Il faut réformer "rapidement" les renseignements autrichiens, accusés d'avoir négligé des informations qui auraient pu permettre de détecter la dangerosité de l'assaillant de l'attentat de Vienne, selon le rapport d'une commission d'enquête rendu public mercredi.
L'attaque "a révélé (...) de graves lacunes dans la lutte contre les infractions terroristes", souligne ce document d'un groupe d'experts présidé par une avocate pénaliste.
Ce rapport de 29 pages pointe "des problèmes d'échange d'informations et d'organisation dans l'appareil sécuritaire" de l'Autriche, un pays neutre épargné par la menace jihadiste avant cette attaque qui a fait quatre morts le 2 novembre dans la capitale.
Les renseignements (BVT) avaient été informés par les services de pays voisins d'un projet d'achat de munitions par l'assaillant quelques mois avant l'attentat, ainsi que d'une réunion avec d'autres jihadistes, sans que cela ne soit suivi d'effet.
"Une restructuration du BVT, annoncée à plusieurs reprises, doit maintenant être mise en oeuvre sans plus de délai et de manière transparente", écrivent les experts.
Le texte pointe une structure en sous-effectif chronique et l'impact déstabilisateur de perquisitions menées au siège en 2018, sous l'autorité du précédent ministre d'extrême droite, Herbert Kickl.
Ordonnée par le parquet financier dans le cadre d'une enquête pour détournement de fonds visant des membres du BVT, la perquisition aurait en réalité abouti à la saisie de documents liés à la lutte contre l'extrémisme de droite.
Sur le volet justice, les experts évoquent des failles dans le suivi de l'assaillant, qui avait été condamné en 2018 pour avoir tenté de rallier les rangs du groupe Etat islamique (EI) en Syrie.
Pas la peine pour autant, selon le rapport, de renforcer l'arsenal législatif, alors que le chancelier conservateur Sebastian Kurz veut spécifiquement cibler "l'extrémisme religieux".
Le programme de déradicalisation, confié à une association appelée Derad, doit être mieux structuré et financé, notent les auteurs.
"Le rapport montre combien il est important (...) de séparer la partie renseignement de la partie police", a réagi le ministre de l'Intérieur Karl Nehammer.
"Il nous faut une réforme pour construire une nouvelle structure efficace ayant appris de ses erreurs", a-t-il ajouté devant des journalistes.
De son côté, l'opposition sociale-démocrate a exigé "une clarification immédiate et complète des informations dont disposaient le ministre avant l'attentat".
Selon elle, la commission a été "manifestement entravée dans son travail", ce qui est un "un scandale absolu devant avoir des conséquences".
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