Education à la non-violence, médiation, soins psychologiques: face à la récente multiplication des rixes entre bandes rivales, une centaine de professionnels de l'éducation, de la justice et de l'action sociale ont proposé mercredi des mesures pour "éviter de nouveaux drames".
Ces dernières semaines, des règlements de comptes violents entre groupes de jeunes ont fait plusieurs victimes en région parisienne: deux collégiens ont été mortellement poignardés en février dans l'Essonne, deux adolescents grièvement blessés lundi dans le Val-de-Marne et un autre mardi soir dans le XVIe arrondissement de Paris.
"Passé le temps de la sidération, de l'incompréhension et de la colère, il nous faut réfléchir ensemble aux solutions", écrivent les 115 signataires - dont des responsables associatifs et syndicaux et quelques élus de gauche - d'un texte publié par le site francetvinfo.fr.
La plupart de ces jeunes "sont avant tout des jeunes en souffrance, en difficultés sociales, scolaires, personnelles" envers lesquels "notre société a un devoir d'éducation et de protection", soulignent-ils.
Les dernières rixes "questionnent plus largement sur l'existence, l'insuffisance voire l'absence de moyens pour les services publics d'éducation et de protection de l'enfance, de prévention spécialisée et de médiation", estiment-ils, constatant "l'échec des politiques sociales, éducatives, économiques en vigueur ces trente dernières années".
Pour relancer et réinventer l'action publique dans les zones délaissées, ils proposent "la mise en place d'une éducation à la non-violence" pour enfants et adultes, le "renforcement des services de la prévention et de la protection de l'enfance", un soutien accru aux associations et aux familles, et la création de postes supplémentaires de médiateurs.
Ils jugent également indispensable de développer "une politique de soins à l'adresse de certains jeunes en grande souffrance psychologique", notamment via "la mise en place de services de pédopsychiatrie" destinés à "détecter et prévenir les difficultés le plus tôt possible, si besoin en lien avec les écoles et les associations".
Dans beaucoup de quartiers, disent-ils, "les jeunes peuvent être livrés à eux-mêmes", ce qui nourrit chez eux de "l'ennui", du "désoeuvrement", de la "frustration", de "l'errance" et parfois la violence.
"Les politiques libérales ont déconstruit l'Etat social au profit de politiques sécuritaires (...) au détriment d'un travail de fond, en amont. Aujourd'hui, il faut faire le choix de la prévention et de l'éducation", concluent-ils.
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