"On vous reproche de faire peur aux gens": sept ans de prison ont été requis vendredi à Marseille contre un "apporteur d'affaires" soupçonné d'avoir racketté bars, restaurants ou entreprises de sécurité, des faits qu'il nie, évoquant "des gens qui extrapolent".
Aucun des établissements présentés comme victimes ne s'est constitué partie civile, leurs responsables évoquant des liens d'amitié avec le principal mis en cause ou ses 4 co-prévenus, ou des dédommagements pour des services rendus. Le juge d'instruction y avait vu "une omerta et une crainte de représailles".
Placé sur écoute dans le cadre d'une enquête visant le marché de la sécurité d'un important centre commercial marseillais, le principal prévenu, âgé de 47 ans et connu pour ses exploits en boxe thaï, laissait apparaitre un train de vie en disproportion totale avec son activité officielle d'apporteur d'affaires.
Et l'enquête révélait que des enveloppes lui étaient remises ou à deux de ses proches, dont l'un a été condamné, en 1990, à dix ans de réclusion pour tentative de meurtre.
"On vous reproche de faire peur aux gens, d'utiliser votre réputation", l'a questionné la présidente du tribunal Céline Ballérini, au fil de la lecture d'écoutes téléphoniques le campant comme un homme potentiellement violent et dangereux sous un vernis de respectabilité.
"Des rumeurs, des gens qui extrapolent", a balayé celui qui se présente comme apporteur d'affaires, de marchés, ou encore médiateur de conflits: "Pour me remercier, on me donne une enveloppe".
Le lendemain de sa remise en liberté sous contrôle judiciaire, en novembre 2018, on le voit dîner avec des invités dans l'un des restaurants les plus courus de Marseille, en laissant l'addition non réglée. Le juge d'instruction avait vu dans cette apparition publique "une volonté de faire passer le message de son retour aux affaires".
Dans son réquisitoire, le procureur Xavier Léonetti a qualifié les prévenus de "charognards de l'économie souterraine qui parasitent le travail des autres, ceux de l'économie réelle".
Il a requis sept ans de prison et 100.000 euros d'amende contre le principal prévenu, cinq et six ans de prison et une amende de 60.000 euros contre deux co-prévenus présentés comme ses "lieutenants". Et des peines inférieures à trois ans contre deux autres.
La défense des cinq prévenus a de son côté réclamé leur relaxe dénonçant "un dossier d'ambiance profondément carencé en termes de preuves", et ironisant sur "une affaire d'extorsion où on ne trouve aucune trace de violences, de menaces, de pressions avec de potentielles victimes qui disent qu'elles n'ont pas été rackettées".
Le jugement sera rendu le 13 janvier.
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