Une vaste opération de police contre le crime organisé a été menée mardi en Belgique, grâce au démantèlement d'un réseau de communications cryptées, appelé Sky ECC, utilisé par des groupes criminels, a annoncé le parquet fédéral belge.
Au terme de plus de 200 perquisitions, 48 personnes ont été interpellées, a-t-il été précisé lors d'une conférence de presse. L'opération a mobilisé plus de 1.500 policiers appuyés par des unités spéciales à travers tout le pays.
Quinze "armes prohibées", 1,2 million d'euros, ainsi que des uniformes de police ou des valises GPS ont été saisis, a précisé le chef du parquet fédéral, Frédéric Van Leeuw.
Selon le parquet, il s'agit d'"une des plus grandes opérations jamais organisées sur le territoire belge" en termes d'effectifs déployés.
Elle a notamment visé des trafiquants de cocaïne. Plus de 17 tonnes de cette drogue ont été saisies dans le cadre de ce dossier judiciaire ouvert il y a deux ans, a ajouté M. Van Leeuw.
L'opération a été rendue possible grâce au décryptage par la police fédérale belge de quelque 500 millions de messages envoyés via des téléphones sécurisés commercialisés par la société Sky ECC, basée au Canada.
Le directeur générale de la police fédérale, Eric Snoeck, s'est félicité que l'opération ait "permis de mettre fin aux activités" de cet opérateur.
"Extérieurement, rien ne distingue" les téléphones équipés du logiciel de cryptage de cette société "des téléphones traditionnels", a souligné le parquet fédéral, qui précise que les appareils étaient vendus entre 800 et 2.200 euros pour six mois d'utilisation.
Seuls des messages cryptés écrits et enregistrés, ainsi que des photos peuvent être envoyée et reçus, et ce uniquement entre utilisateurs du réseau.
"L'intention de Sky ECC semble de rendre la détection par la police et la poursuite par les tribunaux aussi difficile que possible", a insisté le parquet fédéral.
M. Van Leeuw a précisé que sur 171.000 téléphones de ce type en service dans le monde, 70.000 communiquent activement, dont 25% en Belgique, en particulier autour du gigantesque port d'Anvers, principale porte d'entrée en Europe de la cocaïne venue d'Amérique du Sud.
En 2020 les autorités belges ont saisi au total près de 65,5 tonnes de cocaïne à Anvers, soit un nouveau record. Depuis 2013 les volumes interceptés ont été multipliés par environ quatorze.
Ce trafic, organisé en partie depuis les Pays-Bas, génère une criminalité de plus en plus importante dans la région d'Anvers et la province voisine du Limbourg (Nord).
L'opération menée mardi matin entre dans le cadre d'une enquête judiciaire conduite par un juge d'instruction de Malines (Nord), sous l'autorité conjointe du parquet fédéral et du parquet d'Anvers.
Un réseau similaire de communications cryptées, EncroChat, a déjà été infiltré puis démantelé en juillet 2020, dans une opération conjointe des autorités françaises et néerlandaises.
Plus de 800 personnes liées à du trafic de drogue, des assassinats, du blanchiment d'argent, des extorsion de fonds ou des enlèvements ont été arrêtées.
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