Le chef présumé de la bande criminelle corse dite du "Petit Bar" Jacques Santoni a été mis en examen et placé en détention provisoire jeudi soir, a-t-on appris vendredi auprès de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs).
Le quadragénaire, qui est tétraplégique depuis un accident de moto survenu en 2003, a été mis en examen pour blanchiment en bande organisée, extorsions en bande organisée et association de malfaiteurs, a précisé la Jirs qui dirige l'enquête financière sur des membres présumés de la bande criminelle.
"Ce placement en détention est inadmissible car incompatible avec son état de santé", a réagi auprès de l'AFP son avocat Pascal Garbarini qui réfléchit à une suite judiciaire pour contester à ce mandat de dépôt.
Selon lui, Jacques Santoni est actuellement encore à Marseille, dans l'attente de son transfèrement à l'hôpital du centre pénitentiaire de Fresnes, en région parisienne.
L'avocat s'est indigné également des conditions "apocalyptiques" et dégradantes de ses quatre jours de garde à vue au cours desquels Jacques Santoni n'aurait pas, selon lui, reçu les soins nécessaires.
Jacques Santoni a été arrêté dimanche à Paris avec 20 autres personnes interpellées en Corse et sur le continent. Parmi elles, huit devaient aussi être présentées à un juge d'instruction d'ici à samedi, selon la Jirs de Marseille.
Ces interpellations faisaient suite à une précédente vague d'arrestations et de perquisitions qui avait eu lieu le 28 septembre en Corse et en Suisse, dans les deux volets de l'enquête visant cette bande criminelle.
Dans le volet financier, les enquêteurs cherchent à démanteler les réseaux de blanchiment de fonds du "Petit Bar" à l'international. Selon des chiffres avancés par le quotidien Le Monde, quelque 48 millions d'investissements offshore et immobiliers auraient permis au groupe criminel de blanchir son argent sale.
Dans l'autre volet, portant sur la tentative d'assassinat de Guy Orsoni, lui-même poursuivi dans différents dossiers de banditisme, Jacques Santoni a déjà été mis en examen après le coup de filet du 28 septembre.
Il avait alors été placé uniquement sous contrôle judiciaire car une expertise judiciaire menée alors avait conclu que son état était incompatible avec de la détention, a ajouté Me Garbarini.
Le 28 septembre, trois membres importants de la bande du Petit Bar avaient échappé au coup de filet de la police judiciaire (PJ), du fait vraisemblablement de fuites.
Des problèmes de procédure ont également été constatés, conduisant la juge d'instruction de la JIRS à dessaisir la PJ pour confier les deux volets de l'enquête à la gendarmerie corse.
Une enquête judiciaire pour "violation du secret de l'enquête" et une enquête administrative de l'Inspection générale de la police nationale ont également été ouvertes.
Face à ces soupçons, le chef de la PJ corse a été muté à Paris et a vu son habilitation d'officier de police judiciaire suspendue pendant 12 mois. Ses numéros 2 et 3 ont également perdu cette habilitation pour quatre mois.
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