Le recteur d'une université d'Istanbul dont la nomination a suscité une vague de contestation étudiante qui secoue depuis un mois la Turquie a exclu mercredi de démissionner, au lendemain de nouvelles manifestations violemment réprimées.
"Je ne pense absolument pas à démissionner. Je m'attendais dès le départ à ce que cette crise puisse prendre six mois pour être résolue et ce sera ainsi", a affirmé Melih Bulu, recteur de l'Université du Bosphore (Bogazici, en turc) dans une interview au journal Haberturk.
La nomination au début de l'année par le président Recep Tayyip Erdogan de M. Bulu à la tête de la prestigieuse université a déclenché un mouvement de contestation.
La police turque a arrêté mardi plus de 170 personnes participant à de nouvelles manifestations des étudiants qui ne montrent aucun signe d'essoufflement, en dépit de la répression de plus en plus brutale des autorités.
Les liens passés de M. Bulu avec le parti de M. Erdogan et sa nomination sans consultation du conseil d'administration de l'université avaient suscité la consternation.
Les manifestations réclament la démission de M. Bulu et la libération des étudiants arrêtés pour avoir organisé une exposition incluant une représentation d'un site sacré de l'islam orné de drapeaux arc-en-ciel, symbole associé à la communauté LGBT.
Le tableau a été jugé insultant envers l'islam par des responsables turcs qui ont multiplié depuis les déclarations virulentes envers les personnes LGBT, notamment de la part du président Erdogan et son ministre de l'Intérieur Suleyman Soylu.
Quatre étudiants accusés d'avoir accroché le tableau orné des drapeaux arc-en-ciel ont été arrêtés et le club LGBT de l'université a été banni.
"Je suis une personne qui défend les droits et les libertés des LGBT", s'est cependant défendu M. Bulu.
L'arrestation de centaines d'étudiants lors des manifestations a provoqué un tollé chez les partis de l'opposition.
Même le maire d'Ankara, Mansur Yavas, élu de l'opposition qui prend d'habitude le soin de rester à l'écart des polémiques, a appelé M. Bulu à démissionner.
"Je vous appelle à démissionner pour rétablir le calme dans les universités et éviter la polarisation dans notre pays", a-t-il écrit dans une lettre ouverte qu'il a publiée mercredi sur Twitter.
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