Plusieurs pays européens vont envoyer des renforts pour aider les pompiers français qui luttaient jeudi contre plusieurs incendies ravageant des forêts desséchées par les vagues de chaleur et une sécheresse historique, dont un feu gigantesque dans le sud-ouest du pays.
Jeudi matin, plusieurs feux faisaient rage en France: en Gironde (sud-ouest), dans le Jura (est), la Drôme, l'Aveyron et la Lozère (sud-est)... Sans compter d'innombrables départs de feux plus petits chaque jour du nord au sud.
Face à ces incendies, la France a appelé à l'aide et plusieurs pays européens ont annoncé l'envoi de renforts. "L'Allemagne, la Grèce, la Pologne, et dans les prochaines heures la Roumanie et l'Autriche: nos partenaires viennent en aide à la France face aux incendies", s'est réjoui, dans un tweet, le président Emmanuel Macron. "Merci à eux. La solidarité européenne est à l'oeuvre !", a-t-il ajouté.
En outre, quatre avions de la flotte de l'Union européenne contre les incendies ont été envoyés en France depuis la Grèce et la Suède, a annoncé la Commission. La Pologne a annoncé qu'elle allait envoyer dès jeudi 146 sapeurs-pompiers pour aider dans le sud, dès vendredi midi selon la présidence française. L'Allemagne envoie elle 64 pompiers et 24 véhicules prévus dès jeudi soir.
Sur le terrain, les moyens ont déjà été renforcés avec "plus de 1.000 sapeurs-pompiers, 9 avions et deux hélicoptères bombardiers d'eau", a annoncé mercredi le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui soupçonne par ailleurs un acte d'incendiaires dans le Sud-Ouest.
C'est justement dans le département de la Gironde, dans le sud-ouest du pays, que le feu est le plus spectaculaire: 6.800 hectares ont été ravagés depuis mardi, selon un dernier bilan, un mois après l'incendie monstre qui avait déjà noirci 14.000 hectares.
Au total, 10.000 personnes ont été évacuées dont 2.000 dans le département voisin des Landes, pour la seconde fois pour certains.
Soucieuse de montrer la mobilisation du gouvernement, la Première ministre Elisabeth Borne, et son ministre de l'Intérieur étaient jeudi en Gironde, à Hostens.
Jeudi matin, un voile de fumées sombres couvrait une partie du ciel en direction du sud-ouest, où les feux ont progressé dans la nuit, ont constaté des journalistes de l'AFP.
- "On se croirait en Californie" -
Alors que la région vit son deuxième incendie en un mois, plusieurs habitations évacuées arboraient des banderoles avec les mots "merci pour nos maisons", "merci les pompiers", peintes sur des draps blancs.
"On se croirait en Californie, c'est gigantesque... pourtant il y a une culture du feu de forêt" localement, indiquait à l'AFP, les yeux cernés, Rémy Lahay, pompier professionnel depuis 20 ans. "Mais là on se fait déborder de partout".
La sécheresse qui sévit sur la région et les températures caniculaires, se conjuguant avec un air très sec, créent toujours un "risque très sévère d'éclosion de feu", selon la préfecture.
En tout, plus de 40.000 hectares ont brûlé cette année en France selon le gouvernement, ou plutôt 50.000 hectares selon des données satellitaires européennes: c'est dans tous les cas plusieurs fois la moyenne annuelle des 15 années précédentes, comme en Espagne, alors que l'été n'est pas terminé.
Et la pluie n'est pas attendue avant dimanche en France.
Dans le centre du Portugal, même désolation: plus de 1.500 pompiers étaient jeudi mobilisés pour venir à bout d'un feu de forêt qui ravage depuis plusieurs jours le parc naturel de la Serra da Estrela, détruisant quelque 10.000 hectares, selon des données européennes.
L'un des effets les plus scientifiquement vérifiés du changement climatique est que les vagues de chaleur vont se multiplier, s'allonger et s'intensifier.
Les scientifiques estiment qu'en Europe, le nombre de morts liées au stress thermique pourrait doubler, voire tripler selon l'ampleur du réchauffement de la planète au cours du siècle.
La canicule actuelle en France a commencé le 31 juillet et est la troisième de l'année, après celles de fin juin et de mi-juillet. S'y ajoute un mois de juillet classé comme le mois le plus sec depuis mars 1961.
Dix-huit départements, du Sud-Ouest jusqu'à la pointe de la Bretagne, étaient jeudi matin en vigilance orange, le niveau d'alerte où les habitants doivent être "très vigilants". Le niveau supérieur, rouge, n'a pas encore été activé comme à la mi-juillet.
Il fera jeudi entre 35 et 39 degrés dans le sud-ouest, selon le prévisionniste Météo-France, avec localement des pointes à 40 degrés Celsius sur la côte, mais le reste du pays ne sera pas épargné, avec 31 à 36 degrés.
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