De nouveaux rassemblements auront lieu samedi en France pour obtenir l'abandon de la proposition de loi sur la "Sécurité globale", vivement combattue par les syndicats de journalistes et les défenseurs des libertés publiques, rejoints notamment par le milieu des "free parties".
Voici leurs principales revendications :
. Images des forces de l'ordreL'article 24 du texte modifie la loi de 1881 sur la liberté de la presse pour réprimer la diffusion "malveillante" d'images des forces de l'ordre.
Il sanctionne "le fait de diffuser, par quelque moyen que ce soit et quel qu'en soit le support, dans le but qu'il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique, l'image du visage ou tout autre élément d'identification d'un agent" des forces de l'ordre en opération.
Adopté par les députés le 20 novembre, l'article a concentré les critiques de la gauche, des syndicats et des ONG de défense des libertés, qui estiment qu'il supprimera, de fait, le droit de filmer policiers et gendarmes.
Pour faire taire la polémique, la majorité LREM à l'Assemblée nationale s'est engagée à sa réécriture.
Quel que soit le sort de l'article 24, ceux qui le dénoncent redoutent qu'il soit remplacé par une disposition du projet de loi contre le séparatisme islamiste, débattue à partir de lundi à l'Assemblée et qui crée un délit réprimant la haine en ligne et la diffusion d'"informations relatives à la vie privée". Elle prévoit aussi des sanctions spécifiques pour les pressions exercées sur des agents de l'Etat ou des élus.
. Caméras piétons Les manifestants dénoncent également l'article de la proposition "Sécurité globale" qui modifie le cadre juridique des caméras mobiles dont sont dotés policiers et gendarmes. Il autorise l'exploitation de leurs images enregistrées pour "l'information du public sur les circonstances de l'intervention" et même leur transmission en temps réel à la salle de commandement.
. DronesLe texte encadre également l'usage par les forces de l'ordre des drones lors de manifestations, en cas de craintes "de troubles graves à l'ordre public", mais aussi pour la prévention des atteintes à la sécurité des personnes et des biens, dans des lieux particulièrement exposés à des risques d'agression, de vol ou de trafic d'armes, d'êtres humains ou de stupéfiants, ou la surveillance de "rodéos".
Le public sera informé de la mise en oeuvre de ces "dispositifs aéroportés de captation d'images" mais les manifestants craignent une "surveillance généralisée".
. Séparatisme, fichage et liberté d'opinionAu-delà de la "Sécurité globale", les manifestants dénoncent le projet de loi séparatisme, "liberticide" selon eux. Ils alertent sur le récent élargissement des fichiers de renseignement aux "opinions politiques politiques, religieuses ou syndicales", validé début janvier par le Conseil d'Etat.
. LBD et grenadesIls réclament également l'interdiction pure et simple des lanceurs de balles de défense (LBD) et des grenades de désencerclement, dont l'utilisation a causé de graves mutilations parmi les manifestants pendant le mouvement des "gilets jaunes".
Le nouveau schéma national du maintien de l'ordre (SNMO) présenté en septembre a décidé d'encadrer systématiquement les tireurs de LBD de "superviseurs" et de remplacer certaines grenades par des modèles réputés moins dangereux.
. Couverture des manifestationsCe nouveau SNMO est également épinglé par les journalistes, qui lui reprochent de limiter leur liberté de mouvement pendant les manifestations et remettent en cause leur présence au moment des "dispersions" de cortège.
S'il rappelle la nécessité de reconnaître la "place particulière des journalistes au sein des manifestations", ce texte rappelle toutefois "que le délit constitué par le fait de se maintenir dans un attroupement après sommation ne comporte aucune exception, y compris au profit des journalistes ou de membres d'associations".
. "Free parties" Aux motifs sécuritaires se sont greffés, depuis la rave party de Lieuron fin décembre, la lutte contre la "répression" des "free parties" en temps d'épidémie et le combat pour obtenir le rattachement de leur gestion au ministère de la Culture plutôt qu'à celui de l'Intérieur.
"Le gouvernement ferme tous les lieux de pensée, de culture, d'échange et de sens critique, privilégiant les centres commerciaux aux théâtres, aux universités, aux salles de concert et aux cinémas. Nous voulons être libres, éveillé·e·s et debout !", affirme le collectif stoploisecuriteglobale, dans son appel à la mobilisation
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