Le restaurateur italien Giuseppe Serena, jugé pour le rapt d'une riche hôtelière en 2016 à Nice, racontait qu'elle l'avait "viré" et a vécu leur différend "comme une atteinte à son amour-propre", a témoigné lundi l'un de ses anciens compagnons.
Jugé depuis une semaine, aux côtés notamment d'un ex-militaire et sans-abri britannique, Philip Dutton --le seul à reconnaître les faits--, M. Serena, 67 ans, risque la perpétuité s'il est reconnu coupable d'avoir commandité le rapt de Jacqueline Veyrac, 80 ans.
Tassé dans le box des accusés, il assiste aux audiences en blouson et simple jogging. C'était à lui que Jacqueline Veyrac, la propriétaire du Grand Hôtel à Cannes, avait confié en 2007 les clés de La Réserve, un restaurant gastronomique de standing à l'écart de l'agitation de la Promenade des Anglais à Nice.
On est alors en 2007, M. Serena est en couple avec le chef finlandais Jouni Tormanen qui cartonne à L'Atelier du goût, un restaurant du port auquel il ne manque que la vue sur mer. Les Veyrac sont sous le charme.
A La Réserve, M. Serena va cependant tenir moins de deux ans. Sentimentalement, il refait sa vie avec Christophe Salasca, 28 ans alors, salarié à Monaco et qui les fait vivre de 2008 à 2016. Il lui cache qu'il a demandé à être placé en redressement judiciaire.
"L'histoire, c'est que Mme Veyrac essayait de le jeter de La Réserve de la façon la moins correcte", raconte aujourd'hui M. Salasca. La Cour l'interroge pour savoir si M. Serena était obnubilé par la situation.
"Obnubilé, non (...) Il m'avait dit qu'il allait porter plainte. Pour moi, c'était quelqu'un qui avait subi un gros choc, mais jamais je n'ai pensé que ça irait jusque là", répond M. Salasca. "La perte de La Réserve a dû être pour lui une grosse atteinte à son amour propre".
Vendredi, le fils de la victime, Gérard Veyrac, avait affirmé: "Nous n'avons jamais viré M. Serena. Il était locataire-gérant, pas notre salarié. Au début, les gens étaient très contents (...) Il ne fallait pas qu'il démarre de façon aussi flamboyante (...) Le chiffre d'affaires était tout à fait correct mais les pertes considérables".
A la lecture des comptes transmis par l'administrateur judiciaire, les Veyrac ont découvert que M. Serena avait embauché 46 salariés, trop pour le nombre de couverts. Malgré quelques conseils, une croix tirée sur des loyers, le passif était trop lourd, "plus d'un million d'euros" et a conduit à la liquidation. "On a gardé le personnel, racheté son matériel (...) je n'avais pas de rancoeur mais ce n'était pas ce qu'il nous fallait", a résumé Mme Veyrac.
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