Dix ans d'"enfer": l'une des femmes accusant Georges Tron de viol et agression sexuelle a relaté lundi à la barre de la cour d'assises de Paris la "double peine" que représente la procédure judiciaire qu'elle a initiée contre l'ex-secrétaire d'État.
Éva Loubrieu est l'une des deux anciennes employées de la commune de Draveil (Essonne) qui accusent le maire LR de leur avoir imposé des attouchements et pénétrations digitales entre 2007 et 2010, sous couvert de séances de réflexologie plantaire.
Leur dépôt de plainte en 2011, "avec le recul, je me rends compte que c'était une grande inconscience", a estimé Éva Loubrieu lors de son audition par la cour lundi lors du procès en appel. "Jamais on n'aurait pu imaginer ce qu'a été la suite. Ça a été une double peine, l'enfer de ces dix années."
Injures, ostracisme, pressions, tracts contre elle distribués dans toute la circonscription du député-maire: à la barre, la plaignante a décrit "le torrent d'ignominies et de calomnies" qui s'est abattu sur elle et ses proches suite aux poursuites engagées contre Georges Tron. "Ça nous a tous brisés."
"Je récupérais mon fils à l'école en pleurs, parce qu'on lui avait dit que sa mère était une grosse salope. Il était en CP", a témoigné cette femme de 46 ans, la voix brisée, qui a fait part de pulsions suicidaires et de plusieurs passages en hôpital psychiatrique.
La procédure avait entraîné la démission en mai 2011 de Georges Tron du secrétariat d'État à la Fonction publique au sein du gouvernement Fillon. Ce scandale politico-sexuel, devenu public quelques jours seulement après l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn à New York, avait rencontré un important écho médiatique à l'époque.
Georges Tron et son ex-adjointe à la Culture Brigitte Gruel, poursuivie pour complicité, ont été acquittés en première instance en 2018. La cour d'assises de Seine-Saint-Denis avait alors écarté l'existence d'une situation de contrainte entre l'élu local et ses deux détractrices.
"Lors du précédent procès, l'avocat général a dit qu'il fallait un peu d'inconscience et de folie pour porter plainte" contre un responsable politique comme Georges Tron, a rapporté Éva Loubrieu.
"J'irais plus loin: c'était suicidaire en fait de porter plainte", a-t-elle lancé.
Le verdict est attendu en milieu de semaine prochaine.
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