Des heurts ont opposé vendredi à Dacca la police à des centaines d'étudiants rassemblés pour une manifestation de protestation après le décès la veille en prison d'un écrivain arrêté pour avoir critiqué le gouvernement sur les réseaux sociaux.
Au moins dix personnes ont été légèrement blessées, selon un témoin. La police a chargé les manifestants à la matraque et fait usage de gaz lacrymogènes contre les étudiants qui réclamaient "justice", a constaté un correspondant de l'AFP.
Mushtaq Ahmed, 53 ans, écrivain et éleveur de crocodiles, a été arrêté en mai après avoir critiqué sur internet la gestion par le gouvernement de la pandémie de Covid-19. Il a été accusé, en vertu d'une loi très stricte sur la sécurité numérique qui selon ses détracteurs porte atteinte à la liberté d'expression, d'avoir diffusé des rumeurs et de s'est livré sur Facebook à des activités "anti-étatiques".
Les autorités pénitentiaires ont annoncé que l'écrivain est décédé jeudi dans une prison de haute sécurité dans les environs de Dacca après avoir eu un malaise.
Selon le directeur de la prison Mohammad Ghiasuddin, Mushtaq Ahmed n'avait pas de maladie grave.
L'avocat de l'écrivain a demandé l'ouverture d'une enquête indépendante sur les circonstances de son décès.
Les poursuites à l'encontre d'Ahmed aux termes de la loi sur la sécurité numérique ont représenté un exemple de "la pire forme de répression", a estimé Saad Hammadi de l'organisation Amnesty International.
Dans une déclaration conjointe, treize ambassadeurs en poste dans le pays, dont ceux des Etats-Unis, de France, de Grande-Bretagne, du Canada et d'Allemagne ont exprimé "leur profonde préoccupation".
"Nous demandons au gouvernement du Bangladesh de mener une enquête rapide, transparente et indépendante sur les causes de la mort de M. Mushtaq Ahmed", ont-ils écrit.
Quelque 2.000 poursuites, visant notamment de nombreux journalistes, ont été engagées depuis la promulgation de la loi sur la sécurité numérique en 2018, selon Amnesty.
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