Appel à une parole politique plus prudente et réécriture d'un article du code de déontologie: la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) préconise, dans un avis rendu jeudi, une série de mesures pour remédier à "l'altération" du lien police-population.
"En replaçant la garantie des droits fondamentaux et le respect des personnes au coeur des préoccupations policières, non seulement la police regagnera la confiance de la population, mais c'est son travail lui-même qui en sera revalorisé et facilité", estime l'institution, fondée en 1947, dont les avis ne sont pas contraignants.
Pour y parvenir, la CNCDH appelle en premier lieu la classe politique "à faire preuve de plus de prudence dans ses prises de parole" et à insister sur la diversité des missions des forces de l'ordre "au lieu de ne se référer qu'aux actions répressives".
"Revaloriser la dimension de +service public+ d'une police bienveillante et au +service de la population+, avec des agents +gardien de la paix+ , s'avère en effet essentiel", souligne-t-elle, jugeant dans le même temps crucial de remettre en cause l'évaluation chiffrée de la performance policière.
Dans cette optique, la CNCDH recommande la "réécriture de l'article du code de déontologie de la police et de la gendarmerie définissant leurs missions, en revalorisant" la place donnée à la "protection des personnes et des biens".
Par ailleurs, la police de sécurité du quotidien lancée en février 2018 "n'a pas rempli ses promesses" et ne s'est concrétisée que par la création de 47 "quartiers de reconquête républicaine" que leur désignation même inscrit dans une rhétorique stigmatisante", pointe la CNCDH. Elle appelle à une "authentique police de proximité" dont la priorité soit la reconstruction d'une "relation privilégiée et bienveillante avec la population".
L'accueil policier doit lui être amélioré, et doivent être revus l'encadrement légal et la pratique des contrôles d'identité "afin de lutter contre leur banalisation, à l'origine d'un sentiment d'arbitraire et d'injustice au quotidien". Sur ce point, la CNCDH recommande notamment de "reconsidérer les motifs" pouvant justifier un contrôle et de mettre en place un dispositif de suivi.
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