SITE.
thm/fjb
L'apprenti boulanger guinéen de Besançon a été régularisé #
Stéphane Ravacley, le boulanger de Besançon en grève de la faim depuis plus d'une semaine pour protester contre l'expulsion de son apprenti guinéen, s'est réjoui auprès de l'AFP de l'annonce jeudi de la régularisation du jeune homme par la préfecture de la Haute-Saône.
"Laye est régularisé ! Et il reprend le travail mardi !", a jubilé M. Ravacley, joint par téléphone à l'issue d'un entretien avec le secrétaire général de la préfecture.
La préfecture a confirmé dans un communiqué que le jeune apprenti avait été "admis au séjour en France après l'examen de nouvelles pièces apportées à son dossier", qui ont notamment permis "d'établir formellement son état civil, en lien avec les autorités consulaires de la République de Guinée".
La préfète Fabienne Balussou a ainsi décidé de délivrer un titre de séjour à Laye Fodé Traoré, 18 ans, prenant également en compte "son parcours d'intégration jusqu'alors exemplaire" et "ses perspectives d'insertion professionnelle", à savoir une formation complète auprès du boulanger bisontin.
A l'annonce de sa régularisation, Laye a "pratiquement pleuré", a confié son maître d'apprentissage qui entend désormais l'embaucher.
"C'est une grande joie, une victoire. Maintenant, on va aussi se battre pour les autres" qui sont dans le même cas ailleurs en France, a ajouté le boulanger.
"Je suis tellement heureux. J'aimerais vraiment remercier tous ceux qui m'ont soutenu et mon patron également et mon foyer aussi", a lancé le jeune homme devant les caméras de France 3 Franche-Comté.
"Je suis fier de mon patron et du combat qu'il a mené", a-t-il insisté.
Pris en charge en France en tant que mineur isolé, Laye Fodé Traoré n'avait pas obtenu de titre de séjour à sa majorité. La préfecture considérait jusqu'à présent que les documents d'identité du jeune homme n'étaient pas authentiques.
Mais leur validation récente par l'ambassade de Guinée qui "lui a délivré un acte de naissance" et la mobilisation en sa faveur ont conduit la préfecture à revoir sa position, selon M. Ravacley.
Son avocate, Me Amandine Dravigny, s'est réjouie de cette nouvelle. "Cela confirme que monsieur Traoré n'a pas produit de faux documents, ni menti sur son identité et que le rapport de la PAF (Police aux frontières) ne permettait pas de conclure à des faux documents", a-t-elle souligné.
La maire EELV de Besançon, Anne Vignot, qui avait pris position en sa faveur, a salué une "excellente nouvelle" et appelé à continuer le "combat pour celles et ceux qui restent dans cette situation inacceptable".
"Laye reste avec nous !", a pour sa part tweeté le député européen Raphaël Glucksmann, l'une des premières personnalités à l'avoir soutenu.
Stéphane Ravacley avait entamé une grève de la faim il y a dix jours pour protester contre l'expulsion de son apprenti. Il avait également lancé une pétition qui avait recueilli mardi plus de 220.000 signatures.
Très faible après avoir perdu huit kilos, l'artisan avait été pris en charge aux urgences mardi après un malaise. Il a annoncé jeudi qu'il allait recommencer à s'alimenter normalement.
Des personnalités du monde politique, syndical, artistique ou littéraire, notamment, avaient appelé lundi le président Emmanuel Macron à "aider le boulanger de Besançon en grève de la faim", dans une tribune publiée dans le Nouvel Observateur.
as/ha/bma
Bretagne: un gérant poursuivi pour l'emploi de 42 étrangers en situation irrégulière et escroquerie #
Un gérant d'une société de transport bretonne soupçonné d'avoir fait travailler 42 étrangers en situation irrégulière et de fraudes au dispositif d'activité partielle pendant le confinement, a été placé sous contrôle judiciaire et comparaîtra pour "travail dissimulé" et "escroquerie aggravée" à Rennes le 15 mars, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.
Une opération judiciaire a été déclenchée lundi au siège social de cette société basée à Bain-de-Bretagne (sud de Rennes), et sur des sites en Loire-Atlantique.
Placé en garde à vue, le gérant mis en cause, un Marocain né en 1981 a été déféré mardi au parquet de Rennes.
