L'ex-PDG Emmanuel Faber, révoqué dimanche soir par le conseil d'administration de Danone, souligne qu'il ne voulait pas "sauver les apparences" en renonçant de lui-même à ses fonctions, dans une lettre aux salariés consultée jeudi par l'AFP.
"C'est triste, mais c'est comme ça", écrit-il au sujet de son départ dans ce courrier de deux pages, daté du 16 mars.
"Vous avez lu, entendu beaucoup de choses sur le fonctionnement du conseil ces dernières semaines. Il a été mis (...) sous une pression inadmissible", poursuit le dirigeant éreinté depuis plusieurs semaines par des fonds d'investissement exigeant son départ.
Dimanche soir, le conseil d'administration a voté pour l'évincer avec effet immédiat. Une dizaine de jours plus tôt, ce même conseil avait décidé de conserver Emmanuel Faber à la présidence et de rechercher un nouveau directeur général, une option qui n'avait ni apaisé les fonds ni calmé les tensions parmi les administrateurs lui reprochant un exercice du pouvoir trop solitaire.
"Face aux menaces de démissions individuelles ou collectives largement commentées dans la presse, en entrant dans cette réunion dimanche soir, j'ai posé un dernier acte de président : demander à tous les membres que, quelle que soit la décision, personne ne démissionne", décrit-il.
"Bien sûr, j'aurais pu éviter cela en proposant une élégante démission +pour motifs personnels+ qui aurait sauvé les apparences. Mais comme vous le savez, j'aime regarder la vérité en face ; et que chacun prenne ses responsabilités", ajoute-t-il.
La tonalité de la lettre, adressée aux 100.000 salariés de Danone, prend ensuite une tournure plus chaleureuse : "Pendant 24 années de ma vie, j'ai grandi et appris au milieu de vous. (...) Vous m'avez fait grandir parmi vous, comme homme et comme dirigeant."
"Cette entreprise est extraordinaire. Pour beaucoup d'entre nous elle est comme une famille. Prenez-en soin", écrit-il encore.
"Vous êtes des pionniers", dit-il plus loin, en référence au statut d'entreprise à mission récemment adopté par Danone, qui lui enjoint de poursuivre des objectifs extra-financiers, notamment en matière de préservation de l'environnement.
"C'est la seule route possible pour l'économie de marché car un jour la justice sociale et climatique s'imposera d'elle-même au capitalisme et à sa gouvernance du passé", estime-t-il, non sans rappeler qu'il avait renoncé en 2019 "à tous les privilèges de patron que j'estime d'un autre âge, mes indemnités de départ, ma retraite chapeau".
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