Le parquet a requis jeudi dix mois de prison ferme, avec aménagement sous bracelet électronique, contre le rappeur Moha la Squale, jugé pour refus d'obtempérer, outrage et rébellion à l'occasion d'un contrôle routier de police un peu agité l'an dernier dans les rues de Paris.
La procureure a aussi réclamé une suspension de permis de conduire de six mois. Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 15 avril.
Le rappeur parisien, âgé de 25 ans, était poursuivi à la suite d'une interpellation "un peu musclée", a rappelé à l'audience la présidente du tribunal.
Lors d'un contrôle routier de routine en juin, les policiers s'étaient aperçus que le rappeur (Mohamed Bellahmed pour l'état-civil) faisait l'objet d'un mandat de recherche pour refus d'obtempérer aggravé. Le mois précédent, il avait été surpris au cours d'un "rodéo" en moto dans les rues de la capitale mais avait réussi à échapper aux policiers.
Sur les vidéos de son interpellation, diffusées sur les réseaux sociaux et présentées au tribunal, on entend le prévenu, maintenu au sol par trois policiers, crier des injures alors que les agents tentent de lui passer les menottes.
Ces injures "n'étaient pas destinées aux policiers. Jamais j'ai parlé mal de la police", s'est défendu le jeune homme d'allure frêle, cheveux relevés en chignon en haut du crâne et la voix hésitante. "Je reconnais à peu près tout, mais pas d'avoir insulté les policiers".
"J'ai eu peur", a insisté Moha la Squale.
"Mais de quoi?", l'interroge la présidente.
"De la police. Je ne savais pas ce qui allait m'arriver", répond le rappeur en se malaxant les mains. "Je regrette d'avoir pris la fuite en moto et de ne pas avoir obtempéré la première fois avec les policiers. Je respecte les forces de l'ordre. Je suis désolé de tout ce qui s'est passé".
Quand la présidente évoque son casier judiciaire chargé, le jeune homme explique: "j'ai grandi, j'ai une vie, un travail maintenant".
La procureure a dénoncé "le sentiment de toute-puissance" du prévenu à l'égard de la société. Moha la Squale "a un certain talent", concède-t-elle mais "ce qui est déplorable c'est qu'il se sert de cette notoriété d'une façon préjudiciable". "Le fait d'être connu, de rouler dans une grosse voiture et de faire du rap, ça n'excuse rien. c'est un justiciable comme un autre", dit-elle.
Pour son avocate, Moha la Squale est "quelqu'un qui vient de très, très loin (...) Il ne fait pas du rap violent (...) Il a de quoi être fier".
Le rappeur a été l'une des grosses révélations de l'année 2018, auteur d'un premier album "Bendero" plébiscité par le public (disque d'or, plus de 50.000 exemplaires vendus) et par la critique. Nommé aux Victoires de la musique 2019, il a indiqué au tribunal qu'il préparait un nouvel album.
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