Il a été présenté au juge des libertés et de la détention et "placé sous contrôle judiciaire, lui interdisant de quitter le territoire national et d'exercer toute activité dans le domaine du transport routier de marchandises", indique le procureur de la République Philippe Astruc dans un communiqué.
Il est convoqué au tribunal correctionnel de Rennes le 15 mars et comparaîtra pour "emploi d'étrangers sans autorisation de travail salarié", "escroquerie aggravée" et "travail dissimulé commis à l'égard de plusieurs personnes".
Ce gérant est soupçonné d'avoir employé "42 personnes en situation irrégulière sur le territoire national" et d'avoir perçu "43.000 euros d'indemnisations au titre de l'activité partielle lors de la première période de confinement", précise le magistrat.
"Il avait invoqué une cessation quasi totale de son activité alors qu'il procédait à de nouvelles embauches et que son chiffre d'affaires était multiplié par deux", souligne M. Astruc.
Selon le procureur, "les tous premiers soupçons étaient apparus pendant la première période de confinement lorsqu'un contrôle nocturne routier (d'un) véhicule de luxe (...) conduit par le gérant avait révélé qu'il ne disposait pas de titre de séjour".
Les premières recherches faisaient apparaître que "22 de ces employés détenaient de faux titre d'identité et que six autres faisaient l'objet d'obligation de quitter le territoire ou de reconduite à la frontière".
"Certains de ces chauffeurs étaient hébergés sur au moins quatre départements différents (Morbihan, Ille-et-Vilaine, Indre-et-Loire-Loire-Atlantique) dans des conditions parfois rudimentaires, par la société de transports louant ces logements", ajoute M. Astruc.
"Des fraudes au dispositif d'activité partielle", avaient aussi été dénoncées par l'inspection du travail.
Pendant le temps de la garde à vue, les enquêteurs ont saisi trois comptes bancaires, un véhicule Mercédès GLE et vingt autres véhicules, camions et utilitaires enregistrés au nom de la société ou du gérant.
lg/vk
France: le boulanger de Besançon va pouvoir garder son apprenti guinéen #
Le boulanger de Besançon, dans l'est de la France qui était en grève de la faim depuis une semaine pour protester contre l'expulsion de son apprenti guinéen va pouvoir continuer de l'employer car le jeune Africain a obtenu des papiers pour rester en France, a annoncé l'artisan à l'AFP.
"Laye est régularisé ! Et il reprend le travail mardi !", s'est réjoui le boulanger, Stéphane Ravacley, contacté par téléphone, à l'instant où il sortait d'un entretien avec le secrétaire général de la préfecture de Haute-Saône.
La préfecture a confirmé dans un communiqué que le jeune homme avait été "admis au séjour en France après l'examen de nouvelles pièces apportées à son dossier", qui ont notamment permis "d'établir formellement son état civil, en lien avec les autorités consulaires de la République de Guinée".
La préfète Fabienne Balussou a ainsi décidé de délivrer un titre de séjour à Laye Fodé Traoré, prenant également en compte "son parcours d'intégration jusqu'alors exemplaire" et "ses perspectives d'insertion professionnelle", à savoir une formation complète auprès du boulanger qui s'est offert de l'embaucher ensuite.
A l'annonce de sa régularisation, le jeune homme de 18 ans, Laye Fodé Traoré, a "pratiquement pleuré", a confié son maître d'apprentissage. "Il a remercié son patron, ses éducatrices et l'Etat français", a ajouté M. Ravacley.
"C'est une grande joie, une victoire. Maintenant, on va aussi se battre pour les autres" qui sont dans le même cas ailleurs en France, a-t-il ajouté.
Pris en charge en France en tant que mineur isolé, Laye Fodé Traoré n'avait pas obtenu de titre de séjour à sa majorité. La préfecture considérait jusqu'à présent que les documents d'identité du jeune homme n'étaient pas authentiques.
Mais leur validation récente par l'ambassade de Guinée, qui "lui a délivré un acte de naissance", et une forte mobilisation citoyenne en faveur de Laye Fodé Traoré ont mené la préfecture à revoir sa position, selon M. Ravacley.
La maire écologiste de Besançon, Anne Vignot, qui avait pris position en sa faveur, a salué une "excellente nouvelle", appelant à continuer le "combat pour celles et ceux qui restent dans cette situation inacceptable".
