Des élus et des militants opposés au projet, baptisé Cigéo, d'enfouissement en profondeur des déchets radioactifs à Bure (Meuse) ont présenté jeudi une bande dessinée intitulée "Panique à Bure", visant à faire entendre un "contre-discours" et à rappeler les "risques" du projet.
Réunis au sein de l'association Eodra (Elus opposés à l'enfouissement des déchets radioactif), ces élus et militants ont procédé à une distribution de la bande dessinée à la sortie des élèves du collège Luis Ortiz à Saint-Dizier (Haute-Marne), distribution à laquelle la presse avait été conviée.
L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), qui porte le projet Cigéo, "invite régulièrement les classes à visiter ses installations à Bure, fait des expositions sur nos forêts alors qu'ils contribuent à les détruire, et ils appellent ça de la pédagogie. Pour moi, c'est le contraire de ce qu'on devrait attendre d'une agence nationale publique", déplore Irène Gunepin, membre de l'Eodra, à l'initiative de l'édition de la bande dessinée.
"L'Andra paie tout pour ces visites, les élèves repartent avec une casquette ou des crayons, visionnent des films pro-nucléaires. Nous souhaitons apporter une contrepartie, et montrer qu'avec ce projet, le sud-meusien va disparaître à plus ou moins brève échéance", ajoute la militante, jointe par téléphone par l'AFP.
La bande dessinée, longue de 24 pages, propose une fiction qui se déroule en 2037 et développe le scénario d'un incendie accidentel au centre de stockage des déchets radioactifs.
Imprimée à 40.000 exemplaires grâce notamment au soutien financier de plusieurs associations et fondations, elle est distribuée gratuitement aux élèves des collèges et lycées de Meuse et de Haute-Marne, les deux départements dans lesquels doit s'implanter le projet, s'il est autorisé.
"L'objectif est d'informer, de rappeler qu'il y a des risques, qui restent cachés, que ce soit en termes d'incendie, de transport des déchets, de réversibilité", expose Dominique Laurent, maire de Bettancourt-la-Ferrée, porte-parole de l'association.
L'Andra a réagi à la diffusion de la bande dessinée, estimant que le récit "s'établit sur différents postulats techniques faux et de nombreux amalgames", et décrit des impacts humains et environnementaux "infondés", ne reposant sur "aucun élément scientifique".
"Contrairement à l'histoire racontée par cet ouvrage, la démarche de sûreté pour la conception de Cigéo consiste à prendre en compte différents scénarii accidentels qui pourraient se produire", rappelle l'Agence dans un communiqué.
"Pour que Cigéo soit autorisé, l'Andra devra faire la démonstration de la sûreté du projet dans le cadre de la demande d'autorisation de création (DAC)", qui sera notamment instruite par l'Autorité de Sûreté Nucléaire, selon l'Andra.
apz/dsa/mpm