Le suicide d'une partie civile a pesé vendredi sur les débats au procès en appel pour viol, devant les assises du Pas-de-Calais, d'un ex-animateur de centre de loisirs, un geste imputé par son avocat à sa volonté de ne pas affronter de nouveau une telle épreuve.
"Mickael angoissait énormément pour cette nouvelle audience. Tout le monde pensait qu'il avait réussi à tourner la page mais en fait il n'en était rien, il a laissé une lettre d'adieux dans laquelle il dit qu'il souffrait en silence et, à l'approche de l'audience, il a mis fin à ses jours", a déclaré Me David Brouwer, au 2e jour du procès devant la cour d'assises d'appel à Saint-Omer.
Mickael L. s'est pendu en octobre 2020 à 35 ans dans le garage automobile qu'il avait ouvert à Moûtiers (Savoie), où il avait déménagé avec sa famille. C'est lui qui, par une plainte en 2015, était à l'origine des poursuites contre Sylvain Dubois, ancien animateur d'un centre de loisirs de Bourbourg (Nord). Il en était "toujours toutefois l'amant", lors de cette plainte, selon Me Brouwer.
L'animateur avait été condamné en septembre 2019 à 19 ans de réclusion par la cour d'assises du Nord à Douai.
Agé alors de 52 ans, il avait été reconnu coupables de nombreux "viols aggravés, agressions sexuelles aggravées et attentats de la pudeur aggravés" commis sur sept jeunes garçons, répétés régulièrement pour certains pendant toute leur adolescence et parfois poursuivis jusqu'après leur majorité, entre 1990 et 2015.
La veuve de Mickaël a confirmé vendredi à la barre les raisons du geste de son mari: "Lorsqu'il a reçu une convocation d'un psychologue pour préparer le second procès, il ne voulait plus être confronté à tout cela... Quand il a eu connaissance de la date du procès, c'est là qu'il a décidé de tout arrêter".
S'adressant à l'accusé, l'avocat général Jean-François Créon est lui aussi revenu sur ce drame: "Quand on interroge votre mère, vous fondez en larmes. Quand on évoque le suicide de votre amant, vous restez froid et impassible...".
Eclatant en sanglots lorsque sa mère est venue parler de son enfance lundi, Sylvain Dubois a assumé entièrement son homosexualité mais n'a pas reconnu les faits de viols: "Ce qui est terrible, c'est d'être considéré comme un monstre (...) Il n'y a pas eu de relations imposées", a-t-il dit.
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