"Laye reste avec nous !", a pour sa part tweeté le député européen Raphaël Glucksmann, l'une des premières personnalités à l'avoir soutenu.
Une pétition en faveur du jeune Guinéen, lancée par son patron, avait recueilli jeudi près de 242.000 signatures.
Le boulanger, en grève de la faim depuis 10 jours, avait été pris en charge aux urgences mardi après un malaise. Il a annoncé qu'il allait recommencer à s'alimenter normalement.
Des personnalités du monde politique, syndical, artistique ou littéraire dont Omar Sy, Nicolas Hulot et Marion Cotillard avaient appelé lundi le président français Emmanuel Macron à "aider le boulanger de Besançon en grève de la faim", dans une tribune publiée dans l'Obs.
as/bdx/fka/cf/thm
L'apprenti boulanger guinéen de Besançon a été régularisé #
Stéphane Ravacley, le boulanger de Besançon en grève de la faim depuis plus d'une semaine pour protester contre l'expulsion de son apprenti guinéen, a assuré jeudi à l'AFP que la situation du jeune homme avait été régularisée, après une rencontre à la préfecture de la Haute-Saône.
"Laye est régularisé ! Et il reprend le travail mardi !", a assuré M. Ravacley, joint par téléphone après un entretien avec le secrétaire général de la préfecture.
La préfecture haute-saônoise a confirmé dans un communiqué que le jeune homme avait été "admis au séjour en France après l'examen de nouvelles pièces apportées à son dossier", qui ont notamment permis "d'établir formellement son état civil, en lien avec les autorités consulaires de la République de Guinée".
La préfète Fabienne Balussou a ainsi décidé de délivrer un titre de séjour à Laye Fodé Traoré, prenant également en compte "son parcours d'intégration jusqu'alors exemplaire" et "ses perspectives d'insertion professionnelle", à savoir une formation complète auprès du boulanger bisontin qui s'est offert de l'embaucher ensuite.
Stéphane Ravacley et Laye Fodé Traoré, qui est âgé de 18 ans, ont été reçus jeudi par la préfecture de Haute-Saône.
A l'annonce de sa régularisation, Laye a "pratiquement pleuré", a confié son maître d'apprentissage. "Il a remercié son patron, ses éducatrices et l'Etat français", a ajouté M. Ravacley.
"C'est une grande joie, une victoire. Maintenant, on va aussi se battre pour les autres" qui sont dans le même cas ailleurs en France, a-t-il ajouté.
Pris en charge en France en tant que mineur isolé, Laye Fodé Traoré n'avait pas obtenu de titre de séjour à sa majorité. La préfecture considérait jusqu'à présent que les documents d'identité du jeune homme n'étaient pas authentiques.
Mais leur validation récente par l'ambassade de Guinée, qui "lui a délivré un acte de naissance", et la mobilisation en faveur de Laye Fodé Traoré ont mené la préfecture à revoir sa position, selon M. Ravacley.
Son avocate, Me Amandine Dravigny, s'est réjouie de cette nouvelle. "Cela confirme que monsieur Traoré n'a pas produit de faux documents, ni menti sur son identité et que le rapport de la PAF (Police aux frontières) ne permettait pas de conclure à des faux documents", a-t-elle souligné.
La maire EELV de Besançon, Anne Vignot, qui avait pris position en sa faveur, a salué une "excellente nouvelle", appelant à continuer le "combat pour celles et ceux qui restent dans cette situation inacceptable".
"Laye reste avec nous !", a pour sa part tweeté le député européen Raphaël Glucksmann, l'une des premières personnalités à l'avoir soutenu.
Stéphane Ravacley avait entamé une grève de la faim il y a dix jours pour protester contre l'expulsion de son apprenti. Il avait également lancé une pétition qui avait recueilli mardi plus de 220.000 signatures.
Très faible après avoir perdu huit kilos, l'artisan avait été pris en charge aux urgences mardi après un malaise. Il a annoncé après la régularisation de Laye qu'il allait recommencer à s'alimenter normalement.
