Un "grand chelem" pour assurer le retour d'une gauche disparue de la région sous pression de l'extrême droite: EELV, le PCF, LFI et le PS ont annoncé jeudi s'unir dans les Hauts-de-France derrière l'eurodéputée verte Karima Delli, face au président sortant Xavier Bertrand.
"C'est fait ! Nous, Europe Écologie Les Verts, France Insoumise, Parti Socialiste et Parti Communiste Français, faisons union" pour les élections régionales ont annoncé ces partis dans un communique.
Négocié depuis des mois, cet accord "unique à cette heure en France", place Karima Delli comme tête de liste, précise le texte, signé de l'intéressée et des chefs de file communiste, insoumis et socialiste, le députés du Nord Fabien Roussel et Ugo Bernalicis et le sénateur socialiste du Nord, Patrick Kanner.
"Avec toi ma chère Karima pour porter nos valeurs, nos projets et notre union!", a tweeté la maire de Paris, Anne Hidalgo.
L'objectif "est de faire en sorte que l'histoire ne se répète pas" et "d'aller chercher une victoire exemplaire pour toute la France", a affirmé à l'AFP Mme Delli.
Le secrétaire général du PCF s'est également félicité d'un "grand chelem" pour "éviter la répétition de 2015", quand le PS, arrivé en troisième position, s'était retiré pour permettre à Xavier Bertrand de battre la liste de Marine Le Pen, laissant le Conseil régional sans opposition de gauche.
- "Dans le trio de tête" -Prévalidé par les instances nationales côté LFI, PS et EELV, et restant soumis au vote des militants communistes, l'accord vise à "rompre l'emprise suffocante que l'extrême droite exerce" sur la région et tente "d'étendre" à toute la France, soulignent ses artisans.
Face au patron ex-LR de la Région, ils dénoncent aussi "les effets dévastateurs de la politique d'une droite qui (...) a tenté pendant six ans de donner un visage respectable aux politiques de casse sociale, de recul industriel et de retard coupable dans la transition énergétique".
"C'est un bon point d'approche pour qu'à minima la gauche retrouve des couleurs dans l'hémicycle" régional, estime pour l'AFP Ugo Bernalicis.
En cas d'arrivée en 3ème position, "l'hypothèse de base est de se maintenir", a-t-il précisé, n'y voyant pas "un risque politique", face à la liste menée par le porte-parole du Rassemblement national, Sébastien Chenu.
Pour Patrick Kanner, l'enjeu est "de figurer dans le trio de tête", avec "plus de 20% au minimum". Il se réjouit d'un "changement de doctrine de LFI avec la reconnaissance de ce que représente le PS".
- "Attelage incohérent"? -Cet ancien ministre de François Hollande, à l'égard duquel M. Bernalicis n'avait pas caché ses réticences cet automne, ne figurera pas sur la liste.
Fabien Roussel non plus, a indiqué ce dernier, sur la ligne de départ pour mener un rassemblement avant qu'un "pré-accord" avec EELV annoncé par LFI la semaine dernière ne rebatte les cartes.
Coup d'arrêt donné par Jean-Luc Mélenchon en vue des présidentielles, jusqu'au boutisme Vert? Dans tous les cas, "Les Insoumis font un beau cadeau aux Verts", a relevé M. Roussel, "surpris" que LFI ait "préféré soutenir une tête de liste verte".
"LFI souhaitait un accord mais Fabien Roussel refusait depuis des mois d'engager la discussion sur la construction de la liste. Il avait pourtant fait le choix de l'avoir avec le PS, considérant que l'échange avec LFI viendrait plus tard", affirme Paul Vannier, en charge des élections régionales pour LFI,
"Les partis ont compris que la transition écologique était indispensable", explique pour sa part Mme Delli.
Malgré un appel lancé par le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, M. Roussel juge peu probable que l'union soit dupliquée ailleurs en France.
"En aucun cas elle ne constitue une répétition générale pour la présidentielle", au vu des ambitions divergentes entre gauche et Verts, écarte pour sa part le bras droit de Xavier Bertrand, Christophe Coulon.
Marqué par une "déconfiture pour le PS et le PCF", cet "attelage incohérent" ne représente aucun risque pour Xavier Bertrand, selon lui.
M. Chenu a lui fustigé une "mascarade" qui "constitue une énième tambouille électorale", réunissant des partis "opposés sur des sujets vitaux pour la région".
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