Un signalement de la cellule antiblanchiment française Tracfin concernant le milliardaire russe Souleïman Kerimov, soumis à des sanctions européennes, a été reçu en juin par le parquet de Nice (sud), a indiqué ce dernier mardi à l'AFP.
"Nous avons été destinataires d'un signalement de Tracfin sur la situation de M. Kerimov", a indiqué à l'AFP un représentant du parquet, en refusant d'en dire davantage sur "une instruction en cours" que cette transmission est susceptible de relancer.
La procédure, instruite par un juge à Nice depuis déjà plusieurs années, porte sur des faits de "blanchiment aggravé mettant en cause Souleïman Kerimov et son entourage", a rappelé le parquet tout en précisant que le milliardaire n'était à l'heure actuelle pas mis en examen.
La note de Tracfin indique qu'il serait le véritable détenteur, à travers des sociétés écrans, de quatre villas sur la Côte d'Azur, au cap d'Antibes (sud), selon le quotidien français Le Monde.
Une note qui ferait directement référence à des révélations de la cellule investigation de Radio France, que celle-ci aurait obtenues via des fuites de données en possession du Consortium international de journalistes d'investigation dont elle est partenaire.
Avec un patrimoine estimé à plus de 16 milliards de dollars par le classement Forbes 2020, M. Kerimov est l'un des hommes les plus riches de Russie. Il figure sur la liste des personnes sous sanctions de l'Union européenne (UE) dont les avoirs doivent être gelés depuis l'offensive russe en Ukraine.
En France, l'affaire Kerimov avait démarré en 2014 sur une banale planque de la brigade des stupéfiants. Des mouvements suspects d'argent liquide étaient repérés et la piste remontait jusqu'à l'oligarque russe, concernant notamment l'achat en 2008 de la villa "Hier" à Antibes pour 35 millions d'euros, un montant sous-déclaré comparé au prix de 127 millions réellement payé selon les enquêteurs.
Notaire, agent immobilier, avocat, administrateur: de nombreux acteurs locaux avaient été mis en examen et le sont pour certains toujours aujourd'hui.
En novembre 2017, l'arrestation à sa descente de jet à Nice du sénateur russe avait été vivement critiquée par Moscou. Un temps, il avait été assigné à résidence à Nice. Ses avocats étaient parvenus à faire annuler sa mise en examen avant que la justice ne relance l'affaire en mars 2019.
En 2017, lors de son arrestation, le parquet de Nice estimait que le montant d'argent clandestin entré en France se situait entre 500 et 750 millions d'euros, à coup de valises à 20 millions d'euros permettant de blanchir en France de l'argent illicite.
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