Des personnalités du monde politique, syndical, artistique ou littéraire, notamment, avaient appelé lundi le président Emmanuel Macron à "aider le boulanger de Besançon en grève de la faim", dans une tribune publiée dans le Nouvel Observateur.
as/bdx/caz
L'apprenti boulanger guinéen de Besançon a été régularisé #
Stéphane Ravacley, le boulanger de Besançon en grève de la faim depuis plus d'une semaine pour protester contre l'expulsion de son apprenti guinéen, a assuré jeudi à l'AFP que la situation du jeune homme avait été régularisée, après une rencontre à la préfecture de la Haute-Saône.
"Laye est régularisé ! Et il reprend le travail mardi !", a assuré M. Ravacley, joint par téléphone après un entretien avec le secrétaire général de la préfecture.
La préfecture haute-saônoise a confirmé dans un communiqué que le jeune homme avait été "admis au séjour en France après l'examen de nouvelles pièces apportées à son dossier", qui ont notamment permis "d'établir formellement son état civil, en lien avec les autorités consulaires de la République de Guinée".
La préfète Fabienne Balussou a ainsi décidé de délivrer un titre de séjour à Laye Fodé Traoré, prenant également en compte "son parcours d'intégration jusqu'alors exemplaire" et "ses perspectives d'insertion professionnelle", à savoir une formation complète auprès du boulanger bisontin qui s'est offert de l'embaucher ensuite.
Stéphane Ravacley et Laye Fodé Traoré, qui est âgé de 18 ans, ont été reçus jeudi par la préfecture de Haute-Saône.
A l'annonce de sa régularisation, Laye a "pratiquement pleuré", a confié son maître d'apprentissage. "Il a remercié son patron, ses éducatrices et l'Etat français", a ajouté M. Ravacley.
"C'est une grande joie, une victoire. Maintenant, on va aussi se battre pour les autres" qui sont dans le même cas ailleurs en France, a-t-il ajouté.
Pris en charge en France en tant que mineur isolé, Laye Fodé Traoré n'avait pas obtenu de titre de séjour à sa majorité. La préfecture considérait jusqu'à présent que les documents d'identité du jeune homme n'étaient pas authentiques.
Mais leur validation récente par l'ambassade de Guinée, qui "lui a délivré un acte de naissance", et la mobilisation en faveur de Laye Fodé Traoré ont mené la préfecture à revoir sa position, selon M. Ravacley.
Son avocate, Me Amandine Dravigny, s'est réjouie de cette nouvelle. "Cela confirme que monsieur Traoré n'a pas produit de faux documents, ni menti sur son identité et que le rapport de la PAF (Police aux frontières) ne permettait pas de conclure à des faux documents", a-t-elle souligné.
La maire EELV de Besançon, Anne Vignot, qui avait pris position en sa faveur, a salué une "excellente nouvelle", appelant à continuer le "combat pour celles et ceux qui restent dans cette situation inacceptable".
"Laye reste avec nous !", a pour sa part tweeté le député européen Raphaël Glucksmann, l'une des premières personnalités à l'avoir soutenu.
Stéphane Ravacley avait entamé une grève de la faim il y a dix jours pour protester contre l'expulsion de son apprenti. Il avait également lancé une pétition qui avait recueilli mardi plus de 220.000 signatures.
Très faible après avoir perdu huit kilos, l'artisan avait été pris en charge aux urgences mardi après un malaise. Il a annoncé après la régularisation de Laye qu'il allait recommencer à s'alimenter normalement.
Des personnalités du monde politique, syndical, artistique ou littéraire, notamment, avaient appelé lundi le président Emmanuel Macron à "aider le boulanger de Besançon en grève de la faim", dans une tribune publiée dans le Nouvel Observateur.
as/bdx/caz
France: le boulanger de Besançon va pouvoir garder son apprenti guinéen #
Le boulanger de Besançon, dans l'est de la France qui était en grève de la faim depuis une semaine pour protester contre l'expulsion de son apprenti guinéen va pouvoir continuer de l'employer car le jeune Africain a obtenu des papiers pour rester en France, a annoncé l'artisan à l'AFP.
"Laye est régularisé ! Et il reprend le travail mardi !", s'est réjoui M. Ravacley contacté par téléphone, à l'instant où il sortait d'un entretien avec le secrétaire général de la préfecture.
Sollicitée, la préfecture locale n'était pas joignable en début d'après-midi.
