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Ethiopie: 47% des habitants du Tigré en grave manque de nourriture en juin, selon le PAM #

Près de la moitié des habitants de la région éthiopienne du Tigré manquait gravement de nourriture en juin et la situation ne devrait pas s'améliorer d'ici la récolte annuelle en novembre, malgré l'arrivée récente d'aide, indique vendredi le Programme alimentaire mondial (PAM).

Le conflit qui a éclaté en novembre 2020 entre le gouvernement fédéral et les autorités rebelles de cette région du nord de l'Ethiopie "plonge de plus en plus profondément la population à travers le Tigré dans la faim", avec de forts taux de malnutrition infantile, note le PAM dans son dernier rapport sur la sécurité alimentaire (EFSA).

Les combats ont cessé depuis une trêve fin mars, qui a permis la reprise en avril des convois d'aide humanitaire après trois mois d'interruption.

Mais la région reste coupée du reste du pays, dépourvue d'électricité, de télécommunications et largement privée de carburant et de liquidités, faute de services bancaires et en raison de la destruction de l'économie locale.

"Dans une région où la nourriture est habituellement disponible, (...) 89% des habitants vivaient dans l'insécurité alimentaire en juin 2022", soit 6 points de plus qu'en novembre 2021, selon le PAM, et près de la moitié de la population (47%) souffraient d'"insécurité alimentaire grave".

Alors que 80% des Tigréens dépendent d'une agriculture de subsistance, les récoltes de novembre 2021 ont été inférieures à la moyenne, note le PAM.

En outre, "le flux de fournitures humanitaires et commerciales vers le Tigré restant sévèrement restreint et insuffisant, les prix des produits alimentaires et non-alimentaires continuent d'augmenter".

Le PAM évoque des différences de prix de 70% à 300% pour les céréales et de 58% à 99% pour l'huile végétale par rapport aux régions voisines.

L'agence onusienne rapporte que 85% des ménages disent ne pas acheter de nourriture sur les marchés faute de liquidités.

Au sein de l'échantillon de 3.000 ménages interrogés par le PAM entre le 21 mai et le 5 juin, 81% disaient avoir reçu au moins une fois de l'aide humanitaire depuis le début du conflit.

Mais seuls 8% d'entre eux disaient avoir reçu de l'aide au cours des trois derniers mois, alors que près des deux-tiers n'en ont plus rien reçu depuis plus d'un an.

L'arrivée de plus 6.000 camions d'aide à Mekele, la capitale régionale, entre le 1er avril et fin juillet "ne s'est pas encore traduite par une hausse de l'assistance humanitaire car d'autres défis persistent comme un accès limité au carburant" qui restreint les distributions hors de la ville, souligne le PAM.

Au 6 juillet, le PAM et ses partenaires avaient néanmoins pu distribuer de la nourriture à quelque 4,66 millions de personnes. "Mais les carences alimentaires devraient persister jusqu'en novembre", date de la prochaine récolte annuelle "sauf si la distribution d'aide humanitaire s'améliore", estime l'agence.

ayv/sva/emp

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AUG 18

Ethiopie: le gouvernement dénonce les commentaires du directeur de l'OMS sur le Tigré #

Le gouvernement éthiopien a dénoncé jeudi les "commentaires contraires à l'éthique" du directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur la situation humanitaire dans la région du Tigré dont il est lui-même originaire, l'accusant d'avoir "rompu son serment" d'impartialité.

Devant la presse, Tedros Adhanom Ghebreyesus a qualifié mercredi la situation au Tigré de "pire catastrophe humanitaire dans le monde" et dénoncé une "cruauté inimaginable" infligée aux six millions d'habitants de cette région du nord de l'Ethiopie, dont les autorités rebelles sont en conflit depuis novembre 2020 avec le gouvernement fédéral.

"Ce commentaire est un parmi de nombreux autres contraires à l'éthique faits par le directeur général de l'OMS et il n'est pas surprenant", a réagi jeudi Billene Seyoum, porte-parole du Premier ministre Abiy Ahmed, interrogée par la presse.

"Nous ne doutons pas que les Nations unies vont examiner la violation continue du serment du directeur général de l'OMS, serment professionnel qui prévoit expressément (...) impartialité et indépendance, et auquel plusieurs commentaires similaires contreviennent", a-t-elle dit.

M. Tedros a notamment dénoncé mercredi le "refus" du gouvernement de rétablir les services essentiels (électricité, télécommunications, banques...) dont la région est privée et affirmé que l'aide humanitaire délivrée au Tigré était "insuffisante".

La porte-parole du Premier ministre l'a accusé de se faire le porte-voix des autorités du Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), parti classé terroriste depuis 2021 par le gouvernement éthiopien.

"Si le directeur général de l'OMS désire continuer à donner de l'écho au discours d'une organisation désignée terroriste, il lui est conseillé de se retirer de ce poste international de haut niveau", a déclaré Billene Seyoum.

Jeudi, la porte-parole a accusé le TPLF de refuser d'entamer des négociations de paix et estimé que ce refus et les "déclarations belliqueuses" des rebelles ne créaient pas "l'environnement propice" nécessaire au rétablissement des services essentiels au Tigré.

ayv/emp

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AUG 18

Ethiopie: le gouvernement accuse les rebelles du Tigré de refuser de négocier la paix #

Le gouvernement éthiopien, qui a dit vouloir entamer rapidement des pourparlers en vue d'un cessez-le-feu avec les autorités rebelles de la région du Tigré, a accusé jeudi ces derniers de biaiser pour camoufler leur refus de négocier la paix.

