Le procès de l'ex-homme fort du parti socialiste marseillais, le sénateur Jean-Noël Guérini, et de son frère Alexandre, accusés d'avoir dirigé un "système clientéliste", s'est ouvert lundi pour plus de trois semaines devant le tribunal correctionnel de Marseille.
Peu avant 08H30, Jean-Noël Guérini, 70 ans, est arrivé visage fermé caché derrière un masque chirurgical, vêtu d'une chemise et d'une cravate bleues, sans un mot pour la presse, et s'est engouffré dans la salle d'audience dès son ouverture. Son frère cadet Alexandre, homme d'affaires dans la gestion de déchets, lui a succédé quelques minutes plus tard, en costume gris foncé, lui aussi sans faire de déclaration.
Sur le banc des prévenus, les frères Guérini sont entourés de neuf autres personnes physiques --élu, fonctionnaires territoriaux, dirigeants d'entreprises-- et une personne morale, la société SMA Environnement d'Alexandre Guérini. Jusqu'au 9 avril, les magistrats vont décortiquer les 10 volets d'un dossier tentaculaire.
A l'ouverture des débats, la présidente Céline Ballérini, a commencé à procéder à l'appel des différents prévenus en leur précisant les charges retenues à leur encontre par le juge d'instruction qui, dans son ordonnance de renvoi, a dénoncé "un dévoiement généralisé de la chose publique au service d'intérêts économiques privés"
Au terme d'une enquête de plus de 10 ans, pendant laquelle plus de 150 personnes ont été entendues, Jean-Noël Guérini, président du conseil général des Bouches-du-Rhône de 1998 à 2015, qui nie avoir "jamais mis son pouvoir au service de son frère", est seulement poursuivi pour "prise illégale d'intérêt".
Il devra s'expliquer sur certaines décisions du département ayant favorisé son cadet de 64 ans, comme la préemption d'un terrain à La Ciotat, en octobre 2014.
Mais la quasi-totalité des dossiers qui seront étudiés par le tribunal vise ce dernier et son action présumée pour contourner les règles des marchés publics, en utilisant le nom de son frère pour faire pression sur des élus ou des fonctionnaires.
Pour sa défense, l'entrepreneur a soutenu que son frère "n'était pas informé" des "interventions" qu'il effectuait "de manière totalement désintéressée". L'élu a affirmé de son côté n'avoir "jamais mis (son) pouvoir au service de son frère".
Jean-Noël Guérini, 70 ans, risque cinq ans de prison, 500.000 euros d'amende et une éventuelle peine d'inéligibilité. Alexandre Guérini, encourt 10 ans de prison, 750.000 euros d'amende, et l'interdiction d'exercer une profession commerciale ou industrielle ou de gérer une entreprise.
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