Stéphane Ravacley et Laye Fodé Traoré, Guinéen de 18 ans visé par une obligation de quitter le territoire français, ont été reçus jeudi en préfecture de Haute-Saône.
A l'annonce de sa régularisation, le jeune homme a "pratiquement pleuré", a confié son maître d'apprentissage. "Il a remercié son patron, ses éducatrices et l'Etat français", a ajouté M. Ravacley.
"C'est une grande joie, une victoire. Maintenant, on va aussi se battre pour les autres" qui sont dans le même cas ailleurs en France, a-t-il ajouté.
Pris en charge en France en tant que mineur isolé, Laye Fodé Traoré n'avait pas obtenu de titre de séjour à sa majorité. La préfecture considérait jusqu'à présent que les documents d'identité du jeune homme n'étaient pas authentiques.
Mais leur validation récente par l'ambassade de Guinée, qui "lui a délivré un acte de naissance", et une forte mobilisation citoyenne en faveur de Laye Fodé Traoré ont mené la préfecture à revoir sa position, selon M. Ravacley.
Une pétition en faveur du jeune boulanger, lancée par son patron, avait recueilli mardi plus de 220.000 signatures.
Le boulanger, en grève de la faim depuis 10 jours, avait été pris en charge aux urgences mardi après un malaise. Il a annoncé qu'il allait recommencer à s'alimenter normalement.
Des personnalités du monde politique, syndical, artistique ou littéraire dont Omar Sy, Nicolas Hulot et Marion Cotillard avaient appelé lundi le président français Emmanuel Macron à "aider le boulanger de Besançon en grève de la faim", dans une tribune publiée dans le Nouvel Observateur.
as/bdx/fka/thm
L'apprenti boulanger guinéen de Besançon a été régularisé #
Stéphane Ravacley, le boulanger de Besançon en grève de la faim depuis plus d'une semaine pour protester contre l'expulsion de son apprenti guinéen, a assuré jeudi à l'AFP que la situation du jeune homme avait été régularisée, après une rencontre à la préfecture de la Haute-Saône.
Contactée, la préfecture haute-saônoise n'était pas joignable en début d'après-midi.
"Laye est régularisé ! Et il reprend le travail mardi !", a assuré M. Ravacley, joint par téléphone après un entretien avec le secrétaire général de la préfecture.
Stéphane Ravacley et Laye Fodé Traoré, Guinéen de 18 ans visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF), ont été reçus jeudi en préfecture de Haute-Saône.
A l'annonce de sa régularisation, le jeune homme a "pratiquement pleuré", a confié son maître d'apprentissage. "Il a remercié son patron, ses éducatrices et l'Etat français", a ajouté M. Ravacley.
"C'est une grande joie, une victoire. Maintenant, on va aussi se battre pour les autres" qui sont dans le même cas ailleurs en France, a-t-il ajouté.
Pris en charge en France en tant que mineur isolé, Laye Fodé Traoré n'avait pas obtenu de titre de séjour à sa majorité. La préfecture considérait jusqu'à présent que les documents d'identité du jeune homme n'étaient pas authentiques.
Mais leur validation récente par l'ambassade de Guinée, qui "lui a délivré un acte de naissance", et la mobilisation en faveur de Laye Fodé Traoré ont mené la préfecture à revoir sa position, selon M. Ravacley.
La pétition en faveur du jeune boulanger, lancée par M. Ravacley, avait recueilli mardi plus de 220.000 signatures.
Le boulanger, en grève de la faim depuis 10 jours, avait été pris en charge aux urgences mardi après un malaise. Il a annoncé qu'il allait recommencer à s'alimenter normalement.
Des personnalités du monde politique, syndical, artistique ou littéraire, notamment, avaient appelé lundi le président français Emmanuel Macron à "aider le boulanger de Besançon en grève de la faim", dans une tribune publiée dans le Nouvel Observateur.
as/bdx/bat
L'impatience monte en France après 8 ans de guerre au Sahel #
Opinion divisée, médias critiques, parlementaires mobilisés: après huit ans d'intervention militaire ininterrompue au Sahel, des voix de plus en plus nombreuses s'interrogent en France sur la pertinence de cet engagement, à l'heure où l'exécutif réfléchit à l'alléger.