En conflit armé depuis novembre 2020, gouvernement fédéral et rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) se disent depuis plusieurs semaines prêts à négocier mais aucune discussion n'a débuté, les deux parties divergeant sur plusieurs modalités.

Le gouvernement "continue d'appeler à une résolution pacifique en ce moment bien qu'il n'y ait pas le moindre soupçon d'intérêt pour la paix de la part du TPLF", a déclaré à la presse Billene Seyoum, porte-parole du Premier ministre Abiy Ahmed.

"Si le TPLF se soucie sincèrement du bien-être des Ethiopiens de la région du Tigré, (...) ils devraient s'asseoir pour négocier au lieu de chercher des excuses pour éviter la paix", a-t-elle souligné.

"La question du rétablissement des services (au Tigré) revient encore et encore, comme s'il y avait un bouton marche/arrêt centralisé", a-t-elle dénoncé.

Alors que le gouvernement fédéral refuse toute précondition aux négociations, les rebelles exigent au préalable le rétablissement des services essentiels (électricité, télécoms, banques...) dont le Tigré - dont ils ont repris le contrôle de l'essentiel du territoire courant 2021 - est privé depuis plus d'un an.

Mercredi, le comité gouvernemental chargé des futures négociations a proposé "la tenue de pourparlers de paix au cours des prochaines semaines en vue d'un cessez-le-feu mutuellement accepté", a expliqué jeudi Billene Seyoum, dénonçant "les menaces et de l'agressivité continuelle" des rebelles tigréens.

"Ce que nous disons, c'est que les populations du Tigré, celles des régions de l'Amhara et de l'Afar voisines ne peuvent plus se permettre un autre conflit, donc cet engagement à un cessez-le-feu doit intervenir immédiatement", a-t-elle dit.

Elle a assuré que le rétablissement des services essentiels au Tigré n'était pas conditionné par cet accord de cessez-le-feu: "Ce sont deux questions séparées".

Mais, a-t-elle ajouté, "pour que les services essentiels reprennent, nous disons qu'un environnement favorable doit être créé qui garantisse la sécurité des fournisseurs de services fédéraux et leur permette de travailler librement".

"Pour le moment, avec un groupe armé illégal verbalement agressif agissant au gré de ses caprices et refusant d'accepter des pourparlers de paix, cet environnement favorable et sécurisé nécessaire fait défaut", a-t-elle estimé.

"Un simple bout de papier (...) ne procure pas réellement les garanties nécessaires", a-t-elle expliqué en référence à une lettre des rebelles remise récemment à des diplomates, garantissant la sécurité de ceux qui viendraient rétablir les services au Tigré.

ayv/sva/emp

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AUG 17

Ethiopie: le gouvernement réclame un cessez-le-feu formel avec les rebelles du Tigré #

Le gouvernement éthiopien a réclamé vendredi la signature "rapide" d'un accord de cessez-le-feu avec les autorités rebelles du Tigré pour pouvoir rétablir les services essentiels dont la région est privée, et annoncé transmettre une "proposition de paix" à l'Union africaine.

Les combats ont cessé au Tigré (nord) depuis une trêve décidée fin mars par les belligérants, mais aucun cessez-le-feu formel n'a été conclu. Les deux camps se disent prêts à des négociations et le gouvernement a chargé un "Comité pour la Paix" de les préparer, mais aucune discussion formelle n'a commencé.

La trêve a permis la reprise - après trois mois d'interruption - de la livraison par la route de l'aide humanitaire vers la région, mais le Tigré reste privé des services essentiels (électricité, télécoms, banques...) et leur rétablissement est exigé par les rebelles tigréens avant tout début de négociation.

"Pour permettre une fourniture durable de l'aide humanitaire et pour permettre la reprise des services essentiels" dans le nord de l'Ethiopie, "ainsi que pour résoudre le conflit de manière pacifique, le Comité (pour la Paix) a souligné la nécessité de conclure un cessez-le-feu, dès que possible", indique le service de communication du gouvernement fédéral éthiopien dans un communiqué.

Ce comité a adopté "une proposition de paix devant mener à la conclusion d'un cessez-le-feu et poser les fondations d'un futur dialogue politique", laquelle "devrait être communiquée dès que possible au Haut représentant de l'Union africaine" Olusegun Obasanjo, personnalité rejetée par les rebelles tigréens.

"Tous les efforts sont menés en collaboration avec l'Union africaine pour qu'il soit possible de déterminer le moment et le lieu des pourparlers et pour commencer les discussions de paix rapidement et pour conclure un cessez-le-feu sous peu", poursuit le gouvernement.

Le gouvernement éthiopien exige que l'UA assure la médiation tandis que les rebelles tigréens mettent en cause l'impartialité de M. Obasanjo, dénonçant la proximité supposée de l'ex-président nigérian avec le Premier ministre Abiy Ahmed.

Les rebelles du Tigré ont réagi à ce communiqué en dénonçant un "enfumage" de la part du gouvernement, l'accusant de "tactiques dilatoires" et affirmant que les forces gouvernementales multipliaient parallèlement les "provocations" sur le terrain.

"Le soi-disant Comité pour la Paix mis en place par le régime d'Abiy Ahmed se prête à son habituel jeu d'enfumage pour embobiner la communauté internationale, pendant que ses forces provoquent activement nos forces sur divers fronts", a tweeté Getachew Reda, un porte-parole des rebelles.

Les autorités ont "ouvertement piétiné leur promesse maintes fois répétée de prendre des mesures visant à créer un environnement favorable à des négociations pacifiques, tels que l'accès humanitaire sans entrave au Tigré et le rétablissement des services" essentiels, a-t-il ajouté.

ayv/cl

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