Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, prêt à entamer un quatrième mandat, abordait jeudi des négociations pour former une nouvelle coalition gouvernementale après une victoire massive aux élections législatives, marquées par la crise sanitaire.
En poste depuis 2010, ce qui fait de lui un des dirigeants européens en poste depuis le plus longtemps, M. Rutte et son parti libéral VVD s'apprêtent à entamer les discussions avec d'autres partis pour former un nouveau gouvernement après avoir gagné 35 des 150 sièges à la chambre basse du parlement, soit deux de plus qu'auparavant, après le décompte de 88% des voix.
L'autre vainqueur est le parti de centre-gauche pro-Européen D66, emmené par la ministre du Commerce extérieur et de la Coopération pour le développement, Sigrid Kaag, qui a remporté 24 sièges, soit 5 supplémentaires.
Les progressistes deviennent ainsi le deuxième parti, détrônant la formation du député anti-islam Geert Wilders, rétrogradée à la troisième place avec 17 sièges.
De son côté, le populiste Thierry Baudet à fait de bonnes affaires après avoir mené une campagne contre les restrictions anti-coronavirus. Son Forum pour la Démocratie a désormais 8 sièges, contre 2 auparavant.
- Avec les progressistes -
La présidente de la chambre basse Khadija Arib devaient réunir jeudi après-midi les têtes de liste pour discuter de la manière dont vont se dérouler les négociations pour former une nouvelle coalition, selon l'agence de presse néerlandaise ANP.
Rutte a déclaré mercredi soir qu'il était "évident" que ces négociations se feront quoi qu'il arrive avec le D66, au vu des résultats, et souhaite continuer à travailler avec le CDA (chrétiens-démocrates) du ministre des Finances Wopke Hoekstra, qui est en recul avec 15 sièges.
Les deux formations faisaient déjà partie de la précédente coalition contrainte de démissionner en janvier après que des milliers de parents avaient été accusés à tort de fraude aux allocations familiales. Le gouvernement est toutefois resté en place pour gérer les affaires courantes.
M. Rutte, qui a d'ores et déjà exclu de travailler avec Geert Wilders, s'est félicité mercredi soir d'un "vote de confiance massif", après trois jours d'élections législatives dominées par la crise sanitaire.
Il a admis que "tout ne s'est pas bien passé au cours des dix dernières années", mais a déclaré que la question clé de ces élections était de déterminer comment "reconstruire" le pays après la pandémie.
- "De l'énergie pour dix ans" -
Le nouveau gouvernement va devoir trouver un moyen de sortir de la crise "pour que les entreprises, les théâtres, les cinémas et les musées puissent rouvrir", a-t-il poursuivi. "J'ai l'énergie pour encore dix ans", a-t-il ajouté.
Surnommé le Premier ministre "Téflon" pour sa capacité à sortir indemne des crises politiques, M. Rutte deviendrait le Premier ministre à la plus grande longévité dans l'histoire des Pays-Bas, s'il parvenait à se maintenir au pouvoir jusqu'à a fin 2022.
Mais former une nouvelle coalition pourrait s'avérer compliqué car le VVD, D66 et CDA seraient à court de deux sièges pour atteindre la majorité de 76 sièges à la chambre basse, ce qui signifie qu'ils devront trouver au moins un autre partenaire dans un paysage politique toujours plus fragmenté.
Après le décompte de près de 90% des voix, il semble que la chambre basse sera désormais composée d'un nombre record de 17 partis, égalant celui de 1918.
Selon des médias locaux, la coalition pourrait se tourner vers la gauche, car le plus petit parti de la coalition actuelle, la formation de centre-droit Christen Unie, pourrait ne plus convenir au D66, qui souhaite une "société plus progressiste et plus verte".
Mais les partis traditionnels de gauche ont passé une bien mauvaise soirée électorale. Le parti travailliste continue de perdre de sa superbe et reste bloqué à 9 sièges, et les écologistes de GroenLinks, victorieux lors des précédentes élections législatives en 2017, accuse une lourde chute et tombe à 7 sièges.
L'ambiance était bien plus à la fête chez D66. Mme. Kaag, autrement plus réservée, est apparue dansant debout sur une table sur une photo postée sur Twitter.
"Quelle merveilleuse soirée", a-t-elle tweeté, ajoutant qu'il était temps de "se mettre au boulot" car, dit-elle, "l'avenir n'attend pas."
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