La mort récente de 5 soldats français au Mali en une semaine a déclenché un vigoureux débat sur la plus grosse opération extérieure française que constitue la force Barkhane, forte de 5.100 hommes, qui lutte contre les groupes jihadistes et tente d'aider les Etats à restaurer leur autorité dans une région semi-désertique grande comme l'Europe.
Pour la première fois depuis le déclenchement en janvier 2013 de l'opération Serval, à laquelle a succédé Barkhane en 2014, la moitié des Français (51%) ne soutiendraient plus cette intervention au Mali, selon un sondage Ifop publié lundi. Seuls 49% des personnes interrogées y sont encore favorables, contre 73% en février 2013 et 58% fin 2019.
Cette enquête d'opinion réalisée sous le coup de l'émotion, quelques jours seulement après des pertes françaises dans la région, fait malgré tout écho à une impatience grandissante, au Parlement comme dans les médias français, face à des résultats mitigés.
"La France face au bourbier malien", titrait mercredi l'éditorial du quotidien Le Monde, en soulignant que les opérations menées au Sahel "ont certes mis hors d'état de nuire plusieurs chefs djihadistes, mais n'ont empêché ni la montée des violences entre civils, ni les percées islamistes au centre du Mali".
"Le coût humain et financier de l'opération est sans rapport avec les bénéfices tirés", tranche de son côté Bastien Lachaud, député de La France Insoumise (extrême-gauche), soulignant qu'"aucun attentat sur le sol français n'a été organisé depuis la zone saharo-sahélienne".
"Nos forces font un travail exceptionnel, mais si Barkhane peut gagner des batailles, ce n'est pas à elle seule de gagner la guerre", estime pour sa part le député de la majorité présidentielle Thomas Gassilloud, souhaitant plus d'implication des Etats sahéliens.
En janvier 2020, au sommet de Pau (sud de la France), le président français et ses homologues du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad) avaient décidé d'intensifier la lutte antijihadiste pour enrayer une spirale de violences.
Barkhane a depuis remporté d'indéniables victoires tactiques aux côté d'armées locales plus mobilisées, en particulier contre l'Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) dans la zone des "trois frontières", aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger.
Mais les pouvoirs centraux de ces pays, parmi les plus pauvres du monde, peinent à réinvestir ces territoires reculés et à offrir protection, éducation et services de base aux populations.
L'autre groupe jihadiste actif dans la région, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda, propose précisément des alternatives à cette pénurie de services essentiels, espérant conquérir les populations locales. Et il a repris de la vigueur opérationnelle, représentant désormais le coeur de cible des militaires français et maliens.
Après l'Assemblée nationale mardi dernier, c'est au Sénat, mercredi prochain, que la ministre des Armées Florence Parly devra défendre le bilan de Barkhane et répondre à une rafale de questions sur l'avenir de l'opération française.
"Nous visons à ce que les forces armées du Sahel aient la capacité d'assurer la sécurité au Sahel" mais "c'est une stratégie qui nécessite des efforts dans la durée", a fait valoir la ministre, tout en dénonçant de multiples tentatives pour discréditer l'action française.
"Il existe une sorte de guerre informationnelle" menée par la Russie, la Turquie, mais aussi les jihadistes, que l'état-major soupçonne d'avoir attisé une récente rumeur de bavure de l'armée française, catégoriquement démentie.
Ces débats interviennent à l'heure de choix difficiles pour l'exécutif, qui veut faire évoluer le dispositif de Barkhane pour se ménager une porte de sortie alors qu'approche l'élection présidentielle de 2022, et ce sans pour autant risquer de voir les jihadistes regagner du terrain.
Un nouveau sommet mi-février à N'Djamena doit acter un premier retrait de 600 militaires envoyés en renfort il y a un an, à la faveur de l'arrivée de troupes européennes pour épauler les Français.
"Aujourd'hui Barkhane doit muter", estimait mercredi le colonel Raphaël Bernard, ancien haut gradé au sein de Barkhane, devant l'Association des journalistes de défense.
"Se retirer, non. Mais il faut aller vers une réduction de notre empreinte sur le terrain tout en apportant aux armées locales des outils à haute valeur ajoutée, renseignement, drones, frappes, aéromobilité, pour les appuyer n'importe quand, n'importe où", suggérait-il.
dab/dla/fz/sba