Des prête-noms, un intermédiaire corrompu et Henri Proglio: accusé de trafic d'influence dans la vente d'une société Alexandre, le frère du baron marseillais du PS Jean-Noël Guérini, a tenté mercredi de se justifier en brandissant la figure tutélaire de l'ancien patron de Veolia.
"J'ai directement négocié la vente de ma société avec Henri Proglio", a affirmé l'entrepreneur devant le tribunal correctionnel de Marseille où il comparait depuis lundi avec son frère et dix autres prévenus dans un tentaculaire dossier politico-affairiste.
"A l'époque, j'étais loin de cette négociation. J'entretenais avec Alexandre Guérini une relation d'amitié que je qualifierais de distante. C'est son frère qui me l'avait présenté. Il m'envoyait régulièrement de la charcuterie corse et je n'ai plus eu de relation avec lui depuis 2011", a répondu le grand patron dans une déposition lue à l'audience.
L'entrepreneur marseillais, surnommé M. Frère pour ses liens avec l'ancien patron du département Jean-Noël Guérini, est soupçonné d'avoir abusé de son influence pour obtenir la majoration du prix de vente de sa société "SOMEDIS" de traitement des déchets en échange d'une intervention pour obtenir l'augmentation du volume de stockage d'une décharge.
Cette opération de vente à une filiale du groupe Veolia Environnement aurait été facilitée selon l'accusation par la corruption d'un employé de cette filiale de Veolia, Bruno Vincent.
La prix de vente de la SOMEDIS comprenait une partie fixe de 6,8 millions d'euros et une partie variable, fixée à 26,5 millions d'euros, qui dépendait de l'augmentation du volume de stockage du centre d'enfouissement de la Vautubière qui devait passer de 800.000 m3 à 2 millions de m3.
A la barre, Alexandre Guérini, qui a touché 21,5 millions d'euros au Luxembourg sur cette vente, a contesté les propos de Bruno Vincent, lui aussi poursuivi mais absent à l'audience, qui a reconnu avoir perçu une commission occulte pour avoir obtenu une majoration d'environ 10% du prix de vente pour chaque mètre cube supplémentaire obtenu.
Deux virements de 100.000 euros et 107.000 euros, avec lesquels il a acquis une maison au Maroc, lui ont été versés, dans la même banque luxembourgeoise qu'Alexandre Guérini.
Soupçonné d'être le grand manipulateur de cette vente, Alexandre Guérini n'était pourtant pas le dirigeant officiel de SOMEDIS ou même de la SMA, une autre de ses sociétés qui avait avalé la première, dirigées sur le papier par l'un de ses amis.
Un peu plus tôt, la présidente Ballérini avait déjà mis en lumière l'existence de nombreux prêtes-noms dans les sociétés dirigées en réalité par Alexandre Guérini. Ainsi, à sa création en 1990, la SOMEDIS était officiellement dirigée par... un marchand de poisson sans un sou.
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