Le porte-conteneurs géant Ever Given obstrue le canal de Suez, l'une des voies navigables les plus fréquentées au monde, depuis bientôt une semaine.
Lundi, une issue positive semblait toutefois se dessiner, l'Autorité du Canal (SCA) affirmant qu'il avait été remis à 80% dans la "bonne direction".
Ce que l'on sait sur cet incident au long cours.
- Comment cela s'est-il produit? -
Le navire, de 400 mètres de longueur et de 220.000 tonnes, a dévié de sa trajectoire mardi dernier.
L'Ever Given --59 mètres de large et une soixantaine de haut avec son chargement-- s'est alors mis en travers dans le sud du canal, près de la ville de Suez, bloquant toute navigation entre la Méditerranée et la mer Rouge.
Alors que des vents violents combinés à une tempête de sable avaient d'abord été évoqués pour expliquer l'incident, le chef de l'Autorité du canal de Suez (SCA), l'amiral Ossama Rabie a par la suite affirmé que ces conditions météorologiques extrêmes n'étaient pas la seule raison de l'échouement.
"D'autres erreurs, humaine ou technique, ont aussi pu entrer en jeu", a-t-il déclaré samedi.
Concernant les 25 membres d'équipage, ils sont sortis indemnes de l'incident, selon Bernhard Schulte Shipmanagement (BSM), la compagnie basée à Singapour qui assure la gestion technique du navire. Et il n'y a eu aucune pollution ni dommage sur la cargaison d'une capacité de plus de 20.000 boîtes (EVP ou TEU).
- Quelles conséquences? -
Le canal voit passer, selon les experts, près de 10% du commerce maritime international. Près de 19.000 navires ont emprunté le canal en 2020, selon la SCA.
Inauguré en 1869, le canal a depuis connu plusieurs phases d'agrandissement et de modernisation. Son percement a réduit drastiquement les distances entre l'Asie et l'Europe: 6.000 km de moins entre Singapour et Rotterdam par exemple.
Le canal a déjà été obstrué par le passé, notamment pendant la crise de Suez en 1956 lorsque des navires ont été coulés par les autorités égyptiennes.
Du fait de cet incident, plus de 400 bateaux --dont des cargos transportant du bétail et du pétrole iranien-- étaient coincés aux deux extrémités du canal lundi, selon le chef de la SCA.
Le blocage entraîne d'importants retards dans les livraisons de pétrole et d'autres produits, avec une répercussion sur les cours de l'or noir, qui ont grimpé en fin de semaine dernière. Mais, selon des experts, les stocks sont suffisants et d'autres sources d'approvisionnement existent.
De premiers effets concrets se sont font sentir: la Syrie a indiqué samedi qu'elle avait commencé à rationner la distribution de carburants, face au retard de livraison d'une cargaison.
De son côté, la SCA a souligné que l'Egypte perdait entre 12 et 14 millions de dollars (10 à 11,8 millions d'euros) par jour de fermeture, tandis que la revue spécialisée Lloyd's list estime que le porte-conteneurs bloque chaque jour l'équivalent d'environ 8,1 milliards d'euros de marchandises.
Selon un rapport de l'assureur Allianz, chaque jour de blocage pourrait "coûter entre six et 10 milliards de dollars au commerce mondial".
Plusieurs géants du transport maritime, comme l'armateur danois Maersk ou le Français CMA CGM ont choisi de dérouter certains navires par le Cap de Bonne-Espérance --détour pouvant atteindre 9.000 km--, soit au moins sept jours de navigation en plus.
- Que va-t-il se passer?-
La SCA a annoncé jeudi que le trafic maritime était "temporairement suspendu", la société mandatée pour le "sauvetage" du navire évoquant "des jours voire des semaines".
Une première opération de renflouement menée vendredi avait échoué. Le lendemain, M. Rabie a affirmé que le navire avait "bougé de 30 degrés sur la droite et la gauche" pour la première fois, un "bon indicateur" selon lui.
Mais l'évolution la plus significative est intervenue lundi en début de matinée, lorsque l'amiral Rabie a annoncé que le navire avait été remis "à 80% dans la bonne direction".
"Les manoeuvres de renflouement vont reprendre quand le débit de l'eau augmentera à nouveau à partir de 11H30 locales (09H30 GMT)", d'après la SCA.
Peu auparavant, l'entreprise japonaise propriétaire du navire, avait fait savoir que le navire géant avait "tourné" mais ne "flottait pas" encore.
Une fois l'incident terminé, il faudra compter trois jours et demi pour que le trafic se résorbe, a ensuite précisé le patron de la SCA.
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ALLIANZ
A.P. MOELLER-MAERSK
SCA - SVENSKA CELLULOSA AB
TUI AG