Me Paul Sollacaro, l'avocat expulsé de force du tribunal correctionnel d'Aix-en-Provence jeudi, après un incident d'audience, a porté plainte pour "violences aggravées", a-t-on appris samedi auprès du parquet général d'Aix, qui devrait délocaliser ce dossier, "dans un souci d'impartialité".
Cette plainte, qui vise le président du tribunal correctionnel lors de cette audience, Marc Rivet, ainsi que les policiers qui l'ont contraint à quitter la salle, a été adressée au parquet dès vendredi, a précisé à l'AFP la procureure générale d'Aix-en-Provence, Marie-Suzanne Le Quéau.
Cette plainte sera examinée lundi, et, "dans un souci de bonne administration de la justice commandé par un souci d'impartialité", elle devrait être délocalisée dans un autre ressort que celui du tribunal judiciaire d'Aix-en-Provence, a précisé Mme Le Quéau.
Me Paul Sollacaro, fils du bâtonnier d'Ajaccio Antoine Sollacaro, assassiné en 2012 en Corse, a priori par des membres de la bande criminelle du +Petit Bar+, dont le renvoi devant les assises a été récemment requis, avait été expulsé jeudi lors du procès de 11 prévenus dans un dossier de trafic de drogue.
Son client ayant été testé positif au Covid-19, l'avocat inscrit au barreau de Nice avait demandé la disjonction de son cas. Une requête aussitôt rejetée par le président d'audience, qui s'est également opposé à ce que le prévenu se présente devant le tribunal. Après de vifs échanges entre l'avocat et le magistrat, le président avait demandé l'intervention de la police pour faire sortir Me Sollacaro. Par solidarité, tous les autres avocats présents avaient également déserté le tribunal.
Parlant d'un "incident d'audience grave", le premier président de la cour d'appel d'Aix-en-Provence a reconnu vendredi dans un communiqué qu'ordonner l'éviction d'un avocat était "une décision rare et extrême, tout comme l'a été le comportement de l'avocat concerné". Selon le magistrat, Me Sollacaro aurait "proféré des invectives et attaques personnelles virulentes" à l'adresse du président d'audience.
Dénonçant "le comportement et les propos inacceptables" du président d'audience, vendredi également, le Conseil national des barreaux avait souligné que "le pouvoir de police de l'audience" d'un président de tribunal correctionnel n'était "pas un pouvoir arbitraire".
"Je pense que c'est un dérapage, mais ce n'est pas acceptable: on ne peut pas s'emparer d'un avocat en robe à une audience et le faire sortir manu militari", avait réagi le bâtonnier de Nice, Me Thierry Troin, auprès de l'AFP.
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