Le chef du groupe MoDem à l'Assemblée nationale Patrick Mignola en a appelé mercredi à tous les partis politiques pour lancer un débat sur la proportionnelle, une proposition phare de la formation centriste aujourd'hui en panne.
"De l'extrême droite à l'extrême gauche en passant par les écologistes", Patrick Mignola a demandé à "toutes les familles politiques de la démocratie française" de "s'exprimer dans les deux ou trois semaines qui viennent" sur cette question.
"Si un consensus se dégage, si les deux tiers d'entre elles souhaitent que ce débat soit ouvert à l'Assemblée nationale, il faut que nous ayons ce débat", a-t-il ajouté devant l'Association des journalistes parlementaires (AJP).
La veille devant l'Assemblée, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait déclaré que cette question n'était "pas la priorité". Mais "si le Parlement et les partis politiques, dans un mouvement unanime ou presque, souhaitaient inscrire à l'ordre du jour cette question", le gouvernement "serait prêt à les entendre".
M. Mignola, élu de Savoie, a souligné le manque de représentativité de l'Assemblée actuelle, relevant notamment que les écologistes n'y avaient aucun siège malgré leurs succès électoraux, et le RN seulement une poignée bien qu'il réalise des scores autour de 25% aux élections nationales.
"Comment prendre des décisions quand la démocratie représentative n'est plus représentative?", a-t-il demandé, en affirmant que la gravité de la crise plaidait pour cette réforme qui renforcerait la légitimité du pouvoir politique.
"Quand on traverse des crises pareilles, nous avons des décisions politiques extrêmement lourdes, parfois privatives de libertés fondamentales, il faut donc une légitimité du politique", a plaidé M. Mignola.
Argument de campagne d'Emmanuel Macron, la proportionnelle aux législatives apparaît aujourd'hui enlisée, même si le chef de l'Etat en 2019 a assuré vouloir l'introduire à hauteur de 20% en 2022. Dans l'opposition, LR y est tout particulièrement opposé.
Interrogé mercredi en commission à l'Assemblée sur cette question, l'ancien président du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré a jugé que la proportionnelle était une "fausse bonne idée". "Vous aurez un émiettement des partis politiques" et "l'attache personnelle avec les électrices et les électeurs est beaucoup moins grande", a torpillé l'ancien ministre de droite.
"La IVe (République) est morte de la proportionnelle", a aussi rappelé le fils de Michel Debré, un des rédacteurs de la Constitution de la Ve République.
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